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Médiateur de la crise malienne : la kalach dans une main, la fleur dans líautre
Publié le vendredi 25 janvier 2013   |  Journal du Jeudi




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Les barbus ayant abandonné la table de négociation pour déclencher la guerre au Mali, le Blaiso ne s’est pas fait prier pour les rejoindre sur le terrain des hostilités. Non pas à leurs côtés, mais au sein des forces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). En envoyant 500 militaires burkinabè au front, le Capitaine à la retraite, Blaise Compaoré, a désormais revêtu son treillis. La question est de savoir ce que les protagonistes de la crise malienne en conflit peuvent encore attendre d’un Médiateur qui a maintenant la kalach dans une main et la fleur dans l’autre.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses sont allées vite et même très vite au Mali.

Alors que le Médiateur croyait encore sauver les meubles à travers une négociation avec les groupes islamistes armés qui contrôlent le Nord, ceux-ci lui ont fait un bébé dans le dos. En effet, dans la première décade de ce mois de janvier, ils ont eu le culot d’engager une offensive vers Bamako, franchissant ainsi la ligne rouge pour s’emparer de la ville de Konan. Il n’en fallait pas plus pour réveiller la France de sa prudence légendaire. N’eût été l’intervention rapide des Hollande boys et leurs avions de chasse pour stopper l’avancée des barbus, on se demande bien ce que seraient devenus cet autre Capitaine (de pacotille?) Haya Sanogo et ses concitoyens.

Cette option unilatérale d’une guerre ouverte n’a pas moins réveillé le Médiateur de ce qui apparaissait comme son obsession à vouloir des négociations à tout prix avec les barbus. Quand on se souvient que les représentants de ces groupes armés ont été plusieurs fois reçus au Palais présidentiel de Kosyam et que ceux-ci ont même rendu publiques des déclarations dans lesquelles ils renonçaient à un règlement armé de la crise, on se demande quelle mouche a bien pu les piquer pour lancer les hostilités. Ceci expliquerait-il aussi le changement radical du Blaiso national en faveur d’une solution militaire?

Pour se décider enfin à s’associer à la traque armée des djihadistes qui se mène en ce moment au centre et dans le septentrion malien, il a fallu que l’enfant terrible de Ziniaré soit enfin convaincu de la mauvaise foi de ces interlocuteurs d’Ansar Dine, Mujao et de leurs alliés d’Aqmi. Ils ont franchi le rubicond et le Médiateur n’a pas eu d’autre choix que de se joindre à l’alternative enclenchée par la France avec la bénédiction des pays occidentaux et de l’ONU. Difficile pour le Burkina de se mettre en marge de cette dynamique qui vient confirmer le fait qu’un Etat ne peut pas négocier avec des bandits armés.

Curieusement, le Médiateur Compaoré persiste à croire qu’il est toujours possible de négocier. Avec quels interlocuteurs? Certes, une guerre se termine toujours autour d’une table de négociation, mais ces groupes islamistes ne sont-ils pas disqualifiés en empruntant désormais un chemin sans issue? En tout cas, si la médiation doit se poursuivre, il va falloir la recadrer et surtout en préciser les objectifs et les acteurs. Le Blaiso national était bien inspiré de vouloir la paix à tout prix. Mais lorsqu’un processus de paix met aux prises un Etat avec des «bandits armés» -comme cela s’est révélé finalement-, il vaut mieux savoir raison garder.

C’est un choix raisonné et raisonnable que l’Armée burkinabè se décide aujourd’hui à combattre aux côtés des forces françaises et celles de la Misma pour permettre au Mali de recouvrer l’intégrité de son territoire. Du reste, le bon voisinage commande que le Blaiso fasse tout son possible pour que la menace terroriste ne prenne pas racine dans le septentrion malien. Car, si jamais les barbus prennent goût dans cette partie du Sahel, rien ne les empêchera d’étendre leurs tentacules au Faso. Ce qui fait le nid de ces sulfureuses organisations islamistes, c’est moins le besoin de convertir des gens à l’islam. Il s’agit plutôt d’un commerce ignoble auquel elles ont pris goût ces dernières années avec des prises d’otages occidentaux qui leur rapportent gros. A voir les moyens sophistiqués avec lesquels leurs combattants font la guerre au Mali, on se rend bien compte qu’elles se battent moins au nom de Dieu qu’au nom de leurs propres intérêts et ceux de leurs seigneurs.

Pour éradiquer ce mal qui menace sérieusement les Etats déjà fragilisés par la pauvreté et la mal-gouvernance, il n’y a pas d’autre solution que la fermeté. L’Afrique en général, et le Burkina en particulier, a déjà trop de problèmes pour en rajouter la galère de djihadistes. Pas besoin d’être diplomates ou géopoliticiens pour comprendre que ces gens-là n’apportent rien de bon et que les populations du Mali, du Burkina et de tous les autres pays du Sahel souffrent déjà assez pour voir se couper leurs bras et leurs jambes au nom de Dieu.
En déclenchant une guerre dont ils ne se sont en fait jamais départis, les groupes islamistes armés n’ont fait qu’ouvrir les yeux aux chefs d’Etat africains qui hésitaient encore à les combattre avec la dernière énergie.
De médiation, on en a certainement besoin pour réconcilier le Mali et les Maliens avec eux-mêmes. Mais les nébuleux groupes islamistes armés sont désormais disqualifiés. C’est à l’honneur du Blaiso national et de l’Armée burkinabè de contribuer à éradiquer cette nouvelle gangrène de l’Afrique.

F. Quophy

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