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Remobilisation des troupes au CDP : des responsables de partis politiques et de la société civile se prononcent
Publié le mardi 20 janvier 2015  |  Le Quotidien




Suspendu au lendemain de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, et rétabli à la suite de la mesure de clémence accordée par le président du Faso, président de la Transition, le Congrès pour la démocratie et le progrès vient d’effectuer sa 1re sortie politique à la faveur de la rencontre du comité directoire du parti avec les 45 secrétaires généraux des sections provinciales. Cette sortie de l’ex-parti majoritaire n’est pas passée inaperçue et suscite beaucoup de débats au sein de la classe politique et de la société civile. Pour avoir l’appréciation des uns et des autres, face à la remobilisation des troupes, nous avons promené notre micro auprès de certains responsables de partis politiques et de la société civile.

Marcel Tankoano, président du mouvement du 21 Avril 2013
«La bataille du CDP, c’est de demander d’abord pardon au peuple avant d’aller vers lui pour solliciter des voix»
En tant que mouvement citoyen responsable, nous disons si le CDP veut remobiliser ses troupes, ce n’est pas mauvais en soi. Mais, en même temps, on peut estimer que cela est mauvais, dans la mesure où il a été responsable et comptable de la gestion macabre de notre pays. Toute chose qui a conduit à l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre dernier. Au temps fort de l’ex-parti majoritaire, c’était des moments difficiles pour les autres partis surtout pour les petits partis. Ainsi, ayant vécu et surmonté des situations difficiles, la population a décidé de dire non à ce système avec un ras-le-bol généralisé au niveau des jeunes. Aujourd’hui, revoir les anciens bonzes du CDP ressurgir encore pour ressusciter le grand parti, je ne sais pas à quoi cela va rimer, parce que le problème aujourd’hui, ce n’est pas un problème de parti politique, mais un problème entre la population et les dirigeants. Je me demande sous quelle casquette ces anciens dignitaires du CDP pourront diriger le parti ? Auront –ils les mots pour le peuple ? Parce que, les gens sont fatigués et ne veulent plus entendre parler du CDP. Ce que je ne sais pas comment, ils pourront gérer cette situation, mais comme quelqu’un l’a dit on est en politique et tout peut changer avec le temps. Cependant est ce que le CDP pourra-t-il sortir de sa coquille ? Pourra-t-il encore convaincre. Parce qu’un parti politique doit pouvoir convaincre. Et aujourd’hui, je ne vois pas comment un CDPiste pourra prendre le dessus sur un jeune comme vous et moi. A mon avis c’est très difficile et je pense même sans me tromper que c’est perdu d’avance. Pour moi tout ce que le parti déchu peut faire aujourd’hui c’est d’abord se cacher et chercher à se mettre à la disposition de la justice, parce qu’on n’a pas encore oublié ceux qui sont morts et on ne peut même pas les oublier. La bataille du CDP, c’est de demander d’abord pardon au peuple avant d’aller vers lui pour solliciter des voix. Il est incongru, pour moi, de voir aujourd’hui, un responsable de ce parti se présenter à l’opinion pour parler des élections, sans faire cas du pardon et de réconciliation. C’est une double insulte pour le peuple déjà meurtri par plus de 27 ans de souffrance. C’est ce nettoyage que la transition doit faire aujourd’hui, parce que même si on a dit de faire « l’inclusivité », c’est-à-dire considérer que l’ex-majorité a commis des erreurs. On peut les accepter, mais aujourd’hui ce n’est pas la transition qui gère le peuple, le peuple se gère lui-même. La jeunesse a pris son destin en main. Donc je ne vois pas comment on peut renverser la tendance pour même donner une image du CDP. L’image du CDP est totalement abîmé, à mon humble avis. Cette sortie est une figuration. C’est pour montrer qu’ils ont recouvré un peu de liberté pour se faire voir. Sinon, la mobilisation sera très difficile. Maintenant j’ai peur que ces anciens dirigeants transforment les meetings des campagnes électorales en une course-poursuite au regard de ce qu’ils ont posé comme acte. Tout ce que ses dirigeants doivent faire, c’est d’organiser une tournée nationale de demande de pardon et de réconciliation. Ils gagneraient mieux et vont en ressortir grandis au lieu de parler d’élection, car là, c’est insulter doublement le peuple et la mémoire de nos martyrs et nous, nous ne sommes pas prêts à accepter cela.

