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L’Observateur N° 8289 du 10/1/2013

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Pourparlers intercentrafricains : Un marché de surenchères
Publié le vendredi 11 janvier 2013   |  L’Observateur




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Les différents protagonistes de la crise qui secoue la Centrafrique depuis de longues semaines se sont retrouvés à Libreville au Gabon dans le but, disent-ils, de trouver la panacée qui ramène paix, sérénité et quiétude. Mais de toute évidence, et au regard des exigences brandies de part et d’autres, rien n’incite à l’optimisme.

Pourquoi ? Parce que d’un côté, on a le cas Bozizé : requinqué par la présence des différentes forces d’interposition qui bloquent la déferlante rebelle, l’homme qui, il y a juste quelques jours, se présentait en timide apeuré et qui tremblait de tous ses membres, s’affiche aujourd’hui ragaillardi, tient à dicter sa loi, et entend faire examiner à l’ordre du jour ce qu’il voudra bien y mettre. «Non, je n’ai pas à négocier !», martèle-t-il ; au passage il exhibe une feuille de route, la sienne, et dans la foulée, traite ses contempteurs de «mercenaires» et «hors-la-loi».

On l’aura compris, pareille attitude qui frise le mépris de l’adversaire n’est pas de mise pour une recherche d’un véritable consensus. En réalité, Bozizé n’est pas le seul qui mange vraiment de ce pain-là ; et l’attitude des rebelles de la Séléka à cette rencontre de Libreville n’envie en rien l’absurdité manifestée par le président centrafricain.

Car, cette coalition de rebelles qui, au passage, se comportent à bien des égards, plus en redoutables soudards qu’en combattants de la liberté, à l’ouverture des négociations, auront choisi la voie des revendications maximalistes : d’emblée, ils exigent sans ciller, non seulement le «dégagement» d’un chef d’Etat qui entend se maintenir sur le trône, mais, cerise sur le gâteau, ils poussent le bouchon plus loin et proposent à la CPI d’engager «une procédure contre François Bozizé». Si ça n’est pas faire dans de l’extrémisme politique, ça y ressemble fort.

N’empêche, les deux camps, hypocrisie bien en poche, conviennent tout de même de se remettre à table pour des renégociations qui porteront sur les accords de paix signés en 2008. On a envie de leur demander : avec quel objectif et dans quel esprit ? Car on a bien l’impression que dans ce dialogue de sourds, les uns comme les autres calculent avec minutie tout en guettant le faux pas de l’adversaire.

De Bozizé et de la Séléka, personne ne veut endosser la responsabilité d’un éventuel échec des pourparlers de Libreville, dont beaucoup d’observateurs disent volontiers qu’ils représentent la toute dernière chance à une possible sortie de crise. Alors, on joue le jeu, mais on joue serré en observant un marquage à la culotte, tout en espérant pousser l’adversaire à la faute de la rupture.

On n’a pas vraiment besoin d’imiter Cassandre pour prévoir que dans une atmosphère teintée d’un si mauvais esprit, rien, absolument rien de bon, ne sortira de cette rencontre qualifiée de dernière chance. Et alors, on peut déjà presque deviner la suite de l’histoire : le médiateur Sassou N’Guesso, même intrépide qu’il est, risque de s’user à la tâche, de finir donc éreinté, et jettera l’éponge. Bozizé, pendant un temps, se satisfera du statu quo, du moins jusqu’au jour où les forces d’interposition, elles aussi, lassées et financièrement épuisées, décideront de ramasser armes et bagages pour s’en retourner chez elles.

Les rebelles de la Séléka, aujourd’hui furieux de voir des soldats étrangers remettre aux calendes grecques leurs velléités de s’emparer de Bangui ; histoire de chasser leur «infâme», ils seront dans l’obligation de ronger leur frein en attendant des jours plus propices. Pour tout dire, à supposer que les négociations de Libreville se poursuivent à ce train et dans ce mauvais esprit, ces mauvais protagonistes de la crise préparent pour la Centrafrique un lendemain de tous les dangers. Sans oublier qu’au passage, leur mauvaise foi aura fait perdre du temps à des hommes sincères qui se seront fait prendre au jeu de leur funeste hypocrisie.



Jean Claude Kongo

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