Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Blaise Compaoré : crime et châtiment
Publié le dimanche 18 janvier 2015  |  AgoraVox.fr
UEMOA
© aOuaga.com par G.S
UEMOA : 20 ans au service de l`intégration économique
Lundi 20 octobre 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Les chefs d`Etat et de gouvernement des pays membres de l`Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se sont retrouvés pour célébrer le 20e anniversaire de l`organisation commune placé sous le thème "UEMOA, 20 ans, les voies d`un développement solidaire". Photo : Blaise Compaoré, président du Faso




Le vendredi 31 octobre 2014 soit 27 ans 16 jours, « l’homme fort » du Burkina Faso, Blaise Compaoré, sous la pression de la rue et la neutralité de l’armée, libérait en catimini « Kosyam », le palais de la présidence du Faso dont la rumeur disait qu’il avait été construit pour abriter son occupant, ad vitam aeternam. Beaucoup de burkinabè avaient fini par se convaincre que le bâtisseur et le premier locataire de ce somptueux édifice serait scotché à vie au trône de la république sis à la limite de Ouaga 2000 quartier mythique de Ouagadougou, la capitale politique. Une image d’un chapeau de roi mossi, ethnie majoritaire du pays des hommes dignes, se cacherait dans l’architecture de ce palais et exprimerait les intentions monarchiques du chef de l’Etat burkinabè. Blaise venait d’être démystifié. Quel était son crime ? Quel en sera le châtiment ?

La fin du mythe du jeudi

Les longs règnes s’appuient sur des mythes et des mystères et Blaise en avait en l’occurrence son invincibilité dans les confrontations du jeudi. Comment donc le président du Faso a-t-il pu perdre le pouvoir depuis le déclenchement des hostilités le jeudi 30 octobre 2014. Les tenants du pouvoir auraient choisi cette date du 30 sur la base de ce mythe du « jeudi talisman porte bonheur ». Il était écrit qu’un jeudi 15 octobre 1987 porte le camarade Blaise Compaoré à la tête d’un front populaire qui se réjouissait de l’élimination du camarade président Thomas Sankara du jeu politique révolutionnaire. Il était accusé de « déviation droitière et de renégat ». la paranoïa du jeudi commença certainement depuis cette date. Durant 27 ans le héros du front populaire traversera de nombreux jeudi anonymes sans coup férir.

Normalement le Jeudi 30 octobre devrait permettre encore une fois au candidat du front républicain, un front constitué d’un carré de fideles parents et amis du président, créé pour organiser le passage en force de leur champion aux élections présidentielles de novembre 2015 pour 10 ou 15 années supplémentaires de règne.

Mais jeudi pour jeudi ce fut plutôt la revanche du peuple burkinabè qui hurlant le nom de Thomas Sankara ; « la patrie ou la mort nous vaincrons », « Libérez Kosyam », « Blaise dégage » pris d’assaut les institutions et établissements privés sévèrement gardé par le régime en place à l’effet d’assouvir la basse besogne de modifier la constitution. L’Assemblée Nationale, la Télévision nationale, l’Hôtel Azalai seront mis à sac dès les premières attaques, malgré les mesures sécuritaires extrêmes déployées autour de ces lieux. Le même jeudi la Place de la Nation est rebaptisée sans autre forme de procès « Place de la Révolution » comme jadis, au temps de la période révolutionnaire du « Capitaine du Peuple » Thomas Sankara. Ce jeudi là, l’armée semblait avoir pris ses responsabilités face au président de la république qui ne comprenant pas son inaction a dû se résoudre à rencontrer des éléments de la société civile pour négocier sa reddition. Ce jeudi 30 octobre 2014 fut un jeudi noir, cette fois pour celui à qui les massacres du 15 octobre 1987 avaient profité. Le peuple criait victoire et Blaise cherchait une porte de sortie peu honorable mais au moins sécurisé. Il activa son réseau france-africain savamment entretenu tout le long de son long règne en Cote d’ivoire et en France principalement. Blaise Compaoré « libérera Kosyam » le 31 octobre 2014.