Danfodio Ousmane Diallo, président de l’Alliance pour la Renaissance, la démocratie et l’intégration (ARDI)
« Le retour du CDP sur la scène politique va redonner une nouvelle dynamique à la politique burkinabè »
Je félicite l’ensemble des acteurs burkinabè et surtout le CDP qui a su faire violence sur lui-même, pour être présent pour la reconstruction de la maison commune. Je pense que ce sont des acteurs qui, probablement, ont défendu leur position, mais qui malheureusement ont été vaincus. Mais en réalité, il s’agit plutôt des questions idéologiques, de positionnement. A la lumière de tout ce qui s’est passé, il y a eu des vainqueurs et des vaincus mais l’essentiel c’est qu’ensemble, nous reconstruisions ensemble le Burkina. Le CDP était un grand parti qui a perdu, certes, mais qui est revenu pour la construction du pays. A mon avis tous les fils et toutes les filles du Burkina sont appelés pour la construction de la Nation et personne ne doit être à l’ écart. J’estime que le retour du CDP sur la scène va redonner une nouvelle dynamique à la politique burkinabè. L’essentiel pour les militants du CDP, c’est de savoir ce que le peuple veut et ne veut pas. Ils ont perdu le jeu mais, ils peuvent toujours se positionner en demandant pardon aux victimes. Il est très nécessaire que le CDP participe aujourd’hui encore à l’activité politique.

El Hadj Omar Tapsoba, secrétaire général de l’arrondissement 7 du Mouvement du Peuple pour le progrès (MPP)
« Nous pensons qu’il faut laisser la chance à tous les partis politiques »
A mon avis, le retour du CDP est une bonne chose. Cela signifie que c’est la démocratie qui gagne. La différence se fera sur le terrain. Chez nous, au MPP, nous respectons tous les partis. Nous voulons que tous ceux qui pensent qu’ils peuvent s’exprimer sur le plan politique se présentent. Au MPP, nous pensons qu’il faut laisser la chance à tous les partis qui prétendent être candidats à l’élection présidentielle de 2015. C’est cela aussi qui donne une bonne image de la démocratie au Burkina Faso. Il appartient à la population de faire le choix de son candidat. En ce qui concerne leur chance sur le terrain, je ne peux pas me prononcer là-dessus. S’ils ont repris leur bâton de pèlerin pour remobiliser leur troupe, cela prouve qu’ils comptent quand même se faire entendre. Comme je le disais tantôt, c’est sur le terrain qu’on saura qui est le patron et qui va occuper le fauteuil présidentiel en 2015. Nous respectons tous les partis, mais nous n’avons pas peur. S’il plaît à Dieu en 2015, c’est notre candidat qui sera à Kosyam.

Lido Thierno, journaliste à radio pulsar
« Le retour du CDP est une bonne chose d’autant plus que leur suspension était illégale »
En ce qui concerne le retour du CDP sur la scène politique, c’est une très bonne chose d’autant plus que leur suspension était illégale parce que les partis politiques sont reconnus par la Constitution. A travers un arrêté, interdire l’existence d’un parti, c’était un peu difficile, surtout que la décision n’avait pas été située dans le temps. Comme j’ai l’habitude de le dire, un parti politique, c’est comme un journaliste. Quand on met un journaliste en prison ou on le tue, même s’il n’a pas raison il devient un martyr et finalement tout le monde lui trouve des circonstances atténuantes. En témoigne ce qui s’est passé avec Charlie Hebdo. Les partis ou les hommes politiques se réclament du peuple, la meilleure sanction c’est le peuple. Une sanction administrative ou une sanction autre que celle du peuple, n’est pas la solution. Si je parle du peuple je fais référence à leur participation aux élections. Il appartient au peuple de les sanctionner ou de ne pas les sanctionner. Cette levée de suspension est une bonne chose pour les militants et pour la démocratie, parce que dans ce pays on a toujours eu cette facilité d’accepter un seul parti politique qui fasse la pluie et le beau temps. Aujourd’hui, avec le retour de plusieurs partis politiques pour les élections de 2015, cela constituera un vrai débat pour nous les journalistes. Nous osons croire que nous aurons des débats d’idées et non de personnes, afin que la démocratie soit renforcée.

