Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aOuaga.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Soumane Touré, secrétaire général du PITJ : « La charte de la transition est grossièrement contraire à la Constitution du 2 juin 1991 »
Publié le mardi 23 decembre 2014  |  Partis Politiques
Politique
© aOuaga.com par Séni Dabo
Politique : le PITJ fait sa rentrée 2014
Dimanche 30 mars 2014. Ouagadougou. Le Parti de l`indépendance, du travail et de la justice (PITJ) a fait sa rentrée politique de l`année. Photo : Soumane Touré, secrétaire général du PITJ




Ceci est une longue tribune du secrétaire général du Parti de l'indépendance, du travail et de la justice (PITJ), Soumane Touré. Elle donne la lecture de ce parti sur l'insurrection populaire de fin octobre même si, comme à son habitude, son auteur remonte loin tant l'histoire du Burkina que de la France pour prendre des exemples, expliquer certains faits actuels. Comme à son habitude également, le premier responsable du parti règle ses comptes en des termes souvent durs que nous avons été obligé de supprimer des passages et les remplacer par des points de suspension entre parenthèses pour ne pas être en porte-à-faux avec l'éthique et la déontologie de notre profession.


Notre pays et notre processus démocratique défini par la constitution du 2 juin 1991 se trouvent à la croisée des chemins depuis l’assaut que la jeunesse de notre pays a donné à l’Assemblée Nationale le 30 octobre 2014 pour empêcher l’adoption du projet de loi proposé par Blaise COMPAORE.
C’est le lieu de saluer l’héroïsme de notre jeunesse et de déplorer le lourd tribut qu’elle a payé pour renouer avec la lutte de notre peuple pour la liberté, la démocratie, la bonne gouvernance et le progrès. Cet assaut et les pertes en vies humaines ont contraint Blaise COMPAORE, qui ne cherchait à modifier qu’un article de la constitution, à démissionner et à déclarer, de ce fait, la vacance du pouvoir en invoquant l’article 43 de la Loi fondamentale.
Aussitôt, l’Armée qui a confisqué le pouvoir depuis le 3 janvier 1966, qui a constitué le blocage à une réelle démocratisation de notre pays, cette armée, la même sur laquelle Blaise COMPAORE s’est appuyé pour se maintenir au pouvoir pendant 27 ans, cette armée, la même sur laquelle Blaise COMPAORE s’est adossé pour annoncer urbi et orbi qu’il allait commettre les deux crimes les plus graves prévus par la constitution en son art. 166. « La trahison de la Patrie et l’atteinte à la Constitution constituent les crimes les plus graves commis à l’encontre du peuple » avec son projet de loi modificatif de l’art.37 de la constitution, cette armée-là décide, dans un cafouillage révélateur des dissensions en son sein, d’opérer un coup d’Etat pour conserver encore et toujours le pouvoir en prononçant la dissolution de l’Assemblée Nationale, du gouvernement et la suspension de la Constitution.

Autopsie d’un coup d’Etat

La réaction des insurgés et du peuple a été immédiate parce que ce n’est pas l’Armée qui a contrait Blaise COMPAORE à la démission. En effet, l’Armée a manqué l’occasion de perpétrer l’unique coup d’Etat salutaire de son existence comme le dernier opéré au Niger voisin contre TANDJA dans son entreprise de révision de la constitution de son pays. Elle en avait l’opportunité jusqu’au petit matin du jeudi 30 octobre 2014. A en croire les déclarations des officiers supérieurs qui entouraient Blaise COMPAORE au palais présidentiel, il n’était même pas nécessaire d’arriver à une telle extrémité, un coup d’Etat. Il aurait suffi, au vu de la mobilisation et de la détermination des manifestants, de l’entourer et de lui demander au soir du 29 octobre 2014, sans qu’un coup de feu ait été tiré, de retirer son projet de loi et de démissionner. Est-ce pour ce manquement que Blaise COMPAORE, depuis son exil, accuse ces officiers supérieurs d’avoir fomenté un coup d’Etat avec le MPP ?. Au lieu de cela, elle a tiré sur les manifestants aux mains nues, faisant de nombreux morts et blessés. La vive protestation des insurgés et du peuple contre ce coup d’Etat a été soutenue par la communauté internationale qui a exigé, après l’effectivité de la démission de Blaise COMPAORE, une transition civile et démocratique à même de renouer avec une vie constitutionnelle normale dans un délai de 15 jours.
Les insurgés, les partis politiques affiliés au CFOP, les organisations de la société civile et les communautés religieuses et coutumières ont obtenu gain de cause avec le soutien de la communauté internationale que le pouvoir appartient au peuple et doit revenir au peuple. Ce qui est vrai et juste.
A ce stade, l’instauration d’un Etat d’exception par l’Armée avait été bloquée. En effet, le peuple, par référendum, avait adopté la Constitution du 2 juin 1991 qui nous régit toujours comme Blaise COMPAORE l’a reconnu lui-même en démissionnant et en déclarant la vacance du pouvoir en se référant à la Constitution en son art.43. Ce référentiel de l’ordonnancement juridico-politique de notre pays a prévu un processus de dévolution démocratique du pouvoir en cas de vacance.
Les partis politiques affiliés au CFOP, les organisations de la société civile, les autorités des communautés religieuses et coutumières et la communauté internationale auraient dû, pour mettre en place une transition civile démocratique et conforme à la constitution, exiger en premier lieu le rétablissement de la constitution suspendue par les militaires pour s’y référer. Au lieu de cela, ils ont, d’un commun accord, entériné la suspension de la constitution pour s’atteler à la rédaction d’une Charte de la Transition qui ne tire aucune légalité ni légitimité de la Constitution du 2 juin 1991. Pire, ils décident que leur charte de la transition est une norme supérieure à la constitution en stipulant dans celle-ci qu’en cas de conflit, ce sont les dispositions de la charte qui prévalent. Le comble du ridicule, les auteurs de la charte proclament que celle-ci est un complément de la constitution (cf. art. 25 de la charte).
Pour justifier leur forfaiture et leur crime, les auteurs de la Charte ont prétexté un vide institutionnel. Est-ce ainsi et par une telle procédure que la constitution peut être modifiée pour y ajouter ou en retirer des dispositions ? Même Blaise COMPAORE, au faîte de sa folie criminelle, a hésité entre le référendum et la voie parlementaire pour réviser l’art.37 avec lequel il avait un problème.
La Charte de la transition est grossièrement contraire à la Constitution du 2 juin 1991. Le prétendu consensus qui la sous-tend n’est que l’entente entre putschistes civils et militaires. Le mot consensus n’existe nulle part dans la Constitution du 2 juin 1991. Ni en démocratie. Il est toujours question de majorité, de majorité qualifiée même et il est toujours précisé la qualité de ceux qui constituent la majorité et la minorité. Par conséquent, la Charte, les organes de la Charte, ceux qui ont été désignés « consensuellement » pour occuper les différentes fonctions et portent les différents titres prévus par la constitution sont contraires à la Loi fondamentale adoptée par référendum le 2 juin 1991 par le peuple du Burkina Faso.
En fait, la Charte de la transition est la codification d’un coup d’Etat consensuel des auteurs d’une succession non constitutionnelle au régime de Blaise COMPAORE selon le scénario prévu par le doyen Edouard OUEDRAOGO, Directeur de publication de l’Observateur Paalga dans son article : « François COMPAORE répond-il au portrait-robot ? ».
Voici ce que, le 19 octobre 2013, le PITJ, rappelant cet article, déclarait à l’ouverture de son premier comité central : « Dans l’article, sans explication aucune et sans gêne, le doyen Edouard OUEDRAOGO envisageait la succession de Blaise COMPAORE ; il soupesa un peu Salif DIALLO pour le rejeter ; il retint François COMPAORE comme faisant l’affaire à condition que ce dernier soit adoubé par l’armée, la chambre de commerce, les communautés religieuses et la chefferie traditionnelle. En clair, le doyen Edouard OUEDRAOGO n’envisage la succession de Blaise COMPAORE autrement que par un putsch. Pour lui, la constitution n’est qu’un chiffon de papier.
Le nom de Roch Marc Christian KABORE, alors Président de l’Assemblée Nationale, dauphin constitutionnel, ne figurait même pas dans l’article.
La rédaction de RFI étonnée appela Dieudonné ZOUNGRANA pour savoir ce qui se passe dans notre pays.
Au plan national, il n’y eut aucune réaction. Ni de la part des autorités ayant à charge la conduite de notre processus démocratique, ni de l’autorité de régulation de l’information.
Au niveau de notre parti, cet article a sonné l’alerte et a aiguisé notre vigilance car nous connaissons bien le doyen Edouard OUEDRAOGO comme un homme retors qui a toujours regroupé autour de lui et de son journal les forces les plus obscures et les plus rétrogrades. Nous avons donc conclu que le doyen Edouard OUEDRAOGO venait de mettre en route une conspiration contre la république et la démocratie ».
Il est loisible de retrouver l’intégralité du discours dont le texte a été remis le 19 octobre 2013 à tous les médias, mis sur Lefaso.net et ensuite distribué à toute la classe politique, à la société civile et même aux ambassades et à la CEDEAO.
Il nous est revenu quelques jours après la tenue de notre comité central que le doyen Edouard OUEDRAOGO a eu une poussée de fièvre à la lecture du texte de ce discours. Au point que son journal n’a pas daigné faire cas de notre comité central par crainte de l’anéantir. Les autres médias, par compassion, n’ont pas fait cas de ce passage dans leurs comptes- rendus.
Du scénario prévu par le doyen Edouard OUEDRAOGO, le nom François COMPAORE a disparu lorsque le Lt. Colonel ZIDA s’est rendu au palais du Moogho Naba pour y rencontrer la chefferie coutumière et les autorités religieuses. Le monde des affaires s’est senti représenté puisque chacune des communautés a ses associations d’hommes d’affaires, lesquels se sont retrouvés rapidement à la Chambre de Commerce pour établir à leur tour un consensus pour renouveler les chambres consulaires et pour briser les monopoles que détenait le clan de Blaise COMAPORE.
Le Lt. Colonel ZIDA a été adoubé comme prévu par le doyen Edouard OUEDRAOGO. Ceux qui l’ont fait ont proposé le nom de Michel KAFANDO qui, à son tour, fera de ZIDA le Premier ministre de la transition. C’est le doyen Edouard OUEDRAOGO qui, le premier, a lâché le nom de Michel KAFANDO comme Président civil de la transition. C’est son journal également qui, en première page, a annoncé la désignation de Michel KAFADO comme Président civil de la transition alors même que la commission commise à la désignation du Président siégeait toujours. Le doyen Edouard OUEDRAOGO était sûr de n’être pas démenti dans la mesure où les critères étaient élaborés par eux en sorte de correspondre au profil de Michel KAFANDO.
Le coup d’Etat selon le scénario du doyen Edouard OUEDRAOGO doit être dénoncé à plusieurs titres comme un complot contre la république, contre la démocratie et contre l’unité nationale d’autant plus que l’unité de notre peuple se fonde sur la constitution du 2 juin 1991 qu’il a adoptée par référendum.
Il faut également dénoncer énergiquement la forfaiture et le crime des partis politiques affiliés au CFOP pour n’avoir pas exigé d’abord et avant tout le rétablissement de la constitution pour s’y référer. Du coup, il faut dénoncer leur grossier mensonge du vide institutionnel. Les insurgés, en prenant d’assaut l’Assemblée nationale et en y mettant le feu, ont tout juste rendu impossible son fonctionnement en ce lieu mais cela n’emportait pas automatiquement dissolution de l’institution. Dans le meilleur des cas, les insurgés ont voulu simplement empêcher la tenue d’une session qui devait modifier l’article 37 de la constitution.
