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Le Mouvement Populaire des Jeunes et l’article 37 : En République, toutes les opinions méritent d’être entendues
Publié le lundi 4 fevrier 2013   |  L’Hebdomadaire




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ls ont osé, Pascal Zaïda et ses camarades du Mouvement populaire des Jeunes (MPJ)  ! En disant tout haut, ce que certains Burkinabè murmurent tout bas, ils ont franchi comme un rubicond.

Celui de dire qu’il n’y a pas de tabou à revendiquer ouvertement la révision de l’article 37 de la constitution dans ces dispositions actuelles. Ils ont raison de soutenir qu’au-dessus du manque de consensus national sur la question, il y a le peuple, libre et souverain. Il doit être entendu dans ses droits comme il se doit en République. Il n’y a aucune honte, aucun complexe ni autre état d’âme à se faire à ce sujet.

Au contraire, les Burkinabè doivent s’approprier leur histoire politique. Toute leur histoire politique. Cette rétrospection est nécessaire pour se convaincre que la République, la Démocratie dans leur processus de maturation et d’enracinement endogène aux Etats, ne peuvent faire fi, ici comme ailleurs, des spécificités nationales.

Avant donc d’être des modèles prêt – à porter, elles sont, la Démocratie et la République, des constructions institutionnelles dynamiques qui doivent cependant reposer sur les fondements des valeurs universelles de la liberté, de l’égalité et de la justice, promues par l’exercice de pouvoirs séparés et équilibrés entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

Ce principe de la séparation des pouvoirs dans un régime de liberté où la voix de chaque citoyen compte par le suffrage direct ou indirect sont les repères basiques et intangibles de la Démocratie et de la République.

Tout le reste, notamment la configuration des institutions, le nombre et la durée des mandats électifs sont des adjuvants qui ne peuvent qu’être tributaires des avatars de l’histoire et de la géographie.

Cette vérité explique que la démocratie aux Etats- Unis, en Allemagne ou au Botswana ne présente pas la même ossature institutionnelle que celle du Japon, de la France ou de l’Australie. L’espace et le temps ont façonné à chacun de ces pays, des institutions à l’aune du génie de leurs peuples respectifs.

Et la démocratie sera d’autant plus forte dans ces pays que les spécificités nationales à elle dictées par les différents contextes socio- culturels, seront préservées.

La démocratie en Afrique, notamment dans les pays au Sud du Sahara, ne devrait-elle pas bénéficier de cette « exception culturelle » pour bâtir des institutions qui prennent en compte leurs réalités sociologiques et historiques  ?

Les critères déterminants de crédibilité des démocraties en construction dans nos pays ne devraient-ils pas être le respect des valeurs universelles énumérées plus haut  ? Liberté d’opinion et de conscience, égalité de droit et de devoir, justice équitable pour tous les citoyens qui par leur suffrage, élisent leurs dirigeants.

Le mimétisme institutionnel, le replâtrage des lois, le manque de leadership africain ne sont-ils pas des causes de fragilisation de nos jeunes Etats et de leurs démocraties en construction  ? Comment l’Afrique pourrait avoir des institutions fortes si elle est sommée de copier celles que les vieilles démocraties ont mis des siècles à se secréter  ?

En quoi l’alternance obligée par restriction constitutionnelle est –elle une valeur démocratique  ? Ou a contrario, en quoi la non limitation constitutionnelle du nombre de mandats présidentiels est une antinomie de la démocratie  ? En rien si le peuple souverain est libre de choisir en toute transparence ses dirigeants.

A la vérité, l’initiative du Mouvement populaire des Jeunes qui en appelle à un référendum sur la révision ou non de l’article 37 de la constitution est une opportunité pour les Burkinabè d’élargir un débat qui n’a jamais été fermé. Il a par contre été très souvent biaisé et les arguments pour ou contre la révision de cet article sont donnés en rapport avec la personne du président Blaise Compaoré.

Certes cela se comprend car le parti présidentiel a été le premier à proposer dans les recommandations de son quatrième congrès tenu en 2009, la relecture de cet article de la constitution. Blaise Compaoré à l’époque était à un an de la fin de son avant dernier mandat et ses partisans voulaient élargir le champ légal de ses possibilités à diriger le Burkina.

C’est la même logique qui a sans doute prévalu à ce que le Congrès pour la Démocratie et le Progrès introduise la question aux assises du Conseil consultatif sur les réformes politiques et institutionnelles. Le manque de consensus sur le sujet n’a pas pour autant clos le débat même si les adversaires de cette révision constitutionnelle versent de plus en plus dans une colère hystérique chaque fois qu’il en est question.

Et pourtant en république, il ne saurait y avoir une question politique frappée d’anathème. Toutes les opinions méritent d’être entendues. Voilà qui fonde la légitimité de la démarche du MPJ.

L’hebdo du Burkina

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