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Le Pays N° 5292 du 6/2/2013

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CAN 2013 : Les Etalons en finale pour la première fois
Publié le jeudi 7 fevrier 2013   |  Le Pays


CAN
© AFP par DR
CAN 2013/Demi-finales: Les Etalons du Burkina battent par tirs au but les black stars du Ghana
Mercredi 06 février 2013. Nelspruit. qualification historique du Burkina faso pour la finale de la CAN 2013.


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Héroïques Etalons ! Ils ont cru et ils ont eu. Les poulains de Paul Put viennent de composter leur ticket pour la finale de la 29e CAN en Afrique du Sud. Face aux Blacks Stars du Ghana, ils ont été les stars. A égalité (1-1) après les 120 mn de jeu, c’est finalement aux tirs au but que les Etalons ont battu les Ghanéens, malgré le coup de pouce de l’arbitre tunisien. C’était hier mercredi 6 février 2013 à Mbombela Stadium de Nelspruit. Une date à retenir. L’écriture de l’histoire du football burkinabè est en marche.

Les Etalons nous ont habitués à un passé angoissant. Surtout lorsqu’ils se présentent à une phase finale de CAN. Cette fois, le passé angoissant fait place à un présent radieux. Hier soir, 6 février 2013, à Mbombela Stadium de Nelspruit, je faisais partie des tout premiers journalistes à prendre place à la tribune de presse ; à une heure du coup d’envoi. Tout concentré, je pensais à cette confrontation Ghana-Burkina, pour le compte de la deuxième demi-finale de cette 29e CAN. Je replonge dans les confrontations antérieures entre ces deux voisins. Et je vois qu’en 11 ans, les Etalons et les Blacks Stars se croiseront pour la 3e fois en phases finales de CAN. En 2002 au Mali, la bande de Stephen Appiah avaient contraint les Etalons à la défaite en match de poule. Et je revois ce soir–là l’ouverture du score par Amadou Touré pour les Etalons. Comme tous les autres, je jubilais. Joie éphémère puisqu’à la 65e mn, sur une balle sans danger apparent, un manque de communication entre Bouffe-Tout et le portier Abdoulaye Soulama provoque un pénalty.

Appiah égalise avant que Mathew Amoah ne donne la victoire aux Blacks Stars (2-1). 2002 est passé. Je secoue ma tête et je contemple le beau stade de Nelspruit, non sans angoisse, surtout que le film de la deuxième confrontation entre les adversaires d’hier cognait mon cerveau. Je refuse de remettre cette musique d’Angola 2010. Mais Elle s’impose à moi. Oui ! Ce soir-là, alors qu’on avait juste besoin d’un nul contre le Ghana pour accéder au second tour que le fils d’Abedi Pelé, André Ayew, brise les espoirs. On jouait la 30e mn quand la défense commet la faute sur ce brillant joueur ghanéen. Le coup franc est exécuté. Le portier Daouda Diakité sort et renvoie le ballon. Les Blacks Stars renvoient la boule ronde qu’André Ayew reprend victorieusement de la tête. Le Ghana bat le Burkina (encore). Les Etalons retournent sans le moindre but marqué. Face à cette histoire sombre, je fais vite de revenir à la CAN 2013 où le Burkina n’a rien à envier à quelqu’un. Au contraire. C’est vrai que c’est face au Ghana. Mais il n’y a ni Appiah, ni Ayew. Si ! Il y a un Appiah, mais James, le coach ghanéen. Gyan sera l’affaire de Bako, me dis-je. Et voilà le coup d’envoi de cette demi-finale donné par l’arbitre tunisien Jdidi Slim. Le cœur bat, parce que j’ai des doutes sur l’arbitre. Et il le confirme à la 5e mn : débordement tonitruant de Préjuce Nacoulma. Il ne joue pas sa première intention. Il crochète et sert Pitroipa qui est bousculé en pleine surface. Le Tunisien dit de jouer. Les Burkinabè crient au scandale. Une minute après, une longue balle de Charles qui retrouve Madi sur le coin gauche en position de corner.

