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Burkina Faso : l’histoire recherche héros
Publié le samedi 27 decembre 2014  |  L`Observateur Paalga
Les
© aOuaga.com par Sk
Les manifestants se dirigent vers la RTB




Quand le peuple écrit une nouvelle page de son histoire, on range dans les tiroirs les récits de fiction. Aussi Projecteur va-t-il, pour une fois, laisser la création artistique pour s’intéresser à la poésie de l’action et à l’histoire récente du Burkina. Une histoire à la recherche des héros pour l’écrire.

L’Histoire est un itinérant qui va de son pas traînard de pays en pays pour faire provision de récits et de personnages. Elle avait fait une escale au Burkina en 1983, quand de jeunes hommes avaient décidé d’écrire une page glorieuse de ce pays. Au finish, elle n’avait pris sur son registre qu’un nom : Thomas Isidore Sankara. Les autres comparses qui ont perdu leurs rêves en chemin sont entrés dans la banalité du quotidien, devenant serfs d’un homme et d’une circonstance.

Depuis le 30 octobre 2014, l’Histoire a posé, de nouveau, ses valises au Pays des hommes intègres et elle ouvre ses portes aux hommes de valeur du Burkina. Qu’est-ce qui permet d’affirmer que l’Histoire est là ? Quand des hommes jettent aux orties leur docilité pour prendre leur destinée en main et deviennent acteurs de leur devenir, ils font la grande histoire.

Actuellement les Burkinabè ont conscience d’inventer un monde nouveau et ont la conviction que simples citoyens ou législateurs, leurs actes participent à mouvoir le pays vers un horizon meilleur. Le 30 octobre au matin, à regarder les jeunes marcher vers la place de la Nation, le pas léger et le cœur ferme, déterminés à changer les choses malgré la mitraille qu’ils pouvaient avoir en face, ils ont pensé à un autre jeune homme d’une autre Révolution, Saint-Just, et à ses mots: « Je méprise cette poussière qui me compose ; on pourra la persécuter et faire mourir cette poussière. Mais je défie qu’on arrache cette liberté que je me suis donnée… ». Ainsi, ils ont bravé la mort et balayé le pouvoir de la IVe République.

On peut dire que des hommes et des femmes ont agi dans le sens de l’Histoire en renonçant à leur égoïsme et prêts au sacrifice pour le pays. C’est de l’ombre, des combles et des replis de la cité que sont sortis les acteurs de cette histoire.

Malheureusement, il est connu que ce sont les humbles qui font l’histoire, mais ils restent des anonymes dans cette histoire. C’est toujours une poignée de politiques qui prennent les rênes de la révolution et imposent leur figure à l’Histoire. Aux portes de cette l’histoire, il y a beaucoup de candidats.

De l’armée, il est sorti un officier, inconnu du grand nombre. En pilotant une transition vers un pouvoir civil, il manœuvre dans le sens de l’histoire. Ce qui l’amène au seuil de l’histoire, mais au moindre faux pas, il ratera sa place. Si, par exemple, l’envie lui prenait, sous la flatterie des intellectuels courtisans, de tomber la tenue léopard pour un costume cravate de civil de présidentiable, il n’est pas sûr qu’il reste dans la mémoire comme un homme d’honneur.

Un autre personnage est en lice. Un homme qui a structuré l’opposition en prenant la tête. Au temps où les anciens compagnons de Blaise Compaoré passaient à l’opposition pour jouer les taupes ou pour s’agiter en attendant d’être rappelés au banquet, il a montré qu’une opposition crédible, organisée et prospective était possible. Maintenant, il peut entrer dans l’histoire. Seul problème, aucun libéral ne figure au panthéon de l’Afrique. C’est quoi, un libéral dans un pays pauvre ? Un homme qui vend sa souveraineté aux multinationales et survit avec une rente !

Trois mousquetaires compagnons du président déchu pendant 27 ans et comptables de son bilan, car architectes de sa démocrature. Par chance, ils ont quitté le navire avant qu’il ne chavire. Ils sont aussi architectes de sa défaite et de l’effondrement de cette république. Maintenant, ils entendent diriger la Ve République à venir. Ils pourront rester dans l’histoire s’ils réussissent à se débarrasser des pratiques maffieuses qu’ils ont érigées en règle de gestion dans leur première et plus longue vie. On peut dire qu’un défi gigantesque les attend: réussir en un quinquennat à apurer ce passif nauséeux pour une conduite plus vertueuse. Autant dire qu’il leur faut une rééducation politique à la soviétique. S’ils réussissent cette mue, l’histoire s’en souviendra !

Sans être devin, on peut dire qu’il y a des hommes qui n’entreront point dans l’Histoire, ce sont les intellectuels et les technocrates du pays qui ont mis leur intelligence au service du plus fort. Pour espérer la rédemption, il leur faut d’abord une décennie de vœu de silence et de retraite loin de la chose politique. Le cancer du Burkina n’est pas notre fort taux d’analphabètes ni la pauvreté des ressources, mais bien son intelligentsia dont les idées ont métastasé les esprits et corrompu les valeurs. Prenez les défenseurs de la modification de l’article 37, les concepteurs de l’émergence, les théoriciens de l’opposition constructive, de l’homme providentiel, tous des intellectueurs.

La Révolution d’août 1983 est passée et les politiques et les intellectueurs n’ont point retenu la leçon. Voilà la Révolution d’octobre 2014. Les portes de l’Histoire sont béantes, mais n’entreront que les personnages qui auront une conscience aiguë de l’histoire et qui sauront renoncer à leur égoïsme pour répondre aux aspirations du peuple. Ici, il n’y a pas de passe-droit, car c’est la mémoire collective qui est le juge souverain ; elle retient ceux qui sont dignes de sédimenter l’histoire et non les falsifications des scribes.

Saïdou Alcény BARRY
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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