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Conseils des ministres délocalisés, rencontres avec les forces vives, bains de foules : Quand Michel KAFANDO copie Blaise COMPAORE !
Publié le dimanche 1 mars 2015  |  L'Opinion




Devant la désillusion de plus en plus grande des Burkinabè face à l'introuvable changement, le gouvernement de la Transition fait de la communication. Objectif : afficher l'image d'un exécutif à l'écoute des populations et déterminer dans l'action malgré le temps qui lui est compté. Dernière trouvaille dans cette opération de charme, les conseils des ministres délocalisés et les rencontres avec les forces vives des régions. On aurait pu parler là d'innovation, sauf que le conseil des ministres tenu à Samandéni, outre son coût exorbitant, a donné de voir un président de la transition très emprunté à copier Blaise COMPAORE dans sa relation avec les populations des localités visitées. Leadership quand tu nous manques !

Depuis quelque temps on peut dire que tout le monde est en campagne sous la Transition. Pendant que les principaux partis sont en pré campagne électorale, le président de la transition et avec lui son Premier ministre, sont en campagne de conquête de l'opinion publique nationale. Et pour cause
On ne peut pas reprocher à Michel KAFANDO de ne pas essayer de tenir son rôle de président du Faso. Mais plus le temps passe, plus la tâche semble des plus ardues. Ardue non pas seulement à cause de la complexité des problèmes à résoudre mais bien plus à cause du déficit de leadership des premières autorités de la Transition. Alors, le président de la Transition se voit obligé d'aller au charbon pour booster les sympathies des populations à l'égard d'un gouvernement qui peine à faire en sorte que sa promesse de « plus rien ne sera comme avant» prenne le sens contraire de celui qu'il a pris et qui provoque le désaveu de presque tous, en dehors des cercles instrumentalisés à coups de billets de banques pour jouer les supporteurs et les gardiens du temple.

Il n'est pas facile de succéder à Blaise COMPAORE

A défaut d'instituts de sondage rodés dans l'exercice de mesure de la côte de popularité de nos gouvernants, on est obligé de se fier au baromètre de la rue et des gargotes pour jauger de la politique de nos gouvernants. Vont-ils, ces gouvernants, dans le sens de la satisfaction des aspirations des populations ? Eh bien, aussi étonnant que cela puisse paraître l'actuel gouvernement, malgré les conditions de son avènement, n'a pas capitalisé la sympathie des Burkinabè pendant ses trois premiers mois de vie.

C'est connu, le Premier ministre, Yacouba Isaac ZIDA, s'est rapidement annihilé la sympathie des Burkinabè avec des erreurs de casting dans la formation de son gouvernement et ses promesses démagogiques. Cheriff SY, le président du Conseil national de la Transition, n'a pas fait mieux avec les émoluments faramineux accordés aux pseudos députés qui siègent à ce niveau. L'un dans l'autre, en moins de trois mois, deux des trois premières personnalités du pouvoir de la transition ont fait fondre comme du beurre au soleil, le mirage du changement et du « tout neuf tout beau ».

Comment juguler cette perte rapide de crédit du pouvoir de la transition auprès des populations ? Le président Michel KAFANDO, bien que critiqué lui-même pour les travaux de voirie autour de sa résidence privée à Ouagadougou, s'est auto investi sapeur pompier contre l'incendie qui ravage l'image de la Transition. Pour ce faire, rester sous les lambris de Ouagadougou, se faire couver par les ambassadeurs occidentaux et les missionnaires des institutions de Breton Woods ne suffisent plus. Il voudrait rassurer les Burkinabè que bien qu'il soit arrivé au pouvoir au bon soin de l'armée et de la rue, il a de l'ambition pour son pays. Le temps de la Transition fut-il bref, il veut le marquer de sillons pour la prospérité. C'est tout à son honneur.

