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Emoluments des membres du CNT : des citoyens burkinabè entre incompréhension et scepticisme
Publié le samedi 27 decembre 2014  |  Le Quotidien
CNT
© aOuaga.com par A.O
CNT : c`est parti pour l`unique session de 10 mois
Lundi 22 décembre 2014. Ouagadougou. Hôtel du député. Le Conseil national de la transition (CNT) a ouvert solennellement sa session unique qui va durer 10 mois




Les émoluments servis aux membres du Conseil national de la transition semblent ne pas faire l’unanimité au sein d’une certaine classe. Nous avons promené notre micro pour avoir la lecture de quelques citoyens, le 26 décembre 2014, à Ouagadougou.

Thierno Lido, journaliste à radio Pulsar
« Si demain des fonctionnaires grèvent pour une revalorisation de leur salaire, qu’est-ce que les uns et les autres diront ? »
En ce qui concerne la rémunération des membres du CNT, je dirai que tout ce qui se passe dans cette transition est contraire aux aspirations de ceux qui ont été au début de cette insurrection. La transition, il y a deux choses fondamentales : le consensus et la transparence. Aujourd’hui on sait que la question de la rémunération des membres de la transition avait été une question polémique autour de laquelle certains disaient qu’il fallait un mandat gratuit et d’autres le contraire. Moi, je suis d’accord pour qu’on leur trouve quelque chose. Mais, le fait de leur donner 800 000 F CFA, à peu près égal au salaire que les députés de la IVe république avaient, je trouve que c’est indécent, parce que les uns et les autres critiquaient le fait que ces députés aient un gros salaire. Donc, pour la transition, on s’attendait à ce que les autres fassent le contraire de ce qui était là en se contentant du peu, surtout que l’on sait qu’ils sont là pour une année. Ils sont venus pour une mission bien précise. On ne dit pas de ne pas leur donner quelque chose, mais 800 000 F CFA ? Dans le contexte actuel du Burkina Faso, on peut dire que c’est trop et même indécent. Pour la simple raison que le travail qu’ils font, c’est le même travail que les fonctionnaires font. Les fonctionnaires vont au service à 7 h et ils finissent à 12h30. Ils y repartent à 15h et ils finissent à 17h30. Alors si demain des fonctionnaires grèvent pour une revalorisation de leur salaire, qu’est-ce que les uns et les autres diront ? Ce sont de petites questions pour lesquelles, je me dis que pour la transition, il fallait la transparence et surtout prouver aux gens qu’ils ne sont pas venus travailler dans la transition pour se faire de l’argent. Un député qui touche 800 000 F CFA, franchement c’est beaucoup. C’est trop et même indécent.

Abdoulaye Diallo, gestionnaire du CNP-NZ
« On devrait faire une rupture vis-à-vis de l’Assemblée nationale passée »
Comme nous n’avons pas toutes les informations sur les émoluments des députés de la IVe république, il est difficile d’opiner la dessus. Est-ce que c’est des émoluments uniques pour les dix mois de session où c’est le traitement salarial mensuel, puisque l’on sait que les députés ont des frais de session pour les dix mois de session. Il faut qu’on ait l’information complète pour pouvoir opiner. Le montant semble, si c’est vérifier, le même que celui que les députés du règne de Blaise Compaoré touchaient. Là, il y a un problème. Parce qu’il y a eu une révolution. Ils auraient tout simplement pu dire qu’ils prenaient la moitié de ce qu’on donnait aux gens ou simplement qu’ils gardent les frais de session, parce qu’il aura tellement de sessions dans les 10 mois qui viennent. Même s’ils gardent les 30 000 F de frais de session, ils auront beaucoup gagné. Dans l’année, sur les 360 jours, ils auront probablement au moins 200 jours de session. Si vous calculer 200 jours de session par 30 000 F, cela fera un ratio d’à peu près de 600 000 à 700 000 F CFA par mois. Ce qui n’est pas mal pour une transition. Mais, je n’ai pas toutes les informations pour apprécier. Je ne sais pas sur quelle base cela a été fait. Est-ce que c’est une reconduction des mêmes conditions que les députés passés ? Et là, je les désapprouve. Symboliquement on devrait faire une rupture vis-à-vis de l’Assemblée nationale passée qui était budgétivore et qui ne faisait pas du tout le travail. Mais, si ce sont des émoluments qui ont été calculés sur la base et ce, en faisant une rupture, là il n’y a aucun problème. Si c’est une reconduction pure et simple des députés passés, là je trouve que ce n’est pas une bonne idée. Comme Thomas Sankara l’a fait en 1983, il a diminué son salaire de président, diminué le salaire des ministres et des hautes autorités pour montrer que l’on vient pour travailler pour le peuple. Qu’on sente un peu ce message dans la question des émoluments aussi.

