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Le Pays N° 5269 du 31/12/2012

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SALVADOR YAMEOGO A PROPOS DU DEVELOPPEMENT DE SA VILLE : « Koudougou a pendant longtemps été marginalisée »
Publié le mercredi 2 janvier 2013   |  Le Pays


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© Autre presse
Panneau à l`entrée de la ville de Koudougou


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Le 52e anniversaire de l’Indépendance du Burkina a été célébré cette année le 11 décembre 2012 à Koudougou, chef-lieu de la région du Centre-Ouest, qui a vu naître le père de la nation. A cette occasion, nous avons rencontré le représentant de la famille de l’illustre disparu, Salvador Yaméogo, qui loue l’honneur rendu à son père. Il s’est également prononcé sur bien des sujets relatifs à ses relations avec son frère aîné, Hermann Yaméogo, sur le développement de Koudougou et sur les actions que mène sa famille pour construire une paix durable dans la cité du Cavalier rouge.

« Le Pays » : Le 52e anniversaire de l’Indépendance du Burkina a été célébré cette année le 11 décembre 2012, à Koudougou. En tant que fils du père de la nation, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Salvador Yaméogo : L’accession à l’Indépendance est le jalon majeur dans l’histoire d’une nation. La célébration chaque année de cet événement majeur participe de cette nécessité d’enraciner certaines valeurs républicaines et citoyennes au sein de la nation. L’édition de cette année a ceci de particulier qu’elle a eu lieu dans la ville qui a vu naître celui qui a proclamé l’indépendance de la nation. Avant lui, d’autres bâtisseurs de la région se sont signalés, tels que Philippe Zinda Kaboré. Mais l’histoire retiendra que c’est Maurice Yaméogo qui a prononcé l’accession à la souveraineté nationale et internationale de notre pays. Pour la famille, c’est une joie, c’est un honneur de voir ce devoir de mémoire magnifié cette année avec un baptême de rue, une statue à son effigie et un dépôt de gerbe de fleurs sur sa tombe avec tous les honneurs dus à son rang. Ce qu’on n’avait pas vu depuis sa mort (NDLR : en 1993). Comme j’aime à le dire, en proclamant l’indépendance du Burkina, Maurice Yaméogo a échappé à sa famille pour devenir le père de la nation. Ce dont je me félicite, c’est de voir aujourd’hui ces jeunes qui ne l’ont pas connu et qui sont curieux de connaître ce monsieur qui a proclamé l’indépendance de la Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, déployé toute son énergie pour faire de ce petit pays enclavé, sans ressources, pays qui avait été démembré puis reconstitué, un Etat moderne. Cette commémoration est une occasion d’introspection de ce souvenir pour mieux se projeter dans l’avenir, pour comprendre que dès la proclamation de l’indépendance, nous avions des hommes de valeur même si nous n’avions pas le nombre de cadres que l’on a aujourd’hui. On avait des personnes animées de la passion de travailler pour l’émergence de notre pays.

A vous entendre, votre père avait beaucoup d’ambitions pour le pays. Pensez-vous que s’il avait régné longtemps, il aurait mieux fait que ses successeurs ?

Cela peut paraître subjectif, de la politique fiction, mais j’ai la conviction intime que s’il avait pu terminer ne serait-ce que son second mandat de 1965 à 1970, il aurait pu mettre la Haute- Volta d’alors sur de meilleurs rails. Malheureusement, il a buté sur des problèmes de trésorerie et le pouvoir autour de lui s’est décomposé. Mais c’est quelqu’un qui avait une vision et c’est ce qui est plus important. Quand on regarde les images des archives de la télévision, on le voit mettant en place la Radio et la Télévision voltaïques. A l’époque, il y avait des pays qui avaient plus de moyens que le nôtre mais qui n’avaient pas cette audace de se doter d’une télévision ou d’une radio. C’est pour vous dire que c’est quelqu’un qui pensait que rien n’était trop bon pour son pays.

Jusque-là, il n’y avait pas de rue importante qui portait le nom de votre père. Pensez-vous que l’Etat a mis du temps avant de lui rendre hommage à travers les éléments que vous avez cités plus haut ?

A Ouagadougou, il y a une avenue qui porte son nom. A l’inauguration de cette rue, j’avais dit ceci au maire Simon Compaoré : « Si vous pensez que cette avenue, dans l’état où elle est, correspond à ce qui doit être fait pour Maurice Yaméogo, nous acceptons ». Mais honnêtement, c’est un point de vue personnel, il n’y a pas, dans la capitale, d’avenue, de place ou de monument à la hauteur du père de la nation. Koudougou, par contre, a maintenant comblé cette lacune à travers la rue qui a été baptisée en son nom et sur laquelle s’est déroulée la grande parade civile et militaire le 11 décembre 2012. Donc, je peux dire que sur ce côté, les choses avancent doucement mais sûrement.

