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Présidentielle au Burkina: les pro-Compaoré rêvent de reconquête
Publié le vendredi 13 mars 2015  |  AFP
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© Ministère par DR
Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Bassolé, a représenté le Burkina, le 26 juillet 2014, à la rencontre du président français François Hollande avec les parents des victimes du crash du vol AH 5017 d`Air Algérie




Ouagadougou,- Sonnés par la perte du pouvoir, les anciens du régime du président Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans de règne, rêvent de reconquête, avec pour objectif la présidentielle d’octobre au Burkina Faso.

Djibrill Bassolé, qui fut son incontournable chef de la diplomatie, a annoncé à demi-mot sa candidature fin février. "Très bientôt, je prendrai congé de l’armée et me mettrai à la disposition de la nation", a lancé ce général.

Médiateur tout-terrain, notamment dans les conflits en Côte d’Ivoire et au Mali, cet homme aux manières policées et habitué aux médias fut un pilier de la diplomatie d’influence du "beau Blaise". Il aurait de réelles chances de victoire à la prochaine présidentielle, selon plusieurs observateurs.

Les colonels Yacouba Ouédraogo et Jean-Baptiste Natama, un ancien ministre des Sports et un ex-cadre de l’Union africaine, ne cachent pas non plus leur intérêt pour Kosyam, le palais présidentiel.

Le premier a créé son parti politique, quand le second a été investi par une petite formation. Mais ils apparaissent davantage comme des outsiders.
Le Burkina Faso vivra en octobre des élections présidentielle et législatives, qui mettront fin aux autorités intérimaires installées après la chute de Blaise Compaoré.

Ce pays très pauvre du Sahel est dirigé pour un an par un ex-diplomate, le président Michel Kafando, et un lieutenant-colonel, le Premier ministre Isaac Zida, numéro deux de la garde présidentielle sous l’ancien régime.

Les deux têtes de l’exécutif n’ont pas eu de mots assez durs pour l’ère Compaoré, dénonçant injustice et corruption. Mais leurs nombreuses promesses ont été suivies de très peu d’actes.

A sept mois des scrutins, les anciens lieutenants de l’ex-chef de l’Etat en profitent pour déclarer ouvertement leur appétit pour le pouvoir.
Les officiers avaient "des rôles politiques" sous l’ancien régime, qui était "militariste" malgré ses "apparences civiles", explique à l’AFP l’analyste Rab-Salga Seydou Ouédraogo. Les lucratives affaires qu’ils faisaient alors leur permettent de financer aujourd’hui leurs nouvelles "ambitions", affirme-t-il.

- ’L’armée dans les casernes’ -

Mais l’ex-opposition anti-Compaoré, jusqu’ici aphone, a fini mardi par prendre position contre eux. Une trentaine de partis politiques et des organisations majeures de la société civile ont demandé "l’exclusion" des militaires du "jeu politique".

"On a vu des gens comme le général Bassolé annoncer leur candidature. Nous disons que l’armée doit être dans les casernes", a dénoncé un participant, qui a requis l’anonymat.

Djibrill Bassolé, l’un des rares dignitaires de l’ancien régime à ne pas avoir vu son domicile incendié lors des émeutes qui ont conduit au départ sans gloire de Blaise Compaoré, semble en particulier inquiéter les opposants d’hier.

Les ténors de l’ex-opposition, qui ont presque tous servi sous Blaise Compaoré avant de s’unir contre lui, se battent désormais "pour leur propre chapelle", commente l’éditorialiste Dieudonné Zoungrana. "Les intérêts strictement partisans ont refait surface."

Bien implantés en milieu urbain, les uns partent à la conquête des militants dans les campagnes, quand d’autres multiplient les voyages à l’étranger pour se constituer "un trésor de guerre", selon un observateur.

La "révolution" d’octobre n’a certes pas débouché sur une féroce chasse aux sorcières ni des règlements de comptes en série. Pour autant, certains dirigeants de l’ancienne majorité ont un temps vécu cachés. Désormais, l’ex-camp présidentiel tente péniblement de se remettre en état de marche.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le tout-puissant parti sous l’ancien régime, est miné par l’exode de ses militants. Mais il "demeure une force politique dans les campagnes", admet l’ex-opposant Emile Pargui Paré.

Le CDP tiendra congrès en mars. Parmi plusieurs candidats sérieux, le général Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier de M. Compaoré et l’un des hommes les plus puissants sous son règne, devrait y postuler à l’investiture pour la présidentielle.

Les partis du camp Compaoré sont "sonnés" et doivent "vite retrouver de l’activisme pour ne pas complètement sombrer", estime l’analyste Rab-Salga Seydou Ouédraogo.
Ses anciens cadres y jouent leur "survie", assure-t-il: "Beaucoup sont des professionnels de la politique. Après 27 ans de pouvoir, il y en a qui ne savent plus rien faire d’autre."

Et Blaise Compaoré dans tout ça? Accusé par certains au Burkina de continuer à agir en sous-main, il garde pour l’heure le silence, du fond de son exil ivoirien.


roh-jf/tmo
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