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Grève à la Brakina/ Sodibo: « une perte journalière de 400 millions de F CFA enregistrée », selon le DG Marc Pozmentier
Publié le vendredi 30 janvier 2015  |  Le Pays
BRAKINA
© aOuaga.com par A.O
BRAKINA : nouvelle grève de 72 heures des agents
Mercredi 28 janvier 2015. Ouagadougou. Les travailleurs de la société des brasseries du Burkina (BRAKINA) et de la société de distribution de boissons (SODIBO) ont entamé une nouvelle grève de 72 heures pour exiger de la direction générale de meilleures conditions de vie et de travail. Photo : Marc Pozementier, directeur général de la BRAKINA




Des travailleurs de la BRAKINA/SODIBO observent une grève de 72 heures depuis le lundi dernier, devant les locaux de la société sise à la zone industrielle de Kossodo. Une grève qui fait suite à un sit-in observé les 20 et 21 janvier derniers et qui, à en croire le DG de la société, Marc Pozmentier, fait perdre par jour de grosses sommes d’argent à la société et à l’Etat, le chiffre d’affaires journalier de la BRAKINA/ SODIBO étant estimé à 400 millions de F CFA et les taxes reversées à l’Etat par la société se situant entre 150 et 200 millions de F CFA par jour. Un tour effectué sur les lieux nous a permis de faire le constat qui suit.

Ils avaient menacé de rebeloter si toutefois leur plateforme revendicative n’était pas satisfaite et ils ont tenu parole. Eux, ce sont les travailleurs de la BRAKINA/ SODIBO, en grève depuis le lundi dernier, devant les locaux de la société, sise à la zone industrielle de Kossodo. Révoltés, ils le sont, ces travailleurs qui veulent faire entendre raison à leur administration. L’ambiance y était celle d’un jour de mécontentement et dans une société comme celle-ci, on l’imagine aisément. De nombreux camions chargés de caisses vides en attente, des policiers assurant la sécurité des uns et des autres, des travailleurs murmurant leur mécontentement, bref ! C’est le décor qu’offraient à voir les lieux, en cette matinée du mercredi 28 janvier 2015. Ce mouvement fait suite à un sit-in entamé les 20 et 21 janvier derniers par des travailleurs de cette société de distribution de boissons, réclamant une augmentation de salaire à hauteur de 100%, une reconsidération des conditions de travail et du dispositif sécuritaire dans leurs unités de production et le centre, conformément aux dispositions en matière de santé et de sécurité au travail, la régularisation de la situation de leurs camarades licenciés dans les années 1994 et 2004 et la reprise des négociations de la convention d’établissement BRAKINA/ SODIBO.

A notre arrivée, les travailleurs étaient réunis autour de l’un de leurs délégués syndicaux, en l’occurrence Patrick Lalsomdé. Et celui-ci de nous situer sur le motif de la grève en ces termes : « Les 20 et 21 janvier derniers, nous avons observé un arrêt de travail pour exiger la satisfaction de notre plateforme qui, jusque-là, est restée comme telle. Dans notre préavis, nous avions mentionné que si nous n’avions pas satisfaction à l’issue des deux jours, nous marquerions un arrêt, cette fois-ci de 72 heures. Depuis lundi, nous sommes là pour les trois jours et à l’issue de cela, si rien n’est fait, nous verrons quelles initiatives prendre pour la suite. » A la question de savoir si aucun point de la plateforme n’a été satisfait par la direction, il a répondu : « Il y a seulement deux points sur lesquels il y a eu des accords partiels, parce qu’il n’a pas été dit quand est-ce que cela se passera. Ces deux points portent notamment sur les décisions de justice de 1994 et de 2004 et sur la convention d’établissement BRAKINA-SODIBO. Sur les deux points restants, notamment l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de vie et de travail à l’usine, rien n’a été dit. » Pour le délégué syndical, les travailleurs concernés par cette grève sont de toutes les catégories, qu’ils soient cadres ou ouvriers. Sur les lieux, nous avons trouvé les manifestants en entrevue, car, ont-ils dit, une convocation leur a été transmise le mardi 27 janvier dernier et quelques-uns de leurs responsables sont allés au tribunal du travail pour y répondre ; le message devait donc être porté au reste des travailleurs. Ceux-ci se sont dit déterminés à aller jusqu’au bout de leur lutte afin d’obtenir gain de cause.

