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Le Pays N° 5273 du 9/1/2013

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Culture de contre-saison au BURKINA FASO
Publié le mercredi 9 janvier 2013   |  Le Pays




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Pour faire face à la question de l’autosuffisance alimentaire, le Burkina Faso, au-delà de son programme annuel rythmé par le passage cyclique de l’hivernage, a décidé d’accrocher d’autres cordes à son arc. C’est ainsi que le programme dénommé la culture de contre-saison a été initié et encouragé pour soutenir les ménages et écourter les périodes dites de ‘’soudure’’. Mais quel est l’état des lieux de la culture de contre-saison à Nouna ? C’est pour tenter d’apporter une ébauche de réponse à cette question que nous nous sommes rendus dans les jardins de la ville de Nouna, ce dimanche 6 janvier 2013.Voici ce que nous avons constaté.

La croyance populaire veut qu’une froidure insupportable accompagne une saison hivernale bien arrosée. Coïncidence ou vérité immuable, ce qui est sûr, c’est qu’il faisait froid ce matin du dimanche 6 janvier 2013 à Nouna. Et c’est aussi une véritable lapalissade que de dire que Nouna et ses alentours ont été très bien arrosés cette saison hivernale. Mais, malgré ce froid qui sévit à Nouna en ce début de la période post-hivernale, les jardiniers nounais n’ont pas abandonné leurs habitudes, c’est-à-dire le jardinage après la saison des pluies. Et à Nouna, c’est le secteur 4 qui est réputé dans la pratique du jardinage. Et c’est là que nous nous sommes rendus. Il était 8h30 lorsque nous sommes arrivés dans le premier jardin. La majeure partie des jardiniers avait déjà fini l’arrosage des planches. C’est avec enthousiasme que nous avons été accueillis par Yaya Sérémé, le premier jardinier auquel nous nous sommes adressés. « Je suis né en 1982 et je ne suis jamais allé à l’aventure. Chaque année, après les travaux champêtres, je me consacre à mon jardin » nous a-t-il déclaré. Comme spéculations, Yaya Sérémé jardine les oignons, les choux, et un peu d’aubergines. A la question de savoir s’il s’adonne à la culture du maïs ‘’Bondo Fa’’, M. Sérémé avoue ne cultiver le maïs dans son jardin que pendant l’hivernage où son terrain n’est plus propice aux cultures maraîchères habituelles. Les difficultés sont nombreuses si l’on se lance dans le jardinage à Nouna, selon le mot de Yaya Sérémé. Parmi ces difficultés, il souligne les problèmes d’eau, de semences, d’engrais et d’écoulement des productions. Sont-ils soutenus par l’Etat ? « Non », nous a répondu, sans ambages, notre interlocuteur. A ce propos, il assure que si une aide conséquente de l’Etat leur était accordée, ils pourraient booster à leur manière, l’économie nationale en contribuant à la création d’emplois saisonniers et à la résorption de l’exode des jeunes vers d’autres villes du pays ou hors du pays. Sans évoquer son chiffre d’affaire, Yaya Sérémé reconnaît tirer son épingle du jeu à travers son activité du jardinage. « Je m’en sors et Dieu merci. Nous demandons vraiment à l’Etat de nous aider à résoudre le problème d’eau et d’écoulement de nos produits » nous a-t-il lancé au moment où nous le quittions. Ces problèmes évoqués par Yaya Sérémé, sont vécus par son voisin de jardinage, Souleymane Ouédraogo. « Cela me fait une décennie de jardinage et je n’ai jamais reçu une aide quelconque.

Nous sommes confrontés aux problèmes de semences, d’eau et d’écoulement des produits » nous a-t-il dit avant d’ajouter qu’ils ont aussi d’énormes difficultés en termes d’équipements. « Ce sont nos vieux puits et nos défectueuses puisettes que nous utilisons pour l’arrosage de toutes nos planches ». Cette question d’équipement a été soulevée un peu plus loin, par Souleymane Zongo, un jeune qui dit avoir préféré le jardinage à l’exode interne ou externe. « J’ai fait un petit stage chez quelqu’un avant de m’installer à mon propre compte il y a 5 ans de cela maintenant » nous a-t-il révélé. Si les premiers interrogés disent n’avoir pas de motopompes, ce n’est pas le cas d’Abdoulaye Karambiri qui utilise cette machine. « Mais le problème, c’est que les puits tarissent généralement à partir de fin janvier-début février. Là, je suis obligé d’utiliser la puisette car les tuyaux de la motopompe ne peuvent plus atteindre l’eau au fond du puits » nous a-t-il confié avec un air de dépit et d’impuissance. Le vieux Drissa Karambiri, 75 ans, a préféré, lui, se consacrer entièrement à l’activité de pépiniériste. Il dit avoir travaillé pendant 13 ans avec un projet de foresterie et c’est à la fin de ce projet qu’il a décidé de s’installer à son propre compte, nous a-t-il précisé. « Les arbres ne s’achètent pas bien à Nouna. Je vends les arbres fruitiers à 100 F CFA et les autres à 50 ou 75 F CFA. Mais généralement, c’est en août que les arbres s’achètent un peu. Nous avons vraiment besoin de soutien » a-t-il conclu. Si le vieux Drissa Karambiri ne pratique que l’activité de pépiniériste, ce n’est pas le cas d’Abdramane Koussé. Après 26 ans passés à Ouagadougou et quelque temps à Bobo-Dioulasso, ce menuisier-plombier a décidé de revenir s’installer à Nouna où il dit exploiter deux jardins où les spéculations varient. « L’un des jardins me sert à cultiver les oignons, les choux et autres aubergines et le deuxième me permet de faire de la tomate, de la laitue et des arbres fruitiers, notamment les papayers ».

Comme difficultés, M. Koussé, cite les problèmes d’eau, d’écoulement, d’engrais et de produits de traitement pour leurs spéculations. « Ce qui me surprend et me choque le plus, c’est notre paradoxe par rapport à la question d’eau. Chaque saison hivernale, particulièrement cette année, nous avons de grandes quantités d’eau et une fois l’hivernage passé, nous, nos bêtes et nos plantes mourons de soif » s’est-il indigné avant d’ajouter « je lance vraiment un appel à l’Etat et à toutes les bonnes volontés pour nous aider ne serait-ce qu’avec un barrage aux alentours de Nouna. Je reste convaincu que cela nous aidera beaucoup » a-t-il conclu. Cette conviction, elle est partagée par beaucoup de jardiniers rencontrés lors de cette tournée. Si parmi ceux rencontrés, personne ne cultive le maïs pendant la saison sèche dans son jardin, c’est tout d’abord à cause du problème d’eau qui se pose très tôt( janvier-février) mais aussi, « cela est dû au fait que beaucoup utilisent leurs parcelles d’habitation pour faire du jardinage » nous a confié M. Koussé avant d’ajouter que « si nous avons un bon barrage ici, vous verrez ce que nous sommes capables d’apporter comme contribution à la lutte pour l’autosuffisance alimentaire pour notre pays, le Burkina Faso ». Vivement donc que les appels des jardiniers de Nouna soient entendus. En tout cas, ils n’attendent que l’aide de l’Etat, eux qui se battent déjà avec les moyens de bord, pour participer au combat lancé pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire et contribuer à nourrir le Burkina Faso.

Hama Hamidou DICKO

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