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Charles Kaboré : “Arrêtez de dire que nous sommes vieillissants”
Publié le mercredi 11 mars 2015  |  Sidwaya
Charles
© Autre presse par DR
Charles Kaboré footballeur international burkinabe




Si le capitaine des Etalons se fend d’une sortie médiatique, c’est pour cracher ses vérités. Dans l’interview qui suit, il parle du changement d’entraîneur et répond surtout à ceux qui estiment que l’équipe actuelle des Etalons est vieillissante.

Quel bilan tirez-vous de votre participation à cette CAN 2015 ?


C’est un bilan négatif. On n’a pas pu atteindre les objectifs qu’on s’était fixés. On partait avec la ferme conviction de gagner des matchs, on n’a pas pu le faire. Donc pour moi, le bilan est en deçà de nos attentes. On était parti avec de bonnes intentions pour aller le plus loin possible dans cette compétition, voire ramener le trophée. Mais dans la vie du foot, la vérité d’hier n’est pas forcément celle d'aujourd'hui. En 2013, on a fait un beau parcours. On s’était présenté à cette CA N avec de petits objectifs, à savoir chercher à gagner un match et on a eu la chance d’arriver en finale. Cette fois, on est parti avec de grandes ambitions pour ramener la coupe mais cela s’est mal passé. Le football est ainsi fait et c’est ce qui ajoute du piquant à son charme. On a tiré les leçons de nos erreurs, particulièrement nous les joueurs car nous sommes les premiers responsables de cette élimination. Si chacun avait pu donner la pleine mesure de son talent, on aurait pu atteindre notre premier objectif qui était de passer les phases de poule. On a eu la chance que notre dernier match nous offrait l’occasion de nous qualifier si on le gagnait mais on l’a vendangé. Il faut vite relever la tête et se remettre au travail, capitaliser les bonnes choses qu’on a réalisées et gommer les erreurs.


Après cette contreperformance, la Fédération a décidé de sacrifier l’entraîneur. Une nouvelle tête pensante arrive à sa place. Vos impressions par rapport à ce changement ?


Le coach le sait qu’en pareil cas s’il y a de mauvais résultats, c’est lui qui allait payer la note. C’est ainsi dans le football. Le plus important aujourd’hui, c’est de travailler ensemble main dans la main, que ce soit les supporters, les dirigeants ou les joueurs, que chacun essaie d’apporter un plus car si même actuellement ça n’a pas marché, il y aura des jours meilleurs. Notre équipe a de la qualité car on s’est qualifié à quatre CAN d’affilée. Il suffit d’un peu de changement et de réajustement pour que l’équipe puisse atteindre les objectifs qu’il faut. Il y a des jeunes joueurs comme les Bertrand Traoré, Fadil Sido, Victor Nikiéma et Aziz Kaboré qui peuvent prétendre aujourd’hui jouer chez les A. "Saboteur” a pris le risque de nous jeter dans le grand bain il y a neuf ans de cela. Personne ne nous connaissait, car on était en junior et aujourd’hui, on est là où nous sommes. Cela démontre que les jeunes ont de la valeur. On n’est jamais prêt pour commencer une compétition, il faut prendre le risque de responsabiliser déjà ces jeunes afin qu’ils puissent grandir et s’aguerrir comme "Saboteur” l’a fait avec nous.


A vous entendre, vouliez-vous accréditer la thèse des gens qui avancent que votre génération est vieillissante ?


Je n’en sais pas trop, peut-être qu’ils nous ont vu jouer trop tôt et c’est ce qui peut les amener à penser ainsi. Il y a neuf ans de cela que nous avions intégré l’équipe nationale. Maintenant, il y a des formations qui ont des joueurs de plus de 35 ans comme Seydou Keïta qui continue de jouer avec le Mali. Parce que ça n’a pas marché, chacun cherche des petits défauts pour créer des polémiques autour de l’équipe. C’est vrai, il y a des jeunes qui sont là et qui sont bons; s’il y a un bon moment pour les intégrer beaucoup plus souvent, il ne faut pas hésiter. C’est à eux aussi de travailler pour pouvoir bousculer les vieux car l’expérience compte aussi en football. Mais c’est en jouant qu’on l’acquiert. La moyenne d’âge actuelle de notre équipe est de 27 ans. Et si à 27 ans, on nous trouve déjà vieillissant, c’est aller à double vitesse. Car dans mon entendement, c’est à partir de 32-33 ans qu’on parle qu’un joueur devient vieillissant. Au contraire, à 27 ans c’est l’âge de la maturité. On a commencé jeune au milieu des grands frères comme Moumouni Dagano ou Mahamoudou Kéré qui nous ont bien épaulés. En tous les cas, il faut un savant mélange d’anciens et de jeunes pour que l’équipe puisse avancer sans perdre ses fondamentaux et son équilibre.


