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Répercussions des attaques de Boko Haram : 62 Burkinabè ont fui le Nigéria pour Dori
Publié le samedi 21 fevrier 2015  |  Le Quotidien
Boko
© Autre presse par DR
Boko Haram




62. C’est le nombre des Burkinabè qui ont fui le Nigéria pour échapper à la furie de la secte islamiste Boko Haram du Nigéria. Après un mois d’errance dans la brousse, ils ont déposé leurs pénates à Dori, à la Direction régionale de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, après avoir transité par Niamey, la capitale du Niger. Dans la capitale de la région du Sahel, les migrants volontaires, selon l’appellation recommandée par l’Organisation internationale pour les migrants, sont totalement pris en charge. Aujourd’hui même, ils devront rejoindre leurs villages d’origine, Mamassi, dans la province de l’Oudalan.
1 bébé, 37 enfants et 25 adultes, tous Burkinabè, après avoir fui l’adversité de Boko Haram, la secte islamique du Nigéria, sont arrivés à Dori, le 11 février 2015. Au siège de la Direction régionale de l’Action sociale, les trois entités ne se mélangent point. Des jeunes filles s’amusent avec des figurines de bébés qu’elles n’hésitent pas à présenter, fièrement aux premiers venus. Les garnements, eux, sont préoccupés à taper dans le ballon rond. Les jeunes hommes écoutent de la musique à l’aide de leurs téléphones portables et de petits postes récepteurs. Les femmes devisent en petits groupes accompagnées des plus jeunes. Les personnes âgées, visiblement fatiguées, sont couchées à même le sol sous l’ombre d’un bâtiment de la Direction régionale de l’Action sociale. A côté de tout ce décor, des agents du ministère de l’Action sociale font le pied de grue sous un hall. A côté d’eux, il y a des plats de repas et une glacière. Non loin du hall, il y a un magasin contenant des nattes, des couvertures, des effets d’habillements et des ustensiles de cuisine.
Tout ce spectacle ne renseigne pas le visiteur du calvaire qu’ont vécu les migrants volontaires, selon une appellation consacrée. C’est Aboulaye Iswadi, le leader du groupe et le seul qui s’exprime approximativement dans la langue de Molière qui va donner quelques éléments d’informations sur leur périple sur le sol de Good Luck Jonathan.
« C’est à cause des exactions de Boko Haram que nous avons dû fuir pour sauver notre vie. Où nous étions au Nigéria, (Ndlr : dans le village Dabamassara dans l’Etat de Maiduguri), la secte islamiste Boko Haram s’est infiltrée dans tous les milieux où elle met des explosifs. Elle attrape les gens et les égorge comme des poulets. Elle entre dans les concessions, tire sur les gens avec des armes à feu et récupère les terrains. Tous les petits villages où nous étions ont été détruits par Boko Haram. Beaucoup de personnes se sont retrouvées dans la brousse. Nous nous sommes retrouvés 4 à 5 jours dans la brousse sans eau ni nourriture. C’est une vraie galère que nous avons vécue avant que nous ne regagnions le Burkina », a-t-il raconté entre deux sanglots. Celui qui est parti au Nigéria, quand il avait 6 ans (Ndlr : il est âgé aujourd’hui de 48 ans) a laissé entendre que les migrants burkinabè ont eu la vie sauve grâce à la générosité des uns et des autres et surtout grâce à l’accompagnement des services de sécurité du Nigéria. « Dans la fuite, nous nous sommes retrouvés dans un village appelé Minati. C’est là que nous avons suivi les procédures pour nous retrouver à Dori, », a-t-il dit.

