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Sidwaya N° 7332 du 10/1/2013

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Presse et internet : Quel avenir ?
Publié le jeudi 10 janvier 2013   |  Sidwaya




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En péril depuis des années, la presse ne cesse de chercher des solutions pour se réinventer. Pourtant, la thèse d’une mort annoncée peut paraître excessive. A ce jour, aucun média n’a tué ses prédécesseurs et le succès relatif des journaux en ligne montre qu’il n’existe pas de réelle désaffection du support papier. Mais, du point de vue des usages, l’an 2000 a marqué un tournant. La lecture du journal imprimé a cessé d’être, comme disait Georg Hegel, la prière du matin de l’homme moderne. La consultation des courriels, le visionnage d’une vidéo, la conversation en ligne, la lecture rapide des titres du jour sur Internet, toutes ces habitudes mordent sur le temps consacré à la lecture d’un quotidien.

Demain, combien de lecteurs prendront encore le temps d’aller débourser quelques pièces dans un kiosque à journaux ? Des essayistes entendent déjà sonner le glas de la presse écrite. Philip Meyer, le puissant patron de News Corp, a même fixé la date des funérailles : le dernier quotidien papier disparaîtra au mois d’avril 2040, assure-t-il dans son livre The Vanishing Newspaper. Si en Afrique, le problème ne se pose pas pour l’instant sur les mêmes termes, en Occident, les faits, pour le moment, vont dans son sens. Aux Etats-Unis, des dizaines de titres sont menacées d’extinction. 16 000 journalistes américains ont été licenciés en 2008 (contre 2 000 en 2007) et la cadence des plans sociaux s’accélère. Le Boston Globe et le San Francisco Chronicle chancellent, le Rocky Mountain News a stoppé les rotatives, le Christian Science Monitor, centenaire, n’existe plus que sur Internet. Même le prestigieux New York Times a hypothéqué son siège social… Et le vent de panique qui a déferlé sur la presse américaine souffle désormais, sur une partie du marché européen, confronté à des difficultés voisines. En France, le titre emblématique, France Soir, a mis la clé sous la porte. Après avoir arrêté sa version papier en décembre 2011, le quotidien a tenté l’aventure sur le seul Web, mais l’expérience a tourné court, faute de recettes publicitaires suffisantes pour faire vivre une rédaction. Au faîte de sa gloire dans les années 60, France Soir sortait sept éditions par jour pour plus d’un million d’exemplaires vendus. 2012 a aussi vu la fin de la version imprimée de La Tribune. Le titre économique, repris à la barre du Tribunal de Commerce, tente lui aussi une existence numérique doublée d’une édition hebdomadaire. Mais après 27 ans d’une histoire mouvementée, le journal peine à trouver un nouvel élan. Un "guichet départs" doit être ouvert en janvier, afin de supprimer une dizaine de postes parmi les 26 journalistes restants. Au Figaro, la direction dit s’attendre à une année 2013 "très difficile" et a annoncé un plan de départs volontaires qui devrait affecter 10% des quelque 900 salariés de ses titres. Le groupe, dont l’activité numérique est bénéficiaire notamment grâce à ses sites marchands, a annoncé "une rénovation de ses offres éditoriales". Les difficultés de la presse ont des origines multiples. Si les lecteurs français délaissent les journaux (les ventes au numéro reculent chaque année d’environ 7%), c’est l’effondrement des recettes publicitaires qui "plombent" encore davantage l’économie de ce secteur, pourtant fortement subventionné. Le chiffre d’affaires publicitaire des quotidiens nationaux recule depuis 2008 dans des proportions allant de 6% à 12% par an, selon différentes estimations.

Les dépenses de publicité, dont une partie avait migrée vers l’audiovisuel à partir des années 80, se portent aujourd’hui, massivement vers Internet. Moins coûteuse et plus ciblée, la publicité adressée directement aux internautes nourrit aujourd’hui, les géants du Net. Ainsi Google, sur le seul marché français, engrange déjà près d’un milliard d’euros par an et aux Etats-Unis, son chiffre d’affaires publicitaire dépasse désormais, celui de l’ensemble de la presse "papier". Si les explications de la crise diffèrent, ces auteurs parviennent à la même conclusion. Pour la plupart des organes de presse, il faut aujourd’hui, réinventer complètement la manière de produire et de diffuser l’information.

Les tâtonnements actuels pourraient ouvrir des pistes prometteuses au journalisme, quel que soit son support de publication. Sur Internet comme dans les kiosques, il y aura quelques morts, mais aussi des naissances – et renaissances. Les professionnels de l’information auront à trouver le juste équilibre entre un journalisme à l’ancienne, nourri d’enquêtes, de reportages et d’expertise, et les nouvelles pratiques apparues sur Internet : discussions et débats en ligne, proximité du lecteur, recommandations, interactions entre les sources d’information, usage raisonné de la vidéo, du son, des liens hypertextes. Avec l’arrivée sur le marché du travail d’une nouvelle génération, cette réinvention du journalisme a déjà commencé.

Raphaël KAFANDO


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