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Le Pays N° 5284 du 24/1/2013

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Confédération syndicale burkinabè : une organisation syndicale à la dimension de l’informel
Publié le vendredi 25 janvier 2013   |  Le Pays




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Une délégation du bureau national de la Confédération syndicale burkinabè (CSB), conduite par Mariam Sanou-Sérémé, secrétaire confédérale chargée de l’économie informelle, a effectué, le 17 janvier 2013, une visite de travail à Loumbila. Elle a ainsi rencontré les femmes bénéficiaires du programme CSB/MSI de cette localité, dans le cadre de l’évaluation de la 1re phase dudit programme. A en croire les responsables de la CSB et du projet, suite aux résultats concluants de cette phase qui s’est déroulée de 2007 à 2011 et qui avait pour objectif le renforcement syndical par la syndicalisation des femmes de l’économie informelle, une 2e phase a été validée, pour la période allant de 2012 à 2014, avec pour objectif de renforcer les capacités d’organisation de la CSB des travailleurs de l’économie informelle. Les résultats positifs de la 1re phase ont également été relevés par les bénéficiaires de la commune de Loumbila, qui ont profité de cette rencontre de travail pour exprimer leur satisfaction et formuler quelques doléances.

Fruit de la coopération entre la Confédération syndicale burkinabè (CSB) et la Confédération générale des syndicats libres de Bruxelles (CGSLB), le programme CSB/MSI bénéficie de l’appui financier de la Direction générale de la coopération et du développement (DGCD) de la Belgique. Sa première phase qui a été exécutée entre 2007 et 2011 avait pour objectif général le renforcement syndical par la syndicalisation des femmes de l’économie informelle. Au terme de sa mise en œuvre, les acteurs de son opérationnalisation se rencontrent pour faire le point sur les activités menées. C’est dans ce cadre qu’une délégation de la CSB, conduite par la secrétaire confédérale chargée de l’économie informelle, a rencontré, le 17 janvier 2013 à Loumbila, les bénéficiaires de cette localité pour faire le bilan de cette phase. Une trentaine sur la cinquantaine de femme ayant été ciblée par le projet dans la commune de Loumbila, en son volet économie informelle, étaient présentes à cette séance d’évaluation. A la question de la chef de la délégation de Ouagadougou de savoir si la première phase du programme a répondu à leurs attentes, les réponses ont été on ne peut plus spontanées et révélatrices. « A mi-parcours, ça va. Nous avons à peu près 400 militants et militantes qui reçoivent des appuis syndicaux », a révélé Elisabeth Korabié, coordonnatrice du projet pour la région du Centre. Pour vérifier cette assertion, la parole a été donnée aux bénéficiaires mêmes, qui n’ont pas tari d’éloges envers le projet dont elles ont cité quelques retombées qui leur sont profitables.

Des formations et des crédits reçus

Rasmata Ilboudo, présidente du syndicat des femmes de Loumbila, a ainsi confirmé : « La syndicalisation nous est profitable parce qu’elle nous a appris beaucoup de choses et permis d’acquérir une certaine autonomie financière. Autrefois, je ne pouvais même pas avoir un plat d’engrais, maintenant je peux en avoir deux grâce au projet ». Et la présidente de faire la genèse des activités du projet à Loumbila : « Au départ, ils sont venus préparer pour nous, nous avons mangé, nos enfants aussi. Ensuite, ils nous ont prêté de l’argent, 800 000 F CFA, que nous avons utilisé pour acheter les fournitures de nos enfants pour qu’ils puissent aller à l’école. Après cela, ils nous ont donné deux millions puis d’autres fonds que nous n’avons pour le moment pas finis de rembourser, mais grâce aux bénéfices que cela est en train de produire, nous pensons pouvoir le faire ». Pour compléter la liste des réalisations énumérées par la présidente, Joanna Zongo, membre du bureau communal, ajoute : « Les soutiens dont nous avons bénéficié du syndicat sont multiples : nous avons reçu des formations que nous avons répercutées au sein de nos camarades. Nous avons en outre appris des travaux manuels et pu exprimer nos doléances et certaines préoccupations comme les terres. L’intervention du syndicat nous a donné l’espoir de pouvoir disposer de parcelles et de pouvoir nous stabiliser pour mieux mener nos activités. » En complément à ce qu’ont déjà dit ses camarades, Bintou Ouédraogo, secrétaire à la section communale du syndicat, a précisé que « nous comptons mettre en place une caisse qui va permettre aux femmes de préparer leurs vieux jours, car beaucoup sont déjà vieilles et fatiguées. Des formations sont encore en vue, et la carte syndicale permet aussi de bénéficier d’exonérations sur nos frais de soins médicaux ».

