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Le Pays N° 5272 du 8/1/2013

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Mobilisation des Djihadistes vers le Sud : Le déclic d’une intervention militaire ?
Publié le mardi 8 janvier 2013   |  Le Pays




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Ce qui n’était qu’une simple supputation, une appréhension, voire une crainte volontairement dissimulée, risque de devenir la plus triste des réalités que le Mali ait jamais vécues. Avec la mobilisation récemment constatée des mouvements islamistes qui se dirigeraient vers le Sud du pays, la descente des djihadistes sur la capitale malienne est une hypothèse dont la probabilité de réalisation n’est plus forcément nulle. Exceptés les Shebabs de la Somalie dont la présence n’a pas encore été officiellement révélée, presque toutes les tendances islamistes africaines ont répondu favorablement à l’appel des occupants illégaux du Nord-Mali. Mais cette dernière évolution de la situation de crise qui prévaut au pays de Soundiata Kéita n’est guère étonnante. Plus que l’option des islamistes de lancer une attaque militaire au moment où certains d’entre eux se disent disposés à dialoguer, c’est plutôt le temps qu’ils ont mis pour se décider à poursuivre leur conquête du territoire malien, qui laisse perplexe. La nouvelle donne dans cet autre épisode du conflit qui oppose le gouvernement malien aux djihadistes, c’est surtout le renfort que leur apporte Boko Haram du Nigeria. Peut-être cet appui non négligeable, ainsi que le retournement de veste d’Ansar Dine ont-ils été déterminants dans la décision du MUJAO, d’AQMI et d’Ansar Dine à passer à une autre étape dans leur projet. Ainsi en auraient-ils profité pour anticiper et prendre leurs adversaires à court. L’attaque étant, par ailleurs, l’une des meilleures défenses, pourquoi attendraient-ils d’être mis à l’épreuve pour réagir ? Et le contexte s’y prête d’autant plus que la fameuse intervention militaire africaine, longtemps annoncée, est plus que jamais aléatoire. La solution pacifique semble plus séduire nombre de partenaires maliens, et non des moindres, dans la tentative de résolution de la crise, et cerise sur le gâteau, l’armée malienne joue les poules mouillées. La véritable inconnue qui peut se présenter comme un sursis pour le Mali se trouve dans l’équation de la capacité de frappe réelle de cette présumée coalition islamiste spontanée. Les groupes désormais installés au Nord du Mali, même avec le soutien de leurs camarades venus du Nigeria, ont-ils vraiment les moyens matériels et humains nécessaires pour marcher sur Bamako ? Leur tentative de progression n’est-elle pas un simple bluff, qui vise en réalité à semer la panique dans le camp adverse ? Que gagnent-ils alors à créer juste un effet de peur s’ils n’ont pas la capacité d’en profiter en termes de maîtrise de la zone ciblée par leur assaut ? Les djihadistes prendront-ils vraiment le risque de disperser leurs énergies et moyens dans une expédition incertaine par ce temps de tension latente où chaque camp affûte ses armes ? Un tel exercice n’en vaudrait, en ce moment, pas la peine en ce sens surtout qu’il peut produire un effet boomerang. Ce qui aurait pour conséquence d’engendrer plus de solidarité vis-à-vis du Mali et, pourquoi pas, de constituer le déclic favorable à une opération armée internationale contre les islamistes qui écument le Nord-Mali. Les fous de Dieu n’ont cependant jamais eu l’air de plaisantins quand il s’agit d’étendre la portée de leurs pratiques et idéologies religieuses extrémistes. La nouvelle situation mérite, par conséquent, d’être interprétée et gérée avec le plus grand sérieux. Elle est déjà si tendue au regard de la progression des islamistes qui ne sont plus qu’à Boré, localité située à une quarantaine de kilomètres du Sud. Il est donc à craindre, dans les jours, voire les heures à venir, un affrontement entre forces loyalistes et irrégulières. Des mouvements armés illégaux comme le MNLA semblent déjà subodorer un tel danger, eux qui ont déjà remis leurs armes à des militaires mauritaniens pour éviter qu’elles ne tombent dans les mains des djihadistes. Que feront maintenant l’ONU, l’UA, la CEDEAO et les autres pays du Sahel ? Attendront-ils que le Mali entier tombe sous la coupe des islamistes et que ces derniers mettent le cap sur un autre pays sahélien pour agir ? S’ils recherchaient un réel motif du refus ou du mépris des négociations par ces derniers pour enfin passer à la deuxième et dernière option qu’est la solution armée, ils ont là un fait plus que clair. Car, pour une raison d’intervenir militairement au Nord du Mali, la chevauchée des djihadistes vers le Sud en est plus qu’une. Fermer les yeux sur une telle évidence et persister dans l’inaction inexplicable reviendraient à se rendre complice de l’expansion de l’extrémisme religieux et du terrorisme.

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