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D’aucuns espèrent un moratoire, le gouvernement reste ferme
Publié le vendredi 20 fevrier 2015  |  Sidwaya
Janvier
© Autre presse par DR
Janvier 2015 : date d’entrée en vigueur de l’interdiction d’importer et de commercialiser les sachets plastiques au Burkina.




Les Burkinabè devront se passer des sachets plastiques non biodégradables à partir du 21 février 2015, comme le prévoit la loi N°017-2014/AN qui interdit leur production, importation, commercialisation et distribution. La pilule a du mal à passer chez les commerçants et autres grossistes dont la préoccupation réside dans l’écoulement des anciens stocks.

Au grand marché de Ouagadougou, en cet après-midi du mercredi 28 janvier 2015, dans un climat de canicule, des marchands d’articles rivalisent de stratagèmes et d’argumentaires pour attirer les clients qui vont dans tous les sens. Beaucoup parmi ces acheteurs tiennent en main des sachets plastiques non biodégradables. Pourtant, dans quelques jours, soit le 21 février 2015, entrera en vigueur, la loi portant interdiction de production, d’importation, de commercialisation et de distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables. Les populations sont-elles au courant de cette date butoir? La vue d’importants stocks de sachets plastiques non biodégradables entassés dans des magasins et boutiques et même aux abords du marché laisse planer des doutes sur l’effectivité de la mesure à la date indiquée. En tous les cas, Salimata Ouédraogo, une cliente, a du mal à s’inscrire dans la dynamique de cette loi. Venue à Rood-Woko pour faire des achats, elle tient en main trois sachets contenant ses emplettes. Même si elle reconnaît que les sachets non biodégradables causent d’énormes désagréments sur l’environnement, se séparer de ses contenants signifierait rompre avec une habitude qu’elle s’est faite depuis belle lurette. « Malgré tous les problèmes qu’engendrent les sachets plastiques, je ne pourrais pas m’en passer. Néanmoins, la substitution des sachets non biodégradables par ceux biodégradables est une initiative louable », confie-t-elle. Clarisse Tarpaga, une autre cliente apostrophée juste à l’entrée du marché, munie de sachets, dit n’avoir aucune information relative à cette législation. «Cependant, je respecterai la loi», rassure-t-elle.


Que faire des stocks déjà sur le territoire ?


Du côté des grossistes et importateurs de sachets non biodégradables, le souci majeur est l’écoulement des stocks emmagasinés avant l’échéance. C’est le cas de Dénis Kaboré, agent commercial qui, depuis l’annonce de la date d’application de la mesure, se tourne les pouces. « La protection de l’environnement concerne tout le monde. Cependant, nous souhaitons qu’on nous permette d’écouler le reste de nos marchandises », plaide-t-il. A 200 mètres de là, un grossiste de sachets plastiques, Amado Kabré, se plaint de son chiffre d’affaires qui a pris un sérieux coup. « Dès l’annonce de l’entrée en vigueur de la loi le 21 février prochain, nos clients qui achetaient et revendaient les sachets plastiques en province ont revu leurs commandes à la baisse. Ils ont peur que la police vienne saisir leurs marchandises. Aussi, il est évident que nous ne pourrons pas écouler les stocks avant la date indiquée », explique-t-il. Pour le président de la section du Centre de l’Organisation nationale des commerçants du Burkina (ONACOM), Moussa Dabo, les autorités devraient d’abord interdire l’importation des sachets non biodégradables et permettre dans le même temps, l’importation de ceux biodégradables, avant d’annoncer la date d’interdiction des premiers sur l’étendue du territoire national. « Ainsi, on vendra simultanément les deux types de sachets jusqu’à l’épuisement total des non biodégradables pendant une période de deux à trois ans », propose-t-il. Un autre paramètre dont il va falloir prendre en compte, de l’avis de Moussa Dabo, est la rentabilité des sachets biodégradables. En effet, il souligne que du fait de leur détérioration rapide, les importateurs ne pourront pas commander en grande quantité les nouveaux sachets exigés. « Les commerçants faisaient des réserves de sachets non biodégradables pour deux, trois ans, voire plus. Plus la commande est importante, plus le prix diminue et plus le profit est grand. Ce qui n’est pas possible avec les biodégradables», fait-il remarquer. En plus, ajoute-t-il, les sachets biodégradables coûtent plus cher que ceux non biodégradables. « Il n’est pas exclu que nous augmentions le prix de vente de ces sachets pour récupérer le manque à gagner », avertit Ahmed Tarpaga, un importateur de sachets plastiques. De ce constat, M. Dabo préconise une suspension de l’interdiction de vente de ces produits afin que les commerçants ne sortent pas perdants. Il recommande aussi la poursuite de la sensibilisation des populations aux effets des sachets plastiques sur l’environnement. «L’application de la loi doit s’accompagner d’une bonne politique de gestion des déchets plastiques, sinon cela ne servira à rien », soutient-il.


« Nous leur avons donné un moratoire de six mois »


Qu’à cela ne tienne, au Ministère de l’Environnement et des Ressources halieutiques (MERH), l’heure n’est plus à la réinvention de la roue, mais à l’application de la loi dans toute sa rigueur, à la date indiquée, dans la mesure où les importateurs ont été informés au préalable. A ce sujet, la Directrice de l’assainissement et de la prévention des risques environnementaux (DAPRE), Watta Ouédraogo/Koulibaly, explique que son département avait initié la sensibilisation des importateurs et des distributeurs des sachets plastiques dans toutes les régions en 2013, avant l’adoption de la loi le 20 mai 2014 par l’Assemblée nationale. « Après le vote de la loi, nous leur avons donné un moratoire de six mois pour écouler les stocks dont ils disposaient. Cependant, certains ont continué à importer des plastiques non biodégradables. D’autres ont même importé des quantités astronomiques de ces sachets de peur de ne pouvoir le faire après l’entrée en vigueur de la loi. Ils doivent donc s’assumer», rappelle-t-elle d’un air très remontée. «Vu l’impact négatif de ces sachets sur l’environnement et la santé, nous ne saurions badiner sur l’application de la loi. Nous ne saurions prendre en compte des intérêts égoïstes au détriment de ceux de tout un pays », prévient-elle. Elle révèle que dans les lieux d’approvisionnement, des biodégradables sont disponibles, mais les commerçants préfèrent, dit-elle, acheter les plastiques non biodégradables qui coûtent moins cher.

Et le ministre en charge de l’Environnement, Saïdou Maïga, de monter au créneau pour confirmer que la loi sera appliquée à la lettre. « Il n’y aura pas de mesures transitoires. Cependant, nous avons demandé aux importateurs de faire les inventaires des stocks de sachets plastiques non biodégradables restants. Nous verrons avec le ministère de l’Economie et des Finances, si nous pouvons racheter ces stocks. Mais à l’impossible, nul n’est tenu », relativise-t-il.

Mais pour Evariste Ouédraogo, promoteur d’emballages biodégradables en papier, l’usage des sachets plastiques biodégradables ne saurait être la solution finale pour la protection de l’environnement. « Seuls les emballages en papier sont la solution. Les sachets biodégradables ont les mêmes inconvénients que ceux non biodégradables. Il n’y a que la durée de vie qui change. Nous demandons à l’Etat de nous subventionner pour produire en quantité et en qualité des emballages en papier qui sont écologiques», défend-il. Et le directeur général de la Préservation de l’environnement et du développement durable (PEDD), le professeur Paul Savadogo, d’arguer que si l’objectif du MERH à long terme est de bouter hors des frontières du Burkina Faso les sachets plastiques au profit les emballages en papier et en tissu, les sachets biodégradables sont la meilleure alternative pour le moment.

Eliane SOME
some.ella@yahoo.fr
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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