Des résultats de la 1re phase du programme

Les résultats de la première phase du programme tels que déclinés par Alexis Zongo, secrétaire général adjoint chargé des projets de la CSB et président du projet 2012-2014, font ressortir, entre autres, la syndicalisation de près de 6 000 femmes du secteur de l’économie informelle, au profit de la CSB. Des permanences syndicales auraient en outre été acquises, équipées et sont fonctionnelles dans les 13 régions, et des coordinations régionales regroupant des militants CSB dans les régions dynamisées et des bureaux élus mis en place dans les 13 régions. Le projet aurait en outre permis d’améliorer la qualité du travail et la sécurité des travailleurs membres de la CSB par des cahiers de revendication spécifiques dans les 13 régions. Les activités de la première phase du programme auraient en outre permis d’apporter des services d’appui syndicaux apportés aux militantes de ces régions. Ce sont la mise en place et la gestion de fonds de solidarité à finalité syndicale et d’autofinancement, la mise en place et la gestion de projets d’assistance civique, la négociation et la conclusion de partenariats avec les structures de financement des acteurs de l’économie informelle comme le FASI, le FARRF et le FAIJ. Le programme CSB/MSI phase 1 aurait enfin permis d’élaborer une plateforme revendicative du secteur de l’économie informelle, avec la contribution de l’ensemble des centrales syndicales du Burkina.

De la 2e phase du programme

Au vu de ces résultats jugés concluants par les acteurs et les bénéficiaires, une deuxième phase de ce programme aurait été validée pour la période 2012-2014. L’objectif recherché dans cet autre projet est de faire en sorte que la CSB renforce ses capacités d’organisation des travailleurs de l’économie informelle pour participer au dialogue social décentralisé. Les résultats recherchés par cette phase sont, entre autres, la création de quatre cadres fonctionnels de concertation autonome dans les régions et de rendre les responsables CSB capables de s’impliquer dans les différentes structures de dialogue mises en place par la décentralisation. Des apprentissages et des échanges mutuels devront également être développés pour une meilleure compréhension de la décentralisation. Au titre de 2012, première année d’exécution de cette 2e phase, les activités déjà menées ont trait, entre autres, à la formation de 30 leaders syndicaux à la décentralisation et à la mise en place de groupes de travail. Il a en outre été enregistré l’élaboration de plans d’action et de mémorandums revendicatifs dans les 13 permanences, et l’on aurait aussi assisté à la mise en place d’un groupe de travail genre informel dans les 13 régions afin d’appuyer les coordinations régionales dans leurs revendications sur le genre et l’informel. L’on peut par conséquent relever pour le compte de l’année précédente des résultats atteints grâce à l’action des structures de gestion du programme.

Des structures de gestion de la 2e phase du programme

Ce sont l’Unité de gestion nationale (UGN) composée de 3 membres dont le chef de programme et deux chargés de résultats, le comité de pilotage composé des membres de l’UGN, des coordonnateurs de zone et des personnes-ressources, les coordinations régionales composées d’un comité régional des femmes et des comités régionaux des syndicats de base de la CSB. Quant au suivi-évaluation du programme, il se fait à travers des réunions semestrielles et des visites de terrain. Créée le 19 septembre 1974 par 15 syndicats professionnels, la CSB compte à ce jour une dizaine de fédérations syndicales, de syndicats professionnels et d’associations. Traditionnellement implantée dans le secteur de l’économie formelle, elle s’est ouverte progressivement aux travailleurs de l’économie informelle à partir de 1994, mais il a fallu attendre la mise en place du programme CSB/MSI 2007-2011 pour que ses rangs soient considérablement renforcés par ses travailleurs.