Son vis-à-vis se claque. Il tombe, mais en fair-play, Madi qui avait tout un boulevard décide de mettre le ballon hors pour permettre au Ghana de soigner son joueur. Que le foot est beau. Je vous disais que j’avais pour de l’arbitre. A la 11e mn, alors que Madi dispute la balle avec son adversaire qui tombe, l’arbitre tunisien indique le point de pénalty. Même les joueurs ghanéens sont surpris par la décision. Bakary Koné se fâche. Il veut foncer sur l’arbitre. Charles, Koffi et Paul l’en dissuade avec peine. Mubarak Wakaso transforme le pénalty en but. Dès lors, je revois ce pénalty de Stephen Appiah en 2002. Les Etalons viennent d’encaisser leur 2e but de la CAN. C’est la deuxième fois que le Burkina est mené au score dans cette CAN. A la 18e mn, chaude alerte dans le camp burkinabè. Une reprise de Pit dans la surface ghanéenne. La main du défenseur Afful Harrison semble avoir touché la balle. Le stade crie à la faute. Je déserte ma table pour courir suivre le ralenti sur le poste téléviseur d’un confrère ghanéen. Au vu de ce ralenti, je me convaincs qu’il n’y a pas de main. Cette fois, l’arbitre a raison.

Et puis vint le contre ghanéen à la 29e mn. Le capitaine Gyan Asamoah n’est pas hors jeu. Il file seul donc vers les buts burkinabè. Tous les Burkinabè retiennent leur souffle. Diakité, le dernier espoir, sort et gagne son duel avec l’attaquant ghanéen. C’est le corner qui ne donne rien. Deux minutes plus tard (31e mn), Préjuce Nacoulma avait l’égalisation au bout du soulier. Face au portier ghanéen, au lieu de tuer son ballon et faire la fatwa du portier Fatawu, il fusille le ballon dans les cieux. L’arbitre continue d’ignorer les fautes ghanéennes. C’est la pause. Et je jette un coup d’œil aux statistiques du match. Le Burkina a mieux possédé le ballon durant les 45 premières minutes de jeu : 56% contre 44% pour le Ghana. Les commentaires vont bon train. Même les non- Burkinabè sont fâchés contre l’arbitre. Les Etalons n’en ont cure. Ils continuent de pousser jusqu’à cette ultime tête de Bancé (52e mn) que le portier ghanéen prend dans ses filets. Le stade explose. « Le ballon a touché les filets », scande-t-on dans les rangs burkinabè. Une fois encore, je cours vers le ralenti. Le ballon n’a pas touché les filets. Alors que je ruminais cette action de but, ma peur est bleue à la 57e mn. Diakité, le portier burkinabè est battu. Un bolide ghanéen que repousse un des partenaires du Burkina : le montant gauche du portier burkinabè. Quelle frayeur ! Le Ghana pousse, le Burkina contre. Le jeu est vif. Comme l’arbitre est visiblement partisan, Dieu décide de rendre justice au Burkina. Alors, à la 59e mn, une passe de Charles Kaboré atteint Aristide Bancé au point de pénalty. L’homme à la chevelure blanche immobilise son ballon avant de le loger à l’angle gauche du portier ghanéen. Le stade de Nelspruit, acquis à la cause des Etalons, est debout. Justice rendue ! Burkina 1 - Ghana 1. Dès cet instant, les mouches changent d’âne et le match change d’âme. Les Etalons ont désormais une chance de qualification. Mais les 90 mn sont épuisées avec la blessure de Mohamed Koffi qui abandonne ses camarades. Henri Traoré prend sa place pour les prolongations. C’est le tout premier match du joueur burkinabè évoluant dans le championnat ghanéen. Ce sont les deuxièmes prolongations pour le Burkina. Il faut tenir. Ce n’est pas facile. Mais les guerriers donnent le tout pour le tout. La fatigue se fait sentir. Paul Koulibaly et Pit prennent des cartons jaunes. Madi est souvent pédalé, mais réussit à rattraper son retard. On jouait la 8e mn des prolongations. La pelouse de Nelspruit refuse de désigner le deuxième finaliste de cette CAN après la qualification du Nigeria. Chacune des deux équipes y croient. Bancé ne va pas au bout de ses actions. 