Une véritable odyssée avant d’arriver en terre natale

Plus d’un mois. C’est le temps mis par nos compatriotes pour regagner la terre natale.
« Quand nous avons fui, nous avons bénéficié d’aides de l’Etat nigérian, des chefs coutumiers et religieux et surtout de la sécurité. Dans la fuite, nous avons passé 13 nuits et jours à marcher à pieds, sans boire ni manger avec les femmes enceintes et les tout-petits pour atteindre Maiduguri. Lors de notre fuite, nous nous sommes retrouvés avec d’autres Nigérians. Ce sont les policiers et les gendarmes qui ont assuré notre sécurité. Nous leur avons expliqué que c’était Boko Harame que nous redoutions. La sécurité a alors contacté l’Organisation internationale pour les migrants. C’est grâce à elle que nous avons pu nous tirer d’affaire. Nous avons passé 3 nuits auprès de la sécurité nigériane. Nous avons été par la suite amenés dans un autre bureau à la frontière. Là, nous sommes restés pendant deux semaines. Ce sont les hommes de tenue qui ont assuré notre pitance quotidienne. Pendant les deux semaines, nous avons été enregistrés et identifiés. Les policiers nous ont dit que le Nigéria était gâté à cause de Boko Haram et qu’ils allaient nous aider à rentrer chez nous au pays », a confié Abdoulaye Iswadi. Arrivés au Niger, les choses sont allées un plus vite. « C’est l’Organisation internationale pour les migrants, du Niger qui est venue nous chercher à la frontière. Nous avons fait deux jours au Niger. Après ces deux nuits, nous avons été conduits dans un village où nous sommes restés toute la journée. Après cette escale, nous avons été conduits à Niamey. Dans la capitale, nous avons rencontré l’ambassadeur du Mali, parce qu’il y avait aussi des Maliens avec nous. Il a enregistré tous les Maliens sur place et a appelé l’ambassadeur du Burkina. Nous avons été enregistrés de notre côté. Après 3 jours à Niamey où nous avons eu des entretiens avec les autorités sur place, nous avons été convoyés à Dori à l’aide d’un car. A Dori, les autorités nous ont un peu fatigués. Elles ont passé tout leur temps à nous demander d’où nous venions et si nous étions vraiment des Burkinabè. Elles ont contacté nos familles d’origine pour avoir le cœur net. C’est par la suite que nous avons été conduits à la Direction régionale de l’Action sociale et de la Solidarité nationale », foi de Abdoulaye Iswadi qui rend grâce à Dieu de sa situation actuelle à Dori. « Rien ne nous manque ici. Nous avons reçu des nattes et des couvertures bien adaptées. Nos repas journaliers sont assurés », dit-il. Au niveau de la Direction régionale de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, tous les dispositifs ont été mis en place pour prendre en charge les migrants. « Ils bénéficient d’un certain nombre de mécanismes mis sur place en de pareilles circonstances, notamment une prise en charge alimentaire et un soutien psycho-social. La prise en charge sanitaire est assurée par les agents de santé. La Croix-Rouge nous a envoyé un psychologue parce qu’ils reviennent d’une situation extrêmement difficile. C’est un tout ensemble de mesures qui sont déployées pour nos parents venus du Nigéria », a dit Abdoul Karim Tiendrébéogo, directeur régional de l’Action sociale et de la Solidarité nationale du Sahel. Et celui-ci de se réjouir de l’état de santé de nos compatriotes. « Cela fait 9 jours qu’ils sont là. Tout se passe bien sauf quelques cas de maladies. Nous sommes en train de préparer le retour des déplacés dans leur province d’origine, dans l’Oudalan. Nous sommes en contact permanent avec le bureau de l’Organisation internationale pour les migrants pour que le retour se fasse dans les meilleures conditions possibles. Nous travaillons aussi avec les autorités locales qui nous donnent des conseils et des orientations. Il y a des missions de prospections au niveau du village, parce qu’il va recevoir un grand nombre de personnes. Les migrants vont continuer à bénéficier des services de l’Etat. Nous savons aussi que ce sont des personnes qui ont perdu tous leurs biens. Nous allons les accompagner en finançant quelques-uns de leurs micro-projets », foi du directeur régional de l’Action sociale et de la Solidarité nationale.
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