La famille Yaméogo était beaucoup divisée. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Pour restituer les choses dans leur entièreté, il y a quelques années, précisément à l’époque où le problème de la Côte d’Ivoire s’était posé, des différences d’appréciation au sein de la famille entre mon aîné (NDLR : il s’agit de Hermann Yaméogo) et moi à propos de l’attitude à observer. Cette situation a évolué et je pense que l’objet du différend qui était Laurent Gbagbo est aujourd’hui à la Cour pénale internationale (CPI), donc il n’y a plus, en quelque sorte, matière à s’opposer à ce sujet. Mais bien avant que cette situation politique ne se dénoue, il y a eu, au sein de la famille, des démarches pour se rapprocher, notamment sur initiative du chef de Nanoro, qui ont abouti en fin 2010. Mais comme la crise de 2011 est venue nous secouer, nous avons mis entre parenthèses ce problème, estimant qu’il y avait plus important pour le pays que les retrouvailles de deux frères. Il n’y a plus de problème au sein de la famille Yaméogo. Le fait que le grand frère m’a mandaté pour être le porte-parole de la famille est le signe qu’il n’y a plus l’ombre d’un conflit entre nous.

Le manque de cohésion entre les fils de Koudougou constitue un obstacle à la réalisation de certains projets d’envergure. Même la célébration du 11- Décembre a failli en pâtir. Comment expliquez-vous cette situation ?

Je suis moins à l’aise pour parler de cette question qui est d’une grande importance. Je pense que, d’une manière générale, quand dans une région ou une province, tous les fils ont la capacité d’instaurer un dialogue, la capacité d’établir des passerelles pour traiter des sujets d’intérêt commun, cette région ou cette province est forte. Malheureusement, cela n’a toujours pas été le cas à Koudougou pour des raisons que je ne saurais détailler ici. Il y a toujours eu des rivalités politiques, peut-être savamment entretenues ailleurs, ce qui n’est pas à exclure. Mais je crois qu’après la crise, quand les débats se sont ouverts sur les réformes politiques dans le cadre des assises régionales, nous avons eu l’occasion d’échanger entre nous ici à Koudougou et j’ai cru percevoir un début de changement par rapport à cela. Mon souhait est que les mois qui viennent puissent confirmer cela. On sort d’une élection qui a été très disputée, très passionnée. Peut-être que quand la fièvre va retomber, les gens sauront s’accorder sur l’essentiel pour pouvoir travailler au développement économique de la région en général, et de Koudougou en particulier.

En dépit des hautes personnalités dont a bénéficié la région du Centre-Ouest, à savoir le premier président et les deux Premiers ministres dont l’actuel, le développement tant attendu par les populations de cette région tarde à voir le jour. Qu’est-ce qui explique cela ?

Effectivement, la région a eu la chance d’avoir, après le premier président, les Premiers ministres Tertius Zongo et Luc Adolphe Tiao et il est évident qu’avoir des fils de la région à ce niveau de responsabilité, est de nature à booster le développement. Peut-être que ce qui explique la lenteur à percevoir cela, c’est que, pendant longtemps, avant cette période, Koudougou a été marginalisée. La ville a été peut-être victime de son passé. Parce qu’entre Maurice Yaméogo et le Premier ministre Tertius Zongo, il y a eu quand même des années. Ce que vous dites est certainement fondé mais si on rapproche dans le temps ces deux événements, on se rend compte que c’est peut-être depuis 6 à 7 ans que Koudougou est en train d’être relancée. Avec la célébration du 52e anniversaire ici, il y a eu des investissements à hauteur de 16 milliards si je ne m’abuse, en matière d’infrastructures routières, de salle de spectacles, etc., et je pense que nous allons probablement assister à un redémarrage économique de Koudougou. Pourquoi ? Parce que la ville constitue un carrefour. Si le bitumage de la route Koudougou-Dédougou est achevé, si le projet de rénovation du chemin de fer avec Abidjan se réalise, si l’autoroute Abidjan-Ouagadougou est construite, je pense que, naturellement, Koudougou va retrouver la place de carrefour qui était la sienne et cela va certainement contribuer à relancer l’activité économique de la cité. Il y a aussi le secteur minier avec Perkoa. Je crois que, de manière générale, la région n’est pas mal lotie pour repartir sur de bons rails. Maintenant, si dans le panier de la ménagère, le peuple ne ressent pas suffisamment les fruits de la croissance ou de la relance, cela est un autre volet qui n’est pas propre à Koudougou, mais à tout le Burkina.