La réalisation et la jonction des deux coups d’Etat, civil et militaire, n’ont été possibles que du fait de la malhonnêteté qui a consisté à accepter et à maintenir la suspension de la constitution, et la dissolution de l’Assemblée prononcée par l’Armée alors même que la communauté internationale avait exigé leur rétablissement sous peine de sanction.
La constitution du 2 juin 1991 qui nous régit toujours prévoit le mode de dévolution du pouvoir dans le cas précis de la vacance comme l’a déclaré Blaise COMPAORE en visant l’article 43. Dans la première disposition, c’est le Président de l’Assemblée qui devait assurer la transition. Avec l’introduction du Sénat dans la constitution et dans notre dispositif institutionnel, c’est le Président du Sénat qui doit assurer la transition.
A propos du Sénat introduit dans la constitution et qui n’a pas été mis rapidement en place, c’est le lieu de rappeler les inquiétudes du PITJ relativement à la question. Dès que le mandat de l’Assemblée a été prolongé, prolongation au cours de laquelle le Sénat a été introduit dans la constitution, le PITJ s’est insurgé non seulement contre la prolongation en elle-même contraire à la constitution, mais également à l’introduction du Sénat à ce stade de notre évolution démocratique, car c’était créer un vide institutionnel dangereux.
Le PITJ, publiquement, avait dénoncé une situation bordélique créée ; il précisait même en empruntant le propos d’un tirailleur pour dire qu’ « en cas ne sait jamais », la CEDEAO elle-même ne saurait à quel ordre constitutionnel s’accrocher.
Au plus fort des protestations des partis politiques affiliés au CFOP et de la société civile aux cris de « Non au Sénat !», « Non à la modification de l’article 37 !», le PITJ n’a pas craint d’aller à contre-courant pour exiger la mise en place rapide du Sénat. Tout d’abord, il a démontré aux manifestants qu’avec un tel mot d’ordre, le « non au Sénat », ils se trouvaient sur les mêmes positions que les partisans de Blaise COMPAORE qui lui demandaient de modifier la Constitution pour y retrancher quelque chose.
Ensuite, le PITJ a expliqué qu’il fallait que les uns et les autres respectassent strictement la constitution, et que dans cet esprit, le Sénat fût rapidement mis en place. L’urgence à mettre le Sénat en place se justifiait d’autant plus que son mandat d’une durée de six ans déborde à la fois les mandats présidentiel et législatif.
Le Sénat ne pouvant être dissout, cela en faisait une bonne assemblée de transition avec à la clef le dispositif de dévolution constitutionnelle du pouvoir. C’est pourquoi le PTIJ, pour illustrer l’urgence qu’il y avait à mettre le sénat en place pour ne pas ouvrir un boulevard à d’éventuels putschistes, n’a pas craint comme ultime argument, d’employer l’expression triviale selon laquelle « C’est au moment de s’asseoir que l’on se rend compte de l’importance des fesses ». C’est à cette situation que nous sommes rendus avec la démission de Blaise COMPAORE et sa cynique déclaration de vacance du pouvoir en référence à l’art.43 de la constitution.
Le Sénat n’ayant pas été mis en place, la bonne lecture et interprétation de la constitution devait nous ramener à la première disposition qui faisait du président de l’Assemblée le dauphin constitutionnel constaté avec la non mise en place du Sénat qui devait compléter le parlement. La constitution à son art.78 al.4 dispose : « l’Assemblée nationale assume la plénitude des attributions du parlement jusqu’à la mise en place effective du Sénat ».
Les militaires putschistes, aussi bornés soient-ils, savaient qu’il suffisait de prendre le président de l’Assemblée nationale Soungalo A. OUATTARA comme homme de base pour former les rangs et reprendre l’ordre de marche constitutionnelle. Il a fui ou Blaise COMPAORE l’a emporté dans ses valises pour nous embarrasser ? Qu’à cela ne tienne ! Le régime togolais, après la mort d’Eyadéma a fermé la porte des frontières au Président de l’Assemblée, OUATTARA Natchama et a chargé le 1erVice- Président Bonfo, maître d’éducation physique de formation, d’être l’homme de base pour une transition constitutionnelle.
Les railleries de l’Observateur Paalga du doyen Edouard OUEDRAOGO à l’encontre du Président togolais Faure Eyadéma accouru au chevet du Burkina Faso après la démission de Blaise COMPAORE sont injustifiées parce que lui au moins a été respectueux de la constitution de son pays en la circonstance.
Plus près de nous, au Mali voisin, lorsque le pays était en guerre, avec les 2/3 du territoire occupés, à trois mois du scrutin présidentiel, la CEDEAO a dû, sans pitié, infliger des sanctions pour obliger les militaires putschistes menés par Haya Sanogo à remettre le pouvoir au peuple et à prendre le président de l’Assemblée TRAORE Dioncounda comme homme de base pour conduire une transition civile et constitutionnelle.
Le Président de notre Assemblée nationale Soungalo Apollinaire OUATTARA a fui le pays après l’insurrection populaire mais y sont demeurés ses cinq vice-présidents dont un de l’UPC de Zéphirin DIABRE, chef de file de l’opposition politique. Qu’est-ce qui nous empêchait donc de prendre un des vice-présidents comme homme de base pour réaliser une transition civile et constitutionnelle ? Les mots sont faibles pour qualifier les dérobades criminelles de Zéphirin DIABRE et des partis politiques affiliés au CFOP et des organisations de la société civile. Ils prétendent avoir conduit la lutte contre la modification de l’art.37 par Blaise COMPAORE et quand cette lutte a abouti à la démission du Président du Faso Blaise COMPAORE qu’ils voulaient contraindre à respecter la constitution, ils acceptent que l’Armée suspende toute la constitution et dissolve l’Assemblée nationale. Zéphirin DIABRE lui-même se délie de sa qualité de chef de file de l’opposition politique que lui conférait une loi aux motifs que l’Assemblée a été dissoute, alors même que c’est en sa qualité de CFOP qu’il a conduit les partis affiliés et les organisations de la société civile aux tractations avec l’armée qui ont abouti à la rédaction de la charte de la transition et à la mise en place de tous les organes avec à la clef, la nomination de Michel KAFANDO comme président de la transition qui n’est pas issu de l’Assemblée nationale.
On aurait compris, en désespoir de cause que Zéphirin DIABRE exigeât le rétablissement de la constitution et de l’ Assemblée pour revendiquer la présidence de la transition à travers le vice-président de l’Assemblée nationale membre de l’UPC ou pour lui-même, en sa qualité de CFOP ayant été le porte-parole de l’opposition et ayant conduit la lutte jusqu’à la démission de Blaise COMPAORE.
Comme quoi, on peut avoir un C.V. national et international blindé, avoir un carnet d’adresses bien fourni et beaucoup d’argent, être bardé de diplômes prestigieux comme celui de HARVARD, et s’avérer être un dangereux criminel lorsqu’on s’essaye en politique pour promettre l’alternance et le changement.
Ainsi, pour une bonne transition civile et conforme à la constitution, il fallait prendre un des vice-présidents de l’Assemblée comme homme de base en l’absence du président.
En cinquante-quatre années d’indépendance, notre pays a connu de nombreuses crises, surtout du fait du bonapartisme de la couche supérieure de l’Armée. Notre peuple a toujours eu le génie, sans intervention extérieure, de trouver des solutions pour en sortir pacifiquement et dans la cohésion nationale. Dans l’avant-dernière crise consécutive à l’affaire Norbert ZONGO, sous cette même IVè République, conformément à la constitution, il a été imaginé des solutions républicaines de sortie de crise, notamment la création par décret du Collège des Sages. Ce collège, en trois mois, a produit un travail de qualité et par ses résolutions et recommandations, s’appuyant sur la constitution, visait à renforcer la république, l’Etat de droit démocratique et la cohésion nationale. Entre autres recommandations, la réintroduction de la limitation des mandats présidentiels à deux àl’art.37 de la constitution. On peut dire que c’est la seule recommandation que Blaise COMPAORE a acceptée puisqu’il l’a fait réinscrire dans la constitution par sa majorité à l’Assemblée nationale. Le reste des recommandations ou résolutions, Blaise COMPAORE les a escamotées ou jetées à la poubelle.
Suite à la démission de Blaise COMPAORE et de sa déclaration de vacance du pouvoir en vertu de l’art.43 de la constitution, n’était-il pas plus simple et inattaquable d’asseoir un des vice-présidents de l’Assemblée nationale dans le fauteuil de Président du Faso et de rappeler le Collège des Sages en lui conférant des pouvoirs pour remettre l’ouvrage sur le métier ? Il aurait été même plus judicieux de lui adjoindre le Comité National d’Ethique qu’a présidé le Ouidi Naba.
Cette démarche a l’avantage d’être conforme à la constitution, l’avantage d’être dénuée d’arrière-pensée et de tout calcul. Elle aurait eu l’avantage de la rapidité, de l’efficacité pour la réalisation d’une transition civile à même de nous conduire à une vie constitutionnelle normale. Ces deux organes auraient pu proposer des projets de décrets ou d’ordonnances au vice-président de l’Assemblée installé dans le fauteuil de Président du Faso.
Le Président du Faso ainsi désigné aurait, après consultation du Collège des Sages et du Comité National d’Ethique, nommé un 1erMinistre civil, même en la personne de Michel KAFANDO pour former le gouvernement. C’était là la transition conforme à la constitution dont les organes auraient été irréprochables et à même de ramener le calme, la confiance et la sérénité pour une transition réussie.
Le conseil constitutionnel présidé par Millogo DE, après la vacance du pouvoir déclarée par Blaise COMPAORE aurait dû, dans une bonne lecture et interprétation de la constitution, exiger une transition comme décrite où démissionner pour sauver ce qui lui reste de son honneur flétri par le régime de Blaise COMPAORE.
Millogo Dé Albert, docteur d’Etat en droit, enseignant de droit à l’Université de Ouagadougou, ancien Ministre de la Défense, Président du Conseil Constitutionnel dont le mandat est échu et ses comparses du même acabit se sont surpassés dans l’infamie, le parjure et la servilité à l’égard du régime d’exception qui vient de s’installer.
Eux qui sont chargés de veiller à la conformité des lois avec la constitution ont accepté la charte de la transition comme norme supérieure à la constitution, commettant ainsi le crime de trahison de la patrie et d’atteinte à la constitution (art.166).
Eux qui doivent contrôler la régularité, la transparence et la sincérité de l’élection présidentielle pour en proclamer le résultat définitif ont osé proclamer Michel KAFANDO Président du Faso, l’investir et recueillir son serment. Est-ce par consensus obtenu par on ne sait comment, consensus dans la formation duquel aucun membre du conseil constitutionnel n’a assisté que l’on peut porter le titre de Président du Faso ? L’acte d’investiture et de prestation de serment de Michel KAFANDO relève de la mascarade et est contraire à la constitution (art.152)
Eux qui doivent contrôler la régularité, la transparence des élections législatives et en proclamer les résultats définitifs, comment ont-ils pu accepter le Conseil National de Transition et lui donner le pouvoir de légiférer ? Les putschistes civils et les tripatouilleurs de la constitution que sont les partis membres du CFOP, la société civile, les communautés religieuses et coutumières sont malhonnêtes et se sont fait prendre en plein tripatouillage de l’art.154 de la constitution.
L’art. 154 al.2stipule : « Le Conseil Constitutionnel statue, en cas de contestation, sur la régularité de l’élection ou de la nomination des membres du Parlement ». Voici la malhonnêteté et le tripatouillage de l’art.154 de la constitution par les putschistes et le Conseil constitutionnel.
