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L’Observateur N° 8312 du 13/2/2013

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Mali : Le dilemme de l’après-Serval
Publié le jeudi 14 fevrier 2013   |  L’Observateur




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Il faut savoir terminer une guerre. Tout comme en sport et en politique où il faut aussi savoir mettre fin à une carrière, aussi prestigieuse soit-elle. La France l’a compris, elle qui ne cesse de nous rappeler son engagement : «La France n’a pas vocation à rester [NDLR : au Mali]». Une assertion devenue le mantra de Paris depuis le déclenchement de l’opération Serval, qui a mis en déroute les groupes jihadistes armés du nord-malien. Tenez !

«Les effectifs du contingent français au Mali devraient diminuer à partir du mois de mars», a rapporté, la semaine dernière, la porte-parole du gouvernement français, Najat Vallaud-Belkacem, à l’issue d’un conseil des ministres.

«Ce sont les Africains et les Maliens eux-mêmes qui doivent être les garants de la sécurité, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de ce pays. C’est pourquoi nous allons, progressivement, passer le relais à la MISMA (1)», a laissé entendre Laurent Fabius, chef de la diplomatie.

«…d’ici quelques semaines, on pourra commencer à diminuer notre format», a précisé, pour sa part, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Comme on le constate donc, la France «n’a pas vocation à rester» au Mali. Elle l’avait déjà annoncé dès le début de l’opération Serval. Elle ne cessera de le répéter. Au grand dam de l’opinion publique malienne, qui craint, avec juste raison, d’éventuelles actions terroristes face auxquelles les troupes africaines sont moins bien préparées que celles de l’Hexagone.

Cette hantise de la guérilla jihadiste, aussi paroxystique soit-elle aujourd’hui avec les attentats suicides enregistrés ces derniers jours à Gao et le désamorçage, hier dans la même ville, d’une bombe artisanale de 600 kilos, suffira-t-elle à faire changer la date du retrait progressif annoncé des combattants français ? Improbable.

Car cette guerre a beau être juste, et cacher des objectifs économiques comme le subodorent certains, elle n’en demeure pas moins une pompe à fric. Et en ces périodes de coqs maigres, Bercy, le ministère français de l’Economie et des Finances, a vite fait de sortir la calculette : 70 millions d’euros, soit près de 46 milliards de francs CFA en quatre semaines d’intervention.
[Le serval, l'animal qui donné son nom à l'opération militaire française au Mali]

Le serval, l'animal qui donné son nom à l'opération militaire française au Mali

Certes l’essentielle aura été consacrée à la logistique. Mais quand on sait qu’une heure de vol d’un Mirage coûte 12 000 euros (7 860 000 FCFA) et 27 000 euros (17 685 000 FCFA) pour une Rafale, sans compter les primes de guerre aux 4 000 soldats, on comprend aisément l’empressement avec lequel l’Hexagone veut nous refiler la bagarre. Même appelée «Fille aînée de l’Eglise», l’heure n’est plus pour elle à faire dans la charité chrétienne. Pour autant faut-il lui lancer la pierre ? Que nenni. Il faut plutôt louer le coq gaulois qui a renoncé au confort douillet de (la politique de) l’autruche pour se lancer seul et prestement aux trousses de ces groupes jihadistes armés.

Mais il n’y a pas que le nerf de la guerre qui expliquerait le concert de cocoricos appelant la MISMA à assurer le service après-opération Serval.

Le spectre d’un enlisement dans les sables mouvants du septentrion malien constitue l’un des ressorts de ces appels à la relève. On se rappelle la galère qui fut celle des Français et des Anglais dans leur offensive contre le pouvoir du colonel Kadhafi en 2011. Au point que certains généraux de la coalition en fussent venus à redouter que l’opération ne tourne au supplice, à un Diên-Biên Phu.

Maintenant que «les messies» ont annoncé et répété qu’ils retourneraient bientôt au bercail, c’est de nouveau la polémique sur les bords du Djoliba et même au-delà : d’un côté il y a les jérémiades de ceux qui supplient l’ex-puissance coloniale de maintenir ses forces auprès de la MISMA, laquelle semble, jusque-là, se hâter lentement, et, de l’autre, les vivats des partisans d’une mission onusienne de maintien de la paix.

Une autre controverse qui pourrait tirer encore en longueur aux dépens du déploiement effectif et complet des troupes africaines appelées à assurer la relève de la France. Avec le risque de donner l’occasion à la pieuvre islamiste de reconstituer ses tentacules.

Alain Saint Robespierre

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