Selon vous, qu’est-ce qu’il faut pour que Koudougou regagne son image d’antan ?

Je pense qu’il faut d’abord que la paix s’installe définitivement, que nous ayons la capacité de discuter, de débattre ouvertement à chaque survenue de conflit. A l’heure où je vous parle, il y a une crise à l’Université de Koudougou. J’espère qu’elle est en train de trouver une solution définitive. La sociologie de Koudougou a changé à cause de l’université où il y a un grand nombre d’étudiants. Et partout où il y a des étudiants en masse, c’est l’âge de la contestation et c’est un peu normal. Mais cette situation n’est plus liée à Koudougou. Les gens commettent l’erreur de ne pas faire la différence entre Koudougou dite ville rebelle et cette sociologie qui est en train de se modifier avec l’existence de l’université. Je pense qu’il faut que nous ayons cette capacité de garder cette paix sociale, cette cohésion. Deuxièmement, il faut mettre à profit les investissements structurants, notamment au plan des infrastructures routières, etc. Il faut aussi développer le tourisme car il y a des infrastructures hôtelières dont la rentabilité dépend du taux de leur fréquentation. Il y a aussi cette tradition ancienne de commerce à Koudougou qu’il faut redynamiser parce qu’il s’agit d’une ville carrefour. En plus de cela, si le potentiel minier est bien exploité, bien cadré, il pourra également contribuer à l’essor économique de la région.

Vous avez dit que Koudougou a longtemps été marginalisée. A quoi cela est-il dû ?

Sans vouloir tourner autour du pot, je pense que les circonstances dans lesquelles le président Maurice Yaméogo a perdu le pouvoir, ont mis une chape sur Koudougou pendant de longues années. C’est peut-être cela qui a fait que les gens se sont repliés sur eux-mêmes. Mais il ne faut pas non plus voir tous les torts d’un seul côté. Peut-être que nous, habitants de Koudougou, n’avons pas su faire l’effort de dépasser cette période historique qu’avait connue la région, en l’occurrence la ville favorisée.

En tant que fils du père de la nation, que faites-vous pour changer cette situation ?

Ce que nous faisons, c’est de plaider en faveur de cette cité du Cavalier rouge. Il n’y a pas longtemps, le ministre de la Culture et du tourisme, Baba Hama, a visité le palais de Koudougou (NDLR : il s’agit du palais construit par son père), et il a manifesté sa volonté et son ambition à travailler de concert avec la succession pour que ce palais soit réhabilité. C’est un exemple qui montre que nous avons aussi la possibilité de jouer notre partition en faisant en sorte que ce bâtiment qui, sur le plan architectural, est un beau joyau, puisse redevenir un lieu d’histoire et de mémoire par rapport à ce que la Haute-Volta d’alors a été et les événements qui se sont déroulés autour de ce palais.

« Contribuer à pérenniser la mémoire de Maurice Yaméogo »

C’est la façon par laquelle la succession entend contribuer à la foi à pérenniser la mémoire de Maurice Yaméogo et à faire en sorte que ce qu’il a laissé serve aux jeunes d’aujourd’hui, aux étudiants, aux chercheurs et aux générations futures. Mais aussi, pour que tous ceux qui veulent venir à Koudougou comprennent ce qui s’est passé au moment de l’indépendance de la Haute-Volta, pas seulement au Burkina, mais aussi dans les pays voisins et amis tels que la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Togo. Car, l’on a vu sur certaines images d’archives, dans le cadre de la commémoration de ce 52e anniversaire de l’indépendance, qu’il y avait, en 1960, une réelle solidarité entre les pays du Conseil de l’Entente, pour ne citer que ceux-là.

Certains appellent Koudougou la Benghazi du Burkina. Que ressentez-vous quand vous entendez cela ?

Ville de rebelles, Benghazi ; quand on entend cela, on éprouve de la frustration, un sentiment d’injustice et d’incompréhension. Je pense qu’un peu plus qu’ailleurs, les gens refusent l’injustice ou la violence gratuite et c’est ce qui les amène à réagir de sorte qu’on les prenne pour des rebelles. Je pense que c’est un mauvais procès qui est fait à la population de Koudougou, qui paraît avoir le sang chaud, mais qui est quand même capable de générosité. Il faut aussi savoir que dans la rébellion, il y a une dimension positive qui permet d’évoluer, de bousculer les choses.