Hervé Ouattara, membre du CNT, président du CAR.
« Je pense que la leçon a été bien tirée et que le CDP va se conformer à l’aspiration du peuple burkinabé »
J’ai appris, comme tout le monde, que le CDP est en train de se reconstituer. C’est un parti qui a les mêmes droits que les autres, puisque la suspension a été levée. Le retour du CDP sur la scène politique nationale ne devrait pas poser un problème s’il s’inscrit dans la même logique que les autres partis. Nous, en tant qu’organisation de la société civile, nous jouons un rôle de veille contre tout parti qui pourrait, de par ses actions, travailler à ne pas assainir le climat politique et social du pays. J’espère que le CDP aura compris cela et jouera franc jeu. Ce qui est arrivé est dû au fait que les acteurs du CDP, en leur temps, n’ont pas écouté le peuple. Je pense que la leçon a été bien tirée et que le CDP va se conformer à l’aspiration du peuple burkinabé pour travailler, comme les autres partis, à poser les jalons de notre démocratie. Ce sont des partis qui contribuent à l’animation de la vie politique. Pour cela, le CDP doit travailler à reconquérir la confiance du peuple burkinabé. Si beaucoup d’entre eux sont indexés, ils doivent accepter se mettre à la disposition de la justice. Cela leur permettra de redorer leur blason et de montrer qu’aujourd’hui, ils sont prêts à travailler avec le peuple. Mais, tant que le CDP va travailler à s’écarter du chemin tracé par le peuple, il lui sera très compliqué de gagner la confiance du peuple. Sinon, le vin est déjà tiré, il reste maintenant qu’à le boire.

Adeline Kologo, membre du bureau politique national, secrétaire chargée à l’environnement et du tourisme de la section provinciale
« Le CDP comme tout autre parti politique dans un Etat démocratique a le droit de reprendre ses activités »
Je pense que le CDP, comme tout autre parti politique, dans un Etat démocratique a le droit de reprendre ses activités et aussi de présenter leurs candidats aux élections. Mais vu le contexte actuel, et étant donné que ce sont les mêmes qui criaient sur tous les toits qu’ils n’avaient pas d’autre candidat que Blaise Compaoré, j’aurais préféré qu’ils s’abstiennent jusqu’en 2030, pour présenter un candidat dans la mesure où ils étaient prêts à laisser l’ex-président briguer trois autres mandats. Maintenant qu’ils se sont lancés dans la danse, je pense que le peuple burkinabé a toujours été souverain et ce sera à lui de décider. Et dans ce contexte ils auraient mieux fait de se présenter aux législatives et au municipales seulement et non à la présidentielle. Dans tous les cas, Je ne vois même pas actuellement l’homme de la situation au @ CDP ?

Vincent Bado, étudiant en 3e année d’anglais.
« C’est un cadavre qui veut se réveiller, il faut donc rester vigilant ».
« A mon humble avis, je pense que c’est un parti qui n’a plus d’avenir. Au regard de ce qu’il a fait subir au peuple, pendant 27 ans, il est bon de rester vigilant. Il ne faut pas qu’on se leurre, la question de l’alternance est telle que la population va veiller au grain et choisir celui qui est capable de diriger ce pays. Donc, si à un certain moment donné, le peuple estime que les acteurs du CDP sont capables de gérer le pays et piller les ressources de ce pays, il est possible que des gens les soutiennent. Mais, je pense qu’aujourd’hui, il faut qu’on se penche sur les questions des crimes économiques et de sang. Et s’il y a des coupables, qu’ils soient du CDP ou du MPP, il faut qu’ils répondent. Il n’est pas question de mea culpa. Sinon, le CDP est un parti qui a le droit de s’exprimer.
Mais, quels que soient les individus qui vont le diriger, c’est un parti qui ne pourra plus faire long feu. C’est un cadavre qui veut se réveiller. Il faut donc rester vigilants ».

Léon Dakissaga, étudiant 3e année de Lettres modernes.
« Je juge normal le retour du CDP sur la scène politique nationale »
« Je juge normal le retour du CDP sur la scène politique nationale. Il faut qu’il apporte leur contribution pour la consolidation de la vie de la cité. Ce n’est pas parce que les acteurs du CDP ont été à la base d’une menace sur le pays qu’il faut les rejeter. Quoi qu’on dise, ce sont des fils du pays. Dans la vie, tout homme peut se tromper et peut souvent faire des choses ignobles. Sinon leur chance est isolée. Mais, qu’ils viennent ajouter une force à l’opposition parce que, après les élections d’octobre 2015, ils vont se retrouver dans l’opposition et devenir de farouches opposants » 1

Par GMB et LS, RO (stagiaires)
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