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Sidwaya N° 7347 du 1/2/2013

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Djibrill Bassolé sur le cas de l’ambassadeur Paré : Il a proposé sa démission (...) c’est le président du Faso qui décide » « Il n’y a pas de quoi s’émouvoir »
Publié le samedi 2 fevrier 2013   |  Sidwaya


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© Autre presse par DR
Le ministre burkinabè des Affaires étrangères et de la coopération régionale Djibrill Bassolé


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L’ambassadeur du Burkina à Paris, Joseph Paré, est toujours à son poste après sa démission annoncée. Son ministre de tutelle, Djibrill Bassolé, explique pourquoi « il n’y a pas de quoi s’émouvoir ». Il s’est prononcé sur la question le mercredi 30 janvier 2013, à l’issue de la cérémonie de présentation de vœux mutuels avec ses agents. Le ministre d’Etat justifie également, dans l’entretien qui suit, l’ouverture prochaine d’une ambassade en Russie, donne les raisons de la réadmission de ses 105 agents précédemment redéployés dans d’autres ministères et commente les performances des Etalons à la CAN.

Sidwaya (S.) : Quel va être le défi majeur de votre ministère pour cette année 2013 ?

Djibrill Bassolé (D.B.) : Le défi, c’est de mettre en œuvre la politique sectorielle du gouvernement en matière de diplomatie et de résolution/prévention des conflits.

S. : N’est-ce pas un fonctionnement normal de votre département qu’un défi ?

D. B. : C’est le fonctionnement normal, mais nous avons des objectifs à atteindre. Ces objectifs sont : une meilleure visibilité du Burkina Faso sur la scène internationale et une meilleure contribution du pays aux efforts de paix, de stabilité et de sécurité internationales.

S. : Un objectif classique ordinaire finalement ?

D. B. : Oui, mais le réussir est un défi (rires).

S. : Le Burkina a déjà réussi pas mal de médiations !

D. B. : Le défi, c’est qu’il faut savoir être efficace. Il faut que notre implication représente quelque chose, sans compter les efforts que nous devons fournir pour réussir l’intégration sous-régionale qui est un défi permanent. Nous avons tellement de préoccupations, d’attentes de nos populations à relever qu’en réalité, tous les jours, il faut s’y atteler, il faut consentir des efforts pour que ces attentes soient comblées.

S. : Les 105 agents sanctionnés à la suite de la grève de 2007 et redéployés dans d’autres ministères, reviennent. Quel argument a pu convaincre le gouvernement à revenir sur sa décision ?

D.B. : Il s’agissait, d’une manière générale, au plan national, de prendre des actes favorables à l’apaisement social et à la réconciliation. Ces 105 agents ont été sanctionnés et privés de la possibilité de dérouler leur carrière dans le domaine de la diplomatie. C’est sûr qu’ils ont commis des fautes par rapport à l’éthique du diplomate. Ce qu’ils ont fait est répréhensible. Mais s’agissant de Burkinabè qui, à travers leur syndicat, ont constamment demandé aux autorités du ministère, au président du Faso, de revenir sur cette décision, à un moment, le président du Faso a accepté que des dispositions soient prises pour qu’ils puissent réintégrer leur maison d’origine. C’est ainsi qu’en liaison avec le ministère de la Fonction publique, nous avons défini les modalités de leur retour.

S. : Tous les 105 vont-ils réintégrer ?

D. B. : Evidemment, mais pour des besoins de planification, nous ne pouvons pas non plus prendre 105 du coup. Leur retour a consisté, dans un premier temps, à les inclure dans le mouvement diplomatique. On a commencé par cinq personnes l’année passée. Nous en prendrons probablement davantage cette année. Et deuxièmement, il s’agit de les intégrer dans l’organigramme et dans l’organisation du ministère à Ouagadougou. Les questions de planification nous amènent à les absorber de manière progressive, sans compter qu’ils n’ont pas tous demandé à revenir. Peut-être que sur les 105, il y a une bonne partie qui voudra continuer là où elle a été redéployée.

S. : Est-ce qu’ils sont soumis à des exigences ou à une réformation préalable avant leur réintroduction ?

D. B. : Non. Une formation de base ne s’oublie pas. Ensuite, il y en a qui ont continué à faire des stages en diplomatie de façon normale. Même déployés dans d’autres ministères, ils ont continué à passer les concours professionnels spécifiques au ministère des Affaires étrangères et à aller faire des stages de perfectionnement.

S. : Lors de la visite du président Compaoré à Paris, en septembre 2012, vous avez évoqué la démission de l’ambassadeur Joseph Paré. Aujourd’hui, il est toujours à son poste. Quelle commentaire ?