Le médiateur attitré des nombreuses crises sous régionales ouest africaines finissait sa course effrénée sur les trottoirs de Yamoussoukro. l’Union Africaine, la CEDEAO, l’Union Européenne, la France, la Cote d’Ivoire, le Sénégal, l’ONU a un degré moins ont dû user de langues de bois diplomatiques pour exprimer leurs solidarités au peuple burkinabè qui s’est senti abandonné aux heures où il avait beaucoup plus besoin de leurs marques de sympathies. Tous ces pays et institutions internationaux avaient été comme hypnotisés par le charme de gestionnaire de conflits et de pacificateurs inespéré du président burkinabè dans cette zone de haute turbulence ouest africaine. Mieux vaut tard que jamais, nos surveillants de la démocratie et la bonne gouvernance ont pu réagir en dernière instance pour accompagner le peuple burkinabè dans sa transition civile vers une vie constitutionnelle normale. Un merci cependant à la Maison blanche et l’Ambassadeur des Etats Unis à Ouagadougou pour leur position sans équivoque face à ce qui avait l’air d’une dérive dictatoriale sahélienne.

Le ballet des fuites légendaires

Pourquoi le stratège de Ziniaré n’e pu tirer leçon du sort des fuyards légendaires de l’histoire ? De l’Est à l’ouest, du nord au sud, l’Afrique en a vu des murs et des pas verts en matière, de longs règnes achevés dans le déshonneur de la fuite, de l’errance, de l’humiliation et de la déchéance des dictateurs. Blaise Compaoré n’a pas échappé à ce syndrome du pouvoir à vie et s’est trouvé à son tour vidé comme un malpropre d’un endroit où il faisait l’objet de toutes les attentions, de toutes les allégeances. A-t-il commis une erreur stratégique, lui le stratège émérite qui a franchi pas mal d’obstacles apparemment infranchissables : des manifestations grandioses pour les conférences nationales souveraines des années 90 matées avec la dernière énergie aux manifestations « justice pour Norbert Zongo », manifestations contre la vie chère et les mutineries militaires sans oublier les marches populaires de l’opposition, marches à succès sans précédent des années 2000 il rétorquera que la rue ne saurait faire la loi nulle part au monde.

Qui ne se souvient pas de la fuite du président du premier Etat indépendant du continent noir, Mengistu Hailé Mariam sous la pression d’une rébellion, un jour de mai 1991 vers le Zimbabwe après plus d’une décennie de pouvoir entachée de sang. Il sera jugé par contumace sans jamais avoir été extradé. En Afrique centrale Mobutu Sese Seko reconnu comme le bourreau de Patrice Emery Lumumba héros des indépendances et du panafricanisme dû quitter en catastrophe sous la menace des rebelles de Laurent désiré Kabila père, un autre jour de mai 1997 pour dormir du repos du juste dans un cimetière marocain. Il fit escale au Togo en Afrique de l’ouest, chez un non moins célèbre abonné au pouvoir à vie le General Gnassingbé Eyadema présumé coupable de l ’assassinat du premier président de son pays un autre panafricaniste nommé Olympio Sylvanus. La fuite de Blaise Compaoré, voisin ouest-africain du général togolais qui selon des indiscrétions l’aurait parrainé dès sa prise de pouvoir un 15 octobre de 1987 au prix du sang de son frère ami et compagnon d’arme le capitane révolutionnaire Thomas Isidore Sankara, ramène encore à l’esprit des observateurs de la scène historico politique de l’Afrique et de sa diaspora l’image d’un certain Jean Claude Duvalier en 1986 dans un avion de l’Us Air Force pour trouver refuge en France après avoir lâché ses « tontons macoutes » à la vindicte populaire. Non loin de nous dans le temps, le printemps arabe de 2011 au Maghreb nous a donné de voir un Ben Ali sous la pression populaire et de l’armée tunisienne s’envoler vers l’Arabie saoudite où la notion de longévité au pouvoir n’est pas encore un crime et après 25 ans de pouvoir sans partage.

De ces fuites légendaires sous la pression soit du peuple, soit d’une rébellion certains traits de ressemblance apparaissent nettement .Tous ces grands chefs d’Etat de Duvalier à Mobutu, de Mengistu à Blaise Compaoré en passant par ben Ali , peuvent être suspectés de trahison, de longévité au pouvoir, de violence , de paranoïa puis d’humiliation en fin de pouvoir.

