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Insurrection des 30 et 31 octobre 2014 : l’armée aux côtés du peuple
Publié le mardi 13 janvier 2015  |  Sidwaya
Transition
© aOuaga.com par Séni Dabo
Transition politique : l`opposition et la société civile contre l`armée
Dimanche 2 novembre 2014. Ouagadougou. Place de la nation. L`opposition affiliée au chef de file et des organisations de la société civile ont organisé un meeting pour dénoncer la gestion de la transition par l`armée




Lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 contre le régime du président Blaise Compaoré, les Forces armées nationales ont après quelques heures, pris fait et cause pour la population, contraignant le président Compaoré au départ.

Dans la matinée du jeudi 30 octobre 2014, des milliers de manifestants ont convergé vers l’Assemblée nationale pour empêcher le vote du projet de loi portant révision de l’article 37 de la Constitution. Face à cette « forfaiture » qui devait permettre à l’ancien président du Faso, Blaise Compaoré de se présenter à la présidentielle de 2015, après 28 ans de pouvoir, le peuple s’est insurgé, brûlant, saccageant l’Assemblée nationale, le siège de l’ex parti présidentielle Congrès pour la démocratie et le peuple (CDP), des domiciles de barrons du régime, d’autres édifices publics et des biens privés. Les Forces armées nationales (FAN) avaient été mobilisés en plus des forces de police pour bloquer, voire réprimer les manifestants. Ainsi, l’Assemblée nationale était cernée par les militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la place de la nation par ceux du Régiment blindé… Cependant les révoltés ont rapidement atteint ces points sensibles après avoir bravé les gaz lacrymogènes et les camions de jets d’eau chaude de la police et de la gendarmerie. Face à l’avancé des milliers de jeunes, vieux, chômeurs, cadres… les militaires après des tirs de sommation ont préféré prendre la poudre d’escampette laissant la voie aux insurgés. Ils se sont « repliés » pour protéger leurs casernes ou des lieux considérés comme telles. Il y a certes eu des morts et des blessés par balles. On dénombrera officiellement 24 décès, donc 5 prisonniers tués alors qu’ils tentaient de s’évader et des personnes mortes au cours des pillages. L’armée dans son ensemble n’a pas voulu mater l’insurrection dans un bain de sang. Déjà aux premières heures du 30 octobre, selon des témoignages, les militaires de la garnison de Bobo-Dioulasso fraternisaient avec les manifestants. Dans les autres villes, les forces de défenses et de sécurité ont également épousé la cause du peuple. A Ouagadougou, après la « victoire » à l’Assemblée nationale où ils ont réussi à empêcher le vote de la révision constitutionnelle, une bonne partie des manifestants a investi la place de la nation et l’État-major général des armées (EMGA), pour appeler les militaires à prendre le pouvoir. Dans la soirée, le Chef d’état-major général des armées (CEMGA), le général de division Nabéré Honoré Traoré décide dans un communiqué, de dissoudre l’Assemblée nationale et le gouvernement. Il annonce la mise en place d’un organe transitoire en vue du retour de l’ordre constitutionnel normal dans un délai de 12 mois au plus tard. Pourtant, il ne se proclame pas chef de l’État, ni ne fait cas de la situation du président du Faso, chef de l’État, Blaise Compaoré. Le peuple maintien la pression le 31 octobre. Dans la matinée, l’armée annonce la démission du président du Faso, Blaise Compaoré.

La course au pouvoir

Le général Traoré se proclame chef de l’État. Quelques instants plus tard, c’est au tour du numéro 2 du RSP, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida de se proclamer chef de l’État. Dans l’après-midi, les manifestants demeurent rassemblés à la place de la nation, car la situation est toujours confuse. Le lieutenant-colonel Zida, escorté par des militaires issues des différents corps de l’armée sort du camp Guillaume-Ouédraogo, s’avance à la Place de la nation rebaptisé Pace de la révolution. Il annonce qu’il prend le pouvoir au nom de l’armée, suspend momentanément la Constitution et ouvre une période transitoire. Le lendemain 1er novembre, 54e anniversaire de l‘armée, la presse est convoquée au siège de l’État-major général des armées. Le CEMGA adjoint, le général de brigade Pingrénoma Zagré, en présence d’autres hauts gradés et de Zida livre un communiqué signé du CEMGA Nabéré Honoré Traoré qui était absent.

« La haute hiérarchie militaire après concertation informe l’opinion nationale et internationale que le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a été retenu à l’unanimité pour conduire la période de transition ouverte après le départ du pouvoir du président Blaise Compaoré » a déclaré le général Zagré. Il a ajouté que l’ensemble des officiers, sous-officiers, militaires du rang se réjouissent de cette unité et de cette cohésion réaffirmées au sein des Forces armées nationales. Tout en déplorant les pertes en vie humaines, les blessés, les préjudices matériels et moraux, les FAN ont promis au peuple, de respecter leurs engagements et de relever les défis qui leurs sont soumis en ces circonstances exceptionnelles. Par ailleurs, les tentatives prêtés au général de division à la retraite Kouamé Lougué et à la présidente du Parti pour le développement et le changement (PDC), Saran Sérémé de s’auto proclamer chef de l’État, dimanche le 2 novembre 2014, viendront se briser devant « l’union » de l’armée autour du lieutenant-colonel Zida pour conduire la transition. De la fonction de chef de l’État, Zida passera à celle de Premier ministre. En effet, Michel Kafando a été désigné à la tête de l’État , le 17 novembre, par un comité de transition regroupant des représentants de l'armée, de l'opposition et de la société civile ainsi que des chefs religieux et traditionnels, pour conduire la transition et préparer les élections de novembre 2015. Le 19 novembre, le lieutenant-colonel Zida est nommé chef d’un gouvernement où il sera en même temps ministre de la Défense nationale et des Anciens combattants. A l’occasion, le président Kafando a souligné « la place nécessaire de l'armée dans la transition, au regard du rôleessentiel qu'elle a joué dans la stabilisation du Burkina Faso ». Dans sa première grande interview à la presse nationale, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida a levé un coin de voile sur la situation qui a prévalu au départ de Blaise Compaoré. « Le CEMGA Nabéré Honoré Traoré, est un officier digne et responsable. Il avait donc fait une déclaration dans le souci d’éviter un bain de sang parce qu’il avait compris qu’il était possible qu’une partie de l’armée soit utilisée contre le peuple. C’est pour éviter ce bain de sang qu’il a fait sa déclaration » a éclairé le lieutenant-colonel Zida. Et de poursuivre : « Malheureusement, 24 heures après sa déclaration, la situation n’avait pas évolué. Elle s’empirait. Nous avons estimé qu’il fallait que nous prenions le devant, compte tenu du fait que nous avions l’avantage d’être avec les hommes ». Le général Zagré est devenu le nouveau CEMGA. Le général Traoré quant à lui, officie maintenant à la présidence du Faso comme conseiller spécial. A l’image du soulèvement 3 janvier 1966, l’armée s’est ainsi rangée du côté du peuple lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014.

Bachirou NANA
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