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Salif Diallo, 1er vice-président du MPP : « si nous tombons dans les mêmes erreurs … le peuple va nous balayer aussi »
Publié le mercredi 24 decembre 2014  |  Le Pays
Koudougou
© aOuaga.com par G.S
Koudougou : le MPP clôt sa rentrée par un meeting
Samedi 18 octobre 2014. Koudougou (région du Centre-Ouest). Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, opposition) a clos sa rentrée politique débutée le 11 octobre à Ouagadougou par un meeting régional. Photo : Salif Diallo, 1er vice-président du MPP




Le 20 décembre 2014, à Ouahigouya, a eu lieu l’Assemblée générale régionale des structures géographiques et spécifiques du parti du mouvement du peuple pour le progrès (MPP). C’était en présence du premier vice-président du parti, Salif Diallo, qui avait à ses côtés quelques camarades membres du bureau exécutif national. Mais le fait qui aura retenu l’attention de toute l’assistance a été la présence de l’ensemble des chefs coutumiers les plus représentatifs du royaume du Yatenga, mandatés par Sa Majesté Naaba-Kiiba.
Ils sont venus des 4 provinces du Nord (Yatenga, Loroum, Zondoma, Passoré) et des 31 communes de la région. Issus de tous les secteurs d’activités, de toutes les obédiences religieuses et de tous les âges, les militants, sympathisants du MPP ou simples spectateurs curieux, ont pris d’assaut la grande salle polyvalente « Mamoudou Ouédraogo », d’une capacité de 2 500 places assisses. Pari réussi, car la salle des spectacles était pleine comme un œuf le 20 décembre 2014. Ce jour-là, le comité d’organisation avait mis les bouchées doubles pour faire de la rencontre, première du genre depuis le dernier meeting du MPP à Ouahigouya il y a quelques mois, un défi. Successivement, et suivant une certaine hiérarchie, les membres de la direction du parti prenaient place.
« Avec le MPP, un jour nouveau se lève au Faso, tous unis et mobilisés pour un rayonnement éclatant du parti au Nord », pouvait-on lire ça et là.
« Avec le MPP, la victoire est certaine ». Juste derrière le présidium, on reconnaît quelques visages des cadres du parti. Des opérateurs écononomiques qui jadis cachaient leur appartenance au parti de Roch Marc Christian Kaboré le font à visage découvert aujourd’hui. Et que dire de la chefferie traditionnelle ? Certains chefs étaient habillés de grands boubous aux couleurs du MPP. Sa Majesté Naaba- Kiiba, Roi des rois du Yatenga, pour des raisons purement coutumières, n’a pu faire le déplacement, mais s’est fait représenter de la plus forte manière. La délégation des coutumiers était conduite par le Togo-Naaba, Premier ministre de Sa Majesté. Au moins une trentaine d’autorités coutumières était physiquement présente dans la salle. Le roi du Yatenga, lui-même, avait dans la matinée, reçu Salif Diallo et ses lieutenants hors de Ouahigouya où il observe une retraite coutumière dénommée « Naab-yit-kioughin ». Au nombre des chefs qui ont visiblement fait allégeance au MPP, il y a celui de Zogoré qui avait démissionné du CDP pour rejoindre l’ADF/RDA. Mais l’homme a encore claqué la porte du parti de Gilbert- Noël Ouédraogo pour celui de Salif Diallo. L’émir de Banh ou chef Peulh de la localité, après plus de 20 ans de militantisme actif au CDP, a changé également de carte politique. Sa notabilité Tom-naaba du Yatenga, personnage influent au regard de la position qu’il occupe dans le royaume du Yatenga, portait un grands boubou estampillé ‘’MPP’’. Dans la salle, il y avait de simples ex militants du CDP, mais aussi des anciens maires qui ont tourné leurs vestes. Quand, à 10 heures 24mn, Salif Diallo et ses proches collaborateurs firent leur entrée dans la salle, tout le monde s’est mis debout en scandant des slogans de victoire ou en saluant le courage, la détermination et le sens élevé de patriotisme du premier cité. Cris de joie accompagnés de mots élogieux à l’endroit de celui qu’on a tout de suite considéré comme le digne fils du Yatenga’’. L’attente aura duré des heures avant que l’on assiste aux discours.