99e mn : corner pour les Etalons. Le ballon est levé et une tête haute de Bako passe au-dessus des buts de Dauda Abul Fatawu. On s’approche de la 105e mn de jeu. Je prie mon Seigneur pour qu’il remette son œuvre du 3 février dernier. Oui, ce jour-là au Togo, c’est à cet instant-là que Pitroipa avait tué le match. Et pendant que j’y pensais, Aristide Bancé, à la 103e mn résiste, résiste et résiste. Il parvient à gagner son duel avec le dernier défenseur ghanéen. Au lieu de tuer son ballon, il appuie sur son tir. Une balle en suspension, le portier ghanéen sort. Préjuce en lutte avec le défenseur Awal accompagne le cuir dans les filets. C’est le but. Le stade est debout. Tout le monde a vu le but sauf l’arbitre partisan Jdidi Slim. Scandale ! Scandale ! Entend-on. Pour la troisième fois, je cours vers le ralenti. Cette fois, c’est faux. C’est injuste. C’est partisan. Il n’y a aucune faute de Préjuce. Et je vois la tête d’un confrère ghanéen qui fait signe à son compatriote que le but est valide. Tout de suite, j’ai pensé à la CAF. Va-t-elle sanctionner sévèrement cet arbitre tunisien ? Pas si sûr. Parfois, on protège les équipes à palmarès. Le Ghana jouait sa 9e demi-finale de son histoire et le Burkina sa deuxième demi-finale. Le Ghana a remporté la coupe 4 fois : 1963, 1965, 1978 et 1982. Le Burkina n’en a remporté aucune. Et comme si le diable s’appelait Slim, Pit est abattu en pleine surface de réparation à la 117e mn. C’est le pénalty. Le ralenti le confirme. Mais Slim choisit de présenter le jaune à Pit pour « simulation ». Dieu ! Un arbitre tunisien en demi-finale d’une CAN ! Incroyable ! Et comme c’est le deuxième carton de Pit, le rouge lui est brandi. Il sort. Dieu a vu ! La fin du match est pleine de suspense ! Avec ces nombreuses occasions de buts manqués de Bancé. Le Burkina joue à dix. Le match est burkinabè, mais l’arbitre a choisi d’aider le Ghana. Un dernier corner burkinabè et c’est la fin du match. L’arbitre est hué par tout le stade. Ce sont les tirs au but. L’épreuve des nerfs. Le premier tireur s’appelle Anna Anthony. Le stade le hue pendant qu’il avance. Il rate son shoot. Dieu a parlé ! C’est au tour de Bakary Koné qui a fait une CAN propre. Tout calme, il prend à contre-pied le portier ghanéen. Le stade est burkinabè. Le deuxième tireur ghanéen Twasam réussit son tir. Henri Traoré doit donner l’avance. Il avance, tire et marque de la droite. Burkina 2 - Ghana 1. Le 3e tireur ghanéen marque. Paul Koulibaly, sans élan voit son tir repoussé. Burkina 2 - Ghana 2. Retour à la case départ. Le 4e tireur ghanéen, comme s’il était jumeau au premier tireur, fait exactement la même chose : dehors. Bancé arrive et sans élan prend à contre-pied le portier. Burkina 3 - Ghana 2. Le 5e tireur ghanéen est aussi hué. Il s’appelle Badu Emmanuel. En deux temps, il croyait battre Diakité qui plonge du bon côté et enraye l’action. Le Burkina est en finale. L’arbitre Slim est abattu comme les Ghanéens. Dieu a tranché. Le Burkina a joué. Je l’avais écrit : 2013, l’année de notre année ! C’est dit ! C’est fait ! Le dicton « pas deux sans trois » n’a pas marché pour les Ghanéens. Belle revanche pour les Etalons après les défaites de 2002 et de 2010 face à cette même équipe. La première finale du pays des Hommes intègres. L’exploit ! La rage ! La gloire ! Cette finale, ce sera contre les Super Eagles du Nigeria, le 10 février 2013 à Johannesburg. Comme pour dire que le champion sortira du groupe C d’où sortent le Burkina et le Nigeria.

Alexandre Le Grand à Nelspruit

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