Les acteurs et bénéficiaires du programme s’expriment

Mariam Sanou-Sérémé, secrétaire confédérale chargée de l’économie informelle

« 4 des 12 points de la plateforme ont été retenus »

« La 1re phase du programme a eu lieu de 2007 à 2011. Nous avons pu en cette période-là, mettre en place une plateforme revendicative spécifique réservée au secteur de l’économie informelle avec l’appui des autres centrales syndicales et des acteurs mêmes de l’économie informelle. Il faut dire que 4 des 12 points que contient cette plateforme ont été retenus lors de la négociation avec le gouvernement. Il y a parmi ces 4 points l’accès à la sécurité sociale pour l’économie informelle, la mise en place d’une structure centralisée pour la gestion de l’économie informelle qui, jusque-là, est éparpillée entre 4 ministères. Le projet est en bonne voie car nous avons pu mettre en place un comité qui regroupait les ministères concernés ainsi que les travailleurs, et au cours de l’année 2013, ce sera traduit en acte. Il y a aussi l’allègement de l’octroi des crédits aux travailleurs de l’économie informelle et sa décentralisation dans les 13 régions qui sera également traduits en actes en 2013. »

Joanna Zongo, membre du bureau communal du syndicat

« Nous avons également eu un problème de terrain »

« Ce que nous avons eu comme soutien de la part du syndicat est de nature diverse et nous en sommes contentes. Nous avons bénéficié de plusieurs formations que nous avons partagées avec nos camarades. Nous avons participé aux festivités du 8-Mars et suivi des ateliers d’apprentissages pratiques de métiers divers, notamment le jardinage. Nous avons aussi émis des doléances liées aux problèmes que nous rencontrons, comme la cherté des semences, des animaux, le difficile accès au marché. L’on nous a promis de transmettre nos préoccupations à qui de droit pour qu’on essaie de nous aider. Nous avons également eu un problème de terrain parce qu’il y a eu un lotissement ici et les parcelles ont été vendues à notre détriment. Nous avons même déjà été dépossédées d’un terrain que l’on nous avait attribué et sur lequel nous avions investi au moins 2 millions de F CFA. Quand nous en avons parlé au niveau du syndicat, ils ont délégué deux personnes qui sont allées à la mairie pour s’en occuper. Cela a coïncidé avec la suspension des lotissements mais nous attendons toujours que l’on nous attribue pour de bon un terrain propre à nous. Ce que nous voulons demander aussi, comme nos forces diminuent à cause de la vieillesse, nous voulons par exemple que l’on nous aide à nous reconvertir dans d’autres types de métiers comme l’élevage, et que l’on continue de nous outiller en matière de droits humains, surtout ceux de la femme pour que nous puissions en jouir. »

Bintou Ouédraogo, secrétaire du syndicat

« Le syndicat nous a vraiment aidées »

« Le syndicat nous a vraiment aidées de plusieurs manières, et nous nous préparons même pour installer une caisse. Car, quand on atteint la trentaine, on sait qu’on commence à vieillir. Donc, si on a la caisse, chaque mois chacune peut épargner 2 000 ou 3 000 tout en sachant que quand elle ne pourra plus travailler, elle peut avoir quelque chose pour aider son mari et subvenir aux besoins de ses enfants. Nous avons également été formées sur l’utilité du syndicat et nous avons répercuté cela au sein de nos camarades. Nous avons ainsi appris que le syndicat peut nous aider à ne plus souffrir comme avant dans nos foyers. Les prêts et les formations que nous avons reçus nous ont été très utiles. »

Juste PATOIN

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