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L’Observateur N° 8306 du 5/2/2013

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Meurtre à St-Viateur : A la «ville du crime» un traitement de criminel
Publié le mercredi 6 fevrier 2013   |  L’Observateur




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Dans un de nos éditoriaux de novembre 2012 qui porte la signature d’Alain Saint Robespierre, nous écrivions ceci : «C’est normal et même formateur que l’élite de demain se joigne à une partie de la société pour exiger des comptes des gouvernants. Cela la prépare davantage aux responsabilités qui seront plus tard les siennes. Mais de là à prendre elle-même son propre avenir en otage est une attitude que toute âme censée ne saurait cautionner.




A la soif légitime des élèves et étudiants de faire entendre leur voix sur toutes les questions qui touchent à la vie nationale s’est insidieusement greffée la vile intention de garnements d’instaurer la chienlit à l’école. Sautant sur le moindre casus belli, faisant feu de tout bois, ces traînards et autres trimards de nos lycées, collèges et universités ne sont jamais en retard d’une occasion pour s’adonner à leur jeu favori : troubler l’année scolaire.

Pas plus tard que vers la fin du mois d’octobre, nous avons assisté, désabusés et impuissants, à des agissements de ces apprentis-sorciers en grève dont beaucoup en ignorent les motifs et les objectifs. C’est comme si des mains malveillantes et invisibles les poussaient vers des desseins inavoués et inavouables.

Juchés sur des motos et munis de sifflets, des élèves, si on peut continuer de les appeler ainsi, écument les établissements secondaires pour contraindre, par le désordre, leurs camarades à adhérer à des mots d’ordre. La chose aurait été tolérable si ce rebut de l’école et de la société tout entière se contentait de marcher sur la voie publique pour manifester son mécontentement. Hélas non. Il entend paralyser tout le fonctionnement du système. Mais cette vermine des classes oublie que les premières victimes de cette chienlit ne sont pas toujours celles qu’on croit. L’institution qu’elle s’applique à dézinguer définitivement tend aujourd’hui à devenir le refuge des seuls enfants «du pays réel». Les rejetons des gourous ne fréquentent pas l’école publique quand ils sont au Burkina Faso.

Si la jouissance du droit, notamment celle de manifester, est reconnue à tous, son pendant, c’est le devoir pour chacun de respecter le droit des autres de ne pas manifester».

On ne pensait pas si bien dire, ce qui vient de se passer à Saint-Viateur montre que nos propos étaient pertinents. Qu’un groupe d’élèves dont l’acquisition du savoir est le cadet des soucis en soit venu à tuer un de leurs camarades, innocent, juste parce qu’ils voulaient les obliger à interrompre, comme eux, les cours, voilà qui est particulièrement grave et qui appelle tous les acteurs de l’école burkinabè à un sursaut salvateur, sans lequel nous courrons tous à notre perte.

On le dira jamais assez, si le droit de grève est reconnu par la Constitution, celui de ne pas faire grève l’est tout autant, et pour aucune raison, aucun citoyen ne doit être contraint à descendre dans la rue contre son plein gré. Cette pratique, de plus en plus courante dans nos écoles et universités, participe d’un terrorisme intellectuel qui veut que tout le monde soit obligé de hurler avec les loups et qui dessert même au finish les causes parfois justes que ses tenants défendent. Comme ça semble être le cas d’ailleurs du sujet unique aux examens scolaires, qui a mis le feu aux poudres.

Maintenant donc que le crime a été commis et sans présumer de la culpabilité de qui que ce soit, on espère que des enquêtes diligentes situeront l’opinion sur les tenants et les aboutissants de cette odieuse affaire et que la justice passera dans toute sa rigueur.

Qu’on ne nous dise pas qu’il s’agit d’enfant qui a droit à un procès pédagogique, car, si sa culpabilité est établie, le moins qu’on puisse dire, c’est que des enfants ne posent pas des actes aussi ignobles.

Pendant combien d’années va-t-on d’ailleurs continuer à faire des procès pédagogiques sans que personne n’en retienne les leçons si tant est que c’est le gang au nom suffisamment évocateur de la «ville du crime» qui ait fauché l’adolescent Joël Ouédraogo. Dans ce cas, que la justice lui fasse subir le sort réservé aux criminels !

En vérité si la mauvaise graine pousse désormais ainsi dans nos écoles, c’est aussi la faute d’une autorité poltronne qui refuse de s’assumer pour ne pas faire des vagues, contribuant ainsi au délitement de l’Etat.

Au demeurant, on comprend mieux parfois l’attitude attentiste et passive des forces de l’ordre, qui hésitent à intervenir : quand une bavure survient, les poulets ne sont-ils pas sacrifiés sur l’autel de la paix sociale par les responsables, qui s’en lavent les mains ? L’affaire Justin Zongo et le procès des policiers auquel il a donné lieu sont encore frais dans les mémoires. L’Etat doit donc impérativement reprendre la main et faire preuve de la plus grande fermeté face à ces vagues de réactions sauvages qui finissent par installer la chienlit.



Adama Ouédraogo Damiss

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