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Maître Barthélemy Kéré, président de la CENI
Publié le lundi 23 fevrier 2015  |  Sidwaya
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© Autre presse par DR
Me Barthélemy Kéré, Président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI)




Organiser des élections transparentes, crédibles dans les délais proportionnels à la durée de la transition au Burkina Faso, telle est la mission de la Commission électorale indépendante (CENI) en 2015. A quelques mois des échéances électorales, et pour en savoir davantage sur le processus, Sidwaya a rencontré, le vendredi 20 février 2015, le président de l’institution, Me Barthélémy Kéré. Le chronogramme des élections, la révision du fichier électoral, la polémique autour du vote des Burkinabè de l’étranger, les candidatures indépendantes, les difficultés liées au financement sont autant de questions auxquelles Me Kéré a répondu sans détour dans l’entretien suivant.


Sidwaya (S.) : Où est-ce que la CENI en est avec les préparatifs des élections législatives et présidentielle couplées du 11 octobre 2015 ?

Barthélemy Kéré (B. K.) : Après l’insurrection, la classe politique a souhaité, que la CENI procède à une ouverture du fichier électoral. Elle a estimé qu’il y a beaucoup de citoyens, pour diverses raisons avaient refusé de s’inscrire sur un fichier électoral. Pour eux, qu’ils votent ou pas, c’est Blaise Compaoré qui va gagner. Avec ce changement intervenu à la tête du pays, les partis politiques estiment qu’il faut permettre à ces personnes de s’inscrire sur les listes. Mais compte tenu du fait que la CENI avait fait sa révision normale, le code électoral prévoit que le gouvernement puisse par décret ordonner une révision exceptionnelle du fichier électoral. Et c’est ce qui sera fait dans un premier temps, du 3 mars au 18 mai 2015. Le pays a été décomposé en six zones. Tous les opérateurs de kits seront déployés dans tous les emplacements d’une même zone pendant une semaine et après nous ramenons les kits au siège de la CENI pour récupérer les données avant de nous déployer dans la zone suivante. Ainsi de suite jusqu’à couvrir l’ensemble du territoire.

S. : Qui est concerné par cette opération exceptionnelle, et quels sont les documents dont il faut se munir à l’inscription ?

B. K. : Nous avons décidé de prendre tous les électeurs qui auront 18 ans à la date du 31 janvier 2016, date des élections municipales. Il s'agit des gens qui auront l’âge au 11 octobre et d’autres qui n’auront pas l’âge électoral pour les élections qui les concernent à la date du 31 janvier 2016. Conséquence lors des élections couplées, certains électeurs bien que disposant de leurs cartes, ne pourront pas voter, car n’ayant pas encore la majorité. C’est la raison pour laquelle, une fois que les vérifications auront été faites, nous allons publier une liste électorale par scrutin. Les législatives et présidentielle couplées du 11 octobre concerneront exclusivement les citoyens burkinabè qui auront les 18 ans requis à cette date. Ceux dont les noms ne figureront pas sur ces listes attendront les municipales. Il y a deux conditions cumulatives pour pouvoir voter : il faut avoir sa carte d’électeurs et il faut avoir son nom sur la liste du scrutin concerné. Et pour se faire inscrire, il faut présenter soit l’acte de naissance, soit la carte nationale d’identité et avoir au moins 18 ans (être né le 31 janvier 1998 ou plus tard).

S. : Au vu de l’Etat des préparatifs, est-ce qu’on peut dire que la CENI est fin prête pour organiser les élections selon le chronogramme prévu ?

