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Boukari le lion aux élections couplées 2012 : « L’UPC a trompé mes électeurs, sinon… »
Publié le jeudi 27 decembre 2012   |  Autre presse


Le Lion du Boulkiemdé
© Autre presse par DR
"Le Lion du Boulkiemdé" Boukari Kaboré, ancien fidèle ami et compagnons de feu le président Thomas Isidore Sankara


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« Le Lion du Boulkiemdé » de son vrai nom, Boukari Kaboré, était l’un des fidèles amis et compagnons de feu le président Thomas Isidore Sankara. Après les événements de 1987, il s’est réfugié au Ghana. Revenu au pays en 1991, il s’est lancé dans la politique. Il a participé aux élections présidentielles de 2010 et aux législatives et municipales couplées de 2012 avec son Parti de l’union nationale pour le développement (PUND). Voici ce qu’il pense !

De façon générale, quelle appréciation faites-vous des élections couplées qui viennent de se dérouler au Burkina Faso ? Les élections se sont très mal passées, parce qu’il y a eu beaucoup d’irrégularités. Alors quand je parle d’irrégularités, je fais allusion à la légalité. Les textes sont clairs là-dessus. Lorsqu’après des élections, il a été constaté des irrégularités, le Conseil constitutionnel doit obligatoirement les annuler. Les gens émettent les problèmes de finances, mais c’est écrit noir sur blanc dans le code électoral. Ces élections couplées devraient en principe être annulées parce qu’il y a eu beaucoup d’irrégularités. Je trouve que ces élections se sont mal passées depuis les préparatifs jusqu’au déroulement des opérations de vote.

De quelles irrégularités parlez-vous exactement ?

Depuis la pré-campagne, nous avons constaté l’achat des consciences des électeurs et aussi l’achat de cartes d’électeurs. Nous avons vu des gens prendre des cartes de certains citoyens contre 15 000 FCFA, 5 000 FCFA… Parce que tout simplement, ils ont peur que ces électeurs ne votent pour d’autres partis. Je pointe du doigt le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) parce que ses militants sont rompus en la matière. D’ailleurs, ils ont des registres d’éléments qu’ils ont faits enrôler. C’est pourquoi, nous avons demandé à ce qu’on rouvre l’enrôlement, mais la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a refusé catégoriquement. On (l’opposition) a écrit au chef de l’Etat, au Premier ministre, mais ils ont fait la sourde oreille.

Vous étiez candidat à ces élections couplées. Comment avez-vous battu campagne et avec quels moyens ?

Elle s’est très bien passée. Sauf que j’ai constaté que beaucoup de citoyens n’étaient pas enrôlés. Et ceux qui l’étaient ont malheureusement été victimes d’achat de conscience. Le CDP et ses militants ont payé des gens. Ils ont fait des enregistrements à partir des cartes d’électeurs via la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB). Personnellement, je n’ai rien compris dans cette histoire. Ils ont donc pris des cartes pour empêcher des gens de voter pour nous. Pour ce qui concerne les moyens, nous avons bénéficié de 1 800 000 FCFA parce que nous n’avons pas respecté le quota. Et nous étions dans quatre provinces pour les législatives et 10 communes pour les municipales.

Quel était votre programme de société ?

Je n’ai pas tellement insisté sur mon programme. L’économie du Burkina doit partir de l’agriculture. L’on doit d’abord régler le problème de la faim. Une fois que les gens ont à manger, ils pourront penser au développement. Tant qu’on ne démarrera pas par l’agriculture, il ne faudra pas s’attendre à un miracle. Je pense aussi à l’élevage, à la santé et à l’éducation. Les questions économiques renvoient à la privatisation des services publics. Résultats : le blocage du développement économique. Il y a beaucoup de potentialités économiques dans notre pays. Au lieu de penser par exemple à la promotion de la culture de la canne à sucre, du café arabica, on vient nous parler de Jatropha. Que c’est ridicule !!!

Est-ce que vous exploitez suffisamment votre potentiel pour le convertir en résultat politique sur le terrain ?

Je dissocie mes activités professionnelles de celles qui sont typiquement politiques. Je ne mélange pas les choses et je ne profiterai jamais de la jeunesse. Je sais que je suis aimé par les jeunes, c’est pourquoi je me bats pour que les jeunes prennent conscience de leur situation et s’engagent à y trouver des solutions. Il faut rétablir l’histoire, c’est mon objectif premier, la politique politicienne vient après.

Satisfait pour le résultat engrangé par votre parti aux élections ?

Je sais qu’on a été volé. On n’a pas eu de député. Nous n’avons eu que cinq conseillers. Mais je reste convaincu que nous avons été volés. Il y a eu une question de logo en ce sens que l’Union pour le progrès et le changement (UPC) à son lion. Et il y a le Lion qui a son Lion. Alors, les gens qui cherchaient à voter le Lion (Boukari Kaboré) ont voté le Lion de l’UPC. Pourtant, j’avais écrit afin qu’on trouve une solution à cela. Ils m’ont fait savoir qu’il y avait aucune ressemblance. Et pourtant !

Vous n’avez pas eu de siège à l’Assemblée nationale. Est-ce que vous y croyiez avant le scrutin ?

