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L’Observateur N° 8291 du 14/1/2013

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Lettre de Nelspruit : La CAN des riches
Publié le mardi 15 janvier 2013   |  L’Observateur




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La 29e édition en Afrique du Sud risque de laisser un souvenir amer à ceux qui veulent vivre l’événement. Pas forcément sur le plan sportif mais surtout financier. A Nelspruit où est basée la sélection nationale du Burkina Faso, la cherté de la vie est une réalité. Nous l’avons senti trois jours seulement après notre arrivée dans cette capitale de la province Mpumalanga, antérieurement Transvaal Oriental. Cette CAN dans le pays de Mandela est celle des riches et vous ne tarderez pas à le constater si vous voulez venir soutenir les Etalons.


C’est avec une certaine joie que je reviens en Afrique du Sud pour la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN). Mon premier voyage dans ce pays, c’était en 1996 à l’occasion de cette même compétition et à l’époque j’étais avec les Etalons à Bloemfontein. C’est une année qui me rappelle aussi que c’était ma première CAN et je garde de bons souvenirs de cette ville qui signifie la "Fontaine aux fleurs".

J’ai passé une quinzaine de jours dans cette grande ville universitaire et mon séjour a été de courte durée puisque les Etalons avaient été éliminés au premier tour. Mais je n’ai pas regagné mon pays immédiatement et ma destination a été Johannesburg où le président du COCAN, le colonel Souley Mohamed, m’avait sollicité dans le cadre d’un travail relatif à la CAN 98 que le Burkina devait organiser.

A JO’Burg, j’ai eu l’occasion d’assister à la demi-finale qui avait opposé les Bafana Bafana aux Black stars du Ghana (3-0) le 31 janvier 1996. Le lendemain de cette rencontre, j’avais visité Soweto, l’un des bidonvilles les plus célèbres de la planète. Près d’un million d’habitants vit dans cette banlieue, située au sud-ouest de Johannesburg. Ce fameux ghetto a une histoire triste que les populations ne peuvent oublier. En 1951, en application des nouvelles lois d’apartheid, le quartier South Western Township (SOWETO) est conçu pour recevoir des résidents uniquement noirs. En 1976, des émeutes y font plus de 500 morts selon certains responsables de l’ANC. Des images de ce drame avaient fait le tour du monde et suscité des réactions de par le globe.

En 1996, cela faisait 20 ans qu’on se rappelait ces événements douloureux à Soweto même si le trophée remporté par les Bafana Bafana fut accueilli avec un certain enthousiasme.

En visitant ce fameux ghetto, j’ai été frappé de voir des Indiens, des Arabes, des Grecs, des Hébreux, des Portugais… vivre aux côtés des Zoulous, des Bochimans, des Afrikaners, des Hottentots, des Sothos et des Tsongas.

Colonisée par les Néerlandais puis les Anglais aux siècles précédents, l’Afrique du Sud obtient son indépendance le 31 mai 1930. Après la Seconde Guerre mondiale, est instauré un système de discrimination raciale entre Blancs et Noirs. Il faudra attendre quarante-deux ans (1990) pour que l’apartheid soit définitivement aboli.



17 ans après



1996-2013 : cela fait dix-sept ans que le sort a voulu que je revienne en Afrique du Sud, plus particulièrement à Nelspruit où je séjourne depuis le 8 janvier dernier. C’est encore avec les Etalons (le Mena du Niger s’est joint à nous) que j’ai fait le voyage qui fut long. Nous sommes partis de Ouagadougou à 9 h 16 avec Air Burkina qui a fait escale à Pointe-Noire pour être ravitaillé après trois heures de vol. De là, nous avons mis le cap sur Windhoek que nous atteignions à 16 h 30. La deuxième étape, c’est encore pour le ravitaillement et quand l’appareil de transport quitte le sol namibien, il atterrit à l’aéroport Kruger Mpumalanga international à 19 h 35 TU soit 21 h 35, heure locale.

Nous sommes à Nelspruit qui accueillera à partir du 21 janvier les matches du groupe C et la dernière rencontre du groupe D entre le Togo et la Tunisie le 30.

Les formalités de police prennent un peu de temps et, chose étonnante, on demande à la presse de déclarer les numéros de leur portable ordinateur. Ce que chacun a fait et c’est aux environs de minuit (heure locale) que nous quittons l’aéroport.

Si les Etalons et le Mena sous une escorte armée n’ont eu aucune peine à être logés, ce ne fut pas le cas pour les hommes de presse. Avec deux véhicules, on nous a amenés dans une auberge quelque part en ville. Nous qui croyions que nous allions enfin nous reposer pour nous remettre de la fatigue de la journée, nous ne tarderons pas à déchanter.

L’aubergiste nous fit un excellent accueil et au moment de payer les nuitées en euro, il refusa tout net. On a beau le supplier en mettant même nos passeports en gage, il resta sur sa position. Pour lui, nous devons payer en rand, la monnaie sud-africaine. C’est ça ou rien. A cette heure de la nuit, les banques sont fermées, et du coup aucune solution ne s’offre à nous. Les deux chauffeurs étant partis, il nous fallait passer par le guide de la délégation burkinabè pour régler notre problème. C’est grâce à lui que l’un des deux chauffeurs nous rejoint pendant que des confères sommeillent sur des blocs de pierre.

C’est à Stayeasy Emnotweni, un hôtel de luxe que notre calvaire a pris fin après avoir mis en gage mon passeport. Cela, sur la proposition des jeunes gens qui estiment que je suis le doyen du groupe. Mais je leur fais comprendre que si le lendemain aucun d’eux ne débourse quelque chose, nous irons tous en prison et ce sera fini pour la CAN 2013.

Nous avons dormi comme une marmotte ce jour-là mais au moment de partir de cet hôtel, le portefeuille de chacun en a pris un sérieux coup. J’ai payé 800 rands pour la nuitée (56 000 F CFA). Ceux qui ont partagé la même chambre ont déboursé chacun 600 rands, soit 42 000 F CFA.

Une fois à Insika Guest House, on s’est rappelé que nous ne sommes pas au Burkina Faso. Le pays de Mandela, c’est autre chose et il faut avoir financièrement les reins solides. Ici la nourriture, le transport, les hôtels, les auberges vous reviennent cher. Alors faut-il serrer la ceinture quand la situation l’exige ? Pour le moment, ceux qui ont eu l’idée de frire des pintades pour faire le voyage peuvent s’estimer heureux. Mais quand les gallinacés diminueront dans le sac, on fera certainement comme ceux qui se ravitaillent dans les Superspar, genre Marina market à l’avenue Yennenga ou la Surface à Zogona.


Justin Daboné

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