Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article
Économie

Déguerpissement musclé des orpailleurs à Pièla
Publié le vendredi 2 janvier 2015  |  Sidwaya




Jeudi noir pour les orpailleurs de Bipoarga dans la commune rurale de Pièla, dans la Gnagna. Les orpailleurs ont été victimes d’une descente musclée des forces de l’ordre venues les déguerpir du site sur lequel ils sont installés depuis près de 17 ans. Pour en savoir davantage, le Syndicat national des orpailleurs artisanaux et traditionnels du Burkina (SYNORTRAB) a dépêché une mission, le vendredi 19 décembre 2014 dans la localité.

Des opérations de déguerpissement des orpailleurs sont légion au Burkina. Mais celle qui a eu lieu le jeudi 18 décembre 2014 à Bipoarga dans la commune rurale de Pièla diffère des autres, de part sa brutalité et le délai accordé aux orpailleurs pour déguerpir dans la quiétude. Comment en est-on arrivé là ? Selon les orpailleurs, notamment le président de la région de l’Est du SYNAORTRAB, cela fait environ 17 ans que les orpailleurs sont installés sur le site avoisinant la société minière Golden. Cette société possède un permis d’exploiter d'un périmètre de 3,5 kilomètres. A son arrivée de Golden dans les années 97, les orpailleurs ont été sommés de s’installer hors de la zone d’exploitation. Ils ont accepté. Depuis cette date, la distance qui les sépare de la société minière est estimée à environ 1,5 kilomètres.

Et l’exploitation se passait paisiblement, nonobstant quelques soubresauts qui ont entraîné la mort en 2012 d’un conseiller du village, décès survenu lors de sa détention par les forces de l’ordre commis à la sécurisation de la société minière. Le 30 et 31 octobre 2014, à la faveur des remous qu’a connus le pays, les orpailleurs de ce site, à l’instar d’autres orpailleurs ont pris d’assaut les installations de la mine, détruisant bon nombre de matériel. Faut-il faire le lien entre cet acte et l’opération musclée de déguerpissement intervenue plus d’un mois plus tard ? «En quelque sorte», nous a répondu un des hommes de l’officier Lassina Sombié, responsable de la sécurisation du site, que nous avons trouvé sur place.

Officiellement, cependant, l’ordre est venu d’en haut, notamment de la Direction générale de la police nationale, selon le haut-commissaire de la province de la Gnagna, Sévérin Somé : «Vers 18 heures (mercredi), le directeur provincial de la police nationale m’informait de ce qu’une opération de déguerpissement sur le site de Bipoarga aura lieu, le jeudi matin et qu’on leur a donné un ultimatum à savoir, 10h00. Peu de temps après, c’est le directeur régional de la police nationale de l’Est qui m’appelle pour confirmer qu’il y aura une mission de déguerpissement à Guétouadga», a expliqué M. Somé. Et de poursuivre : «Je crois que l’Etat a requis l’armée pour cette opération et qu’il y aura peut-être des CRS qui vont les appuyer.

Et c’est comme cela que j’ai été informé. En toute vérité, en tant que haut-commissaire, je ne sais pas comment les gens sont venus, d’où ils sont venus, combien ils sont et quelle est la mission exacte.» Le haut-commissaire a indiqué avoir souhaité le report de l’ultimatum. «Dans un premier temps, j’ai dit au préfet de Ipièla d’approcher les responsables du site pour demander un report de l’heure de l’ultimatum jusqu’à 12h, 14h ou 18 heures. Mais étant donné que je n’ai pas été impliqué dès le départ, comme c’est l’administration, il n’y a pas de marge de manœuvre. Et jusqu’à présent, je n’ai reçu ni un policier ni un militaire pour me dire comment les choses se sont passées», a fait savoir le premier responsable de la province de la Gnagna. C’est une mission commandée, venue d’en haut, il fallait faire avec.

Le représentant du Syndicat national des orpailleurs, Séraphin Lankoandé qui se trouvait sur le site, dans son explication a abondé dans le même sens que le haut-commissaire. «Le jeudi matin, vers 6h30, nous avons reçu la visite des CRS. Ils sont venus nous dire qu’ils ne veulent pas qu’à 10 heures, il y ait un seul bois sur les lieux. Immédiatement, nous sommes allés les voir pour leur demander de reculer un tant soit peu, l’heure de l’ultimatum pour permettre aux orpailleurs de ramasser l’essentiel. Parmi nous, il y a des orpailleurs venus de Bobo-Dioulasso, de Léo, de Gaoua, du Niger … Et les gens se sont installés sur le site depuis plus de 15 ans. Il y a même des familles entières ici», a-t-il raconté. «Vouloir que tout ce beau monde déguerpisse en moins de 2 heures, pratiquement et humainement, ce n’est pas possible. Ils nous ont rétorqué qu’ils ne peuvent même pas reculer l’heure d’une seconde de plus. Ils nous ont dit que si nous ne quittions pas les lieux, ils viendront mettre le feu.

Au moment où nous nous apprêtions pour regagner notre site, ils nous ont devancé et ont commencé à tirer des gaz lacrymogènes. Je suis arrivé trouver que le site est en feu», a-t-il relaté. Les orpailleurs s’attendaient-ils à un tel ordre de déguerpissement ? Non. Répond le représentant. Ils y sont depuis des années et ils n’ont pas appris qu’il y a un détenteur de permis d’exploiter sur leur lieu d’orpaillage. Ils savent cependant qu’un certain Bachirou Zongo détient un permis de recherche aux environs du site. Mais pour eux, selon la loi, un permis de recherche ne donne pas lieu à une opération de déguerpissement. Le bilan de l’opération fait état de plusieurs blessés graves, des engins calcinés, des biens, des moulins, des maisons et leur contenu partis en fumée.

Le syndicat national des orpailleurs condamne

Face à cette situation, Moustapha Souly s’en est pris aux autorités et à celui qui a commandé cette mission. «Cette manière de faire est une négation du Syndicat des orpailleurs qui, pourtant depuis son existence, joue d’interface entre les orpailleurs, les détenteurs de permis et l’administration», affirme-t-il, remonté. Dès lors et selon l’entendement du syndicat, toute opération de ce genre, nécessite que le syndicat soit mis au courant.

A lui de négocier maintenant un départ apaisé avec ses membres. «Et ce n’est pas la première fois que nous accomplissons une telle mission. La dernière en date est celle de Tenlouka où nous avons réussi à convaincre nos membres de déguerpir. Il n’y eut pas de chasse à l’homme ni de dégât», se plaint Moustapha Souly. Pour lui, si cette opération est une mesure de représailles en réponse aux actes des 30 et 31 octobre 2014, ce n’est pas juste car le cas de Guétouadga n’est pas un acte isolé. Cette manière de faire, selon le syndicat, dénote de la non-considération des orpailleurs qui sont traités comme «des délinquants ou des voyous, laissant le droit à quiconque possède une parcelle de pouvoir venir les déguerpir sans tenir compte de la loi». En tout cas, le syndicat promet de faire la lumière sur cette affaire afin que les orpailleurs qui ont perdu leurs biens soient rétablis dans leur droit.


Ousmane TIENDREBEOGO
(collaborateur)
Commentaires

Titrologie



Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie
Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment