Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Burkina Faso    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Bassolma Bazié a propos du retrait du collectif CGT-B : Des états généraux de la justice / « Il y a des intentions cachées derrière ces états généraux »
Publié le lundi 30 mars 2015  |  Le Quotidien




L’annonce de leur retrait des Etats généraux de la justice (24 au 28 mars 2015), le 26 mars dernier, avait fait l’effet d’une bombe. Pour comprendre davantage les raisons profondes de la défection des 6 syndicats formant le collectif CGT-B, nous avons rencontré le porte-parole dudit collectif, Bassolma Bazié. Malgré le soleil de plomb, le SG de la CGT-B est resté fidèle à lui-même : direct et prolixe. Entretien !
Le Quotidien : Le 26 mars dernier, le collectif CGT-B a fait savoir, par voie de communiqué, qu’il se retirait des états généraux de la Justice. Pouvez-vous nous nous en dire davantage sur cette décision ?

Bassolma Bazié : Merci à vous d’être venu à nous. Avant de revenir à la question des états généraux de la Justice, il faut rappeler un certain nombre d’actes posés par les responsables des différents organes de la Transition. Ces actes, de notre point de vue, ne s’inscrivent pas véritablement dans la prise en compte des préoccupations qui ont poussé le peuple burkinabè à descendre dans la rue les 30 et 31 octobre 2014. Le premier élément, c’est la rédaction et la signature de la Charte de la Transition. La rédaction et la signature de cette Charte ont été faites en mettant de façon expresse de côté l’Unité d’actions syndicales (UAS), tout en sachant le rôle que le mouvement syndical joue, dans notre pays, depuis les années 1946. Mais, étant donné que cette Charte émane de la lutte d’un peuple, nous l’avons acceptée dans son contenu et les valeurs qui y sont prescrites, en se référant bien sûr à la Constitution du 2 juin 1991. De ce point de vue, nous n’avons pas pris une position allant dans le sens contraire de la Charte.
Le deuxième grief, c’est le fait que nous ayons été contactés pour la composition, non seulement du gouvernement, mais aussi du Conseil national de Transition. A ce niveau, la proposition de la CGT-B était que, au vu du sacrifice suprême consenti par les 33 victimes de l’insurrection populaire, tous ceux qui devaient être membres de la Transition devaient consentir également le sacrifice en acceptant de travailler de façon bénévole. De sorte que, toutes les structures qui seront mises en place, tous les actes qui seront pris durant la Transition puissent constituer une base solide de notre démocratie, pour que les générations futures puissent palper du doigt les sacrifices consentis par les générations actuelles que nous sommes. Cela a été refusé. Et vous avez constaté avec le temps, qu’ils se sont octroyés chacun un million sept cent soixante-dix-huit mille F CFA (1 778 000 F CFA). Jusqu’aujourd’hui, que ce soit les membres du gouvernement, le président de la Transition et son Premier ministre, aucun n’a rendu public la déclaration de ses biens qui est consignée dans cette même Charte de la Transition.
Le troisième élément sur lequel nous portons le grief, c’est la mise en place de la Commission nationale de réconciliation. Tout en refusant d’aller au CNT et au gouvernement pour jouer notre rôle qui est celui de veille en tant que contre-pouvoir, nous avons estimé que, de façon technique, nous pouvions apporter quelque chose dans les différentes sous commissions de la Commission nationale de réconciliation. Nous avons estimé qu’il fallait envoyer une correspondance indiquant notre disponibilité à prendre part à ces différentes sous commissions. Et c’est ce que nous avons faits. Mais, nous avons été mis devant le fait accompli, quand les instances ont été convoquées pour la mise en place de cette Commission nationale de réconciliation. Nous avons reçu une correspondance du CNT un vendredi soir, nous invitant à des plénières le mercredi suivant à dix heures. Nous savons très bien que l’Unité d’actions syndicales est composée de vingt-trois organisations. Nous avons pris notre mal en patience. Nous avons fait des copies de cette correspondance et appelé toutes les vingt-trois entités. Nous avons ensuite arrêté une réunion pour le mardi à dix heures, de sorte à réunir tout ce que nous devrions donner comme contribution pour être efficace à cette réunion qui devait avoir lieu le lendemain. A notre grande surprise, on nous a appelés le lundi soir pour nous dire que la rencontre n’aurait plus lieu le mercredi et qu’elle avait été ramenée au mardi à la même heure. Nous avons pris notre mal en patience. Nous avons envoyé un représentant au CNT pour dire de vive voix notre point de vue et que nous allions apporter nos amendements et toutes nos recommandations plus tard, par écrit. Mais, que telle que les choses ont été faites de façon bâclée, nous ne pouvions pas venir le mardi et être efficaces. Nous avons transmis notre correspondance et le président du CNT nous a appelés pour dire qu’il avait pris acte et que dans toutes les instances nécessaires qui viendraient, nous serions pris en compte si besoin était. Nous avons attendu jusqu’à la mise en place de la Commission nationale de réconciliation sans être contactés. Vous constaterez que le mouvement syndical n’est dans aucune des entités qui composent cette commission.

