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Ces présidents qui s’accrochent vaille que vaille…
Publié le mercredi 7 janvier 2015  |  Sidwaya




De nombreux chefs d’Etat africains seront à la croisée des chemins en 2015 et 2016. Ils devront choisir entre se maintenir contre vents et marées au pouvoir ou préparer leur succession. Ce débat fait déjà rage en République démocratique du Congo (RDC) où Joseph Kabila ne peut plus, en théorie, se représenter en 2016. C’est aussi le cas au Burundi, puisque Pierre Nkurunziza est soupçonné de vouloir se représenter, alors que la loi fondamentale n’autorise que deux mandats. Au Congo Brazzaville, Denis Sassou NGuesso, est lui également confronté à l’article 57 de sa Constitution qui l’empêche de se représenter en 2016. En effet, M. NGuesso, selon les termes de la Constitution congolaise adoptée en 2002, doit rendre le tablier en 2016. De plus, l’homme est frappé par la limite d’âge (70 ans). Qu’à cela ne tienne, ses partisans, à travers le Parti congolais du travail (PCT) ne l’entendent pas de cette oreille. En effet, à l’occasion d’un congrès du PCT tenu dans la dernière semaine du mois de décembre 2014, les membres du bureau politique, dans leur quasi-majorité (46 oui contre 1 non), se sont prononcés en faveur d’une révision de la Constitution, vieille seulement de…12 ans. Le chef de l’Etat congolais, quant à lui, dans son message à la nation, s’est félicité de la vitalité de la démocratie, et mis en garde ceux à l’intérieur du pays qui voudraient voir le pays sombrer dans le chaos, non sans avoir auparavant signifié que c’est aux Congolais de résoudre les problèmes congolais. Allusion à peine voilée aux donneurs de leçons de démocratie. Suivez notre regard. Pour tout observateur avisé de la scène politique africaine, ces différents cas de figure donnent une impression de déjà-vu, notamment au Burkina Faso avec Blaise Compaoré. Celui-ci, on se souvient, en dépit des nombreuses contestations de l’opposition et des mises en garde venant de toutes parts, a tenté vaille que vaille de procéder à la modification de l’article 37. Au Niger, bien avant, c’est Mamadou Tandja qui est allé «tout droit dans le mur». Et comme ce fut le cas de Blaise Compaoré au Burkina Faso, Pierre Nkurunziza, Joseph Kabila et Denis Sassou NGuesso font la sourde oreille, alors qu’ils sont les principaux concernés. Les prochaines échéances électorales ? «C’est encore loin. Ma principale préoccupation, c’est le bien-être de nos populations» ou encore «nous aviserons le moment venu». Ces «déficients» démocrates vont même jusqu’à menacer « les médecins », qui viennent ou tentent de venir à leur chevet. La suite, c’est la mort subite… Que se passe-t-il dans la tête de nos chefs d’Etat africains ? A moins d’être frappé de myopie intellectuelle, rien ne justifie un tel aveuglement. Malheureusement, ces «pères-fondateurs», ces «guides éclairés» et autres timoniers semblent manquer cruellement de bon sens et de discernement. Le pouvoir sans doute grise son détenteur. De plus et pour reprendre le titre de l’ouvrage de l’écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma, les palais présidentiels africains sont remplis de tout, sauf de «diseurs de vérité». C’est souvent le cas chez leurs nombreux courtisans, conseillers spéciaux et militants regroupés dans un parti, prétendument qualifié de «majoritaire» (ou mangeonritaire ?). Sinon, comment comprendre, ce qui s’est passé au Burkina Faso risque de se dérouler sous nos yeux au Burundi, en RDC et au Congo Brazzaville. Voir tout un parti regorgeant d’intellectuels, de cadres aux compétences diverses, soutenir des projets iniques dans le seul dessein inavoué et malsain de maintenir un individu et son clan au pouvoir, est tout simplement lamentable. Pire, les Africains, notamment leurs dirigeants, donnent l’impression de ne tirer aucun enseignement des erreurs du voisin. Comment expliquer cela ? Loin de sombrer dans des considérations métaphysiques gratuites, le problème de la pratique de la démocratie en Afrique est peut-être spirituel. Soit. Une certitude cependant demeure. Pour paraphraser l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, les Africains, leurs inamovibles présidents en tête, ne sont, sans doute, pas assez rentrés dans la démocratie.


Aubin W. NANA
nanaubin@yahoo.fr
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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