Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Burkina Faso    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Le Pays N° 5287 du 28/12/2012

Voir la Titrologie

  Sondage


 Autres articles


Comment

Société

Gratuité des soins de santé maternelle et infantile « Dites-nous ce qui est gratuit dans tout ça »
Publié le lundi 31 decembre 2012   |  Le Pays




 Vos outils




La gratuité des soins de santé maternelle et infantile, on en parle mais est-elle vraiment une réalité sur le terrain ? L’exemple du jeune Aziz et de sa femme que nous avons rencontré en dit long. Leur fille est née le 4 décembre 2012. Eux n’ont jamais entendu parler de cette gratuité puisque tout au long de la grossesse de sa femme jusqu’à l’accouchement, il n’a cessé de débourser de l’argent pour les soins. Aziz se laisse difficilement convaincre sur le sujet. Comme lui, ils sont nombreux les couples qui connaissent ces difficultés. Le cas de ce jeune couple nous a édifié et nous l’avons rencontré le 22 décembre 2012 à Ouagadougou pour en savoir plus.

Chaque année, environ 2 000 femmes meurent en couche, soit six femmes par jour. Aussi, plus de trois cents enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de maladie. Cette situation est causée par plusieurs facteurs notamment les barrières financières, géographiques et culturelles. La situation est grave à telle enseigne que les associations féminines se révoltent. A travers des marches, des conférences et autres cadres d’expression, elles ne ratent pas l’occasion de se faire entendre. Dans ce sens, plus de deux cents femmes issues des associations féminines avaient été conviées dans la salle de conférences de la Maison de la femme de Ouagadougou pour une causerie éducative. C’était la veille de la Journée internationale de la femme 2012. Elles ont bénéficié de plusieurs communications qui ont étayé la situation de la mortalité maternelle et infantile au Burkina. A l’issue de cette causerie, les femmes ont marché pour se faire entendre des autorités compétentes par rapport à la problématique de la levée des barrières financières pour l’accessibilité aux soins de santé des femmes enceintes et des enfants de moins de 5 ans. Le problème ne devrait cependant pas se poser puisque les gouvernements des pays en voie de développement ne cessent de prôner la gratuité des soins de santé maternelle et infantile. Au nombre de ces pays, le Burkina Faso où la situation n’est pas reluisante. Dans certains centres de santé de notre pays, ils sont nombreux les couples qui peinent à s’offrir les soins. L’un d’eux rencontré n’en démord pas face aux coûts des soins.

Des ordonnances à n’en pas finir

Aziz Sawadogo est un jeune chômeur de son état. A 24 ans, il s’est retrouvé père d’une petite fille, Amsétou. La mère elle, Rosalie, est une élève de 17 ans qui a dû abandonner les bancs dès lors qu’elle est tombée enceinte. Le jeune couple vit au jour le jour. Aziz, pour s’en sortir et s’occuper de sa petite famille, fait de petits boulots par-ci, par-là. Tous deux logent chez le père d’Aziz. Ce jeune père, nous l’avons rencontré le 22 décembre 2012. De la gratuité des soins, il n’en a jamais entendu parler. « Je n’ai fait que payer des ordonnances depuis que ma femme est tombée enceinte. Le jour de son accouchement, on m’a tendu une ordonnance de 2 400F dès que nous sommes arrivés au CSPS et, je devais acheter les produits avant qu’on ne l’examine. On m’a ensuite sorti une ordonnance de plus de 7 000 F CFA », nous a-t-il confié. « Alors, pouvez-vous me dire ce qui est gratuit dans tout ça ? Parce que ma femme a toujours payé ses consultations au CSPS (Centre de santé et de promotion sociale) à 500 F CFA. A un moment donné de sa grossesse, elle est même tombée malade du paludisme. Arrivé à l’hôpital, l’agent de santé m’a sorti une ordonnance de 12 000 F CFA, chose que j’avais des difficultés à honorer. Je lui ai fait comprendre que je n’avais que 2 000 F CFA en poche. Il a donc refait une autre ordonnance et m’a donné certains produits gratuitement. Ce jour-là, je m’en souviens comme si c’était hier, il m’a dit ceci : « Tu peux remercier la dame, c’est grâce à elle que tu as eu ces produits. J’ai acheté les produits de la deuxième ordonnance, ma femme a suivi le traitement et s’en est bien sortie. Avait-il besoin de me prescrire une ordonnance de 12 000 F CFA en sachant que 2 000 F CFA auraient suffi pour soigner ma femme ? », nous a interrogé le jeune Aziz qui dit s’être posé mille et une questions sur place. A côté de ces nombreuses ordonnances, Aziz a eu à faire des examens de sang, d’urine, de selles, une échographie, tous à des coûts qu’il supportait avec grande difficulté. Tantôt, il avait recours à un parent ou un ami. Que c’est si dur d’avoir un enfant, nous a-t-il dit. Ça coûte cher tous ces soins ! La difficulté que traverse le jeune et ces questionnements se comprennent aisément. Une femme enceinte qui a voulu garder l’anonymat nous a confié qu’il lui faut débourser 1 000 F CFA chaque fois qu’elle a besoin d’un simple bulletin d’examen. Où est donc passée cette gratuité des soins de santé maternelle et infantile dont on parle tant ? Nul ne saurait répondre à cette question. Et, comme Aziz, beaucoup sont tentés de se poser cette question : « Qu’est-ce qui est gratuit dans tout ça : les consultations, les médicaments, l’hospitalisation, ou la prestation des agents de santé ?

Christine SAWADOGO

 Commentaires