Violence et illégimité du pouvoir

En un mot l’illégitimité congénitale de leur pouvoir les met dans une position désespérée et d’obstination à s’accrocher à un pouvoir dont la perte pourra leur être fatale. Toute idée d’alternance perd son sens dans un tel contexte obligeant le peuple à subir le martyr pour se libérer du joug du dictateur. Pourquoi le sort réservé à tous ces dirigeants sus cités n’ pas servi au président burkinabè de leçon pour permettre à son pays de faire l’économie d’une longue crise socio économique et politique. Pourquoi l’enfant terrible de Ziniaré a refusé un passage de témoin pacifique du pouvoir. Il ne manquait pourtant pas de cadres compétents auprès de lui qui aurait pu lui succéder à partir des urnes. Le crime originel de la prise du pouvoir devient comme une malédiction, un boulet au pied du dictateur qu’il préfère subir comme châtiment étant au pouvoir, mieux que la sanction populaire après le pouvoir. Peu de place est réservé alors au dialogue et à la concertation.

Dans un environnement international porté sur les jeux d’intérêts et l’écrasement des nations fragiles, les dictatures vouées aux gémonies par leurs peuples respectifs trouvent ainsi de bonnes accointances avec les puissances occidentales à la recherche de la satisfaction de leur besoin de puissances. « Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » disait De Gaulle alors président de la France. Ces puissances s’accommoderont bien pour leurs intérêts géo stratégiques de régimes impopulaires et minoritaires. Les pouvoirs minoritaires sous le silence coupable de la communauté internationale gagnent du temps pour presser et compresser leurs peuples mais s’exposent également à une contestation permanente de ces masses populaires. Le cycle corruption, répression, tripatouillage constitutionnel, répression s’emballe dans un engrenage à l’issue toujours fatale aux dictateurs. C’est la malédiction congénitale des dictatures assises sur le crime et la complicité de la « communauté internationale ».

En endossant un mois d’octobre 1987 la responsabilité de la mort d’une personnalité de la trempe du père spirituel de la révolution burkinabè Blaise s’inscrivait dorénavant dans le camp des ennemis jurés de cette révolution. Cette position est difficilement tenable pour quelqu’un qui doit tout à la volonté de son prédécesseur. Pour bon nombre de burkinabè, Blaise est un Judas Iscariote. Les révolutionnaires ne lui reconnaissent aucune légitimité politique ni historique. Il aurait été tout simplement coopté au Regroupement des Officiers Communistes (ROC) que Sankara et quelques camarades révolutionnaires animaient dans la clandestinité en Haute Volta. Quelque part il y’ avait Sankara et le ROC originel et d’autre part il y ’ avait Sankara et Blaise. Sankara rapprocha son ami Blaise de ses amis militaires et civils révolutionnaires pour une formation politique car il était convaincu qu’ « un militaire sans formation politique était un criminel en puissance ». Après le coup d’Etat des colonels dirigé par le colonel Saye Zerbo un 25 novembre 1979 le trublion Thomas Sankara héro de la guerre des pauvres entre le Mali et la Haute Volta pour la fameuse bande de l’Agachère, fut nommé malgré lui Secrétaire d’Etat à l’information. La cohabitation des colonels et du capitaine révolutionnaire ne fera pas long feu pour incompatibilité de vision politique sur la question de la démocratie et de la liberté des peuples. Il claque la porte après avoir laissé son mémorable « malheur à ceux qui bâillonnent leur peuple. La révolution était en marche et les choses s’accélérons avec l’intermède du médecin commandant jean baptiste Ouédraogo et de son CSP (Conseil de Salut du Peuple). Une tentative de purge (atmosphère de guerre froide oblige), de Thomas Sankara et ses camarades dont Blaise, aboutit à un autre soulèvement populaire entre le 17 et le 21 mai 1983 qui débouchera sur la libération de Thomas Sankara et la prise du pouvoir par un Conseil National de la Révolution (CNR) cette fois ci dirigé par le capitaine Thomas Sankara himself. Le « Capitaine du peuple » très populaire marque l’histoire de son pays, de l’Afrique et de la diaspora africaine de son empreinte révolutionnaire avec la mention très honorable. L’anonyme Haute Volta devint le célèbre « Burkina Faso » qui crée la curiosité des uns et l’admiration des autres partout dans le monde. Le soulèvement du 30 et 31 octobre qui éjecta Blaise Compaoré de son fauteuil présidentiel du palais de Kosyam ressemble à une réplique parfaite de celui du 17 au 20 mai 1983 qui réclamait la libération de Thomas Sankara et qui le propulsa président du CNR le 04 aout 1983. L’élan révolutionnaire impulsé par Thomas Sankara sera cependant freiné dans un coup d’Etat sanglant unanimement condamné même par des régimes qui se méfiaient du révolutionnaire burkinabè. Crime crapuleux, avidité de pouvoir, acte sacrificiel nécessaire pour asseoir son pouvoir ? Blaise Compaoré durant 27 ans d’exercices du pouvoir n’a jamais donné une réponse claire à ce crime de lèse majesté. Les familles de l’illustre disparu et de ses compagnons veulent faire le deuil de leurs enfants froidement abattus dans les coulisses du Conseil de l’Entente. La majorité des parents des victimes du 15 octobre ont pu entendre les crépitements des balles qui perforaient les corps de leurs progénitures ce jeudi noir du 15 octobre 1987. C’était le pécher originel d’un crime que beaucoup vont s’évertuer à châtier. L’enfant terrible de Ziniaré cherchera à conjurer désespérément ce sort durant tout son long règne. Ses déclarations ses silences et son inertie sur le dossier Thomas Sankara le place en tête des premiers suspects. Quand on sait que la bonne conscience collective reprouve les crimes de sang comme moyen d’accession au pouvoir, elle se replie alors sur elle-même laissant le temps au temps pour la régularisation des choses.