« S’il n’y avait pas eu la révolution, certaines choses ne seraient pas faites dans ce pays »

Soyons clairs, s’il n’y avait pas eu la révolution qui est le summum de la rébellion, certaines choses ne seraient pas faites dans ce pays. C’est un parallèle que certains trouveront trop osé, mais je pense que les habitants de Koudougou sont fondamentalement opposés à l’injustice. Ce que vous leur donnez, ils vous le rendent avec générosité, ce que vous leur prenez injustement, ils ne l’acceptent pas. C’est cela qui fait qu’on les taxe de vandales ou de rebelles. Mais je pense que c’est une situation qui est en train de changer, d’évoluer dans le bon sens. On a pu constater que les élections se sont déroulées dans un climat apaisé ainsi que le 11- Décembre qui a été une belle fête, une réussite avec une forte mobilisation. C’est la preuve qu’à Koudougou, les choses évoluent.

Justement, êtes-vous satisfait de la mobilisation des populations autour de cette commémoration du 11-Décembre ?

J’avoue que je n’ai pas visité tous les lieux mais, d’une manière générale, je trouve que cette fête s’est bien déroulée, même s’il y a eu quelques ratés. Particulièrement au niveau de la programmation des activités ou de la circulation de l’information. Mais on sent qu’il y a eu un effort aux plans historique, culturel et touristique et l’on a mis les petits plats dans les grands pour que la fête soit belle.

Certains estiment qu’une paix durable à Koudougou dépend fortement de la famille Yaméogo. Qu’en dites-vous ?

Mon frère aîné Hermann Yaméogo est mieux placé pour répondre à cette question. Cependant, je puis affirmer sans risque de me tromper, qu’après la crise de 2011 suite à la mort de l’élève Justin Zongo, contrairement à ce que certaines personnes ont hâtivement affirmé, Hermann Yaméogo, avec l’appui de la famille, a tout fait pour calmer le jeu, pour ramener un minimum de sérénité et de paix dans la ville sans pour autant renoncer à ce que la justice soit dite. Cela n’est pas contradictoire. On peut bien être pour la justice et aussi estimer que c’est dans l’ombre que l’on peut rendre la justice. Je pense que ce que la famille a pu faire, elle l’a fait de bon gré et de bonne foi et c’était de notre rôle. Sachant qui était notre père, nous avons l’obligation morale partout où des situations malheureuses se produisent, de travailler à ce qu’il y ait le dialogue, la paix et la cohésion sociales.

Vous laissez paraître beaucoup de valeurs qu’incarnait votre père. Quelle image voulez-vous qu’on garde de lui ?

L’image que je voudrais vraiment qu’on garde de mon père, c’est celle d’un patriote. C’est quelqu’un qui aimait passionnément son pays, qui avait de l’ambition pour son pays. Les gens ont confondu les ambitions personnelles et celles qu’il nourrissait pour son pays. Et c’est l’erreur qui a été faite sur Maurice Yaméogo. Il n’était pas ambitieux en tant que tel parce que dès qu’il y avait eu des problèmes, il a rendu le tablier. Il a dit non, je ne vais pas verser du sang, je préfère repartir dans mon village et confier le pouvoir à l’armée. Je crois qu’on peut retenir cela. C’est quelqu’un aussi qui avait une foi dans l’avenir de ce pays. Jusqu’à ces derniers jours, il était toujours enclin à s’entourer de jeunes pour leur expliquer son parcours, ce qu’il a vécu, à les encourager et à les motiver à apporter leur pierre à l’édification de la nation. Donc, c’est quelqu’un qui est resté toute sa vie jeune dans sa tête et cela a été un atout pour nous qui sommes ses enfants, de pouvoir bénéficier à la foi de sa sagesse, de son expérience, de ses connaissances, mais aussi d’un certain dynamisme qui ne l’a jamais quitté jusqu’à son dernier souffle.

Quelles relations entretenez-vous avec les autres partis politiques en place ?

Ce sont des relations de bonne collaboration à la fois avec les formations qui sont de notre bord et celles qui ne le sont pas, mais pour lesquelles il est nécessaire de se parler. Donc, il n’y a pas de problème majeur à ma connaissance.

Pouvez-vous nous donner les résultats obtenus par votre parti aux élections couplées qui viennent de s’achever et êtes-vous satisfait de ces résultats ?

