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PM, ministres, conseillers, etc. : Qu’est-ce qui les fait courir vers la députation ?
Publié le vendredi 7 septembre 2012   |  Autre presse




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Les fameuses “érections primaires” du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) auraient l’avantage de révéler au grand jour des candidats quelque peu inattendus. En attendant la confirmation de ces candidatures, on comprend désormais ce qui faisait courir ce beau monde sous le couvert de leurs casquettes de Premier ministre, de ministre, de conseiller à la présidence ou encore de DG.

Ainsi, le PM, Lucky Luc, n’a pas résisté à la tentation de briguer un mandat de député dans le Sanguié, sa province d’origine. Ceux qui le croyaient au-dessus du jeu politique ont dû se dresser d’étonnement. Luc Adolphe Tiao, qui ne cachait pas son militantisme de base dans le CDP mais savait s’astreindre à un devoir de réserve lorsqu’une responsabilité nationale lui était confiée, a sauté, cette fois, dans l’arène. L’activisme militant a pris le dessus sur tout le reste. Ceci expliquerait-il donc ses dons (ambulance et autres) et ses tournées dans les périmètres de sa circonscription électorale ? Tout ça était donc pour ça, pourraient répondre les mauvaises langues.

Comme d’autres, il n’a pas hésité à faire peser sa fonction de Premier ministre dans la balance du giga-parti au pouvoir. Sans surprise, il a été bombardé en tête de liste au Sanguié. Qui est fou pour s’opposer à cette ascension fulgurante ? Comme il n’y aura rien ou presque en face de lui le 2 décembre prochain, il est carrément sûr d’obtenir son écharpe de député. Espérons qu’il aura au moins l’élégance de siéger à l’Assemblée nationale pour honorer ce mandat qu’il ne se donnera pas beaucoup de peine à obtenir.

Quant au « petit président », il ne s’est pas non plus trop décarcassé pour se retrouver à la tête de la liste provisoire de la province du Kadiogo. Là également, personne n’a osé faire barrage à sa volonté d’être député à la prochaine législature. Il a surclassé tout le monde, y compris le très Assimi-lé Secrétaire exécutif national.

Au moment où le “frère de l’autre” se décide, pour la première fois, à briguer un mandat électif, certaines langues trop pendantes le voient déjà à la tête du prochain Parlement. Dans un contexte politique où des pontes du pouvoir, et pas des moindres, ont été mis sur la touche, le moment est venu pour François Compaoré d’occuper le devant d’une scène politique sur laquelle il n’a pas encore fait ses preuves. Même s’il est presque sûr d’être élu député, le « petit président » doit batailler dur pour mériter la légitimité qui le fait courir tant.

Il en est de même pour tous ces sinistres de la République qui profitent de leurs fonctions actuelles pour s’imposer comme candidats dans leurs patelins. Que faut-il vraiment attendre de ces gens qui n’ont acquis leur éligibilité que lorsqu’ils ont été portés à d’importants postes de responsabilité ? N’est-ce pas parce que le ministre et le DG peuvent se servir des moyens de l’Etat pour réchauffer leur cote de popularité qu’ils se croient subitement plus aptes à se faire élire députés ou maires ? Pour ne citer que le cas du Ghana voisin, il faut avoir été élu avant de prétendre à une nomination à un poste ministériel. Ce qui est tout le contraire ici au Faso. Aussi longtemps que cette tradition sera perpétuée, il sera difficile de faire du militantisme politique une chose sérieuse à cultiver à la base.

Cela aurait l’avantage de forger de véritables leaders politiques au niveau local et de réduire les dissensions et les contestations entre le sommet et la base. Le candidat d’un parti politique qui se respecte ne doit pas s’improviser, encore moins s’imposer. Or, à regarder de près les listes provisoires du CDP, ils sont nombreux, ces candidats dont les liens sont douteux, voire inexistants, avec leurs bases. Le seul argument qu’ils brandissent est celui d’être Premier ministre, ancien ou nouveau ministre, ancien ou nouveau DG, épouse de ministre... Dans ces conditions, on comprend aisément que la chose politique ne soit pas la chose la mieux partagée et que les populations n’aient pas le cœur à s’inscrire sur des listes électorales.

Car, une élection n’a de sens que lorsqu’elle permet de porter son choix sur des hommes et des femmes que l’on croit capables d’apporter des solutions à nos problèmes au niveau individuel et collectif. Force est de reconnaître que lorsque des ministres offrent des sacs de riz, des ambulances ou organisent des tournois de football dans le but d’obtenir des suffrages en retour, c’est le jeu politique même qui est biaisé. On se trouve là dans un indécent jeu du donnant-donnant et non dans la construction d’un processus de mobilisation sociale en vue d’apporter des solutions aux équations de sous-développement dans lesquelles notre pays est piégé.

Les mandats de député et de maire ne doivent pas être seulement convoités pour « le parapluie atomique » qu’ils offrent contre l’impunité ou les irrégularités de toute sorte. Etre député ou maire, ça se mérite, ça se cultive depuis la base. C’est un travail de longue haleine. C’est un sacerdoce qui n’a rien à voir avec le cirque auquel on assiste. Des élus pour des élus, ce n’est pas ce qu’il faut pour « construire ensemble un Burkina émergent ». Il faut bien plus que des députés et des maires qui ne sont même pas capables de faire la preuve de leur légitimité et de porter les aspirations profondes de leurs électeurs vers un mieux-être. Faire la politique autrement, ce n’est pas impossible au Faso. C’est la volonté de s’y mettre sérieusement qui manque le plus. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain car certains étaient déjà en phase avec leur base. Eux aussi sauront se reconnaître.

F. Quophy

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