Si,… J’étais persuadé que je pouvais avoir ne serait-ce qu’un député à Bobo-Dioulasso ou à Ouagadougou. En tout cas deux, sinon plus ! A Koudougou, je n’en étais pas sûr parce que je suis resté à faire la campagne à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. Je n’ai pas été beaucoup présent à Koudougou. Beaucoup de gens m’ont appelé pour dire que nous avons gagné. Mais quand je leur ai demandé le parti qu’ils ont voté, ils m’ont présenté le logo de l’UPC. Même dans les localités où je ne me suis pas présenté, des électeurs ont voté l’UPC croyant que c’est mon parti. La tricherie est qu’on leur a toujours dit que nous travaillons ensemble ; ce qui les a rassuré. J’ai trouvé malhonnêtes ces comportements et cela entache la bonne coloration de la démocratie burkinabè.

Justement ! Quelle lecture faites-vous de cette démocratie dont vous parlez ?

Nulle ! Il n’y a pas de démocratie au Burkina Faso. J’ai eu la preuve lors de ces élections couplées parce que même l’opposition est obligée d’acheter les consciences. Contrairement à tous ces gens, moi j’ai mis l’accent sur la conscientisation. Je ne battais pas la campagne pour qu’on me vote, mais plutôt pour expliquer aux gens le sens des votes.

Cela fait 14 ans que Norbert Zongo a été assassiné. Jusque-là, justice n’a pas encore été dite. Comment appréciez-vous le travail de la justice burkinabè ?

C’est le pouvoir qui bloque la justice. Depuis un certain temps, l’Etat n’existe plus. Il n’y a véritablement pas de justice au pays des hommes intègres, en témoignent les dossiers pendants tels que celui de Norbert Zongo, dont vous parlez. Je prends l’exemple sur mon cas personnel. En effet, de 1991 à 1995, quand je suis arrivé, j’ai constaté beaucoup d’irrégularités dans le traitement de mes dossiers en justice. Avec ma sanction en 1995, j’ai déposé un recours et c’est 11 ans après que le Conseil d’Etat s’est décidé à trancher en ma faveur le 24 novembre 2006. Mais, ce n’est que le 27 juin 2007 soit une année après qu’il a mis en application l’arrêté. Trois décrets portant sur ma réhabilitation, ma nomination au titre de commandant et ma mise en retraite m’ont été remis suite à la décision de l’arrêté. Ce qui n’existe dans aucune juridiction.

J’ai encore attaqué pour la reconstitution de ma carrière. Et ce n’est qu’en 2011, lorsque le président Blaise Compaoré a pris les destinées du ministère de la Défense, qu’il a signé un autre décret que je n’ai pas encore reçu officiellement. Je n’ai que la photocopie. Aussi, j’aurai appris par voix de presse que je suis colonel pour compter du 1er janvier 1999 et mis en retraite en 2009. Que de paradoxes. C’est pourquoi, j’ai requis des dommages et intérêts. Là aussi, j’attends toujours.

On constate qu’il y a une floraison de partis politiques qui se réclament de Sankara Thomas. Pourquoi selon vous, ils n’arrivent pas à parler le même langage ?

Le « virus » qui a entraîné la mort de Thomas Sankara circule toujours. Et il est fort présent dans ce paquet de monde qui se dit sankariste. Ils ne maîtrisent même pas l’idéal sankariste. Des gens cherchent, tout simplement, le nom pour assouvir leur appétit. Il faut être objectif et honnête. Je sais que je ne suis pas sankariste. Ce sont des prétendants sankaristes qui ne font que tromper la vigilance du peuple. Sankara est mort il y a 25 ans. Il n’est pas réhabilité et des gens, au lieu, de lutter pour cette réhabilitation se plaisent à s’égosiller qu’ils sont sankaristes. Ils sont plutôt subjectifs !

Est-ce que le Lion a eu des initiatives pour unir ces sankaristes-là ?

Oui, j’ai essayé, mais toutes mes initiatives n’ont pas abouti. Je leur avais dit ceci : « où vous vous unissez, où vous mourrez ». Aujourd’hui, où sont-ils ? Ils sont tous morts. Moi, je m’en fous. Je ne me réclame pas de Sankara, je ne suis qu’un prétendant. Ils ne cherchent qu’à manger, sinon ils allaient s’unir pour mieux affronter le CDP. Malheureusement, ils ne sont pas prêts à souffrir. J’ai des documents et je vais bientôt les publier dans des journaux pour prendre l’opinion à témoin.

Le Lion est sur Facebook. Est-ce votre propre initiative ?

Je suis effectivement présent sur Facebook. Je suis d’ailleurs obligé d’y être. Politiquement, c’est là qu’on me détruisait. J’ai besoin des critiques des uns et des autres. J’estime qu’il n’y a que des erreurs de vision, d’appréciation… Il ne faut pas attaquer parce que Thomas a été assassiné. D’autres pensent qu’il fallait tout casser ! En tout cas, il y a beaucoup de choses autour de cette histoire. Mais je suis là pour donner la vraie version de l’évènement.

Un dernier mot pour terminer cet entretien ?

Du point de vue politique, il y a assez d’égarements. Avec l’apparition du Lion sur la scène politique, on espère conscientiser la population afin que la démocratie ait sa véritable valeur.

Interview réalisée par Bassératou KINDO

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