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Le Pays N° 5286 du 29/1/2013

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Le Mnla à Kidal : Le loup déguisé en agneau
Publié le mercredi 30 janvier 2013   |  Le Pays




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Au moment où les armées française et malienne remportent des victoires décisives face aux djihadistes et cherchent à éviter une guerre d’épuisement, le MNLA refait surface. Fidèle à sa logique de communication en vue de retourner les opinions malienne, africaine et internationale, le MNLA annonce le contrôle militaire de Kidal. Rappelons qu’en 2006, les accords d’Alger instituaient un retrait de l’armée malienne du Nord du pays au profit des mouvements rebelles touaregs.

Mais très vite, cette partie du territoire national malien deviendra, avec l’installation d’AQMI, un sanctuaire terroriste à ciel ouvert. Au juste, que veut le MNLA ? Ce mouvement qui ne cesse de marteler l’idée d’indépendance de l’Azawad et qui a engagé une épreuve de force militaire contre l’Etat démocratique malien pour faire aboutir cette idée, a pris en otages les populations du Nord-Mali. L’histoire de ce mouvement, c’est l’histoire d’un aveuglement continu sur le sort de ces populations, fait de revendications identitaires et politiques. Certes, il a su bien exploiter le vide créé par l’Etat malien lui-même, qui s’est révélé incapable de mettre en place, de manière pragmatique, de véritables politiques d’autonomie et de décentralisation au profit des populations du Nord. Mais, l’erreur stratégique fondamentale commise par le MNLA, c’est d’avoir installé dans cette région du Mali la culture de l’insurrection permanente. Et c’est ce mouvement dit laïc qui a invité les territoires islamistes dans la politique du Mali. Le péché originel de la crise malienne, c’est bien le MNLA. Après les crimes d’Aguelhoc, les militaires maliens nourrissent une amertume profonde envers ce mouvement. On voit mal comment les forces du MNLA pourraient réintégrer, à l’heure actuelle, les effectifs d’une armée qu’elles ont, hier, humiliées. Et face à lui, il ne peut ignorer la saine colère d’incompréhension du peuple malien. Qu’il le veuille ou non, ce mouvement devra payer, dans un Mali redevenu un Etat de droit, un prix élevé pour tous ses crimes. Aujourd’hui, il a perdu toute légitimité politique et surtout militaire. Son annonce spectaculaire du contrôle de Kidal ne saurait faire oublier ce triste constat : depuis sa naissance, ce mouvement manque de vision politique et de stratégie.

Il n’apprend rien de ses échecs, tant tactiques que stratégiques. Certes, les guerres nous ont habitué aux retournements les plus inattendus. Mais le fait d’avoir emprunté l’escalier du terrorisme pour faire aboutir ses revendications politiques va entraîner pour longtemps, son isolement politique, diplomatique et moral. Pourtant, il ne faut pas nier l’importance du sentiment de frustration, les rancoeurs, le mécontentement et les blessures identitaires des populations du Nord-Mali. De même, il ne faut pas nier un certain ancrage idéologique et culturel du MNLA au sein de ces populations. Mais les lois de la république du Mali sont supérieures à celles des communautés qui la composent et on ne doit en aucun cas les enfreindre, avec des armes, quelles que soient les circonstances. Cela, le citoyen malien ordinaire l’a bien compris. Seul l’Etat malien démocratique possède le monopole du recours légitime à la violence. Dans le Mali d’après-guerre, il faudra faire triompher l’esprit de compromis pour parvenir à une réelle réconciliation entre Maliens. Et quoi qu’on puisse penser de la stratégie du MNLA, l’Etat malien ne fera pas l’économie d’une réponse forte et crédible aux attentes des populations du Nord. Afin d’éviter au Mali de redevenir la terre de terroristes religieux dont la seule religion reste le crime, le vol et le pillage de biens culturels sacrés. Avec le pillage de manuscrits millénaires à Tombouctou par les djihadistes, le monde entier sait désormais que nous avons affaire à des gens animés par une haine de l’esprit, une haine de la raison. A chaque Malien de travailler à transformer la déraison en raison. Pour le triomphe du bien, le plus sacré pour le Mali : sa renaissance démocratique et républicaine.

Abdoulaye BARRO

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