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Sidwaya N° 7338 du 18/1/2013

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Editorial - Halte au déshonneur électoral !
Publié le lundi 21 janvier 2013   |  Sidwaya




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Les élections municipales complémentaires auront lieu le 17 février 2013, dans 680 bureaux de vote. Encore des ressources humaines, financières et matérielles qu’il faut mobiliser pour organiser un scrutin qui aurait pu être sans reproche, le 2 décembre 2012. Quand le vin est tiré, il faut simplement le boire. Le Conseil d’Etat a estimé qu’il y a eu des irrégularités qui ont entaché la crédibilité du scrutin dans certains bureaux de vote. Par conséquent, les élections municipales doivent y être reprises.
Mais quelles sont les erreurs qu’il faut absolument corriger pour réussir cette reprise, pour éviter le déshonneur électoral, le discrédit de notre pays ? Il s’agit d’abord des limites portant sur les compétences et la crédibilité des membres des bureaux de vote. On ne peut pas réussir une élection avec des acteurs dont la crédibilité et l’amour pour le pays rasent le sol. Il faut pour cela, des gens qui ont une haute idée de la démocratie et de leur responsabilité. « Les chiens ne font pas des chats », avons-nous coutume de dire. C’est pourquoi, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et les partis politiques gagneraient à assurer une formation suffisante à tous les intervenants. C’est ainsi que les opérations électorales dans les bureaux de vote seront conduites à la satisfaction de tous. Il y a lieu aussi de revoir la qualité et la quantité du matériel électoral. Lors du scrutin du 2 décembre, il a été déploré l’inadéquation et l’insuffisance des lampes, la rupture de bulletins de vote, l’ouverture tardive de certains bureaux de vote... Est-ce parce qu’on ne connaissait pas le nombre d’inscrits ou est-ce un manque effectif de bulletins ? En tous les cas, fondons l’espoir que pareille situation ne se reproduise dans aucun bureau de vote, le 17 février 2013.
L’autre tache noire de la dernière élection a été le nombre insuffisant des agents de sécurité sur le théâtre des opérations électorales. Dans une élection, il y a toujours des enjeux, des risques de manipulations et d’affrontements entre militants de partis en compétition. Pourquoi n’a-t-on pu assurer la sécurité dans tous les bureaux de vote ? Cette situation était-elle due à un problème de prise en charge ? Le nombre insuffisant des agents de sécurité ne devrait pas en principe se poser. Le Burkina Faso ne manque pas de gendarmes, de soldats ou de policiers pour sécuriser un scrutin. Vivement que cette insuffisance soit corrigée. Etant assermentés, ils pourront contribuer au bon déroulement du scrutin, mais aussi au transport sécurisé des résultats.
Les élections couplées du 2 décembre 2012 ont révélé d’autres faits qui n’honorent pas non plus le « Pays des hommes intègres ». Des enveloppes non scellées dans plusieurs bureaux de vote, absence de procès-verbaux au terme des dépouillements, des procès-verbaux non signés, des incohérences dans des procès-verbaux, des enveloppes non parvenues ou non conformes et des documents inexploitables. Voilà plus d’une vingtaine d’années que le pays organise de manière régulière, des scrutins et nous en sommes encore au stade de tâtonnement ou de balbutiement dans l’organisation d’une élection. Incroyable !
Le Burkina Faso jouit pourtant d’une image assez respectable au niveau international. Et pour toujours refléter une bonne image et se faire citer comme un exemple de démocratie, il faut que chaque acteur du processus électoral joue franchement sa partition. La CENI seule ne peut rien. Tant que les partis vont se contenter de faire des déclarations médiatiques, tant qu’ils n’éduqueront pas les électeurs, tant qu’ils ne prendront pas l’option d’une représentativité de qualité, le nombre de bulletins nuls sera toujours impressionnant. Les élections doivent être l’affaire de tous.
Tant que les responsables des bureaux de vote ne prendront pas conscience de la lourdeur de leur responsabilité dans une élection, ils feront piètre figure. Tant que les manipulateurs de vote ne seront pas sanctionnés, il y aura toujours des partisans du raccourci, de la courte échelle, qui ne sont en réalité que des fossoyeurs de notre démocratie. Il faut sanctionner pour l’exemple quand quelqu’un se rend coupable de tricherie. On ne peut pas continuer à reprendre des scrutins par notre faute, alors qu’on a la possibilité de faire zéro recours. Il vous souviendra que les élections municipales du 23 avril 2006 ont été partiellement reprises le 9 juillet 2006 dans cinquante-sept (57) circonscriptions électorales du Burkina. La raison est que dans ces circonscriptions et localités, les élections ont été entachées d’irrégularités, et par conséquent invalidées. Si l’on sait que des milliards de francs CFA sont mobilisés à chaque élection, il y a de quoi regretter de telles prolongations. Les sommes qui seront injectées dans la reprise du scrutin auront pu servir à réduire le nombre d’écoles sous paillotes dans notre pays ! Osons au moins tenir des élections sans reproche. Nous le pouvons, car nous avons l’expérience nécessaire. Nous avons même aidé des pays à organiser des scrutins salués par la communauté internationale. Une fois en passant, on peut reprendre des élections pour une raison ou une autre. Mais lorsque la reprise devient récurrente, systématique, il y a de quoi s’interroger, s’inquiéter. Aidons alors notre CENI à bien accomplir sa mission car une élection ratée, un scrutin entaché d’irrégularités peut être source de tension et de violences regrettables. Et cela ne sera qu’un déshonneur pour les partis politiques, la CENI et le pays tout entier. Des images de personnes déchirant des résultats de scrutins et de soldats fuyant avec des urnes, ont fait le tour du monde et contribué à jeter le discrédit sur des pays. Plaise à Dieu que le Burkina Faso ne soit pas tristement célèbre. Si l’on convient avec la romancière québécoise, Léna Allen-Shore, que l’honneur d’une femme dépend de son comportement, nous pouvons alors conclure que l’honneur d’un pays ou d’une nation dépend de son comportement. Pour l’honneur de notre pays, soyons responsables et faisons dans la mesure.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
rabankhi@yahoo.fr

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