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Mamadou Traoré, bâtonnier : « un avocat sans formation technique est un marchand ambulant et un corrupteur en puissance»
Publié le samedi 21 mars 2015  |  Le Pays
Barreau
© aOuaga.com par A.O
Barreau du Burkina : entre rentrée solennelle et 25e anniversaire
Jeudi 19 mars 2015. Ouagadougou. Centre international des conférences de Ouaga 2000. Le président de la transition, président du Faso, Michel Kafando, a présidé la cérémonie de rentrée solennelle ainsi que la commémoration du 25e anniversaire du barreau du Burkina. Photo : Me Mamadou Traoré, bâtonnier de l`Ordre des avocats du Burkina




En plus de fêter son 25e anniversaire, le Barreau du Burkina a effectué sa rentrée solennelle de l’année 2015, le 19 mars 2015, sous le thème : « Gouvernance juridique et judiciaire des investissements en Afrique : Quel rôle pour l’avocat ? ». La cérémonie d’ouverture de cette rentrée s’est tenue dans la salle des Banquets de Ouaga 2000, sous la présidence du chef de l’Etat, président du Conseil supérieur de la magistrature, Michel Kafando. C’était en présence du président du Conseil national de transition, Sheriff Sy, du Premier ministre Yacouba Isaac Zida, de présidents d’institutions, de membres du gouvernement et de bâtonniers venus de différents pays.

« Un avocat sans formation technique est un marchand ambulant et un corrupteur en puissance » ; c’est ce qu’a déclaré Me Mamadou Traoré, bâtonnier du Burkina. C’était le 19 mars dernier, lors de la cérémonie d’ouverture de la rentrée solennelle 2015 du Barreau du Burkina. Selon Me Mamadou Traoré, il est inacceptable qu’au moment où le Barreau fête son 25e anniversaire, l’institution n’ait pas de centre de formation, alors que la formation et la qualité seules peuvent permettre aux avocats burkinabè de reconquérir des marchés. Dans ce sens, a-t-il poursuivi, le Barreau a pris d’importantes initiatives telles l’élaboration d’un plan quinquennal de recrutement pour passer de 190 avocats actuellement, à 350 d’ici à l’horizon 2020. Disant attendre un engagement fort du gouvernement, Me Mamadou Traoré a confié que la formation a un coût que le Barreau seul ne peut assumer actuellement.
Le bâtonnier a également abordé la question de la corruption en milieu judiciaire qu’il estime être la marque de fabrique des démocraties faibles. Une question que le thème de la rentrée solennelle du Barreau aborde sous l’angle de l’investissement judiciaire. « La corruption du système judiciaire est réelle et est source de désordre et d’explosion sociale tant son impunité paraît inacceptable aux yeux de tous », a-t-il martelé. Me Mamadou Traoré a aussi évoqué la mauvaise qualité des relations entre avocats et magistrats. « Lorsqu’en 2013, le Barreau a fait une déclaration pour dire que tout se monnaie au tribunal de Ouagadougou, nous avons essuyé la foudre de certains magistrats. Mais nous avons eu tort d’avoir raison trop tôt, en témoigne l’agression d’un magistrat en 2015 devant le Palais de justice de Ouagadougou pour des questions de marchandage », a-t-il expliqué. Le summum de ce malaise, a-t-il poursuivi, a été atteint lors de la condamnation d’un avocat à 6 mois d’emprisonnement par le TGI de Ouagadougou, pour outrage à magistrat, le 26 janvier 2015. Une décision inacceptable dans les principes, selon lui, que le barreau ne peut accepter et contre laquelle il utilisera toutes les voies légales pour faire respecter les principes constitutionnels des droits de la défense.
Pour un succès des états généraux de la Justice

Parlant de la Justice en général, Me Mamadou Traoré a reconnu qu’elle était au cœur des tirs croisés des citoyens qui la voient inaccessible, trop lente et inopérante du fait de la corruption. Saluant l’initiative du gouvernement d’organiser les états généraux de la Justice, il a émis des doutes quant à la capacité de ceux-ci à résoudre les problèmes dudit département. « D’ores et déjà, je vais souligner sa complexité qui va des questions éthiques et morales des acteurs de la Justice, à l’absence de valeurs et de substrats culturels dans une société en mutation, marquée par le règne de l’argent, aux problèmes de dénuement matériel des juridictions, l’insuffisance des ressources humaines. A cela, on peut ajouter l’absence de volonté politique », a confié Mamadou Traoré. Pour lui, le franc succès des états généraux à venir est conditionné par l’envoi d’un signal fort aux acteurs du monde judiciaire. Expliquant que plusieurs d’entre eux ont été pris la main dans le sac dans le cadre de la corruption, le bâtonnier a déploré que des sanctions n’aient pas suivi. Et de demander que ceux-ci soient sanctionnés. « L’inspection générale des services de notre département doit avoir des dossiers prêts et sans ce signal fort, les magistrats honnêtes ont du mal à croire que plus rien ne sera comme avant », a conclu Mamadou Traoré.
Le chef de l’Etat, Michel Kafando, a, pour sa part, confié que le gouvernement a pris bonne note des préoccupations sus-citées et qu’elles seront analysées, de concert avec l’Ordre des avocats.
La cérémonie d’ouverture de la rentrée solennelle du Barreau a également été ponctuée par plusieurs allocutions. Les intervenants, Me Pierre Yves Joly, bâtonnier de Lyon en France, Me Kari Abdoul Bagui, secrétaire général de l’Union panafricaine des avocats et Me Ameth Ba, président de la Conférence internationale des Barreaux, ont tous remercié le Barreau du Burkina pour l’invitation faite à leur endroit et félicité les autorités de la transition pour le processus en cours au Burkina. Il en fut de même pour le bâtonnier Moussa Coulibaly, vice-président de la Conférence des Barreaux de l’UEMOA.
Cette rentrée s’achève le 21 mars prochain.

Thierry Sami SOU


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