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Le Pays N° 5273 du 9/1/2013

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Pourparlers de paix centrafricains : Quelles chances de succès pour Sassou ?
Publié le mercredi 9 janvier 2013   |  Le Pays


Denis
© Le Pays par DR
Denis Sassou N’Guesso, Président du Congo-Brazzaville


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En Afrique centrale, Sassou N’Guesso a souvent été et reste l’homme de toutes les intrigues diplomatiques. Mais cet homme reste lui-même une énigme. Ces multiples initiatives dans nombre de dossiers sous- régionaux, à la lumière des résultats obtenus, apparaissent comme une succession d’échecs. La crise centrafricaine, en l’imposant comme médiateur, constitue pour Sassou un défi personnel, et lui offre l’occasion de réparer ce péché originel. Ainsi, il pourrait redorer son image. Avec cette médiation, Sassou va-t-il réinventer la roue ? En d’autres termes, réussira-t-il à trouver la pierre philosophale de la crise centrafricaine ? En vérité, quel que soit le regard qu’on porte sur lui, il faut constater que les factions rebelles et le pouvoir de Bangui s’accordent sur sa personne. Aucun camp ne le conteste. Et, sa détermination, son courage lui valent l’estime des parties en conflit. Général et ancien chef rebelle lui-même aux sombres heures de la guerre civile congolaise, Sassou n’ignore rien des rapports de force, et des subtilités de l’art militaire. Tout cela lui sera fort utile pour désamorcer les manœuvres des jusqu’au – boutistes des deux camps. Après tout, le peuple centrafricain n’attend pas de lui une médiation humanitaire, mais une solution durable, librement consentie par chacune des parties. De telle sorte que sa misère matérielle, sa misère morale, faites de blessures quotidiennes à son amour-propre et à son sentiment national puissent prendre fin. C’est dire que Sassou devra compter avec les réalités du peuple centrafricain. Les pourparlers sont déjà un succès, puisqu’ils permettent à toutes les tendances de la société centrafricaine de se retrouver à Libreville. Les parties en conflit semblent songer à l’intérêt national de leur pays. Les critères d’une médiation efficace restent la neutralité, l’impartialité, l’indépendance mais aussi et surtout la discrétion. Le médiateur n’impose pas mais négocie une solution avec toutes les parties en conflit. Il doit inspirer confiance. Sassou dispose d’un atout majeur : il connaît bien la région et les acteurs, et il a aussi une longue pratique des questions régionales. Mais sa médiation sera-t-elle couronnée de succès ? Quoi qu’il en soit, le médiateur ne peut imposer sa volonté aux Centrafricains. Ce qui suppose un peu de tolérance entre eux, car la tolérance repose toujours sur la réciprocité. Le but fondamental de la médiation de Sassou est de leur rendre le respect d’eux-mêmes et leur dignité politique. L’enjeu de la médiation consiste aussi à doter la Centrafrique d’une direction politique unifiée. Aux Centrafricains de comprendre, comme l’avait si bien relevé en son temps Theodor Herzl, qu’ « une nation doit s’aider elle-même, d’elle seule peut venir son salut. Et si elle ne le fait pas , c’est qu’il n’y a pas de salut pour elle ». L’Afrique attend donc une onde de choc de la médiation Sassou. Si elle réussit, demain, on parlera d’une « méthode Sassou ». Mais si elle échoue, ce sera une preuve terrible contre Sassou lui-même, renvoyé à son passé de médiateur sans talents et sans résultats. Bref, un médiateur inefficace.

Abdoulaye BARRO

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