Entre 150 et 200 millions de F CFA par jour de taxes non reversées à l’Etat

De son côté, la direction de la société elle aussi, était en réunion avec les forces de sécurité. Il n’aura pas fallu attendre longtemps avant d’être reçu par le Directeur général de la BRAKINA/ SODIBO, Marc Pozmentier, et ses collaborateurs. Pour le premier responsable des lieux, ce mouvement fait suite à un préavis de grève déposé le 7 janvier dernier. Et de rappeler qu’une déclaration a été publiée par le conseil d’administration dans la presse ; déclaration qui, a-t-il estimé, comporte tous les éléments de réponse aux préoccupations des travailleurs. « Un certain nombre d’accords a été signé en mars 2014 concernant la paie de 2015, apportant une revalorisation du revenu annuel pour chaque travailleur entre 6,5% et 15,10%. Le conseil d’administration estime que le nécessaire a été fait et que la revendication n’est pas recevable.», a souligné M. Pozmentier. Aussi, était-il important, selon lui, que l’opinion publique sache les conditions de travail à la BRAKINA, d’où la publication de la déclaration (NDLR : voir « Le Pays » n°5782 du mercredi 28 janvier 2015). Et de mentionner : « Nous sommes face à un cas assez unique dans l’histoire de l’industrie au Burkina et même dans le monde, où des syndicats bloquent une unité industrielle, menacent ceux qui veulent venir travailler. Ce matin, ils cherchent même à faire sortir ceux qui ont eu le courage de venir travailler. Nous sommes dans un état de droit et chacun est libre de venir travailler et de faire ce qu’il a envie de faire ». Si toutefois les travailleurs persistaient dans leur mouvement, le DG reconnaît que le pire est alors à craindre, car c’est un chiffre d’affaires, a-t-il déclaré, de « 400 millions de F CFA par jour de perdu. De plus, cela ne sera pas un handicap seulement pour la société, mais aussi pour les pouvoirs publics, parce que ce sont entre 150 et 200 millions de F CFA par jour de taxes qui ne seront pas reversées à l’Etat. Vu que nous avons en gros entre 900 et 1 000 employés permanents et prestataires qui travaillent chez nous, ça fait quatre jours de salaire qui ne sont pas payés, si on cumule avec les 20 et 21 janvier, sans compter ce qui se passera sur le marché si toutefois il y a rupture de boissons dans l’ensemble des maquis. » Ce qui, a-t-il estimé, est très problématique.

Pozmentier n’écarte pas aussi le risque d’une pénurie de boissons sur le marché, si le mouvement se poursuit dans les jours à venir. A son avis, il faut rester lucide sur la situation, d’autant plus que le but premier des syndicalistes est d’arriver à une pénurie sur l’ensemble du territoire. Quant à la catégorie de travailleurs qui est en grève, il a trouvé qu’il lui était difficile de se prononcer, parce que les usines sont à l’arrêt à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. « Beaucoup de ceux qui sont dehors ne font même pas partie du personnel. Nous sommes incapables de dire quel est le réel suivi de cette grève parce que, paradoxalement, nous recevons beaucoup de coups de fil de collaborateurs qui demandent s’ils peuvent venir travailler. Hier (NDLR : mardi 27 janvier), nous avons volontairement, pour éviter toute provocation, demandé à tout un chacun de rester chez soi. Ce matin (NDLR : mercredi 28 janvier), il y a carrément de la pression physique au niveau des petits barrages qu’il y a dans l’enceinte de la zone industrielle de Kossodo. » A la question de savoir si les responsables craignaient pour la suite, le DG n’a pas hésité un instant : « Bien sûr que nous craignons pour la suite, parce que ce n’est pas en en arrivant là que le dialogue constructif qui a toujours existé au sein de la société va être renoué très facilement. Nous restons ouvert au dialogue et le comité de crise, qui s’est réuni ce matin, met tout en œuvre pour maintenir ce dialogue. Mais, face à des gens qui ne veulent pas dialoguer, c’est compliqué ; ça devient un monologue et quand on discute tout seul, ce n’est pas pratique. Aussi, l’appel que nous avons à lancer aux travailleurs est très simple : ceux qui veulent travailler sont les bienvenus. Le droit de grève est un droit reconnu, mais aussi, celui de travailler également. »

Christine SAWADOGO
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