Seulement voilà, il n'est pas facile de succéder à Blaise COMPAORE qui, quoi que disent ses contempteurs, fut un président d'exception. Il n'a pas seulement mis fin aux errements liberticides du régime du Conseil National de la Révolution (CNR) pour se poser en père de la renaissance démocratique du Burkina, il a aussi par son leadership personnel, sorti le pays de l'ornière de l'instabilité politique et ouvert, à grande échelle, les chantiers de son développement économique et d'un rayonnement diplomatique sans précédent. Malgré les avatars des 30 et 31 octobre 2014, Blaise COMPAORE a été un grand président qui avait du leadership, une vision pour le Burkina. Celle d'un pays débarrassé de son complexe de pauvreté avec une économie de subsistance. Avec lui, le Burkina pouvait rêver d'émergence par la valorisation de son capital humain, ses potentialités minières, ses offres de services variés, ses atouts culturels et artisanaux. Comment faire de ce rêve d'émergence un engagement collectif au-delà du discours politique ? Blaise COMPAORE s'est investi dans l'ouverture des espaces politiques et économiques, la mise en confiance du citoyen, le soutien aux producteurs, ect. Sans démagogie, l'homme allait à la rencontre des populations pour parler de ses grands projets pour le Burkina à travers des forums comme celui des jeunes, des femmes, des paysans où encore la rencontre annuelle avec les opérateurs économiques. Ce sont autant d'occasions de dialogue direct entre l'exécutif et les populations qui constituaient des relais de soutien à l'action gouvernementale.

Cette expérience du management participatif appliquée à la politique nationale par le président Blaise COMPAORE, le gouvernement de la Transition pour qui « rien ne doit plus être comme avant » voudrait s'en inspirer. En fait faire de la prose sans en faire ! Michel KAFANDO imagina donc le concept de conseil des ministres délocalisés et des rencontres avec les forces vives des régions. Tout le gouvernement qui se déplace dans une localité, cela fait du bruit surtout quand on y greffe des visites de chantiers, d'usines, des poses de premières pierres, sans oublier les bains de foule furent-ils froids et sans convictions. On l'aura compris, tout cela sent à plein nez, la communication cousue de fil blanc. A quel coût ?

Réduction du train de vie de l'Etat où es-tu ?

Combien coûte un Conseil de ministres hors de Ouagadougou ? On ne le saura peut-être jamais. Ce d'autant plus que ces coûts vont varier suivant le lieu où le conseil est délocalisé.
Le premier de ces conseils délocalisés s'est tenu à Komsilga dans la ferme de Michel KAFANDO à quelques encablures de Ouagadougou. Le gouvernement, conscient des charges liées à cette délocalisation, avait transporté tous les ministres dans un même car. Mais on le sait, le conseil des ministres ce n'est pas que les ministres, il y a aussi la sécurité, les services de restauration, de santé, etc. Le premier Conseil de ministres délocalisé n'avait pas pris de décision extraordinaire mais les objectifs de communication du gouvernement étaient perceptibles. Il avait besoin de montrer une équipe de l'Exécutif solidaire, soucieux de réduire le train de vie de l'Etat en se déplaçant hors de Ouagadougou modestement dans un car. Ce conseil de ministres délocalisé voulait surtout montrer à l'opinion publique que la ferme du président dont on parle tant est très modeste et qu'il n'y avait pas de travaux de réfection de la voie y menant. A moins que ce ne soit pour justifier la nécessité de bitumer justement cette voie.

Le dernier Conseil de ministres délocalisé dans les Hauts Bassins à Samandéni fut plus difficile à inscrire dans la modestie des dépenses et de la réduction du train de vie de l'Etat. Nos vingt cinq ministres ont tous fait le déplacement chacun dans un véhicule tout terrain et logés à l'hôtel pour au moins trois nuits. Le long cortège du président du Faso et du Premier ministre n'est pas passé inaperçu avec son dispositif sécuritaire impressionnant qui donne à penser que les petits plats ont été mis dans les grands sans regarder à la dépense pour un séjour soft de l'Exécutif dans les Hauts Bassins et dans la Comoé. De la prise en charge des ministres, de leurs chauffeurs, des agents des forces de l'ordre et de sécurité au coût du carburant, sortez les calculettes pour essayer de mettre des chiffres et la population n'en redemandera pas surtout que les délibérations qui en sont issues n'ont rien d'extraordinaire.

Mais on l'aura compris, Michel KAFANDO est à la recherche du leadership qui lui manque. Mais ce plaidoyer pro domo pourrait produire le résultat inverse que celui de la sympathie attendue des populations si elles se rendent compte que ces conseils de ministres délocalisés sont des occasions de payer des frais de mission et des perdiems pour de banales annonces et délibérations qui ne nécessitent pas autant de symboles. A bon entendeur...

Djibril Touré
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