L’art.78 de la constitution stipule en son al.1 : « Le parlement comprend deux chambres : l’Assemblée nationale et le Sénat » Tout le monde se souvient qu’une première mouture de la charte de transition publiée dans la presse donnait le nom d’Assemblée nationale au Conseil National de Transition (C N T) et le titre de députés à ses membres. Les putschistes s’étant aperçus que les députés doivent être élus selon des dispositions précises de la constitution ont abandonnée ce projet.
Alors, il ne leur restait plus que le Sénat où certains membres peuvent être désignés par des composantes de la société. C’est ainsi qu’ils font désigner 90 membres par les différentes composantes des putschistes, 90 membres comme il était prévu dans le Sénat remanié. A ce stade, les putschistes militaires proposent que le CNT ait un caractère consultatif. Ils ont de la mémoire, les bidasses, puisque, après leur auto-coup d’Etat du 08 février 1974,ils avaient créé et installé le Comité Consultatif National pour le Renouveau (CCNR) présidé par le Colonel Démé Michel ! Le CCNR devait déboucher sur la création du parti unique, le Mouvement National pour le Renouveau (MNR) dont le Colonel Tiémoko Marc GARANGO a fait l’annonce le 30 novembre 1975 à la Place de la Révolution.
La visite domiciliaire que le Lt. Colonel ZIDA a rendue au Gal Tiémoko Marc GARANGO, « gueule cassée » (pour employer le terme consacré des militaires pour désigner les blessés de guerre) de la lutte de notre peuple pour la démocratie lui a été bénéfique. C’est pourquoi, prudemment¸ les militaires ont proposé que le CNT ait un caractère consultatif.
En réaction à cette proposition des militaires, le Pr. Luc Marius IBRIGA, enseignant de droit constitutionnel, s’est piteusement donné en spectacle en se répandant dans les médias pour exiger que soit donné au CNT le pourvoir législatif.
Mais enfin, professeur ! Le CNT n’est pas le Sénat puisque vous n’osez même pas l’appeler ainsi d’autant plus que, en tête des organisations de la société civile avec votre confrère le Pr. Loada et les partis affiliés au CFOP, démagogiquement et à tue-tête, vous avez arpenté les rues de Ouagadougouen criant « non au Séant !». Professeur, il faut être cohérent. Le CNT n’est pas le Sénat. Le CNT ne peut donc avoir un pouvoir législatif. Tous les textes qu’il prendra ne peuvent pas être appelés des lois pouvant être opposables aux justiciables. Ils sont nuls et de nullité absolue.
Il faut emprunter au discours d’investiture de Michel KAFANDO intronisé par le Conseil Constitutionnel Président transitoire du Faso pour dénoncer sans appel le coup d’Etat civilo-militaire, la charte de la transition et tous ses organes. En effet, Michel KAFANDO, Président transitoire du Faso déclare.
« Nous tenons pour vérité que la loi fondamentale est sacrée et la respecter en toute circonstance est le premier devoir élémentaire de citoyen :.. ».
Alors, Président transitoire du Faso Michel KAFANDO ! L’insurrection populaire avec ses nombreux morts et blessés, qui a contraint Blaise COMPAORE à démissionner et à déclarer la vacance du pouvoir selon l’art.43 de la constitution n’a-t-elle pas pu constituer à vos yeux une circonstance suffisante pour qu’apparaisse le caractère sacré de la loi fondamentale et la nécessité de la respecter ? Pourtant, l’assaut que les insurgés ont donné à l’Assemblée nationale ne visait seulement qu’à obliger Blaise COMPAORE à respecter la loi fondamentale dont il voulait modifier un seul article : l’art.37. On peut dire que le résultat a été au-delà de l’attente des insurgés dans la mesure où Blaise COMPAORE a démissionné, renonçant à la dernière année de son mandat. Même en mettant fin à son long règne de 27 ans de façon aussi humiliante, Blaise COMPAORE a puisé en lui ce qui restait de force pour respecter la loi fondamentale en accomplissant « le premier devoir élémentaire de citoyen » pour déclarer la vacance du pouvoir selon l’art.43 de la constitution.
Mr. Michel KAFANDO, Président transitoire du Faso. Seriez-vous moins citoyen que Blaise COMPAORE pour accepter que toute la Loi fondamentale soit suspendue et que, en- dessous, sans s’y référer, on élabore une charte et des organes de transition pour vous installer Président transitoire du Faso, même pour un an ? A cette interrogation, vous répondez vous-même puisque vous déclarez : « La constitution d’un pays est le référentiel de l’organisation même de l’Etat. A trop la mouvementer, il s’en suit une déstructuration sociale et partant, des bouleversements regrettables comme ceux que nous avons connus il n’y a pas longtemps ». Qu’adviendra-t-il lorsque l’on met en place un échafaudage institutionnel qui ne tient pas compte du référentiel de l’organisation de l’Etat qu’est sa constitution ?
Excellence Mr. Michel KAFANDO, Président transitoire du Faso, votre cas est affligeant. Comment l’homme de droit que vous êtes, grand juriste qui a décroché tous les diplômes des universités prestigieuses d’Afrique de l’Ouest, de France et des Etats-Unis, qui connaît donc très très bien les normes de gestion d’un Etat de droit démocratique et aussi bien les normes internationales, comment donc l’intellectuel de haut vol que vous êtes, le grand commis de l’Etat que vous êtes, a-t-il pu se prêter à une telle mascarade ?
Excellence Mr. le Président transitoire du Faso,
En votre âme et conscience, croyez-vous pouvoir porter avec fierté votre titre de Président du Faso du fait d’avoir été habillé de la quincaillerie y afférente par le grand frère Mamadou DJERMA ? Ne vous y fiez pas. Il a, par le passé, décoré des criminels et des repris de justice sans état d’âme parce que, fatigué comme il est, il décore tout ce qu’on lui présente. Tout le monde sait qu’il est commis à cette corvée jusqu’à ce que la mort l’en délivre.
En ce qui concerne les représentants des communautés religieuses et coutumières, notre parti, le PITJ, recourt à des termes très durs pour stigmatiser et dénoncer leur prise de position et leur comportement depuis l’insurrection populaire qui a mis fin au régime de Blaise COMPAORE. Le PITJ s’en explique et se justifie très simplement et clairement pour n’être pas accusé d’attaques gratuites contre les religions et la coutume.
En 1991, les représentants des communautés religieuses et coutumières de même que notre parti ont siégé à la commission constitutionnelle. Ils se souviendront qu’à l’entame des travaux, les représentants du Front Populaire de Blaise COMPAORE ont voulu imposer le Discours d’orientation Politique (DOP) du CNR comme seule référence au cours des travaux. Ils se souviendront également de la réaction énergique de notre parti qui a dit qu’on ne pouvait pas imposer aux représentants des communautés religieuses et coutumières le DOP comme référence alors que leurs références sont la bible, le coran et la coutume. C’est ainsi que les travaux ont pu démarrer, chaque participant étant libre de ses références. On peut dire que le projet de constitution qui a été élaboré et qui prévoyait un Etat de droit démocratique et laïc est un compromis minimum des règles de vivre ensemble de tous ceux qui ont participé à la rédaction de la constitution avec leurs croyances et l’humanisme qui les sous-tendent. Les participants à la commission constitutionnelle se sont donc engagés chacun la main sur sa référence (bible, coran, coutume et autres) et ont adopté le projet de constitution. En suite, l’ensemble des citoyens convoqués par référendum a été invité à se prononcer. Les partis politiques et l’ensemble des organisations de la société civile sans exception, ont invité les citoyens à voter OUI. C’est alors que chaque citoyen, dans le secret de l’isoloir, DIEU seul lui étant témoin, a donné sa voix. Et c’est ainsi que la constitution a été adoptée à une très très large majorité. Voilà ce qui confère à la constitution son caractère sacré : Vox populi, vox déi (volonté du peuple, volonté de DIEU). Pour souligner ce caractère sacré de la constitution, l’art.166 prévient : « La trahison de la partie et l’atteinte à la constitution constituent les crimes les plus graves commis à l’encontre du peuple ». Peut-on manquer à sa parole et à son engagement pris devant DIEU en traitant la constitution comme un chiffon de papier ? La bafouer et la mettre de côté pour juste assouvir ses intérêts égoïstes et bassement terrestres ? De gérer les affaires de l’Etat vautrés dans des turpitudes, incapables de respecter la loi fondamentale. De qui croient-ils se moquer ? De DIEU ?il les voit et est juge de leurs actes. »
Après la crise consécutive au drame de Sapouy, pour en sortir, Blaise COMPAORE, par décret, a installé le Collège des Sages dont faisait partie les représentants des communautés religieuses et coutumières. Ce Collège des Sages, passant en revue tous les problèmes du pays et se référant à la constitution, a fait des propositions de solutions, pris des résolutions et fait des recommandations dont notamment la réintroduction de la limitation des mandats présidentiels à deux à l’art.37 de la constitution. Cette recommandation a été faite pour respecter la volonté du constituant initial qu’est le peuple car aucune assemblée dérivée ne peut modifier cette volonté initiale.
C’est pourquoi le PITJ n’a pas compris et ne peut excuser le silence coupable et criminel des représentants des communautés religieuses et coutumières à l’exception de l’Eglise catholique qui, dès 2010, a élevé une protestation et opposé un refus catégorique au projet de modification de l’art.37 par Blaise COMPAORE et son CDP. Il faut reconnaître à l’Eglise catholique d’être restée ferme et catégorique sur cette position jusqu’au 30 Octobre 2014. Elle n’a pas craint d’être accusée ennemie de Blaise COMPAORE, catholique pratiquant qui a restauré l’Eglise catholique de Guiloungou et qui a fait de juste, des dons substantiels à l’Eglise catholique pour ses œuvres
Pendant que l’Eglise catholique subissait l’ire et les foudres du régime de Blaise COMPOARE pour son opposition catégorique à la modification de l’art.37, les représentants des autres communautés religieuses et coutumières louvoyaient pour finir par se donner en ridicules sur la place publique.
Pour les représentants des coutumiers, des ministres du Moogho Naba se sont divisés en deux blocs antagonistes, les cdpistes d’un côté, les mpépistes et autres upécistes de l’autre. Ils se sont même affrontés verbalement avec une telle véhémence que la question de l’art.37 semblait relever de la dévolution du pouvoir de la chefferie Moagha du plateau central. Telle a été la compréhension des populations des autres régions du Burkina qui observaient, médusées, le spectacle auquel ils se livraient.
Le plus grave, autour du chef de Fada N’Gourma auquel se sont joints le nouvel émir du Liptako et d’autres chefs coutumiers de moindre importance, la direction au complet de l’ADF/RDA de Gilbert Noël OUEDRAOGO, fils de Gérard Kango OUEDRAOGO, s’est réunie avec les « Sages » du parti pour prendre la décision finale de se joindre à la majorité présidentielle pour voter le 30 Octobre 2014 la modification de l’art.37.
Ce fut en fait une réunion à ce niveau pour évaluer, soupeser le butin de la trahison du peuple que Blaise COMPAORE leur a proposé. On notera qu’au sortir de cette réunion très médiatisée, aucune explication n’a été donnée au peuple sur la décision de l’ADF/RDA de voter pour la modification de l’art.37.
Le fait est très grave et la responsabilité de l’ADF/RDA et ses chefs coutumiers est entière dans les événements qui sont survenus les 30 et 31 Octobre 2014. Ce sont l’ADF/RDA et ses chefs coutumiers qui, après avoir longtemps lambiné, ont provoqué la chute de Blaise COMPAORE dans les circonstances que l’on sait, avec les conséquences durables que l’on est loin d’évaluer. En effet, après la longue campagne de préparation et les sorties sur le terrain, Blaise COMPAORE a évalué tous les risques et l’échec prévisibles de la voie référendaire pour modifier l’art.37.