Vouliez-vous déjà prendre du recul par rapport à l’équipe nationale ?


Non. Le Burkina, c’est mon pays et mon souhait est qu’il puisse bien avancer. Si on fait des résultats en club, quand on rentre on a la fierté, car tout le monde s’intéresse à ce que l’on fait et tout le monde cherche à avoir le maillot et c’est formidable. Maintenant, s’il y a échec, il faut aussi assumer. Le football est fait de hauts et des bas et c’est ce qui fait que c’est un métier formidable. L’intelligence d’un joueur ne se résume pas seulement sur le terrain, elle est également en dehors. Les footballeurs qui jouent au Burkina ou en dehors ont eu de la chance dans leur vie car être footballeur, c’est savoir éviter les blessures depuis le bas âge. Il y a tellement de plaisir à prendre dans le football qu’il ne sert à rien de s’attarder sur des paroles inutiles qui vont pénaliser l’équipe nationale.


Avez-vous toujours la même motivation à poursuivre avec l’équipe nationale ?


Dès que tu reçois une convocation de l’équipe nationale, quel que soit ce que tu as et qui que tu sois, la motivation y est, car tu es un ambassadeur du pays et il n’y a pas plus grand bonheur que quand le pays t’appelle pour le représenter. Il y a tellement de joueurs qui sont dans des clubs et qui ne reçoivent jamais de convocation et qui n’ont pas la considération de leur pays. C’est déjà bon d’être professionnel burkinabè et représenter son pays l’est encore plus. Si on prononce le nom de Kuban Krasnodar on parle du Burkinabè Kaboré et ça fait que même en dehors de nos frontières nous restons de fiers ambassadeurs du pays.


En tant que capitaine, comment avez-vous accueilli la nomination de Gernot Rohr ?


C’est un coach qui va apporter son expérience et son vécu en Afrique et au niveau international. On espère pour lui que ça marchera.


Etait-ce vraiment la solution par rapport à cette CAN ratée ?


Vous savez, tout le monde se pose des tas de questions. L’essentiel, c’est de travailler main dans la main car seul le travail paie. Il faut garder le positif et poursuivre le travail. Quelles qu’en soient les questions, le coach est déjà parti et un nouveau s’est installé. Les Etalons continueront de jouer.


Avez-vous déjà reçu un coup de fil du nouveau coach en tant que capitaine ?


Non, pas encore. Mais je tenais à dire d’arrêter de polémiquer autour de l’équipe. Quand on dit qu’elle est vieillissante, c’est faux, ce n’est pas vrai. Il faut arrêter de créer des histoires inutiles et des bagarres sans fondement entre nous. On est tous Burkinabè et la bonne forme de l’équipe dépend de tout le monde. Quand tout baigne, c’est pour tout le monde mais quand ça ne marche pas, ce sont les joueurs qui trinquent. C’est toujours comme cela et on le sait. On travaille toujours d’arrache-pied pour avoir de bons résultats afin que le nom du Burkina soit hissé le plus haut possible. Maintenant on a besoin du soutien de tout le monde pour travailler en communauté. Il ne sert à rien de chercher des histoires là où il n’y en a pas et créer des bagarres inutiles. Il n’y a rien entre nous. Nous sommes des frères et on garde toujours notre intégrité pour faire grandir le football burkinabè. Ce qu’on a fait en 2013, on peut le reproduire de nouveau mais cette fois encore mieux. C’est la même équipe qui a joué en 2013 et c’est la même qui s’est produite en 2015 où il y a eu l’échec. Maintenant, où on continue de travailler pour grandir, où on reste là à se tirer dessus et on va régresser de dix ou quinze ans.


Entretien réalisé par
Béranger ILBOUDO
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