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L’Observateur N° 8317 du 20/2/2013

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Cinémas d’Afrique : Gagner la guerre des images !
Publié le jeudi 21 fevrier 2013   |  L’Observateur




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Plus d’un demi-siècle après les Indépendances, les Africains n’ont toujours pas réussi à se saisir de leur image. C’est toujours les médias et les cinémas d’Occident qui leur renvoient une image boursouflée d’eux et de leur univers. Il revient aux cinémas d’Afrique de donner une image valorisante de leur continent.




Les pionniers du cinéma africain et particulièrement Sembène Ousmane avaient conscience que la caméra entre des mains noires était une arme et qu’elle participait à la lutte de reconquête de son image d’homme. Avec le temps, cette conscience s’est quelque peu émoussée et beaucoup de cinéastes, de manière inconsciente, véhiculent des images peu valorisantes du continent et de l’Africain et participent à l’entreprise de démolition de l’image du Noir des cinémas et télés du Nord.

Il suffit de voir les images du Mali que les télévisions françaises nous servent de ce pays. L’impression que l’on a, à travers ces images, est que ce pays est resté une terre moyenâgeuse peuplée des pauvresses vêtues de guenilles entourées d’une ribambelle d’enfants au ventre ballonné par la malnutrition et tous évoluant dans un paysage de maisons en ruine. Le Mali de France 24 et de TV5 est une terre plongée dans la nuit, un monde crépusculaire que le légionnaire français vient sauver de la disparition. Pourtant, qui connaît le Mali sait qu’il existe un côté solaire avec de belles maliennes, des enfants replets, de belles demeures en banco et à niveaux, de l’architecture soudanaise qui date du 14e siècle, les bibliothèques familiales qui recèlent de documents rares. Malheureusement, tous ces aspects qui restituent à ce pays sa splendeur et sa vérité ne servent pas le discours néocolonial qui fait de l’Afrique la terre des malheurs.

Le choix de placer la caméra dans un lieu et de mettre dans le cadre tels êtres ou tels objets participent d’une intention du cameraman : imposer une certaine vision du monde. Si même le reportage qui est censé refléter le réel n’est qu’un prétexte pour diffuser une certaine idéologie, que dire donc de l’image du Noir dans le cinéma européen et hollywoodien? Le Noir dans ce cinéma oscille entre deux extrêmes : le cannibale et le bon sauvage. Il retrousse les dents soit pour mordre ou pour rire comme un idiot. C’est le rictus et le rire Banania.

Les cinémas d’Afrique devront se battre contre ces images qui inondent le continent et qui tendent à l’Africain un miroir déformant de lui-même. Malheureusement, le cinéaste africain baignant lui-même dans ces images et imprégné de cette idéologie dominante, les reconduit dans son cinéma. Pourquoi les films africains évoquent-ils toujours les aspects les plus sombres de nos sociétés ? Pourquoi l’Afrique qui réussit est-elle quasi-absente ? On pourrait dire que c’est parce que le cinéaste africain veut tourner le couteau dans la plaie pour mettre au jour les dysfonctionnements. Mais il pourrait tout autant montrer des succès-stories pour dire que le meilleur est possible. Peindre la noirceur, c’est posé un regard pessimiste sur son monde. Or l’Afro-pessimisme est l’autre nom du dégoût de soi !

Il faut que le spectateur africain qui sort de la salle de cinéma se redresse de toute la hauteur de sa taille et éprouve de la fierté d’être Africain au lieu qu’il en ressorte abattu, anéanti et voûté sous le poids des terribles images dont son cinéma le charge. Au lieu d’infliger la désespérance, les cinémas d’Afrique, à défaut d’être des fabriques de rêves, doivent au moins donner une image plus valorisante de l’Africain.



Saidou Alceny Barry

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