D. B. : D’abord, la nomination et la révocation d’un ambassadeur sont du pouvoir discrétionnaire du président du Faso. Ensuite, à supposer que le président du Faso prenne la décision de le changer, les procédures de désignation et de nomination d’un ambassadeur prennent toujours du temps. Et quelquefois, ce délai n’est même pas dépendant de la volonté du pays qui nomme. L’un dans l’autre, il n’y a pas de quoi s’émouvoir. L’ambassadeur Paré, suite aux allégations qui avaient été faites sur sa gestion quand il était ministre des Enseignements secondaire et supérieur, a simplement demandé au président à être déchargé de ses fonctions pour mieux élaborer sa défense. C’est le président qui décide. Quelquefois, je ne comprends pas bien la réaction des Burkinabè sur ces genres de questions.

S. : La démission du Pr Paré était pourtant comme acquise aux yeux du public jusqu’à ce qu’on le voie au même poste !

D. B. : Par rapport à ce que certains considèrent comme sa démission, c’est non. Il a proposé sa démission, il a rédigé une lettre de démission, compte tenu de tout ce qui lui est reproché.

S. : Sa démission n’est donc plus à l’ordre du jour ?

D. B. : Non ! Je n’ai pas dit ça. Lui, il l’a demandée. Maintenant, c’est le président du Faso qui décide et qui nomme un ambassadeur, si tel est son souhait. Et en entendant que quelqu’un d’autre soit nommé pour le remplacer, il reste à son poste.

S. : Vous venez d’annoncer à votre personnel l’ouverture de trois ambassades dont une en Russie. Pourquoi renouer avec la Russie ?

D. B. : Nous n’avons jamais rompu nos relations diplomatiques avec ce pays. Seulement, nous n’y avions plus d’ambassade. Pour des contraintes budgétaires, le Burkina Faso avait réduit le nombre de ses représentations diplomatiques à l’extérieur. Mais nos relations diplomatiques sont restées excellentes. Le président du Faso et le conseil des ministres ont approuvé la décision de rouvrir notre ambassade à Moscou, compte tenu de l’excellence de nos relations diplomatiques entre nos deux pays et de l’intérêt pour le Burkina d’être présent dans cette partie du monde. Au plan politique, la Russie est membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU. Le Burkina a des raisons sérieuses d’être représenté à ce niveau pour pouvoir bénéficier de l’appui de ces puissances du conseil de sécurité, dans tout ce que nous entreprenons pour la paix et la sécurité dans notre région.

S. : Faut-il aussi y voir un rapprochement idéologique et politique du Burkina et de la Russie, au-delà du rapprochement diplomatique ?

D. B. : Nous respectons tous les pays partenaires et leurs options politiques et idéologiques. Mais entretenir des relations diplomatiques ne veut pas dire qu’on épouse leurs options politiques et économiques. Nous voyons que la Russie est un pays important au plan européen et nous sommes absents en Europe de l’Est. Nous pensons qu’il y a lieu de corriger cette insuffisance en y ouvrant une représentation diplomatique. C’est dans l’intérêt des relations bilatérales.

S. : Et pour ce qui concerne la Turquie et le Tchad, quels sont les intérêts pour le Burkina d’y ouvrir des ambassades ?

D. B. : La Turquie est présente au Burkina Faso, elle a ouvert une ambassade résidente à Ouagadougou. Au plan économique et commercial, la Turquie est un partenaire de plus en plus important et de nombreux opérateurs économiques se dirigent vers ce pays qui est à cheval entre l’Europe et l’Asie et dont on connaît les performances en matière de développement économique et industriel. Là aussi, nous sommes déjà représentés, mais à travers notre ambassadeur à Paris. Pour le Tchad, nous sommes très absents en Afrique centrale. Figurez-vous que c’est notre ambassade à Addis-Abeba qui couvre l’ensemble des pays de l’Afrique centrale. Pour des raisons pratiques d’accessibilité, nous avons préféré ouvrir une ambassade à N’Djamena, étant donné aussi que le Tchad a une représentation diplomatique ici à Ouagadougou. Nous avons une diaspora de plus en plus importante dans les pays de l’Afrique centrale ; au Gabon où nous avons un consulat général, en Guinée équatoriale et dans d’autres pays qui justifient que nous soyons présents. Le Burkina Faso veut associer étroitement les Burkinabè vivant à l’extérieur aux efforts de développement économique et social. C’est pour cela que dans les semaines à venir, le ministère des Affaires étrangères proposera au gouvernement l’adoption d’un projet MIDA (Migration pour le développement en Afrique). C’est un projet qui consiste à faire bénéficier au pays d’origine l’expertise technique, la contribution financière, etc., de la diaspora africaine.

S. : Nous vous savons « grand » fan du football. Que vous inspire la performance des Etalons à cette CAN ?

D. B. : Je suis très fier de ce qu’ils ont fait, des performances qu’ils ont réalisées. Comme on le dit maintenant, ils ont réussi à administrer le score le plus sévère de la CAN : 4 à 0. Ils ont réussi à sortir le tenant du titre, la Zambie. Ils ont réussi à tenir tête à un géant du football africain, le Nigeria. Je considère déjà que c’est une performance qui nous honore. Au niveau où ils sont, on ne peut que leur souhaiter bonne chance pour la suite, mais déjà ce qu’ils ont fait est remarquable.

Interview réalisée par Aimé Mouor KAMBIRE

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