Peut-on revenir aux états généraux de la justice ?

Pour revenir au quatrième élément, à savoir les états généraux de la Justice, nous avons reçu la correspondance. Mais telle que nous l’avons reçue, nous avons constaté qu’il y avait un esprit de division de la part de nos autorités. L’UAS reçoit généralement ses correspondances de façon unitaire, c’est-à-dire que la correspondance s’adresse au président de mois. Mais, on nous a envoyé des correspondances isolées, par organisation. Malgré tout, nous nous sommes retrouvés pour analyser la situation. Ensuite, nous avons fait un document commun et dégagé une délégation pour parler au nom du mouvement syndical. Mais, quand la délégation s’est présentée le jour de l’ouverture (le 24 mars, Ndlr), l’accès à la salle était sans badge. Ce qui était contraire à ce qui avait été indiqué. On ne peut pas inviter des délégations pour lesquelles on a transmis des correspondances nominatives et entrer dans la salle sans identification préalable. C’est comme si on voulait remplir une salle pour donner l’impression que cette foire a vraiment pris. Après l’ouverture, on nous a dit que notre délégation, au niveau de la CGT-B, qui était composée de cinq personnes, a été réduite sur place à une seule personne. Nous avons estimé que les cinq personnes avaient été préparées pour prendre part aux travaux de toutes les sous-commissions. Nous avons dit que nous allions en prendre acte et que même si nous envoyions une seule personne pour prendre part aux travaux, nous souhaitions que l’ensemble des travaux des sous-commissions soit adopté en plénière. On nous a répondu que ce n’était pas possible, qu’il n’y avait pas d’adoption des travaux en plénière. Mais, si ces travaux sont recensés par le comité d’organisation qui va faire une synthèse pour aboutir à la signature de la Charte qui doit engager tout le monde, et au niveau de laquelle on doit reconnaitre que la situation judiciaire actuelle de notre pays est de la responsabilité de tous, nous, au niveau de la CGT-B, disons non ! Nous ne pouvons pas admettre que des travaux soient faits, qu’il n’y ait pas de plénière et que nous allions signer des chartes les mains liées au nom de notre peuple pour le mettre dos au mur et dire qu’il est responsable des situations actuelles qu’il traverse. Voilà pourquoi, nous avons tiré l’expérience du comité pour le règlement des affaires pendantes que nous avons dirigé depuis le 15 juin 1995, à l’issue de l’assassinat des enfants de Garango; de la lutte du collectif des organisations démocratiques de masse et des partis politiques créé depuis 1998, suite à l’assassinat de Norbert Zongo, et des luttes de la coalition nationale contre la vie chère. Ce que nous venons de tirer comme élément, nous amène à dire qu’il faut aller bien sûr dans la construction de la nation en acceptant des compromis. Mais pas la compromission. Si nous devons aller dans le sens de la compromission, le collectif syndical CGT-B prend ses responsabilités devant l’histoire. Il n’est pas prêt à aller signer un pacte dans lequel on va estimer que l’ensemble du peuple est responsable de sa situation de misère actuelle.