Ce que je peux dire, c’est qu’après notre réconciliation familiale, nous avons prolongé cet esprit de paix sur le terrain politique et, avec ma formation politique RDF (Rassemblement des démocrates du Faso), nous avons coalisé nos efforts pour ce scrutin. J’ai conduit la liste nationale de l’UNDD de Hermann Yaméogo (Union nationale pour la démocratie et le développement) mais, malheureusement, nous n’avons pas obtenu les résultats escomptés pour des raisons diverses et un peu longues à expliquer ici. Objectivement, ça n’a pas été une bonne campagne pour l’UNDD. Nous avons eu un député à Koudougou (NDLR : il s’agit de Benjamin Yaméogo) et quelques conseillers sans pourtant avoir la possibilité de prendre la mairie. Donc, c’est un bilan mitigé dans la mesure où en 2007, l’UNDD n’avait pas eu d’élus. Et quand vous n’avez pas d’élus, vous n’êtes pas au gouvernement et c’est un peu difficile de pouvoir réaliser des scores assez élevés aux élections. Mais je voudrais faire comprendre que la capacité d’un homme politique ou d’un parti politique à apporter sa contribution à l’édification de la nation, aux débats sur les réformes, à tout ce qui peut être mis en œuvre pour mettre le pays sur les rails, n’est pas liée forcément à la taille de ce parti. Il y a des personnes qui ont des potentialités, des capacités de projection et de proposition qui vont au-delà du score mathématique qu’ils ont réalisé. Le plus important, de mon point de vue, ce n’est pas la conquête du pouvoir, bien sûr, on crée un parti pour conquérir le pouvoir mais il faut qu’au moins, les idées pour lesquelles on se bat arrivent au pouvoir même si ce n’est pas avec soi.

« On peut gagner les élections sans avoir la paix »

Et je me réjouis de voir que dans le cadre des élections partisanes très disputées, un parti comme l’UNDD ait eu le courage de dire non au système de gouvernance actuel et demander qu’il y ait un pacte transversal, parce qu’on peut gagner les élections sans avoir la paix. Et ce que nous avons vécu en 2011 doit rester constamment dans notre mémoire car, on dit que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Donc, il ne faut pas retomber dans les mêmes travers qui ont conduit à la crise de 2011.

Quelle appréciation faites-vous de ce scrutin ?

Certes, nous n’avons pas eu les résultats souhaités mais nous estimons que des efforts ont été faits pour rendre ce scrutin équitable et transparent. La CENI (Commission électorale nationale indépendante) a abattu un gros travail, même s’il y a toujours des lacunes à corriger. C’est vrai que le parti majoritaire est conforté dans ses bases, mais on voit l’émergence de nouveaux partis et, à mon avis, cela va contribuer à enrichir les débats, en un mot, le système politique burkinabè. Toute chose qui est un bon augure pour l’avenir du pays.

Certains estiment que les résultats peu satisfaisants de l’UNDD sont liés au fait qu’elle a été ondoyante ces dernières années. Que leur répondez-vous ?

Je pense que ce n’est pas tout à fait faux. Je crois que l’UNDD a eu peut-être du mal à communiquer sur sa stratégie, sur sa vision du pouvoir et sur sa feuille de route. C’est ce qui explique que les gens sont dans des schémas beaucoup plus classiques, c’est-à-dire majorité, opposition, d’un côté les bons et de l’autre les mauvais. Nous pensons que la politique, pour un pays comme le nôtre qui aspire à émerger, n’est pas aussi simple. Donc, cela met l’UNDD et les partis qui en sont proches dans une dynamique qui peut peut-être sembler peu abordable à la grande masse. C’est possible et c’est le reproche qui nous est fait régulièrement. C’est donc à nous de corriger cela et faire en sorte que, dans l’avenir, nous puissions expliquer clairement les options qui sont prises.

Peut-on s’attendre à une fusion entre l’UNDD et le RDF dans les mois ou années à venir ?

C’est possible à partir du moment où les raisons qui m’ont amené à créer le parti n’existent plus. Je n’ai pas vocation d’évoluer en solitaire car, comme on le dit, l’union fait la force. Et c’est peut-être en se retrouvant que l’on pourra espérer avoir une meilleure visibilité et partant, de meilleurs résultats.

Un mot en guise de conclusion ?

Je voudrais d’abord remercier les Editions ‘’Le Pays’’ et l’ensemble de la presse burkinabè pour l’effort qui a été fait pour rendre visible les activités commémoratives de ce 52e anniversaire de l’indépendance de notre pays, pour faire découvrir Maurice Yaméogo, ses camarades de l’époque, ses devanciers, etc. Cela est très important. Comme on le dit, la presse c’est le 4e pouvoir, vous avez un rôle d’informer, mais aussi d’éduquer les populations en essayant de prendre un recul nécessaire pour être objectif. Vous travaillez dans des conditions difficiles (NDLR : l’interview a eu lieu entre 22 h et 23 h), mais le résultat en vaut la peine.

Interview réalisée par Dabadi ZOUMBARA

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