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Sidwaya N° 7353 du 11/2/2013

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Démission du Pape BENOÎT XVI : L’histoire se répète 600 ans après
Publié le mardi 12 fevrier 2013   |  Sidwaya


Réligion/christianisme
© AFP par Andreas Solaro
Réligion/christianisme : Le pape Benoît XVI


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La nouvelle est tombée tel un couperet, hier lundi 11 février 2013, dans la matinée : le Pape Benoit XVI annonce dans un communiqué sa démission pour le 28 février prochain. Que s’est-il passé ? Pourquoi ce désistement à un moment des plus inattendus ? Le Pape invoque son grand âge, dans un communiqué officiel depuis Le Vatican. Pour le moment, l’on cherche encore ailleurs les causes d’une nouvelle qui ne laisse personne indifférent.

C’est le 19 avril 2005, que le peuple de Rome acclame « abemus papam » à l’annonce de l’élection de Joseph Ratzinger comme 263e successeur des évêques de Rome sur le trône de Saint-Pierre à 78 ans. On voyait déjà en lui le Pape de transition consécutivement au long règne de Jean-Paul II. Ce que l’on était loin de s’imaginer, c’est un arrêt en cours de chemin pour incapacité due au poids de l’âge. C’est pourtant ce scénario qui se réalise. Il est vrai que l’âge de Benoît XVI peut être un handicap pour l’exercice de la charge papale, surtout que son prédécesseur avait visiblement hissé la barre trop haute pour un successeur presqu’octogénaire. Les déplacements de Jean-Paul II, ses rencontres avec les jeunes et les médias étaient des moments magiques où il semblait se régénérer, jusqu’à ce que son cœur arrête de répondre à la volonté inaltérable qui le commandait. L’évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Ouagadougou, Mgr Léopold Ouédraogo que nous avons rencontré semble tout aussi surpris par la nouvelle. « C’est une surprise générale ! Un grand respect et une grande admiration pour ce grand homme d’église qui a dit les raisons de sa renonciation à savoir : son grand âge, il est né le 26 avril 1927 et a donc 86 ans, la charge est tellement lourde à porter qu’il estime que son âge serait un handicap pour son ministère. Il laisse à des gens plus jeunes le soin de conduire la destinée de l’église. C’est une révolution ».

Le dernier pape à avoir démissionné est le Pape Grégoire XII. C’était en 1415. Depuis que Grégoire XII élu Pape le 30 novembre 1406, avec pour mission de réunir la papauté de Rome et celle d’Avignon renonça à la tiare pontificale le 4 juillet 1415, afin de permettre la fin du Grand Schisme d’Occident, pareil scénario ne s’était plus présenté à l’Eglise de Rome depuis près de 600 ans. Mais ici, « Benoît XVI n’est pas face à une déchirure du tissu ecclésial qui puisse le pousser à la démission pour rassembler. Il faut louer plutôt sa modestie, son humilité, son réalisme », précise Mgr Léopold Ouédraogo.

Il est vrai que Jean-Paul II, malgré le fait d’être diminué par la maladie et le poids de l’âge, a continué jusqu’au bout son pontificat, mais Benoît XVI reconnaît le charisme et la pugnacité de son prédécesseur sans vouloir forcément se mesurer à lui. Il serait resté à tout le moins le Pape de transition qui a joué sa partition et qui estime qu’il est temps qu’il passe la main comme il l’avait déjà déclaré en 2008 : « un Pape se réserve le droit de démissionner ». Il a donc accepté d’être le pape de transition en ce début du IIIe millénaire, il a nommé des cardinaux pour assurer une transition et une relève du collège cardinalice, des hommes capables d’une succession conséquente avant de se retirer. Sur la question de savoir si le Pape a préparé sa succession, Mgr Ouédraogo répond qu’il n’a certainement pas pu le faire comme dans un ordre temporaire. « Mais que les fidèles chrétiens se rassurent ! Il faut, dans la prière, faire confiance en l’Esprit Saint qui, depuis la Pentecôte, a bouleversé les prévisions et dissipé les peurs des disciples. C’est toujours le même esprit qui pourvoit aux besoins de son église et c’est lui qui mène la barque ». Les Pères de l’Eglise ont toujours pu compter sur son infaillible soutien et présence. Eux qui ont toujours cité le dicton : « fluctuat nec mergitur ! » il tangue, mais ne coule pas, en parlant de la barque église.

Le bilan du pontificat de Benoît XVI aura toutefois laissé « le souvenir d’un pape qui a voulu clarifier le message d’une Eglise entachée par différents scandales, dont celui de la pédophilie, cherchant aussi à réconcilier la foi et la raison dans le monde moderne », lit-on dans une dépêche de l’AFP. Cet éminent professeur de théologie allemand, qui n’aura pas suscité la ferveur dont a bénéficié Jean-Paul II mais a suscité un respect croissant au fil des ans, devient pape après avoir régné près d’un quart de siècle sur la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il sera confronté à la crise la plus profonde de l’Eglise contemporaine : celle des révélations en cascades, dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique du Nord, d’abus sexuels commis sur des enfants par des membres du clergé, aggravés par l’"omerta" de la hiérarchie. Condamnant durement ces "péchés" et ordonnant la tolérance zéro, Benoît XVI demandera explicitement "pardon" aux victimes en juin 2010. En 2012, il est confronté à l’intérieur du Vatican à un scandale de fuites de documents confidentiels, qui verra l’arrestation de son propre majordome, Paolo Gabriele : un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie. Ces raisons ont-elles bien pu, plus que l’âge, écourter le pontificat de ce grand penseur, ce puissant esprit qui a dominé la théologie de l’Eglise un demi-siècle durant (il a soutenu sa thèse d’habilitation en 1957 et est nommé maître de conférences à l’Université de Munich la même année) ?

Le Pape a également déclenché plusieurs polémiques durant son mandat. La première a éclaté en septembre 2006 et l’a opposé au monde musulman après son discours sur les rapports entre raison et foi à Ratisbonne. En janvier 2009, sa décision de lever l’excommunication de quatre évêques intégristes dont le négationniste Richard Williamson, avait soulevé un tollé. Mais il a multiplié les gestes de respect envers les musulmans et surtout les juifs. On ne retiendra peut-être pas de lui l’image d’un grand Pape, mais certainement celle d’un penseur hors-pair, parmi les meilleurs de sa génération.
L’Afrique peut-elle présenter une alternative crédible pour le trône de Pierre ? En a-t-elle les ressources humaines ? Pour l’évêque auxiliaire de Ouagadougou, il faut s’en référer au Saint Esprit. L’important, pense-t-il, est de « prendre le temps pour que l’Eglise d’Afrique avance dans l’unité, la cohésion de ses membres pour qu’une communauté chrétienne basée sur l’Eglise-famille puisse faire ses preuves et donner un témoignage qui lui vaille un pasteur selon le cœur de Dieu ».

Thomas Dakin POUYA



Vatican: Le pape Benoît XVI a annoncé lundi sa démission à partir du 28 février
Publié le: 11/2/2013  | 


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