B. K. : Oui et non. Oui parce que si vous avez un fichier électoral à jour, vous pouvez aller aux élections, mais pour aller aux élections, il faut réunir l’ensemble du matériel électoral, il faut recruter et former les membres, déployer le matériel et les hommes dans les différents bureaux de votes repartis sur le territoire national. Cela nécessite sans doute des moyens. A la date d’aujourd’hui, le gouvernement a arrêté le budget global des trois scrutins (législatif, présidentiel, et municipal) à soixante milliards de F CFA. Soit cinquante quatre milliards de F CFA pour le scrutin proprement dit et six milliards pour l’appui à l’élection (soutien aux forces de défense et de sécurité, à l’ONI, à la direction générale de l’état-civil pour la délivrance des actes de naissance). Non, parce que sur 60 milliards de F CFA, le gouvernement a prévu dans le budget 2015, 25 milliards de F CFA et il y a un besoin de financement de l’ordre de 35 milliards de F CFA. Les discussions se poursuivent avec les partenaires et des pays amis du Burkina Faso qui ont fait des promesses. Mais pour la révision du fichier électoral, le gouvernement a mis à la disposition de la CENI, le montant nécessaire à l’opération.

S. : Quel rôle les partis politiques et la société civile doivent-ils jouer lors de cette révision du fichier électoral ?

B. K. : Nous invitons les partis politiques et les organisations de la société civile à jouer leurs partitions en mobilisant les populations. Autrement dit, il appartient aux partis politiques qui attendent que des citoyens votent pour eux, de faire en sorte que ces derniers s’inscrivent d’abord sur les listes. La CENI met en œuvre le processus et informe les citoyens, mais les autres acteurs doivent s’impliquer pour son bon déroulement. Du reste, le code électoral a prévu le suivi par les partis politiques de toutes les opérations de bout en bout. A la fin de l’opération, il est normalement envisagé ce qu’on appelle la déduplication ou de dédoublonnage. Cela consiste à prendre chacune des empreintes et de les comparer avec les autres afin d’éviter que des gens ne s’inscrivent plusieurs fois. A cette phase, nous invitons la classe politique à venir voir comment les choses se passent. Nous voulons créer les conditions de la fiabilité et de la crédibilité du fichier électoral comme cela a été le cas lors des échéances précédentes.

S. : Le vote des Burkinabè de l’étranger a été reporté en 2020. Quelles sont les raisons techniques objectives qui ont milité pour ce report ?

B. K. : Ces genres de question normalement s’adressent au gouvernement, parce que c’est à lui qu’il appartient en toute souveraineté de prendre un certain nombre de décisions en fonction de situations précises. Pour ce qui concerne la CENI, depuis le mois de novembre 2013, nous avions entrepris les démarches pour opérationnaliser le vote de nos compatriotes de la diaspora. Nous sommes allés dans les 32 ambassades et 8 consulats généraux du Burkina Faso à l’exception de la Libye pour des raisons de sécurité. Puis, entre temps, l’insurrection populaire est intervenue et plus rien n’a été fait dans ce sens jusqu’à nos jours. C’est hier (NDLR jeudi 19 février 2015) que j’ai vu qu’il y a eu un atelier sur la révision du code électoral alors que les échéances approchent à grands pas. Dans le même temps, la durée de la transition a été fixée à 12 mois à compter de la date de l’investiture du président qui prend fin le 17 novembre 2015. Sur le plan financier, on a besoin d'un financement de 35 milliards. Et la communauté a déjà dit qu’elle n’est pas en mesure de dégager un budget supplémentaire pour nous permettre de faire des expérimentations parlant du vote de la diaspora. Parce que c’est une question de souveraineté et si le Burkina Faso y tient forcément, il doit pouvoir trouver l’argent nécessaire pour le faire. Sur le plan sécuritaire, au moment où je vous parle, aucun Etat n’a été saisi du vote des Burkinabè de l’étranger. Cela exige un minimum de discussions et de collaboration pour qu’au cas où il surviendrait des troubles lors des votes, les réponses puissent être automatiques. Il y a également d’autres préoccupations liées à l’administration du vote, la centralisation des résultats des votes dans ce pays et leur acheminement au Burkina Faso. Et toutes ces dispositions doivent être prises en accord avec la classe politique. La CENI leur demande également de prendre leur mal en patience, en restant disponibles pour une éventuelle opération de leur recensement exhaustif en vue de leur participation effective en 2020.

S. : Quelles dispositions faut-il prendre pour qu’en 2020 ce vote soit effectif ?

B. K. : Je crois que pour organiser, de manière sereine, le vote de nos compatriotes de la diaspora, il faut prendre le temps de les recenser, car il n’y a aucun fichier fiable de nos jours. Il faut s’accorder sur les documents nécessaires pour pouvoir justifier de son identité en tant que Burkinabè résidant à l’étranger. Lors de la rencontre avec la classe politique, le gouvernement a pris l’engagement dès à présent pour que la question du recensement puisse démarrer effectivement de telle sorte qu’on ait le nombre de Burkinabè résidant à l’étranger sans la moindre pression de l’organisation d’un scrutin.

S. : Monsieur le président, quelles sont les difficultés auxquelles la CENI est actuellement confrontée?

B. K. : L’une des difficultés concerne le financement. En effet, A l’heure où nous vous parlons, le budget des élections attend toujours des promesses faites par des partenaires et on ne sait pas combien de temps durera cette attente. Ensuite, lors d’une rencontre, le 30 janvier 2015, la classe politique a exigé de la CENI que les résultats du scrutin du 11 octobre 2015 soient livrés avant le 17 novembre 2015, fixée comme date de l’investiture du nouveau Président du Faso. Alors que dans son agenda, la CENI envisageait, en cas d’un second tour, la proclamation des résultats définitifs le 2 décembre, chose que la classe politique a rejetée.

S. : Quel est votre avis sur la question des candidatures indépendantes souhaitées par la société civile ?

B. K. : La CENI reste attachée au principe de légalité. C’est-à-dire qu’elle (CENI) exécutera ce que la loi a prévu. Mais ce n’est pas pour autant que c’est chose facile surtout pour les municipales. Par exemple pour le cas du Kadiogo, on peut se retrouver avec une centaine de candidats, voire plus auxquels il faut ajouter ceux issus des partis politiques. Conséquence, on aura un bulletin unique carnet avec plusieurs pages. Et il va falloir, pour les candidats, d’indiquer à ceux qui veulent voter pour eux, la page du bulletin qui leur est réservée. Avec 20 carnets, on aura rempli déjà l’urne, ce qui nécessitera plus d’urnes que de par le passé. Ces complexités et le niveau d’instruction des électeurs peuvent amener certains à attribuer leur voix à un candidat autre que celui de leur choix ou entrainer l’annulation de nombreux bulletins. Mais la CENI est prête à y aller !

S. : Que pensez-vous du plafonnement des dépenses, plaidé par des ONG, ainsi que de l’interdiction des gadgets lors des campagnes électorales ?

B. K. : Il faut une culture démocratique, à travers la sensibilisation si l’on veut mettre fin à l’achat des consciences. Quand on dit qu’il faut interdire les tee-shirts, et autres gadgets, c’est pour une certaine moralisation de la vie politique. Mais, à quoi bon, si les gens se promèneront nuitamment pour donner des enveloppes ? Je crois qu’il faut plutôt travailler à arriver à une situation où on remet une enveloppe à quelqu’un qui le prend et s’en va voter le candidat de son choix. Ainsi, les enveloppes cesseront de circuler dans les milieux des électeurs. Que dirons-nous de ceux qui ciblent la zone d’influence de leurs adversaires pour lancer une opération d’achats des cartes d’électeurs ? Ce sont autant de pratiques anti-démocratiques qui doivent être sanctionnées avec la plus grande rigueur. Car acheter par exemple 200 cartes dans une circonscription, même si l’on ne peut pas les utiliser, on modifie incontestablement la configuration électorale de ladite circonscription.

- Interview réalisée par Beyon Romain NEBIE
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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