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L’Observateur N° 8301 du 29/1/2013

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Financement de la MISMA : Le tout n’est pas de promettre
Publié le mercredi 30 janvier 2013   |  L’Observateur




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Rarement cause aura fait autant l’unanimité de la part de la communauté internationale, régulièrement portée sur les clivages partisans lorsque vient le moment de sévir contre un groupe que certains tiennent pour ennemi et d’autres pour ami : les djihadistes qui eurent le malheur d’occuper le septentrion malien aux premières heures de l’année 2012 auront réussi la prouesse de s’attirer les foudres de la planète tout entière.

C’est aussi cette donne qui explique la célérité avec laquelle les évènements se sont déroulés ces derniers temps, au point qu’ils en sont réduits, à ce jour, à se replier dans la seule région de Kidal, après avoir abandonné les villes et contrées qu’ils avaient, jusqu’à une date récente, considérées comme leurs fiefs ainsi que leurs places fortes.
Même s’ils ont battu piteusement en retraite, les djihadistes ne s’avouent pour autant pas vaincus ; et cela, tous les acteurs présents sur le terrain le savent pertinemment. Pour les mettre définitivement hors d’état de nuire, la reconquête du septentrion malien doit continuer ; pour ce faire, il faut trouver le nerf de la guerre ; et là se trouve le hic.
Hier mardi 29 janvier 2013, s’est tenue, à Addis Abeba, une conférence des donateurs pour trouver solution à l’épineuse question du financement de l’entreprise économiquement titanesque ; y étaient présents l’Union Européenne, l’Union africaine, les Etats-Unis, le Japon. Si le boulot devait se faire à coups de promesses, on devrait, à ce jour, affirmer sans ambages que la cause est gagnée : des promesses, en a ramassé des cartons pleins.
Alors que les experts estiment à 700 millions de dollars le besoin total en financement de la Misma ainsi que de l’armée malienne et à 460 millions le seul budget du déploiement de la Misma l’UA promet de participer à l’effort de guerre à hauteur de 10% du dernier montant. La chose est suffisamment rare pour qu’on ne la salue pas à sa juste valeur : l’instance panafricaine, impécunieuse et qui peine à joindre les deux bouts, aura donné la preuve qu’elle sait surmonter les traditionnelles dissensions en son sein lorsqu’elle le trouve nécessaire. La Cédéao, elle, avance le chiffre de 10 millions de dollors à titre de contribution ; l’UE promet 50 millions de dollars en espèces sonnantes et trébuchantes ; le gros lot promis viendra de l’empire du Soleil-Levant, qui se propose de verser la cagnote de 120 millions de dollars ; une véritable manne qui sera d’un secours providentiel pour une entreprise qui a pour vocation de se révéler budgétivore.

Mais voilà, c’est bien beau, les promesses, mais cette fois-ci, au regard de l’urgence de la situation, il faudrait qu’elles se concrétisent vite. Car, on a régulièrement vu de ces sommets de crise où l’on a brandi le caractère dramatique de la situation ; des discours forts convaincants y ont ému de généreux donateurs qui, illico presto, ont promis et juré de mettre la main à la poche ; puis on a attendu ; les sommes promises n’ont pas été des sommes dues ; le temps passant, les généreux cœurs d’un jour ont fini par oublier pour toujours et jamais bourse n’a été déliée. Le type de schéma qu’il faudrait absolument éviter pour le très difficile cas malien. Car, même si, par pudibonderie, les Etats africains se refusent à le reconnaître ouvertement, l’arrivée au compte-gouttes de leurs troupes promises en territoire malien s’explique essentiellement par des questions de sous : aucun des Etats africains qui volent au secours du pays frère et ami malien n’est en mesure de financer seul sa part d’expédition dans ces sables du désert, à la recherche des barbus djihadistes. Ce n’est pas que manque la bonne volonté ; ce sont les espèces sonnantes et trébuchantes qui font défaut. Et à supposer que les déclarations d’intention allant dans le sens de l’éradication du fléau djihadiste soient sincères, il faut à présent qu’elles soient suivies d’effet. Car, si la reconquête du Nord malien doit s’arrêter, faute de moyens financiers adéquats, les rebelles, désormais recroquevillés dans la région de Kidal, ne manqueraient pas d’y voir un cadeau du ciel, qu’ils se feraient forts de saisir en plein vol, avant de renaître de leurs cendres. Et pareille résurgence se révèlerait plus implacable et certainement aussi plus imparable.



Jean Claude Kongo

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