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Dernier sondage politique de Bendré : les références ethniques en politique ne seraient alors que des vues de l’esprit ?
Publié le vendredi 20 fevrier 2015  |  Partis Politiques
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© Autre presse par DR
Sondage Bendré/Bemahoun: la côte de popularité du Président et du premier ministre en baisse




Ceci est la lecture du professeur d’université et homme politique burkinabè, Etienne Traoré, dernier sondage de l’hebdomadaire Bendré relatif à l’élection présidentielle de 2015, à la transition et aux personnes qui l’animent.

J’ai lu avec intérêt les résultats d’un sondage publiés dans "Bendré" attribuant au premier tour de la prochaine présidentielle 26,9% à Diabré Zéphirin; 21,1% à Roch Marc Christian Kaboré. Ce sondage impliquait 700 compatriotes de Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou et Ouahigouya. Je lis et j’entends avec forte inquiétude, tout style de commentaires triomphalistes ou hostiles comme s’il s’agissait déjà du résultat de la présidentielle 2015, chose qui peut malheureusement empoisonner les rapports pacifiques entre les partis concurrents. Cela démontre aussi que bon nombre de nos responsables politiques, pris peut-être dans l’avant-fièvre électorale, oublient la signification d’un sondage : il ne s’agit que de la photographie des opinions à un moment donné, photographie qui évolue toujours en confirmations ou infirmations. Et l’incertitude est d’autant plus grande que chez nous l’échéance électorale est encore loin, tous les candidats ne se sont pas encore annoncés et que surtout chez nos populations africaines (rurales et semi-urbaines surtout), le vote est moins individuel que collectif (références familiales, de chefferies, d’ethnies et même de religion...). C’est dire que, pour la plupart du temps et pour longtemps encore, nos électeurs manquent et manqueront encore de L’AUTONOMIE CITOYENNE exigée par la formule basique du vote démocratique : le vote LIBRE, INDIVIDUEL et secret. Voilà pourquoi j’ai toujours été méfiant des sondages effectués dans nos contrées à partir des seuls critères occidentaux, lesquels se fondent sur des citoyens plus véritablement indépendants dans leurs choix. Alors messieurs les responsables politiques intéressés (en première ligne) relativisez ces sondages. Évitez de prendre leurs résultats pour des vérités scientifiques. Alors, vous pourrez évitez un pourrissement dangereux des relations entre vos militants, source éventuelle de campagnes électorales haineuses et violentes.
J’en appelle enfin à la responsabilité professionnelle et même politique des sondeurs : soyez exclusivement professionnels et vous contribuerez positivement à l’ancrage de la démocratie dans notre pays. Ce n’est pas de la méfiance mais un simple rappel d’autant plus nécessaire qu’en temps de campagne électorale, les hommes politiques de tous bords peuvent tenter de vous influencer comme on l’a d’ailleurs découvert sous le quinquennat du président français Sarkozy, lequel a commandité plusieurs fois des sondages à son profit.
Je rappelle d’autant plus ces responsabilités que les résultats de ce sondage tendent à nous signifier qu’en matière électorale, il n’y a plus de références ethniques ou de velléités d’ethnicisme pertinentes contrairement aux dires et craintes de certains concitoyens (dont le cardinal Ouédraogo, Sango Abdoul Karim. ..). Et ça me semble trop beau pour avoir mon adhésion. Je rappelle déjà qu’à un niveau élémentaire, depuis mes 28 ans de vie politique, j’ai observé que tout présidentiable a toujours demandé d’abord le soutien de ses parents. Ça n’est déjà pas assez républicain mais ça se passe ainsi jusqu’à nos jours. Et il serait TROP HYPOCRITE et MALHONNETE de ne pas le reconnaître dans tous les bords politiques. Pour moi, cela demeure un problème assez mince, il est vrai, mais lié, entre autres, au faible niveau politique de nos peuples pour lesquels les programmes politiques se réduisent souvent à des individus auxquels ils font confiance.
Cependant, on rentre dans le négatif et l’illégalité quand on appelle à ne point voter pour un concurrent à cause de son appartenance ethnique. Je crois savoir que cette dérive était née et se développait à la veille de la présidentielle 2015, dérive dénoncée par nombre de nos concitoyens intellectuels (dont moi-même) ou religieux (la hiérarchie de l’Église catholique). Sachant que cette dérive existe (même si elle n’est pas commanditée), je suis très surpris de lire à travers ce sondage qu’il n’en est rien du tout ! Pire, ma conviction est que la tendance perdure tant il est encore vrai que nous formons un État (Entité territoriale internationalement reconnue) et non pas encore une véritable Nation (État où les populations se reconnaissent un destin commun par delà leurs différences ethniques notamment). Telle situation historique voit les différentes fractions du peuple vouloir privilégier leurs intérêts partisans par rapport à l’intérêt général ou confondant leurs intérêts à ceux du pays tout entier.
En tout cas, moi je reste sur ma sentinelle en demandant à tous nos compatriotes de contrer telle dérive qui est toujours sournoise et ne s’exprime presque jamais publiquement. Que tous ceux qui sont témoins de telles paroles les rapportent publiquement en citant les noms de leurs porteurs afin que notre peuple, qui aspire à vivre en paix, sache sanctionner de tels individus. Les sondages seront nombreux et feront désormais partie intégrante de nos processus électoraux. Mais de grâce, qu’ils demeurent professionnels et que nos acteurs politiques sachent les bien comprendre pour ne pas créer des pathologies sociopolitiques. Ce sont là mes préoccupations aux noms de la paix et la stabilité pour tous nos compatriotes.

Etienne Traoré
Université de Ouagadougou
19 février 2015

N.B : le chapeau est du site
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