Vous semblez dire qu’il y a des intentions cachées derrière ces états généraux ?

Nous pouvons bel et bien dire, sans nous tromper, qu’il y a des intentions cachées. Si ce n’était pas le cas, rien ne justifie qu’on nous mette devant le fait accompli, qu’il n’y ait pas d’identification pour avoir accès à la salle. C’est-à-dire qu’on peut faire entrer n’importe qui et que n’importe qui peut intervenir comme il veut. Plus tard, on dira que c’est l’ensemble des participants a abondé dans tel sens. Le deuxième aspect, c’est le fait d’avoir invité cinq personnes pour prendre part à cette rencontre et sur place on vous dit, après l’ouverture, qu’une seule personne est habilitée à prendre part à la rencontre et que les quatre autres doivent repartir. Ça n’a pas de sens ! Troisièmement, on ne peut pas travailler en commissions et refuser l’adoption du contenu des travaux en plénière, alors que ces travaux intéressent la vie de la Nation. Il y a un problème. De quoi les commissions ont discuté, à quoi ils ont abouti ? Il faut que ce soit exposé en plénière pour que, de façon responsable, toute personne qui veut signer un document soit engagé devant l’histoire, en connaissance de cause. On ne peut pas mettre un comité d’organisation en place qui n’est pas à mesure de nous offrir des arguments convaincants sur ces balbutiements. On nous ramène au président du comité d’organisation qui n’est pas joignable. Et on veut qu’on aille directement signer un pacte qui engage tout le peuple burkinabè en disant que nous sommes tous responsables de la situation nationale.

Le collectif CGT-B est absent du gouvernement, du CNT, de la commission nationale de réconciliation, de la sous-commission justice… En refusant de participer à toutes ses instances, l’UAS ne se tire-t-il pas une balle dans le pied ?

Pas du tout ! Comme je l’ai dit, le mouvement syndical burkinabè draine avec lui de l’expérience qui émane des organisations depuis 1946. Le mouvement syndical a eu son mot à dire dans tous les tournants décisifs du pays. Ce n’est pas parce qu’il faut aller applaudir des gens qui cantonnent la paix pour le pays sans véritablement vouloir la justice. Ce n’est pas en applaudissant ces gens qu’on contribue à la construction de la nation. L’histoire nous jugera. Par conséquent, les actes que nous posons doivent être dans l’intérêt des générations futures, pas dans la satisfaction de nos intérêts immédiats, individualistes. Donc, nous posons nos actes dans leur intérêt. Nous pouvons aller faire plaisir aux acteurs de la Transition en prenant part à ces jamborées, en signant un pacte. Mais, l’histoire reviendra dire que le mouvement syndical a failli, parce qu’il a condamné l’ensemble du peuple burkinabè, en estimant que le peuple est responsable de sa situation actuelle. Des responsabilités qui sont situées dans les différents crimes de sang, crimes économiques, la justice a tous ces dossiers dans ses tiroirs. Nous ne craignons pas les critiques. Nous disons que nous ne prenons pas des positions pour plaire à des individus ou à des entités. Mais, nous prenons des positions face auxquelles, même si nous ne sommes pas là, ceux qui nous remplaceront, analyseront avec froideur et comprendrons que leurs devanciers avaient raison de prendre cette position.

Toutes ces rencontres ne sont que de la pure mascarade alors !

Bien sûr, je n’ai pas peur de le dire. C’est de la pure mascarade. C’est de toute façon ce que nous avons dit dans la déclaration de l’Unité d’actions syndicales, le 3 novembre 2014. Nous avons signifié que la victoire du peuple avait été détournée, que le peuple avait été spolié de sa victoire avec la présence des militaires qui sont venus sur la scène. Nous avons dit que tout cela n’augurait rien de bon pour le futur et la suite de cette insurrection populaire. C’est pourquoi nous appelons le peuple à rester vigilant et mobilisé pour faire en sorte que les libertés démocratiques, individuelles et collectives soient véritablement les fruits des luttes, non le désidérata de certains individus assis dans des salons feutrés.