Abdoulaye Dao, journaliste au CSC
« Je trouve que c’est un montant qui est très élevé »
C’est à travers la presse que nous avons appris que les membres du CNT sont passés à la caisse et que leurs émoluments s’élevaient à 800 000 F CFA. Cela m’a étonné parce je trouve que c’est un montant qui est très élevé. Quand on sait le contexte dans lequel nous sommes actuellement. Je ne vois pas en quoi ils doivent être considérés comme des députés. Donc, jusqu’à aller obtenir les mêmes émoluments qu’obtenaient les députés. Je pense que le montant est très élevé. Je crois que même à 300 000 F CFA, ce n’était pas mal. Donc, je trouve que ça ne va pas. Je suis très déçu de ces émoluments pour ces gens qui sont allés pour se battre pour défendre la cause nationale. Je crois que cela pourrait être la manière qu’on rémunérait les conseillers municipaux. En tout cas, 800 000 FCFA ? Je trouve que c’est vraiment trop pour notre pays, vu le contexte actuel, quand on sait comment ils sont partis là-bas.
Un autre élément de préoccupation, est que j’ai constaté (je n’ai pas les documents officiels) que les informations qui nous parviennent, est qu’ils ont organisé le CNT avec l’organigramme type de l’Assemblée nationale avec des groupes parlementaires. Mais je trouve que tout ça là c’est à revoir. Le CNT est un organe spécifique, ce n’est pas comme une Assemblée nationale qu’on connait qui était constituée que de politiciens. C’est parce qu’il y avait des partis politiques là-bas. Donc des partis politiques qui avaient des idéaux et s’organisaient donc en fonction de ceux-ci pour constituer des groupes parlementaires. Aujourd’hui, je ne sais pas comment sont constitués ces groupes parlementaires. Je ne sais pas s’il y a des groupes parlementaires société civile, des groupes parlementaires militaires, ou des groupes parlementaires partis politiques. Mais je ne sais pas sur quelle base on a constitué ces groupes parlementaires. Vraiment, je ne sais pas à quoi ils répondent. Peut-être que le président du CNT pourra nous dire davantage, surtout si vous avez l’occasion pour l’interviewer pour qu’il dise pourquoi ils ont calqué l’organigramme sur celui de l’Assemblée nationale d’alors. Qu’on nous donne des explications là-dessus. Si non, je ne vois pas vraiment l’utilité, le bien fondé. Je ne vois pas en quoi cela se justifie. La lutte a été menée par le peuple. Donc, ce n’est pas un partage de cadeau. Donc, il ne faut pas aller encore avec cet organigramme de l’Assemblée nationale pour permettre à des gens d’avoir des postes. Je ne crois pas que des gens soient partis là-bas seulement pour avoir des postes mais sont là-bas pour aller défendre les idéaux qu’ils défendaient toujours et qui ont suscité l’insurrection populaire. Donc, faire de sorte qu’il y ait des reformes concrètes pour que le pays change, aille sur de nouvelles bases. Mais si ce sont des luttes pour occuper des postes, je crois qu’il faut se remettre en cause et qu’ils considèrent que l’Assemblée nationale, c’est celle qu’on connait et qui a été dissoute. C’est un CNT, donc on doit même les appeler des conseillers. C’est l’ensemble de ces conseillers qui forment ce Conseil là. Même le titre de député, c’est abusif et s’ils savent ce que c’est qu’un député, ils ne doivent même pas accepter cette appellation.

Galip Somé, journaliste à la RNB
« Il ne fallait pas mettre en place un CNT »

J’étais de ceux qui partageaient la vision selon laquelle il ne fallait pas mettre en place un CNT. Parce que nous sommes partis pour une période transitoire d’une année. Et plus il y a des institutions, plus il y a des lourdeurs, plus il y a encore des dépenses à gérer. Tout cela n’était pas de nature à faciliter la tâche aux autorités en charge de la transition.
Maintenant que le CNT a été mis en place et des émoluments ont été servis, les gens commencent effectivement à se plaindre comme quoi, ce sont des émoluments assez énormes. Mais une fois que la chose a été installée, il faut qu’on l’accepte comme telle. Ceux qui sont allés s’asseoir là-bas ne vont pas travailler à se desservir. Vous savez que ce sont des gens qui pour la plupart occupaient un certain nombre de fonctions et qui sont allés pour accomplir une mission. Je pense qu’il faut que les gens acceptent finalement que ces émoluments leur soient servis pour leur permettre d’accomplir ce mandat.

C’est vrai que pour la plupart, ils ont critiqué le mode de gestion de l’ancien régime. Les gens ont trouvé que le train de vie de l’Etat était élevé. Cela montre aussi que tous, autant que nous sommes, si on a accès à un certain niveau où il y a des avantages, les gens n’hésiteront pas à récupérer. Donc, c’est la lecture que je fais de tout cela en estimant qu’au lieu d’aller dans des débats qui vont nous emmener en arrière, qui ne vont pas faciliter la bonne marche de cette période de transition, il faut que les gens acceptent tout en tirant les leçons de cette manière de voir les choses au niveau des Burkinabè. Cela veut dire que plus on placera des gens à des postes, plus ils n’hésiteront pas à se servir. C’est la conception que j’aie. Sinon, beaucoup de gens de société civile y sont. Pendant longtemps, ils ont critiqué le train de vie de l’Etat, ils ont parlé. Même l’Assemblée nationale qui étaient là, les gens ont longtemps critiqué effectivement les émoluments qui étaient servis là-bas. Mais quand ils sont allés, ce qui a été servi, est-ce que vous avez entendu qu’il y a un seul membre qui a critiqué ? Non ! C’est mieux que les gens comprennent ! C’est dommage mais il faut qu’on l’accepte, qu’on comprenne également ! Ils doivent travailler. Qu’on les laisse travailler. Ce n’est qu’une année et qu’on les laisse aller au bout de leur mission pour apprécier après les résultats. Parce qu’on les jugera également au bout du compte.

Ce qui a été servi comme émoluments, quel a été le résultat ? Qu’est-ce qu’ils ont apporté véritablement, en termes de votes de lois qui puissent aider la bonne marche du pays. En ce moment maintenant, on va les juger. Est-ce que les émoluments ont été à la taille de la tâche accomplie ? C’est là vraiment que les gens pourront apprécier ce qui a été fait au niveau du CNT. Pour me résumer, c’est-à-dire qu’on les laisse se servir et maintenant, on les attend aux résultats. A partir de ce moment, les gens vont apprécier 1

Par TLT et FK
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