C’est pourquoi il s’est rabattu sur la voie parlementaire pour opérer la modification de l’art.37. Après l’appel lancé à Blaise COMPAORE par les 81 députés du CDP, ce dernier a intensifié les marchandages avec l’ADF/RDA et ses « Sages » pour rallier les députés de ce parti à ceux de sa majorité afin d’obtenir la majorité qualifiée des ¾ pour modifier l’art.37. C’est rassuré donc d’avoir conclu un bon marché avec l’ADF/RDA et ses « Sages » que Blaise COMPAORE a demandé à ses derniers de lui proposer un projet pour la modification de l’art.37 puisque l’ADF/RDA et ses « Sages » clamaient qu’en tant que « Libéraux », ils étaient pour le référendum mais tenaient mordicus à la limitation des mandats présidentiels. Pour satisfaire à cette exigence, l’ADF/RDA et ses « Sages » avec l’aide des conseillers juridiques de Blaise COMPAORE se sont surpassés. Le projet de loi qui devait être examiné et adopté le 30 octobre 2014 comblait Blaise COMPAORE au-delà de ses attentes. Ce n’était plus le lenga de deux ans que l’ancien président JBO a tenté de négocier pour Blaise COMPAORE.Le projet de loi adopté aurait permis à Blaise COMPAORE de rester au pouvoir pendant quinze ans.
Voilà ce que l’on peut retenir de la chefferie traditionnelle et coutumière, de sa trahison et de son crime à l’encontre du peuple pour n’avoir pas, comme l’Eglise catholique, su tenir son rang en appelant au respect strict de la limitation des mandats présidentiels à deux sur la recommandation du Collège des Sages. Que valent alors ces prétendus représentants de nos coutumes et de nos traditions qui ont été non seulement incapables de tenir un engagement qu’ils ont pris, mais surtout d’exiger haut et fort que Blaise COMPAORE tienne parole ? Ce d’autant plus que la parole donnée a été traduite par écrit, Blaise COMPAORE l’ayant fait réinscrire et adopter par sa majorité parlementaire à l’art.37 de notre constitution !
Après des discussions et des tractations au cours du CCRP, des régionales puis des assises nationales pour donner une place à la chefferie coutumière dans la république, il a été inscrit au préambule de la constitution du 02 juin 1991 à l’al.6 :
« Reconnaissant la chefferie coutumière et traditionnelle en tant qu’autorité morale dépositaire des coutumes et des traditions dans notre société, » A peine un an que cette inscription a été faite, et la chefferie traditionnelle et coutumière se révèle incapable d’incarner et de défendre les valeurs de nos coutumes. Elle est désespérante. Si elle doit constituer un boulet au pied de la république, il ne reste alors qu’à la confier à son Excellence Frédéric GUIRMA pour qu’il l’enferme avec ses chèvres dans le Kiogo. Il pourra ainsi l’avoir sous les jeux pour écrire son « Epopée des Mossé ». N’est-ce pas, Professeur nostalgique Albert OUEDRAOGO ! des citoyens convoqués par référendum a été invité à se prononces. Les partis politiques et l’ensemble des organisations de la société civile sans exception, ont invité les citoyens à votre OUI. C’est alors que chaque citoyen, dans le secret de l’isoloir, DIEU seul lui étant témoin, a donné sa voix. Et s’est ainsi que la constitution a été adoptée à une très très large majorité. Voilà ce qui confère à la constitution son caractère sacré : Vox populi, vox déi (volonté du peuple, volonté de DIEU). Pour souligner ce caractère sacré de la constitution, l’art.166 prévient : « La trahison de la partie et l’atteinte à la constitution constituent les crimes les plus graves commis à l’encontre du peuple ». Peut-on manquer à sa parole et à son engagement pris devant DIEU en traitant la constitution comme un chiffon de papier ? La bafouer et la mettre de côté pour juste assouvir ses intérêts égoïstes et bassement terrestres ?
Quant aux deux autres communautés religieuses, protestantes et musulmanes, c’est avec la même intransigeance que doivent être dénoncés l’attitude et le comportement de leurs dirigeants.
En ce qui concerne les dirigeants de la communauté protestante, c’est après l’insurrection populaire que, dans une brève déclaration rendue publique, ils ont bégayé pour dire qu’ils ont toujours été contre la modification de l’art.37. Cela ne suffit pas pour faire oublier les protestations contre leur attitude de la part de Issaka Luc KOUROUMA. La communauté protestante est restée embarrassée et engluée dans les déclarations et les turpitudes de Tertius ZONGO et de Simon COMPAORE. Ce dernier, dans le délire de son soutien à Blaise COMPAORE et à la modification de l’art.37 a été jusqu’à mettre sur le même pied d’égalité DIEU et Blaise COMPAORE en déclarant : « Il y a trois personnes que je respecte : mon père, Blaise COMPAORE et DIEU ». Simon COMPAORE, fils de pasteur, venait ainsi de créer un nouveau temple dans la communauté protestante avec une nouvelle conception de la TRINITE.
En fait, le seul moment où les dirigeants de la communauté protestante se sont rebiffés clairement, c’est lorsqu’ils se sont refusés à suivre l’ancien Président Jean Baptiste OUEDRAOGO dans son aventure de sauter par-dessus l’art.37 pour donner un « lenga » de deux ans supplémentaires à Blaise COMPAORE.
Quant aux dirigeants de la communauté musulmane, il y a des décennies, de Lamizana à Blaise COMPAORE qu’ils ont lié le sort et les prises de position de la communauté musulmane à ceux des différents régimes et de la chambre de commerce et d’industrie. L’explication de cet état de fait est simple. Le richissime homme d’affaires qu’était Oumarou KANAZOE était celui-là même qui présidait à la fois la communauté musulmane et la chambre de commerce et d’industrie. Il est mort à un âge avancé, triplement analphabète. Il n’a jamais su lire le coran dans le texte; il ne pouvait pas le lire dans les différentes langues. Et même si le coran avait été traduit en mooré, il n’aurait pas pu le lire, n’ayant pas fait bantaaré. Du côté de la chambre de commerce et d’industrie de Bobo-Dioulasso, son compère Djanguinaba BARRO, Président d’honneur de la FEDAP-BC pour tout l’ouest, l’autre moitié du Burkina Faso, bien qu’ayant fait l’effort louable de s’alphabétiser en français, sévissait avec la même ignorance et le même obscurantisme sur la communauté musulmane.
Dans leur mentalité de colporteurs mossi et jula, la chambre de commerce et la communauté musulmane doivent soutenir de façon inconditionnelle les régimes politiques pour favoriser la prospérité de leurs affaires. Pour le reste des affaires de la communauté musulmane, ils se sont entourés d’une meute d’escrocs enturbannés et en bazin. C’est ainsi que des individus comme Souleymane COMPAORE, SAKANDE et même Assimi KOUANDA, ministre d’Etat, Secrétaire exécutif national du CDP, ont manipulé la communauté musulmane à propos de la modification de l’article 37 au point de provoquer des réactions du grand imam de Ouagadougou, Aboubacar Sana, du CERFI, de l’AMB et d’autres. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les dirigeants de la communauté musulmane et même François COMPAORE fraîchement converti à l’islam depuis son mariage avec la fille de Alizète Gando la belle-mère nationale par ailleurs Présidente de la chambre de commerce et d’industrie du Burkina en remplacement de Oumarou KANAZOE, n’ont pas pu entraîner la grande majorité des musulmans à soutenir la modification de l’art.37.
Les dirigeants de la communauté musulmane, irresponsables et criminels dans leurs prises de position ne se rendaient même pas compte qu’ils ouvraient les portes de notre pays au danger du terrorisme djihadiste. En effet, par leur comportement et leurs prises de position contraires à l’islam que la grande majorité des musulmans ont rejetés, ils créaient ainsi un terrain favorable au recrutement, ce d’autant plus que les djihadistes étaient déjà installés confortablement auprès de Blaise COMPAORE à KOSYAM, Blaise COMPAORE les ayant autorisés à se réunir à la Maison du Peuple pour formuler leurs revendications territoriales.
En conséquence de la dénonciation de la transition non conforme à la constitution, en conséquence de la dénonciation du coup d’Etat civilo-militaire qui a instauré un Etat d’exception de transition, le PITJ affirme ave force, faits à l’appui, que :
Les autorités religieuses et coutumières, les partis politiques affiliés au CFOP et les organisations de la société civile ont gravement péché contre DIEU et le Peuple du Burkina Faso, et de ce fait tombent sous le coup de l’art.166 de la constitution.
Les autorités religieuses et coutumières doivent reconnaître qu’elles ont gravement péché contre DIEU et les mânes des ancêtres parce que, en leurs noms, selon la bible, le coran et la coutume, elles ont participé à l’élaboration et à l’adoption de la constitution du 02 juin 1991 qu’elles n’ont pas respectée, qu’elles ont ignorée alors même que, le Président de la transition installé, Michel KAFANDO, leur a rappelé « le caractère sacré de la constitution qui doit être respectée en toute circonstance ».
Les autorités religieuses et coutumières, les partis politiques affiliés au CFOP et les organisations de la société civile, à moins qu’ils ne soient convaincus qu’il n’y a pas de péché dans le domaine public, ont gravement péché contre DIEU, les mânes des ancêtres et le Peuple du Burkina Faso en permettant que la constitution reste suspendue comme l’a proclamée l’Armée, pour leur permettre d’installer une transition non conforme à la constitution. Ils ont gravement péché contre DIEU, les mânes des ancêtres et le Peuple du Burkina Faso en rédigeant et en adoptant par « consensus » la charte de la transition et la mise en place de ses organes sans aucune référence à la constitution du 02 juin 1991, allant même à l’encontre de celle-ci.
Les autorités religieuses et coutumières, les partis politiques affiliés au CFOP et les organisations de la société civile ont non seulement gravement péché contre DIEU, les mânes des ancêtres et le Peuple du Burkina Faso, mais porteront l’entière et la lourde responsabilité de tout ce qui adviendra au cours de cette transition non conforme à la constitution.
Les autorités religieuses et coutumières, les partis politiques affiliés au CFOP et les organisations de la société civile réalisent-ils seulement qu’au lieu de s’inspirer de l’exemple le plus récent, le plus immédiat et conforme à la constitution de sortie de crise du Mali, ils ont mis en place le dangereux mécanisme de sortie de crise à l’ivoirienne?
La crise malienne a éclaté à trois mois de l’élection présidentielle du fait de la guerre, de la débandade de l’armée malienne et de l’occupation des 2/3 du territoire. L’armée malienne qui avait ses raisons propres et justes de déposer le général président ATT, a été contrainte de céder le pouvoir aux civils, ce qui a permis une transition conforme à la constitution et au Mali, pays en guerre aux 2/3 du territoire occupés, de renouer avec une vie constitutionnelle normale pour régler ses problèmes.
La crise ivoirienne a démarré avec le décès d’Houphouët Boigny du fait que Alassane Dramane OUATTARA, 1er Ministre, a voulu s’installer dans le fauteuil présidentiel en lieu et place de Henri KONAN Bédié, dauphin constitutionnel, en tant que Président de l’Assemblée Nationale. Henri KONAN Bédié une fois installé dans le fauteuil Présidentiel a cherché à éliminer définitivement ADO de la scène politique en modifiant un article de la constitution sur la nationalité requise pour prétendre à la présidence de la République de Côte d’Ivoire en lançant sa campagne de l’ivoirité. La suite de l’engrenage est bien connue. Cela fait une vingtaine d’années que la Côte d’Ivoire est en crise. ADO installé dans le fauteuil présidentiel en lieu et place de Laurent Gbagbo détenu à la CPI, ce n’est pas l’année prochaine que la Côte d’Ivoire retrouvera sa stabilité, réussira sa réconciliation nationale.
Le PITJ réaffirme avec force son profond respect des religions et des croyances comme prescrit dans la constitution du 02 juin 1991 qui instaure un Etat démocratique et laïc, reconnaissant par la laïcité la liberté de croyance et de non-croyance. Cependant, la constitution proscrit formellement l’exploitation du fait ethnique ou religieux. En cela, la constitution n’autorise pas l’existence de partis ou formations politiques tribalistes, régionalistes, confessionnels ou racistes (art.13).
Les autorités religieuses et coutumières, les partis politiques affiliés au CFOP et les organisations de la société civile peuvent constater que depuis l’installation des organes de la transition contraire à la constitution, le fait ethnique et religieux a fait irruption sur la scène politique nationale et provoque même des protestations.
Les autorités religieuses et coutumières réalisent-elles seulement la monstruosité de leur péché contre DIEU et le Peuple du Burkina Faso en se réunissant toutes au palais du Moogho Naba pour y recevoir le Lt. Colonel ZIDA proclamé chef d’Etat par l’Armée après que celle-ci ait tiré et fait des morts et des blessés dans les rangs des insurgés qui exigeaient le respect de la constitution? Il faut croire que la peur ancestrale qui habite les autorités religieuses et coutumières depuis le passage de la colonne Voulet et Chanoine suivi de la fuite de Boukari Koutou au Ghana leur est remontée à la gorge ! Autrement, on ne peut expliquer que le Moogho Naba et toutes les autorités religieuses et coutumières se soient prosternés devant le Lt. Colonel ZIDA qui a proclamé la dissolution de l’Assemblée Nationale, la suspension de la constitution et qui a pris le commandement du sanguinaire Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) ! Les mossi ont beau fouiller dans leur mémoire, ils ne trouveront pas un tel précédent de remise de bonnet d’empereur à un petit mossi : le Moogho Naba, tous les chefs religieux et coutumiers se prosternant pour lui faire allégeance. Après cette cérémonie d’adoubement à huis clos, le Moogho Naba et toute sa Cour, toutes les autorités religieuses se sont alignées en bon ordre devant le palais, le Lt. Colonel ZIDA au milieu. Alors, tous les partis politiques affiliés au CFOP et toutes les organisations de la société se sont à leur tour prosternés devant le nouvel empereur du Burkina Faso par la volonté du Moogho Naba et de toutes les autorités religieuses et coutumières. Exit donc la république, exit la constitution du 2 juin 1991, vive la charte de la transition ! Pour les nominations aux hautes charges de l’Etat, les propositions sont faites par le Moogho Naba, le Lt. Colonel ZIDA se réservant tous les postes de souveraineté et les nominations au niveau de l’Armée. Ce n’est là ni de la médisance, ni une incitation à la haine ethnique. C’est la triste réalité et vérité de la trahison de DIEU et du Peuple du Burkina Faso commise par les autorités religieuses et coutumières. Les médias français qui ont une piètre estime de notre peuple subodoraient déjà cette trahison et ce crime en annonçant avec malice « la visite du Lt. Colonel ZIDA au Moogho Naba, empereur des Mossé, ethnie majoritaire au Burkina Faso. »
Le PITJ rappelle qu’il est scientifiquement prouvé que l’Afrique est le berceau de l’Humanité. Cette Humanité, dans sa quête spirituelle, a abouti à la notion d’un DIEU unique comme les chercheurs l’ont prouvée dans leurs études sur l’Egypte ancienne. Les religions révélées n’ont fait que confirmer cette notion du DIEU unique ; les religions et les croyances qui ont cours en Afrique ne sont que des voies pour découvrir et accepter le DIEU unique pour l’adorer, n’adorer que LUI seul, et pour vivre ensemble selon SES lois.
L’acceptation et la soumission au DIEU unique impliquent que l’Humanité ne se soumette et n’adore que LUI seul. Il n’y a donc pas d’autre DIEU que DIEU, l’unique. Il n’y a pas de demi-DIEU, il n’y a pas de tiers ou de quart de DIEU et aucune autre créature de DIEU ne mérite que l’on se soumette à elle et qu’on l’adore. On ne doit donc se prosterner devant aucun Homme. L’acceptation, la reconnaissance et la soumission au DIEU unique libèrent l’Humanité de toutes ses peurs, de l’obscurantisme et de tout esclavage. Elles effacent toutes les différences géographiques, raciales, ethniques etc… et font des hommes des frères égaux, vivant en harmonie et en paix.
L’Afrique de l’Ouest en ce qui nous concerne, après cette acceptation et cette reconnaissance du DIEU unique a laissé dans l’Histoire un exemple jusqu’à présent inégalé de la fraternité des hommes, de leurs règles de vie harmonieuse ensemble à travers la charte de KOUROUKAN FOUGAN. C’était dans le MANDE dont les frontières couvraient grosso modo l’actuel espace de l’UEMOA. Les chercheurs exhibent cette charte comme la première constitution de l’Humanité avant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1789.
La notion d’une constitution démocratique et laïque comme celle du 02 juin 1991 n’est donc pas étrangère aux populations du Burkina Faso.
Nombre de populations encore de nos jours vivent selon les règles et les valeurs qui sous-tendaient cette Charte de KOUROUKAN FOUGAN. Elles continuent même, au cours des cérémonies d’initiation d’enseigner ces règles et ces valeurs aux jeunes pour qu’ils soient des hommes accomplis et respectueux au service de leur communauté.
Voilà pour ceux qui disent que les constitutions et la démocratie sont des choses importées et que les africains ne sont pas assez mûrs pour les vivre.
Les autorités religieuses et coutumières peuvent mesurer avec ce rappel, la monstruosité et la gravité de leur trahison et de leur crime en reconnaissant le Lt. Colonel ZIDA comme chef de l’Etat du Burkina Faso alors même qu’il s’est présenté devant eux après avoir suspendu la constitution du 02 juin 1991. De la part de ceux qui sont supposés être les guides spirituels et les gardiens de la coutume, existent-ils des fautes, des péchés et des crimes plus graves ?
C’est de l’hypocrisie de leur part que de déplorer la perte des valeurs dans notre société, d’en appeler à la lutte contre l’incivisme alors que eux-mêmes et tous ceux qui ont la prétention de gérer les affaires de l’Etat sont vautrés dans des turpitudes, incapables de respecter la loi fondamentale. De qui croient-ils se moquer ? DE DIEU ? Il les voit et est juge de leurs actes.
Le PITJ n’a fait que rappeler « le caractère sacré de la constitution » et de « l’obligation de la respecter en toute circonstance ».Le premier devoir de tout citoyen, quels que soient son rang et sa position sociale est de respecter la constitution et de la faire respecter. Des jeunes de notre pays se sont insurgés et ont pris d’assaut l’Assemblée nationale pour obliger Blaise COMPAORE et son régime à respecter la constitution. Certains ont été gravement blessés et garderont les séquelles jusqu’à leur mort ; d’autres ont carrément perdu la vie sous les balles de l’Armée et des forces de sécurité.
N’est-ce pas INACCEPTABLE que ceux-là mêmes qui ont fauché ces jeunes sous leurs mitrailles nous contraignent à ACCEPTER sous la menace de leurs armes que la constitution pour le respect de laquelle ces jeunes sont morts est suspendue, et qu’ils gardent le pouvoir en désignant le Lt. Colonel ZIDA comme chef de l’Etat ? La force doit-elle primer notre Loi fondamentale ?
La dignité et la souveraineté de notre peuple, la citoyenneté et le patriotisme de chacun de nous commandent le refus d’une telle forfaiture. Cela passe par le rejet de cet Etat d’exception même pour un jour à fortiori un an. Cela exige que, par une mobilisation plus forte et plus déterminée que celle qui a contraint Blaise COMPAORE au respect de la constitution et à sa démission humiliante, notre peuple se mobilise à nouveau contre le régime du Lt. Colonel ZIDA, pour rejeter la charte de transition et tous ses organes. Il faut exiger et obtenir une transition conforme à la constitution du 02 juin 1991. Ce que le peuple a refusé à Blaise COMPAORE, il ne peut le concéder au Lt. Colonel ZIDA dont le régiment était l’exécuteur des basses œuvres. Le PITJ s’en remettant au DIEU unique, n’a peur de rien, ni de personne.
Le PITJ sait que la communauté internationale a été abasourdie par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, la démission et la fuite en exil de Blaise COMPAORE. C’est ce dont notre peuple pacifique et patient est capable pour se faire respecter, pour faire respecter sa volonté et pour se faire accepter avec dignité dans le concert des nations.
Notre peuple a consenti de très lourds sacrifices pour que notre pays ne soit pas une république bananière. Alors, le moins que la communauté internationale peut apporter au Burkina Faso comme soutien, c’est de ne pas reconnaître cette transition non conforme à la constitution du 02 juin 1991.
Le Président français François Hollande peut attester que la transition mise en place par le Lt. Colonel ZIDA avec la complicité des autorités religieuses et coutumières n’est pas conforme à notre constitution qui est la copie de celle en vigueur dans son pays. Il peut d’autant plus attester que la transition imposée par le régime du Lt. Colonel ZIDA avec la complicité des autorités religieuses et coutumières n’est pas conforme à la constitution pour avoir lui-même assisté tout jeune à une dévolution constitutionnelle du pouvoir en 1969 suite à la démission du Gal DE GAULLE de sa fonction de Président de la République Française.
Le Gal- DE GAULLE, père de la constitution de 1958 toujours en vigueur en France, a été contraint à la démission par le soulèvement populaire de Mai 1968. Bien que ce soit par un coup d’Etat que le Cal De GAULLE a instauré la Ve République avec la constitution bonapartiste de 1958, ce n’est pas l’Armée française qui a pris le pouvoir à PARIS pour instaurer une transition. C’est bel et bien Alain Poher, Président du Sénat comme le prévoit la constitution française qui a présidé la transition.
Dernièrement, au XVe sommet de la Francophonie à Dakar, Mr. François Hollande, Président de la République française, rappelait encore avec insistance à ses pairs africains l’exigence du respect strict de l’ordre constitutionnel dans leur pays.
Alors, Mr. François Hollande, vous qui avez fait l’affront à notre peuple en exfiltrant Blaise COMPAORE, nous osons espérer que vous n’en rajouterez pas en nous faisant l’injure de la reconnaissance de la transition instaurée par le régime du Lt. Colonel ZIDA avec la complicité des autorités religieuses et du « Moogho Naba Empereur des mossé, ethnie majoritaire au Burkina Faso » !
Au corps diplomatique accrédité dans notre pays, dont le Nonce Apostolique est le doyen, il est attendu de sa part, et notamment de la part de l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, un rapport correct et argumenté à ceux qui les ont accrédités pour qu’ils comprennent que la transition qui vient d’être mise en place n’est pas conforme à la constitution du Burkina Faso. Le dispositif mis en place pour réaliser la transition non seulement n’est pas conforme à la loi fondamentale, mais surtout, fragilise toutes les institutions républicaines. L’homme fort que prétendait être Blaise COMPAORE, qui pourtant voulait modifier notre constitution a été chassé du pouvoir par l’insurrection populaire. Et voici que, un autre prétendu homme fort, le Lt. Colonel ZIDA et sa clique du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) qui ont tiré sur les insurgés se sont installés au pouvoir. Ils ont dissout l’Assemblée Nationale et suspendu la constitution et, avec la complicité des autorités religieuses et coutumières, des partis affiliés un CFOP et des organisations de la société civile, ils ont consolidé leur coup d’Etat en rédigeant une charte de la transition.
La promesse de tenir des élections dans un an ne peut justifier que soit accepté un coup d’Etat, un Etat d’exception, une dictature militaire, même à durée limitée. Ce serait accepter la primauté de la force sur le droit, la Loi fondamentale ayant été bafouée.
C’est le lieu d’attirer respectueusement la haute attention du frère en Christ Son Eminence Cardinal Philippe OUEDRAOGO sur son absence de vigilance après l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014. A la tête de l’archevêché de Ouagadougou, il a su donner une très bonne lisibilité à la position de l’Eglise Catholique sur la modification de l’art.37 de la constitution. Depuis 2010, démarrage de la campagne pour la modification de l’art.37 par Blaise COMPAORE et son CDP, l’Eglise catholique a opposé un refus catégorique et ferme à cette entreprise suicidaire. Pour cela, elle a essuyé les foudres et les injures du CDP mais notre parti était à ses côtés pour défendre et justifier sa position.
Après l’insurrection populaire des 30 et31 Octobre 2014, comment comprendre que l’Eglise catholique à travers sa hiérarchie qui s’est fermement opposée à la modification d’un seul article de notre constitution, ait accepté que toute la constitution soit suspendue et que le Lt. Colonel ZIDA soit accepté comme Chef d’Etat par la volonté de la soldatesque alignée derrière lui ?
Notre parti, le PITJ, n’y trouve qu’une seule explication. Le frère en Christ, Son Eminence le Cardinal Philippe OUEDRAOGO, ou n’a pas suffisamment exercé son autorité morale et religieuse sur ses ouailles, ou s’est laissé entraîner par des paroissiens demeurés regroupés autour du doyen Edouard OUEDRAOGO et de son journal l’Observateur Paalga. Le Frère en Christ, Son Eminence le Cardinal Philippe OUEDRAOGO a intérêt à prendre conscience de la nocivité de ce groupe de paroissiens, de leur nocivité pour l’autorité et la cohésion de l’Eglise famille, de leur nocivité pour la cohésion nationale et la paix. Leur conception de l’Eglise famille se limite au « bundu » dans un rayon de 50km de Ouagadougou. Elle ne va pas bien au-delà du marathon de Laye.
Frère en Christ, Son Eminence le Cardinal Philippe OUEDRAOGO, pour saisir toute la nocivité et la dangerosité de ce groupe de paroissiens, nous vous rappelons que c’est ce même groupe qui avait planifié et exécuté le coup d’Etat qui a mis fin à la IIIe République. Ils avaient mis en place un Comité Militaire de Redressement pour le Progrès National (CMRPN) à la tête duquel ils avaient placé le Colonel Saye ZERBO auquel ils avaient flanqué Michel KAFANDO comme Ministre des Affaires Etrangères. C’était au temps du Cardinal Paul ZOUNGRANA.
A trente quatre ans d’intervalle, ce groupe de paroissiens, après que le doyen Edouard OUEDRAOGO ait planifié un coup d’Etat avec son écrit: «François COMPAORE répond-il au portrait robot? » vient de réussir à nouveau un coup d’Etat avec le Lt. Colonel ZIDA par une transition non conforme à la constitution de la IVe République. Cette fois-ci, ce groupe de paroissiens a pu hisser Michel KAFANDO à la tête de l’Etat avec en prime le portefeuille du ministère des Affaires Etrangères. Le Lt. Colonel ZIDA a été camouflé comme 1er Ministre parce qu’ils pensent qu’en tenue civile, le coup d’Etat passera inaperçu.
Coïncidence ou pas, Eminence, l’on ne pourra pas, dans la mémoire des burkinabè, éviter le constat que d’un Cardinal à l’autre, ce groupe de paroissiens exécute un coup d’Etat contre la république, contre la démocratie.
Frère en Christ, Eminence Cardinal Philippe OUEDRAOGO, permettez que nous empruntions un mot de NAZI Boni pour caractériser ce groupe de paroissiens (...) qui risque de ruiner toute l’autorité et le crédit de l’Eglise Catholique.
Au plus fort d’une polémique qui opposait NAZI Boni au Pr. Joseph Ki ZERBO à propos de la scolarisation de sa fille Déborah, le Pr. Joseph Ki ZERBO alors inspecteur d’Académie, à cours d’argument, a cru bon balancer à la figure de Nazi BONI son titre d’agrégé en histoire pour le faire taire. Nazi BONI, dans un pamphlet mémorable, a rabattu le caquet au Pr. Joseph Ki ZERBO en lui disant qu’être agrégé à plus de quarante ans n’était pas une preuve d’intelligence à ses yeux, mais plutôt la preuve d’un acharnement.
Le groupe de paroissiens demeurés regroupés autour du doyen Edouard OUEDRAOGO et de son journal l’Observateur paalga font preuve d’un acharnement criminel contre la république, contre la démocratie, contre la cohésion nationale.
Frère en Christ, Eminence Cardinal Philippe OUEDRAOGO, faites l’effort, accompagné du Nonce Apostolique, doyen du corps diplomatique, de vous rendre à Rome auprès du Pape François pour lui expliquer qu’un groupe de paroissiens demeurés a ruiné tout le crédit et l’autorité que l’Eglise Catholique dans notre pays avait conquis en s’opposant fermement à la modification de l’art.37 de la constitution du Burkina Faso.
Ainsi, humblement, vous reconnaîtrez que la transition mise en place et que vous avez cautionnée de votre autorité n’est conforme ni à la lettre, ni à l’esprit du soutien que le Pape François a apporté aux peuples africains contre la modification des constitutions dans leurs pays tel qu’il l’a exprimé clairement à la conférence épiscopale en RD Congo.
Aux chefs d’Etat regroupés dans la CEDEAO ou à l’Union Africaine, l’on sait que pour partie vous devez à Blaise COMPAORE d’être dans vos fauteuils, que pour une autre partie, vous étiez terrorisés par la capacité de nuisance de Blaise COMPAORE, et que le reste l’évitait soigneusement. L’on sait également que Blaise COMPAORE avait entrepris les Chefs d’Etat de la CEDEAO pour obtenir leur soutien aux fins de commettre les deux crimes les plus graves contre son peuple : la trahison de la partie et l’atteinte à la constitution. Vous avez éprouvé un lâche soulagement devant le traitement que le peuple burkinabè insurgé lui a infligé. Certains d’entre vous sont terrorisés par ce « mauvais » exemple que notre peuple a donné à vos peuples.
Tout de même ! Vous n’avez pas hésité et sans pitié à affamer le peuple malien confronté à la guerre et à l’occupation des 2 /3 de son territoire en lui imposant un blocus économique et celui des armes pour obliger les militaires à quitter le pouvoir afin d’instaurer une transition conforme à la constitution du Mali.
Pourquoi alors avez-vous accepté que le Lt. Colonel ZIDA (...) prenne le pouvoir après avoir fait des dizaines de morts parmi les insurgés, dissolvent l’Assemblée Nationale, suspendent la constitution et rédigent en lieu et place une charte pour opérer une transition non conforme à notre constitution du 02 juin 1991? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a là deux poids deux mesures. Vous êtes inconstants, injustes et criminels et les peuples africains ont raison d’accorder peu de crédit à la CEDEAO et à l’UA, et de penser que vous êtes tous bons et mûrs pour la CPI….à moins que, aux toutes premières réunions des sommets de ces deux organisations, des Chefs d’Etat nous prouvent le contraire dans la mesure où vous n’avez vu aucune urgence à tenir des sommets extraordinaires, et que vos représentants accourus ont approuvé la transition en assistant à la mise en place de celle-ci, et en félicitant ses auteurs, ce qui constitue une prime et une invite aux coups d’Etat militaires.
Peuple pacifique, courageux et patient du Burkina Faso. Depuis le 3 janvier 1966, l’Armée et les forces de sécurité te livrent une vraie guerre interne dans ta lutte et tes aspirations pour une démocratie véritable. Tu as toujours su puiser en toi les ressources nécessaires et par ton génie, tu as su avancer dans ta quête en imaginant les tactiques et les stratégies sans aucune intervention ou aide extérieure. Tu as toujours compté sur toi-même et c’est ce qui te vaut le respect et l’admiration des autres peuples. Débarrasse-toi des prétendus experts et de tous les charlatans politiques pour mieux organiser et poursuivre ta lutte pour la démocratie véritable et pour le progrès.
Jeunes du Burkina Faso. Vous êtes venus tout d’abord à l’action citoyenne avec les Sankaristes qui vous ont regroupés autour de la photo et de la tombe du Cne. Thomas SANKARA. Chaque année, vous étiez gazés et chicotés pour rien, puisque les Sankaristes n’ont jamais pris la peine de vous expliquer ne serait-ce que le DOP (Discours d’orientation Politique) du 02 octobre 1984, censé être le référentiel de l’action politique de Thomas SANKARA. Ils prétendaient seulement vouloir la lumière sur les circonstances de la mort de Thomas SANKARA. Une affaire nationale qu’ils ont confisquée pour en faire un fonds de commerce qu’ils ont fini par négocier avec Blaise COMPAORE. Le dossier que le collectif des avocats a introduit en justice n’a même pas été examiné parce qu’il a été déclaré irrecevable pour défaut d’un timbre de 5 000 F CFA.
Me B. Stanislas SANKARA en a été récompensé par Blaise COMPAORE par le titre de chef de l’opposition, création contraire à la constitution.
Jeunes du Burkina, vous vous êtes engagés davantage dans l’action citoyenne en vous mobilisant massivement et durablement derrière le collectif des organisations de masse et des partis politiques dirigé par Halidou OUEDRAOGO pour obtenir la lumière sur l’assassinat de Norbert ZONGO et de ses compagnons afin que cesse l’impunité. Les membres dirigeants du collectif ont pris part à la commission d’Enquête Internationale et l’ont même dirigée. Pendant des années, vous avez marché, vous avez été fouettés, gazés et de tout petits enfants sont morts. Tout cela pour finir par apprendre de la bouche de Ménard de Reporters Sans Frontière que le collectif a négocié le dossier avec Blaise COMPAORE.
Halidou OUEDRAOGO, « Président du pays réel », qui présidait le Collectif, s’est retrouvé avocat de Oumarou KANAZOE qu’il incriminait pourtant dans l’affaire Norbert ZONGO. Quant à Ménard, il est actuellement un élu du Front National en France.
Jeunes du Burkina, plus près de nous, vous vous êtes engagés dans l’action citoyenne et politique derrière les partis affiliés au CFOP et les organisations de la société civile pour dire non à la modification de l’art.37 de la constitution par Blaise COMPAORE. Vous avez intensifié la mobilisation et l’action au point de donner l’assaut à l’Assemblée Nationale pour empêcher la tenue de sa session qui devait modifier l’art.37, le 30 Octobre 2014. L’Armée qui a aidé Blaise COMPAORE à se hisser au pouvoir par l’assassinat de Thomas SANKARA, qui a consolidé son pouvoir en assassinant à tour de bras, qui l’a maintenu pendant 27 ans en assassinant Norbert ZONGO et beaucoup d’autres, cette armée là est restée à ses côtés jusqu’au 30 octobre 2014 et a tiré sur les insurgés, faisant des dizaines de morts et de blessés.
Piteusement, Blaise COMPAORE a été contraint à la démission et a déclaré la vacance du pouvoir selon l’art.43 de la constitution, respectant ainsi pour la première fois de sa vie la constitution du 02 juin 1991.
Dès que Blaise COMPAOARE a fait sa déclaration le 31 octobre 2014, les prétendus dirigeants de l’insurrection ont disparu, abandonnant le mouvement à lui-même et ont été jusqu’à enlever aux manifestants la sonorisation.
En fait, s’ils ont disparu, c’était pour négocier un coup d’Etat avec l’Armée, cette armée là même qui a tiré sur vous, qui a sécurisé Blaise COMPAORE avant de l’exfiltrer avec l’aide de la France.
Alors que vous vous êtes battus au prix de dizaines de morts et de blessés pour obliger Blaise COMPAORE à respecter un seul article de la constitution, l’art.37, les dirigeants des partis politiques affiliés au CFOP et les organisations de la société civile dans leurs négociations avec l’Armée, ont accepté que toute la constitution soit suspendue. Ainsi, ils ont pu codifier l’entente à laquelle ils ont aboutie dans leurs négociations dans une charte de la transition pour se partager le pouvoir. Ceci est un coup d’Etat militaro-civil Ceci est contraire à une transition telle que prévue par la constitution.
Le plus grave est que ce coup d’Etat s’est réalisé avec l’aide et la bénédiction des communautés religieuses et coutumières, et de la communauté internationale.
Jeunes du Burkina Faso, trois fois, vous vous êtes mobilisés et engagés pour une cause juste, prêts à tous les sacrifices ; trois fois vous avez été trahis par ceux qui dirigeaient les mouvements ; trois fois ils ont négocié la lutte sur votre dos contre votre avenir et contre les aspirations à la démocratie et à la justice de notre peuple.

Jeunes du Burkina Faso,
Dans notre bonne tradition africaine, lorsque des adolescents ont subi certaines épreuves graves, on leur dit que « le temps de l’enfance est fini » pour leur signifier que ces épreuves les ont précocement mûris, qu’ils sont des adultes désormais, que leur initiation est faite et qu’ils sont devenus des membres responsables de la société. Vous avez subi trois fois des épreuves, vous êtes donc devenus des citoyens responsables même si parmi vous certains n’ont pas encore atteint la majorité civile. Votre génération, à l’instar des précédentes, a fait irruption place du 03 janvier, place de la Révolution, et par l’assaut qu’elle a donné à l’Assemblée Nationale, elle a manifesté et prouvé son aptitude à participer à la gestion des affaires publiques.

Jeunes du Burkina Faso,
Par votre mobilisation et par l’assaut héroïque que vous avez donné à l’Assemblée Nationale, vous avez renoué avec la lutte de notre peuple pour la démocratie, la justice et la bonne gouvernance. Cette lutte de notre peuple a démarré le 03 janvier 1966 et a pour principal ennemi l’Armée qui, pour conserver le pouvoir, n’hésite pas à livrer une vraie guerre intérieure à notre peuple. La violence en politique, les nombreux morts et victimes diverses sont le fait de l’Armée qui, vis-à-vis de notre peuple se comporte comme une armée d’occupation. En décembre 2015, cela fera 50 ans que l’Armée mène cette guerre contre notre peuple. Elle mène cette guerre sans pitié et sans état d’âme, en s’appuyant sur une partie de la population civile.
Le dernier coup d’Etat que l’Armée a opéré le 1er novembre 2014 comme pour célébrer son cinquante troisième anniversaire, nous a révélé, comme jamais par le passé, ses complices, donc tous les traitres à la lutte de notre peuple que sont les dirigeants des partis politiques affiliés au CFOP, les dirigeants des organisations de la société civile, les dirigeants des communautés religieuses et coutumières, bref, tous ceux qui ont négocié et soutiennent la charte de la transition et ses organes.
C’est la triste réalité, mais c’est la vérité. La reconnaître, c’est reconnaître les forces en présence sur le terrain de la lutte de notre peuple pour la démocratie, la justice et le progrès. C’est connaître ceux que nous devons affronter pour faire aboutir la lutte de notre peuple.

Jeunes du Burkina Faso,
Ne vous laissez pas gagner par le découragement en entendant dire que votre lutte a été récupérée, que vous avez fait une révolution inachevée, etc…
Bien au contraire, par votre héroïque insurrection, vous avez fait avancer la lutte de notre peuple pour la démocratie véritable, la justice, la bonne gouvernance et le progrès. Votre insurrection rend possible la réalisation de la plateforme de lutte de 1975. En 1975, notre peuple s’était insurgé pacifiquement contre l’Armée qui, après son coup d’Etat du 08 février 1974, voulait lui imposer un parti unique : le Mouvement National pour le Renouveau (M N R).
La plateforme de 1975 se déclinait en cinq points : garantie et élargissement des libertés démocratiques et syndicales, relèvement du pouvoir d’achat des travailleurs, la lumière sur les contentieux, le retour à une vie constitutionnelle normale, retour de l’Armée à la caserne.

Jeunes du Burkina Faso,
En examinant de très prés les cinq points de la plateforme de 1975, vous comprendrez facilement l’appel que le PITJ a lancé l’année dernière le 19octobre 2013 en invitant toutes les forces de démocratie et de progrès à la constitution d’un front républicain le 11 décembre 2013 à la bourse du travail autour du mouvement qui avait conduit la lutte en 1975 en ces termes : « Le BEC suggère que ce soit autour du mouvement syndical qui a toujours constitué le noyau dur du mouvement démocratique, que l’on se réunisse ; il suggère que la bourse travail serve de siège à ce front républicain afin que tous les citoyens de notre pays qui l’agréent, individuellement ou organisés, puissent y aller s’inscrire. Le BEC suggère que diligence soit faite par les directions syndicales pour que ce front soit formalisé au plus tard le 11 décembre 2013, date anniversaire de la proclamation de la République ».
Malgré toutes les démarches, la direction du PITJ était la seule présente à la bourse du travail le 11 décembre 2013. Même les directions syndicales ce jour là ont fermé toutes les portes de la bourse du travail et c’est assis sur les escaliers que la direction du PITJ a attendus en vain.
Encouragé sans doute par cette défection massive, Blaise COMPAORE a lancé le lendemain 12 décembre 2013 à Dori, la campagne référendaire pour la modification de l’art.37.
C’est pourquoi, même quand on mobilisait de part et d’autre par dizaines de milliers pour ou contre le référendum dans les marches et remplissant les stades recto verso, le PITJ est resté à l’écart ; il répondait invariablement à tous ceux qui, dans cette ambiance lui demandaient de quel côté il est « De notre côté. Du coté de la vraie lutte du peuple pour la démocratie. »
Le 30 mars 2014, à l’occasion de sa rentrée politique, le PITJ est revenu à la charge auprès des uns et des autres, de l’opposition comme de la majorité présidentielle, avec ses « Propositions pour une transition pacifique et démocratique ». Ces propositions, largement diffusées, sont en fait une reprise des cinq points de la plateforme de 1975 actualisés. Personne ne nous a suivis. Blaise COMPAORE et ses partisans, ayant en face ses anciens collaborateurs, ils ont continué leurs agitations pour s’affronter dans une lutte à mort, chaque camp cherchant à réussir son coup d’Etat. Ce qui devait arriver arriva avec la prise du pouvoir par l’Armée le 1er novembre 2014.
Tout le monde devait se douter qu’un coup d’Etat devait se produire au plus tard en octobre, Blaise COMPAORE ayant affiché sa détermination à réussir la modification de l’art.37 au moins un an avant l’échéance présidentielle de novembre 2015 pour la faire accepter par la CEDEAO, l’UA et la communauté internationale.

Actualisation de la plateforme de 1975

Jeunes du Burkina Faso,
Vous avez renoué avec la lutte de notre peuple pour la démocratie véritable, pour la bonne gouvernance, pour la justice et le progrès. Vous pouvez faire avancer de quarante ans cette lutte en vous mobilisant et en vous organisant mieux sans les directions des partis politiques affiliés au CFOP et celles des organisations de la société civile qui vous ont trahis et abandonnés pour négocier le coup d’Etat avec l’Armée.
Pour réussir, il vous suffit de reprendre à l’envers les cinq points de la plateforme de 1975 et de les faire aboutir. Cela donnera dans l’ordre :
1) L’Armée à la caserne
Comme nous l’avons démontré, l’Armée est le principal obstacle à la démocratie dans notre pays. C’est elle qui, depuis le 03 Janvier 1966, a confisqué le pouvoir et a introduit la violence en politique. Les répressions répétées et de plus en plus violentes contre le mouvement démocratique, les arrestations arbitraires, les tortures et les assassinats par centaines ont tous été commis par l’Armée. Le Collège des Sages en avait dressé la macabre comptabilité jusqu’en 2000. De cette date à l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014, l’Armée a encore fait des dizaines de morts et de blessés.
A vouloir se maintenir toujours au pouvoir, même jusqu’en 2015, il y a de fortes probabilités que ce soit au prix d’une répression sauvage. C’est elle qui est incriminée alors que l’attente immédiate et urgente de notre peuple, c’est la lumière sur tous ces assassinats et que prenne fin l’impunité avec la chute de Blaise COMPAORE. A la limite donc, l’Armée veut se maintenir au pouvoir pour continuer de couvrir ses crimes. C’est pourquoi nous soutenons que depuis le 03 janvier 1966, l’Armée de notre pays mène une guerre intérieure contre notre peuple au point que, même quand la soldatesque se mutine contre sa hiérarchie, elle se rabat sur le peuple pour tuer, violer, torturer , saccager et piller les biens comme on l’a vu en 2011. L’Armée de notre pays se comporte donc comme une armée d’occupation. Permettre qu’elle se maintienne au pouvoir jusqu’en 2015, c’est accepter cinquante ans de guerre interne qu’elle livre à notre peuple.
L’Armée, avec à sa tète le Lt Colonel ZIDA doit immédiatement quitter le pouvoir et rejoindre la caserne pour être reformée sans complaisance, afin de la rendre apte à ses missions républicaines. Elle doit être soumise au pouvoir politique.
L’Armée de notre pays a failli deux fois à sa mission républicaine qui est de défendre l’intégrité territoriale. Deux fois, en 1974 et en 1985, elle a provoqué l’armée malienne et deux fois, elle a pris des raclées mémorables, s’est débandée. Cela nous a valu la perte d’un bout du territoire national.
Après chaque raclée et chaque débandade, elle ne trouvait pas mieux à faire que de venir brandir ses armes contre le peuple pour vouloir lui imposer un parti unique comme en 1975 avec le MNR et en 1985 avec la velléités du CNR de s’ériger en parti unique. Il faut bannir à jamais l’idée selon laquelle il faut que l’Armée soit au pouvoir pour assurer ses missions républicaines.
Cette idée est battue en brèche et rejetée par la CEDEAO elle-même qui a estimé juste de renvoyer l’armée malienne dans les casernes pour se faire reformer et monter au front.
La CEDEAO n’a-t-elle pas imposé une transition conforme à la constitution au Mali afin que des dirigeants démocratiquement élus puissent conduire la guerre et les négociations pour le retour de la démocratie et de la paix ?
2) Le retour à une vie constitutionnelle normale
Pour ce faire, il faut dénoncer et exiger qu’il soit mis fin à la transition mise en place depuis le 1er novembre 2014 par le Lt. Colonel ZIDA car ce n’est ni plus ni moins qu’un coup d’Etat qui a dissout le gouvernement, dissout l’Assemblée nationale et suspendu la Constitution. Il faut dénoncer et rejeter la Charte de la Transition, contraire à la constitution, qui s’est substituée à celle-ci pour créer le CNT (...) et tous les organes découlant de la charte et renvoyer Michel KAFANDO à sa basse-cour et à ses études.