Les méthodes d’accession violente au pouvoir permettent aux tenants du pouvoir de tenir pour longtemps le peuple au respect. C’est comme un vaccin dont il faut par intermittence faire des rappels. Les crimes se succèdent aux crimes et les peuples finissent par en avoir raz le bol. La vie est sacrée et Blaise qui serait membre d’une loge franc maçonnique n’est pas sans le savoir même si au moment de l’assassinat du père de la révolution il était loin d’une telle spiritualité.

D’ailleurs la première déclaration du Front populaire qui porta le au pouvoir accusait Thomas Sankara de vouloir résoudre les questions d’Etat par les méthodes mystiques. Sankara avait peut être une idée claire de l’effet boomerang des actes que nous posons. Sa sensibilité mystique lui avait peut être permis d’éviter d’écarter son frère judas quand beaucoup de ses conseillers le lui proposait.

Cette prédisposition mystique de Thomas Sankara pourrait justifier son penchant pour résoudre les contradictions par la force des arguments, pendant que son successeur préférait les arguments de la force brutale de « l’homme fort ».

Dans la paranoïa de sa fin de règne, Blaise Compaoré alla jusqu’à porter la contradiction au président américain Barack Obama en déclarant qu’il ne pouvait y avoir d’institutions fortes sans la main d’homme fort. Il serait, lui Blaise, cet homme providentiel du Burkina qui doit asseoir des institutions fortes taillées certainement à sa mesure. Pendant les 27 années de pouvoir sans partage, son régime sera pris dans un engrenage de crimes répétés et impunis comme décrit ci haut. Thomas Sankara et compagnons, Henri Zongo et Lingani respectivement 4e et 3e hommes du pouvoir révolutionnaire 3 années plus tard, Les Professeurs et Etudiants dont Clément Sawadogo et Dabo Boukary, le Journaliste Norbert Zongo et enfin le Juge Nebié Salifou de la cour constitutionnelle. Toutes les catégories politiques, socio professionnelles ont vu des têtes emblématiques tombées dans leurs rangs. Une presse burkinabè publia une longue liste sur ces crimes de plusieurs dizaines de victimes. Les tiroirs des palais de justice sont remplis de plaintes des familles de victimes mais la justice burkinabè semble impuissante pour faire aboutir quoi que ce soit dans ce domaine. En 27 ans de règnes Blaise n’a jamais donné suite aux nombreux rapports et procès verbaux envoyés par les institutions crées par lui-même au nom de la démocratie contre la corruption.