Vous confirmez donc les propos selon lesquelles les ficelles de la Transition sont tirées par certaines personnes.

Bien sûr ! Ce n’est même pas que les ficelles de la Transition sont tirées par certaines personnes. Nous nous adressons à un système. Nous disons que le peuple burkinabè doit s’inscrire dans la lutte contre un système et non contre des individus. Si vous ciblez les individus, or les racines du système sont toujours implantées. C‘est pourquoi, il faut conscientiser le peuple, l’éduquer pour qu’il sache que si cette insurrection populaire est un début, ce ne doit pas être la fin. Si le peuple burkinabè veut vivre de façon décente demain, il faut qu’il ait le courage de prendre ses responsabilités pour arracher les acquis d’une véritable démocratie.

Faut-il alors craindre la tenue effective dans l’égalité et la transparence des prochaines consultations électorales ?

Je pense qu’une élection transparente se prépare avec des acteurs transparents. Si les acteurs qui sont aux hauts lieux ne sont pas eux-mêmes transparents, je ne vois pas en quoi, l’ensemble des actes qui seront posés demain ou après-demain soient transparents. Ce sont les individus, avec la qualité morale intrinsèque qu’ils ont, avec la qualité de justice qu’ils ont, la qualité de vérité qu’ils ont… C’est l’ensemble de tous ces éléments qui peut aboutir à des actions transparentes. Mais, si ces personnes ne s’inscrivent pas dans ce sens, et sont fermement engagés à soutenir un système d’exploitation de l’homme par l’homme, ne veuillez pas forcément des élections transparentes.

Quelle sera l’attitude à tenir du côté de l’UAS, pour les jours et les semaines à venir ?

D’abord, la déclaration que nous avons publiée ne concerne pas toute l’UAS, mais le collectif syndical de la CGT-B qui est composé de la CGT-B et de ses 5 syndicats autonomes que sont le SYNATEL, le SYNATEB, SYNATIC, SATB et le SYNTAS. Etant donné que les invitations ont été individualisées au niveau des organisateurs, nous ne pouvons pas parler au nom du mouvement syndical burkinabè. Il appartient à tout un chacun d’analyser la situation et de se demander si les actes qui sont posés actuellement le sont dans l’intérêt des générations futures ou dans l’intérêt des individus actuels. Nous inscrivons nos actes dans la défense des intérêts des générations futures. De ce fait, nous n’allons pas cautionner une mascarade dans laquelle on va condamner l’ensemble du peuple burkinabè.

Vous ne comptez donc pas y
retourner ?

Nous avons bien dit à la fin de notre déclaration que c’est le terrain qui va nous départager. Nous allons continuer l’éducation et la formation des masses, à renforcer nos capacités organisationnelles. Les événements des 30 et 31 octobre ne se sont pas joués dans les bureaux. Mais sur le terrain.

D’aucuns disent que vous vous êtes retirés pour des raisons
financières…

Si les finances nous intéressaient, nous ne serions pas les premiers acteurs à dire que la Transition soit faite sur la base du bénévolat. C’est-à-dire que ceux qui venaient au nom d’une organisation gardaient le même salaire qu’ils avaient dans leur organisation. Si toutefois la personne n’avait pas de salaire, c’était aux entités de voir quel niveau de subsistance il fallait pour pouvoir tenir. Mais, s’il y avait des fonds à dégager, c’était simplement pour le fonctionnement des différentes commissions qui allaient être mises en place. S’il y avait des perdiems au niveau des états généraux, je suis sûr que cela n’allait pas atteindre 1 778 000 F CFA que les députés se sont octroyés. On aurait pu aller en prendre !

Proces OBOUF-SA
Commentaires

Dans le dossier

Justice
Titrologie



Le Quotidien N° 595 du

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment