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L’Observateur N° 8293 du 16/1/2013

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Lettre de Nelspruit : Qu’on pense un peu à moi
Publié le jeudi 17 janvier 2013   |  L’Observateur


La
© Autre presse par DR
La sélection nationale du Burkina Faso
Photo : Etalons du Burkina.


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Les jours s’écoulent, et comme mes compagnons de voyage, j’ai la hantise que mon portefeuille diminue. Mais ça peut aller, comme dirait quelqu’un. Que mon jeune frère Damiss pense un peu à moi s’il veut me revoir en forme.

Cela fait une semaine que je suis à Nelspruit, et comparativement à Malabo en Guinée-Equatoriale, où j’étais en 2012 pour la Coupe d’Afrique des nations de football, la différence est nette sur tous les plans : à Malabo, nous avions occupé un appartement que le ministère des Sports et des Loisirs avait réservé au départ pour les Etalons. Mais la délégation burkinabè avait préféré rejoindre le lieu d’hébergement que la CAF lui avait réservé. Quelle aubaine ! Aucun de ceux qui étaient du voyage n’ont pas sorti un sou de leur poche pour se loger.

A Malabo, les jeunes gens avaient mené joyeuse vie et connaissaient les coins et recoins de la ville. On pouvait se déplacer à tout moment et regagner l’appartement tout à loisir.

A Malabo, la vie était belle et on pouvait même manger à moindre coût et boire 4 ou 5 bières au passage sans qu’on sente son portefeuille diminuer.

A dire vrai, chacun vivait à sa guise. Ce que j’écris là, ce sont des souvenirs nostalgiques, et je suis certain que d’autres le ressentiront sous peu.

Depuis que je suis à Mpumalanga, l’une des provinces sud-africaines, je ne peux sortir comme je veux. Ce n’est pas parce qu’on a peur d’être victime d’une agression dans une rue quelconque ou d’être inquiété par la police, mais que le déplacement d’un lieu à l’autre n’est pas facile.

A Nelspruit, il n’y a pas de taxi, et le seul moyen de transport est l’autobus. C’est inutile de me demander si j’ai une idée du prix du ticket. Je ne parle même pas un peu l’anglais, à plus forte raison ne comprends cette langue de culture et la langue véhiculaire d’une partie de l’Afrique. Si des gens en sont surpris, où se trouve leur problème ? D’ailleurs, je ne suis pas le seul dans cette situation, puisque des confrères tels qu’Antoine Battiono des Editions Le Pays, Béranger Ilboudo des Editions Sidwaya, Lassina Sawadogo de la Télévision du Burkina et Gilbert Ronga de la Radio nationale du Burkina ne s’en sortent pas convenablement eux non plus. Pour se faire comprendre, ils baragouinent un peu tous leur anglais et me font croire qu’ils sont doués dans ce domaine. Mais je dois reconnaître que mes compagnons de voyage me sont utiles dans nos déplacements.



1000 rands pour se rendre à Ingwenyama



Revenons au manque de taxis, qui est un véritable problème dans cette ville. Ne pouvant consulter un plan pour voir quelle ligne d’autobus nous mène à notre destination, nous avons sollicité un jeune Sud-Africain pour nos courses en ville. Mais si je vous dis que cela coûte des yeux de la tête, vous ne me croirez peut-être pas. Pourtant, c’est la réalité comme une logique implacable. Quand on s’est rendu par exemple à Ingwenyama pour le premier match de préparation des Etalons contre le Mena du Niger, le transport nous est revenu à 1000 rands (un rand équivaut à 70 F CFA) soit 70 000 F CFA. On s’est naturellement cotisé pour faire face à nos engagements. Depuis lors, on se garde de se rendre à ce lieu, qui crève notre porte-monnaie, à moins que le chef de mission consente à prendre en charge notre déplacement.

Pour faire nos provisions, il nous arrive de payer chacun 100 rands (7000 F CFA). Je ne parlerai même pas des plats (riz, frits, spaghetti, etc.), qui passent à la balance dont les prix vont de 48 à 86 rands. Pour que le tout soit complet, il vous faut débourser au minimum 8 rands pour une bouteille d’eau minérale (Sprig water ou Aqua) genre Laafi. Boire l’eau de robinet, c’est courir un risque à moins d’avoir un organisme réfractaire à la maladie.

La compétition n’a même pas commencé à Mbombela Stadium que mes dépenses me dépassent. Je parle pour moi, et pourvu que mon jeune frère Damiss ne me dise pas que si je suis moins dépensier, je pourrai m’en sortir. S’il le pense, où est son problème ? Ceux qui ont emporté des pintades grillées pour le voyage regrettent de n’en avoir pas pris en grande quantité. Si je comprends bien, il ne leur en reste plus beaucoup, et c’est pour ça que leur porte n’est plus verrouillée à tout moment comme les premiers jours de notre arrivée pour éviter les pique-assiettes. Bonnes gens, ne riez pas sous cape, parce qu’ils ont été prévoyants au départ. Ai-je besoin de dire au deuxième groupe qui nous rejoindra bientôt que c’est l’occasion pour lui de faire la chasse aux pintades dans les différents marchés ?

Que mon ami Damiss pense un peu à moi parce que d’ici le 29 janvier prochain, date de la fin du premier tour à Nelspruit, je ne sais pas ce qu’il adviendra de moi. Nous sommes dans une société de consommation, et la vie est chère dans ce pays. Je le savais déjà quand j’étais venu à Bloemfontein en 1996.

A part ces petits soucis, je me porte comme un gardon, et je me sens bien à Nelspruit. Le méchant rhume, qui ne me quittait pas à Ouaga, a disparu comme par enchantement. Le climat y est doux bien que le relief soit accidenté. Nelspruit est une ville très calme, et j’aurais voulu la visiter toute une journée, mais le transport me ruinerait un peu plus. Le matin, il fait un temps chaud, et quand le soleil se couche, j’aime la fraîcheur du soir. Depuis le 14 janvier, il pleut sans cesse, et je me dis que les Etalons peuvent jouer sur la pluie. Quand vous êtes dans une voiture qui aborde une montée, vous voyez des maisons qui s’étagent sur les pentes d’une colline.

Nelspruit a l’aspect d’une ville européenne, avec des voies très larges et des feux tricolores placés à une certaine distance. Ici on roule à gauche, et pour le moment je n’ai pas croisé de guimbarde.

Quand on quitte le centre-ville pour se rendre à Ingwenyama, où s’entraînent les Etalons, vous découvrez un paysage magnifique. Les nourrissons du Pinde ont raison de dire que la verdure repose les yeux. Je ne sais pas si j’ai été un peu long, mais avant de terminer ma lettre, je voudrais vous dire que je n’ai pas rencontré de Burkinabè ou des ressortissants ouest-africains à Nelspruit.

A Jo’Burg, à Durban et même à Port-Elisabeth, ils sont nombreux et dans les affaires. On ne quitte pas une ville où on gagne sa vie. Ce qui n’est pas le cas pour moi, puisque je suis là pour un temps donné à moins que les Etalons galopent jusqu’au 10 février 2013.



Justin Daboné



A demain, peut-être…

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