La goutte d’eau qui fit déborder le vase

Le régime de Blaise Compaoré s’amenuise en peau de chagrin autour d’un carré de fidele à court d’arguments autour de l’article 37 de la constitution : « Le Président du Faso est élu pour cinq ans au suffrage universel direct, égal et secret. Il est rééligible une fois » Pour Blaise cet article signifie retraite politique inacceptable. Quel argument avancé pour sauter ce verrou avec un parti dégarni et irresponsable, un bilan politique et économique mitigé ? La fracture sociale perceptible à tous les niveaux. L’économie nationale mise en coupe réglée. Les pots de vins, les multiples dessous de tables, les commissions et les retro commissions sur l’exploitation minière et cotonnière, les délits d’initiés sur les marchés publics, les crimes économiques en monnaies courantes, les crimes crapuleux couverts par le régime. Le petit frère du président est vu comme l’homme de tous les coups tordus. Il est soupçonné de crimes de sang pour renforcer le pouvoir de son frère ainé en témoigne l’acharnement des populations sur son domicile privé lors des manifestations. Le Burkina tient régulièrement des positions d’arrière garde dans les classements internationaux sur le développement et le bien être des populations. La communication du président prend un coup à Yamoussokro en Cote d’Ivoire où il défie les marcheurs de Ouagadougou sur l’inefficacité de leurs marches contre son pouvoir, à Dori ville du célèbre opposant, le maire Arba Diallo où face à des journalistes locaux il promet de passer par le fameux referendum au cas où son projet de modification de l’article 37 ne passerait pas par consensus, il défie Barack Obama sur la nécessité d’avoir des institutions fortes en Afrique, déclaration peu amène devant une radio internationale ou il pense que la France et les USA doivent s’occuper de leurs cuisines intérieures. Une communication hésitante et un peu brouillon qui dénote d’une certaine fébrilité dans une atmosphère de fin de règne.

La constitution issue des conséquences du discours de la Baule Blaise contient un article que le président burkinabè n’a jamais porté au cœur : le fameux article 37 verrouillé pour 14 ans d’exercices du pouvoir pour une première fois en 1991. Le souci du constitutionnaliste était probablement de permettre à Blaise Compaoré d’assainir son bilan politique après son coup d’Etat de 1987 pour ensuite, se trouver une porte de sortie honorable. Rien n’y fit la constitution de 1991 adoptée par referendum sera retouchée à l’Assemblée Nationale deux fois en son article 37 (1997 ; 2005). Sentant certainement sa fin arrivée le président burkinabè s’accrochera bec et ongles au démantèlement de cet article qui lui a pourtant octroyé 27 années de pouvoir sans partage. Cet entêtement, cet acharnement et cette obstination contre l’article 37 d’une constitution rédigée sous son contrôle, par des constitutionnalistes chevronnés qui cherchaient un compromis pacifique pour créer l’alternance au pays des hommes intègres fut la goutte d’eau qui déborda le vase le 30 octobre 2014.

Le projet de loi pour la révision de la constitution est annulé, l’Assemblée Nationale et le gouvernement sont dissouts mais Blaise Compaoré et beaucoup de ses compagnons d’infortune vont s’exiler hors du Burkina Faso. Le locataire de Kosyam est au Maroc en attendant une éventuelle extradition. Il risque d’être jugé dans son pays pour assassinat d’un président en exercice, violation des droits de l’homme, homicides volontaires, abus de pouvoir et de bien sociaux ; trafic d’armes et de diamants, détournement de fonds ou crime contre l’humanité. Rejoindra-t-il la Cour Pénale Internationale où séjourne depuis quelques années un de ses illustres contempteurs monsieur Laurent Gbagbo ? Bénéficiera-t-il d’un exil doré à la Ben Ali en Arabie Saoudite ? Finira-t-il ses jours dans un cimetière marocain comme Mobutu ou reviendra-t-il dans son Burkina natal pour être jugé comme Hosni Moubarak d’Egypte. En tout état de cause l’entêtement a un prix qu’il faille tout ou tard récolté et l’avenir de l’ex président burkinabè est des plus incertains. Le nouveau président du Faso, le diplomate Michel Kafando nous en donne un avant goût lors de son discours d’investiture en déclarant que « rien ne sera plus comme avant », quand son premier ministre le lieutenant Colonel Yacouba Isaac Zida ajoute que, si les besoins de l’enquête sur le dossier Sankara l’exigeait, il demanderait l’extradition de monsieur Blaise Compaoré. Une chose est de demander le retour de Blaise au pays pour être jugé conformément à la loi, une autre chose de pouvoir concrétiser cette extradition et pour preuve Hissen Habré au Sénégal.
Commentaires