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L’Observateur N° 8301 du 29/1/2013

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Moral des Maliens : Regonflés à bloc comme un ballon de foot
Publié le mercredi 30 janvier 2013   |  L’Observateur


La
© Autre presse par DR
La sélection nationale du Burkina Faso
Photo : Etalons du Burkina.


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La 29e Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) bat son plein en terre sud-africaine. Parmi les équipes participantes, les Aigles du Mali, grand voisin du Burkina et qui vit en ce moment l’un des moments les plus cruciaux de son évolution sociopolitique. En l’espace d’un mois, un fol enchaînement d’événements va précipiter ce pays, hier cité comme l’un des phares de la démocratie en Afrique, dans les eaux saumâtres des pronunciamientos politiques et de la partition territoriale.


Le 22 mars 2012, à quelques jours de la présidentielle au terme de laquelle Amadou Toumani Touré devrait céder son fauteuil à un successeur démocratiquement élu, un obscur capitaine envoya, contre toute attente, une roquette sur le processus électoral.
Alors qu’à Bamako au sud, les putschistes tentent de légitimer leur coup de force par l’incapacité de l’ancien pouvoir à repousser la rébellion touareg, le Nord tombe sous le contrôle des indépendantistes de l’Azawad. Avant de passer sous la férule des groupes islamistes armés qui écument depuis cette partie du pays.

Après neuf mois de chape de plomb salafiste marquée, entre autres, par des amputations, des lapidations à mort et l’interdiction de tout ce qu’ils considèrent comme haram hallal, les fous d’Allah, grisés par les valses-hésitations de la communauté internationale, se piquent de vouloir étendre leur califat sur Mopti. La faute de trop.

En un temps deux mouvements, pour faire dans le jargon militaire, la France déclencha l’opération Serval. Sale temps pour les islamistes qui, en moins de deux semaines de combat, ont dû fuir leurs positions, parfois sans avoir opposé le moindre coup de feu.
C’est dans ce contexte de guerre que les Aigles du Mali, nom de l’équipe nationale de football de ce pays, s’engagent à leur tour sur un autre théâtre de confrontation : celui de la CAN.
Voilà donc tout un pays engagé sur trois fronts : ceux de la guerre pour la libération du Nord, des tractations d’Addis-Abeba pour l’obtention du nerf de la guerre et de la coupe d’Afrique. Après des matchs de poule au cours desquels ils n’ont pas vraiment volé haut, les Aigles arrachent néanmoins leur ticket pour les quarts de finale.
Une qualification que les joueurs, comme les militaires l’on fait de leurs exploits, ont dédiée à leurs compatriotes.

En temps normal déjà, un tel succès fait le bonheur des populations d’un pays. Nous, les Burkinabè, nous sommes bien placés pour le savoir au regard de la liesse suscitée par notre brillante qualification hier 29 janvier à Nelspruit. Mais dans le cas malien, c’est moins une victoire sportive qu’un succès politique et diplomatique que Seydou Kéita, le capitaine, et ses coéquipiers viennent d’arracher.
Une prouesse qui va mettre du baume au cœur de nos voisins déjà soulagés par l’intervention salvatrice de la France.
. “Notre pays traverse un des moments les plus difficiles de son histoire, a ainsi déclaré l’ancien joueur du FC Barcelone (Kéita). Le pays est en train de reprendre les régions du Nord, les gens commencent à relever la tête, et cette qualification va encore donner beaucoup de joie et de bonheur à notre pays”.

En temps de conflit contre l’ennemi, il est souvent demandé aux populations de se saigner pour participer à l’effort de guerre ; chose à laquelle les footballeurs maliens ont consenti de leur propre chef. Un haut fait de patriotisme que traduit cette décision de céder 40% de leurs primes de qualification et de participation à la CAN comme “effort de guerre».
Peu importe ici la valeur numéraire de ce sacrifice. C’est plutôt l’esprit et l’acte qu’il convient de saluer. Alors chapeau bas !

Pour la suite de la compétition, souhaitons que les Aigles volent plus haut et plus vite, à l’image du serval, qui vole, lui, de victoire en victoire dans le nord malien.
Après plusieurs mois de traumatisme sociopolitique, le trophée de la CAN contribuerait sans doute à cicatriser les blessures de ces épreuves qui ont mis à mal l’intégrité territoriale et l’unité nationale de l’ex-Soudan français.
En attendant voici les Maliens regonflés à bloc comme un ballon de foot.


Par M. Arnaud Ouédraogo

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