Salif Diallo déconseille aux militants l’arrogance et la suffisance
Mamadou Ouattara, secrétaire général du MPP, section Yatenga, a salué la maturité politique et patriotique du peuple burkinabè. S’exprimant sur les évènements des 30 et 31 octobre 2014, il a accusé nommément l’ADF/RDA et le CDP d’être responsables des morts enregistrés à Ouahigouya. En effet, les 3 personnes retrouvées calcinées dans la résidence de l’ex-maire, Gilbert-Noël Ouédraogo, sont un élève, un étudiant et un gérant de kiosque. Une minute de silence a d’ailleurs été observée en leur mémoire. Puis, le président de la fédération du Nord, Antoine Raogo Sawadogo, ex-ministre de l’administration territoriale dans les années 90, membre du bureau exécutif national, n’a pas été tendre avec le défunt régime de Blaise Compaoré. Il a parlé notamment de ‘’gestion clanique et patrimoniale de l’Etat’’. Pour lui, le régime était construit autour d’un homme, d’une famille, d’une belle famille, d’un clan, et tout cela avait fait de Blaise Compaoré un « grand timonier » que les Burkinabè ont « bouté hors de leur frontière ». Il s’est largement félicité de l’engagement des militants du Nord qui, selon lui, travaillent ‘’avec le cœur’’, parce qu’ils ont quelque chose dans le cœur pour cette région, pour ce pays . A ce jour, et à en croire Antoine Raogo Sawadogo, 943 comités de base ont été installés dans les sections de la région du Nord et 31-sous-sections sont aujourd’hui opérationnelles.
Tenir la flamme de la mobilisation
Prenant la parole au nom du bureau politique national, Fidèle Kindéga a, dans un discours aux allures révolutionnaires de 11 pages , dit et redit les raisons qui ont conduit à la chute du régime de Blaise Compaoré. Paraphrasant Simon Compaoré, absent de la recontre, il a dit que « le MPP est né avec des dents ». L’orateur n’a pas manqué un seul instant de surprendre son auditoire en proclamant haut et fort son sankarisme, sous les regards médusés. Mais il sera appuyé plus tard par Salif Diallo, celui que toute la salle attendait depuis plus de 5 heures. Pendant une quarantaine de minutes, l’ex- membre influent du pouvoir Compaoré s’est adressé aux militants sous des applaudissements. L’homme a salué la mémoire de Thomas Sankara, en confiant qu’il a été recruté par celui-ci sous la révolution suite à des mesures exceptionnelles. Evoquant la démission de Roch et ses camarades le 4 janvier 2014, Salif Diallo a qualifié cette décision d’acte de renonciation aux dérives dictatoriales du régime Compaoré. Sans langue de bois, Salif Diallo a exhorté tous les militants de son parti à se départir des comportements suffisants et arrogants qui, selon lui, sonnent comme une aventure hasardeuse qui retarderait la mise en place d’un Etat véritablement démocratique. « L’instauration du pouvoir personnel ne peut qu’engendrer la gabégie, la mauvaise gestion, la corruption et la patrimonisation », a-t-il constaté. C’est pourquoi il a conseillé l’humilité et la pondération à tous ceux qui veulent faire du MPP un parti Etat. « Ceux qui militent pour des postes de responsabilités comme conseillers, maires, députés ou ministres n’ont pas de place au MPP. Ce n’est pas parce que c’est votre ennemi qui a été choisi responsable que vous allez passer votre temps à souhaiter qu’on l’enlève. C’est fini la politique de l’exclusion. C’est par votre travail qu’on vous confie des responsabilités et non pas parce que vous avez des liens d’amitié ou de copinage avec un tel ou tel autre », a-t-il lancé. Voilà des vérités crues qui ont été dites sous des tonnerres d’applaudissements. « Si nous tombons dans les mêmes erreurs que celles commises par Blaise Compaoré, le peuple va nous balayer aussi », a fait savoir l’ex- homme fort du régime Compaoré. Au terme des travaux, les participants ont pris des résolutions tendant à entretenir la flamme de la mobilisation pour une victoire totale en 2015.

Hamed Nabalma
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