Il ne faut pas se laisser distraire par le populisme et les effets d’annonce du Lt Colonel ZIDA, de Michel KAFANDO, du CNT et autres organes. Tout ce qu’ils disent ou font n’a aucune valeur juridique au regard de la constitution du 02 juin 1991. Toutes les lois et décisions prises dans le cadre de cette transition sont nulles et de nullité absolue et seront victorieusement attaquées devant les tribunaux lorsque le pays retrouvera une vie constitutionnelle normale. Les prétendus éminents constitutionnalistes qui peuplent la transition et ses organes, Le savent bien et doivent se rappeler que toutes les décisions, les raabo, les kiti etc…et même les jugements des TPR du temps du CNR, ont été remis en cause après l’adoption de la constitution du 2 juin 1991
Ces prétendus juristes ont étalé toute leur malhonnêteté, leur incurie et leur indigence intellectuelle en soutenant que le CNT doit avoir pouvoir législatif et adopter une loi contre la corruption. A ce propos, tout le monde a su en 2005 que la loi ne peut être rétroactive puisque Blaise COMPAORE a pu se représenter à l’élection présidentielle de l’année 2005. Ce sont des imposteurs et toute la transition imaginée et mise en place est une vaste imposture, un coup d’Etat.
Il faut exiger et obtenir donc que la vraie transition, telle que prévue par la constitution du 2 juin 1991 soit mise en place. Il faut balayer l’actuelle transition attentatoire à notre constitution.
Il faut pour ce faire, rétablir la constitution dans son entièreté et exiger que le Conseil Constitutionnel désigne, conformément à celle-ci, le Président du Faso qui nommera un 1er Ministre pour former le gouvernement. Pour légiférer s’il le faut, il faut rétablir l’Assemblée nationale dissoute par le Lt. Colonel ZIDA L’insurrection a rendu de fait impossible son fonctionnement à son siège. Le Lt. Colonel ZIDA a bien trouvé un local pour abriter son CNT !
Faut-il préférer un CNT inutilement budgétivore qui prendra des lois qui seront remises en cause à une Assemblée nationale qu’on n’aime pas mais qui prendra des lois conformes à la constitution ? Il ne faut pas verser dans le subjectivisme et la haine gratuits car les députés de la législature en cours n’ont été ni jugés, ni condamnés, ni déchus de leur titre. L’art.3 de la constitution stipule : « Nul ne peut être privé de sa liberté s’il n’est poursuivi pour des faits prévus et punis par la loi.
Nul ne peut être arrêté, gardé, déporté ou exilé qu’en vertu de la loi » L’art.4 précise : « Tous les burkinabè et toute personne vivant au Burkina Faso bénéficient d’une égale protection de la loi. Tous ont droit à ce que leur cause soit entendue par une juridiction indépendante et impartiale ».
A regarder de très prés et à dire vrai, en quoi la majorité des députés qui devaient voter la modification de l’art 37 sont-ils plus coupables que les gourous du MPP, eux qui étaient au départ de la décision de modification de l’art 37 ? Le peuple burkinabè a en mémoire que c’est Roch Marc Christian KABORE, Président de l’Assemblée Nationale, Président du CDP qui, en congrès de ce parti, a fait prendre la résolution de modifier l’art.37 jugé par lui antidémocratique. Assimi KOUANDA, A. Soungalo OUATTARA, Alain YODA et autres répétaient à se rompre les cordes vocales qu’ils ne cherchent qu’à faire aboutir la résolution que leur parti avait prise lorsque Rock Marc Christian KABORE en était le président ! Cette résolution, une colossale connerie criminelle que tous reconnaissent actuellement et pour laquelle tous demandent pardon. Il faut les juger tous pour ce crime et après le pardon pourra intervenir.
3) La garantie et l’élargissement des libertés démocratiques et syndicales.
Ce point de la plateforme était ainsi formulé en 1975 sous l’Etat d’exception et parce que l’Armée conduite par le Gal Lamizana cherchait à imposer le parti unique à notre peuple par la création du MNR.
De nos jours, l’Armée conduite par le Lt Colonel ZIDA cherche à nous imposer, avec sa charte et ses organes fabriqués après avoir suspendu la constitution, un coup d’Etat, une transition non conforme à la constitution.
Toutes les libertés individuelles et collectives ayant été prévues et garanties par la constituions du 2 juin 1991, il faut exiger du Lt colonel ZIDA et de tous ceux qui soutiennent sa transition le respect strict de ces libertés.
Les libertés individuelles et collectives sont le résultat de la lutte de notre peuple depuis la constitution française de 1946 qui donnait la citoyenneté aux peuples africains. Contre tous les régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance à nos jours, notre peuple a su lutter pour les préserver… même sous les régimes d’exception. Notre peuple les a consignées et garanties dans la constitution du 2 juin 1991, ce qui a permis la création des partis politiques, des associations et des médias privés.
Les libertés individuelles et collectives ne sont donc les cadeaux d’aucun parti ni d’aucun régime. Et c’est pourquoi il est inacceptable que la constitution qui les garantit soit suspendue par qui que soit…quels qu’en soient les motifs.
L’insurrection populaire avait pour objectif principal le respect de la constitution. Il est paradoxal donc que le Lt Colonel ZIDA, sa clique et ses supporteurs tirent prétexte des troubles pour suspendre la constitution au moment même où tous les citoyens et tous les étrangers avaient besoin de garantie pour leurs droits, leur intégrité physique et morale. Il y a là une compréhension erronée et contraire à la constitution de la part de l’armée et des forces de sécurité, de leurs missions d’assurer la sécurité intérieure de l’Etat.
L’insurrection populaire n’a ôté à personne sa qualité de citoyen, ni ses droits et ses devoirs. Ce n’est que dans le cadre de la loi que cela peut intervenir (art.3 et 4 de la constitution).
C’est pourquoi il faut dénoncer toutes les atteintes aux droits à l’intégrité physique et morale et aux biens des citoyens, et exiger que les auteurs et les commanditaires soient punis conformément à la loi.
Il est déjà heureux que des associations et des partis politiques se mobilisent pour obtenir juste réparation pour les victimes, mais ils doivent éviter de le faire de façon sélective en considérant que les citoyens victimes qui étaient du côte de Blaise COMPAORE pour la modification de l’art.37 n’ont droit à aucun égard.
Conformément aux dispositions des art.3 et 4 de la constitution, tous les citoyens, tous les partis politiques et toutes les associations doivent pouvoir circuler et mener leurs activités sans crainte aucune. Les exilés doivent pouvoir revenir et vivre en citoyens dont les droits sont garantis dans le pays.
A ce propos, le Lt Colonel ZIDA et (...) dans l’Armée doivent des explications à notre peuple sur l’exfiltration de Blaise COMPAORE. Dans un premier temps, ils nous ont rassurés que Blaise COMPAORE était en lieu sûr sur le territoire national et que son intégrité physique et morale était garantie. A aucun moment les insurgés n’ont exigé la mort de Blaise COMPAORE. Blaise COMPAORE a démissionné mais il n’y a aucune mesure de bannissement contre lui. Mieux, la constitution prévoit pour lui le statut d’ancien Chef d’Etat avec tout ce qui va avec pour sa sécurité et pour son confort. Pourquoi donc et comment Blaise COMPAORE se trouve-t-il à l’extérieur du Burkina Faso, la France de François Hollande se vantant de l’avoir exfiltré pour des raisons humanitaires ?
Le Lt Colonel ZIDA, sa clique et toute l’Armée ont grand intérêt à inscrire en tête de leurs priorités le retour de Blaise COMPAORE au Burkina Faso. Autrement, ils devront répondre de graves accusations d’avoir failli à leur mission de sécurisation des personnes et des biens, de graves accusations de crimes pour atteinte à la constitution puisque les droits de Blaise COMPAORE y sont inscrits, de graves accusations de trahison de la Patrie en complicité avec François Hollande.
Blaise COMPAORE doit être ramené au Burkina Faso pour y vivre et y jouir de ses droits et pour y accomplir également ses devoirs de citoyen, lui qui a dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans. Et même s’il venait à être accusé pour des faits commis à l’extérieur du Burkina Faso, il ne doit pas être extradé ; il doit être jugé au Burkina Faso pour garantir la justice dans le respect de ses droits.
Le peuple burkinabè, par le passé, a jugé les trois premiers présidents de notre pays et il n’y a pas eu de tremblement de terre. Au contraire, au procès du Gal Lamizana, des queues interminables de citoyens sont venues témoigner à décharge devant le tribunal. Ces trois présidents, après leur jugement, ont coulé des jours paisibles, en toute liberté et dans le respect de tous et ont eu des obsèques nationales dignes des charges qu’ils ont assumées.
Le Lt Colonel ZIDA, sa clique et toute l’Armée doivent donc comprendre que la lutte de notre peuple pour un Etat de droit véritablement démocratique participe de la lutte des peuples africains. Ils doivent ramener Blaise COMPAORE afin que ce que notre peuple et notre jeunesse ont voulu par cette insurrection soit pleinement accompli. De sorte que les autres peuples africains puissent tirer argument de l’expérience de notre peuple contre leurs dirigeants qui veulent mourir au pouvoir en tripatouillant leur constitution. Le peuple burkinabè montrera ainsi qu’une autre vie est possible après la fonction présidentielle.
Le retour de Blaise COMPAORE au Burkina Faso va contribuer grandement à la stabilité, à la paix et à la reddition correcte des comptes sur 34 années de gestion. Le Burkina Faso n’aura pas à s’inquiéter d’actions de déstabilisation de ses filles et de ses fils en exil, rejetés d’un pays à l’autre. La présence de Blaise COMPAORE sur le sol national évitera que tous les prédateurs de la république camouflés derrière son absence n’échappent à la reddition des comptes ou ne l’escamotent.
Ramener Blaise COMPAORE au pays est donc un impératif que dictent la dignité de notre peuple et le respect scrupuleux de la constitution du 02 juin 1991.
4) La lumière sur les contentieux
La constitution du 02 juin 1991 dispose à l’art.5 du préambule « Nous, Peuple souverain du Burkina Faso ;
Déterminé à promouvoir l’intégrité, la probité, la transparence, l’impartialité et l’obligation de rendre compte comme des valeurs républicaines et éthiques propres à moraliser la vie de la Nation.
Le préambule poursuit à l’al.9 : « souscrivant à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 et aux instruments internationaux traitant des problèmes économiques, politiques, sociaux et culturels; »
Ces stipulations mentionnées dans le préambule, complétées par les dispositions des art.3 et 4 de la constitution doivent servir de repères pour déterminer et juger tous les contentieux.

Le contentieux politique

Le plus gros et le plus important du contentieux politique repose sur l’art.166 de la constitution qui stipule : « La trahison de la Patrie et l’atteinte à la constitution constituent les crimes les plus graves commis à l’encontre du peuple ».
Le contentieux politique devra s’intéresser d’abord aux atteintes directes à la constitution et à la fabrication ou la manipulation des lois qui y ont concouru pour ensuite s’intéresser à l’action et aux complices de ces atteintes à la constitution.
Ce qui est évident pour tout le monde, c’est l’atteinte à la constitution en son art.37. Mais bien avant cela, notre parti, le PITJ, en 2009, avait dénoncé une série de lois initiées et votées par tous les groupes parlementaires confondus à l’Assemblée Nationale sous la Présidence de Roch Marc Christian KABORE. Il y avait notamment les dispositions relatives aux conditions de candidature à l’élection présidentielle en violation de l’art.38 de la constitution; il y a également l’atteinte grave avec la création du chef de file de l’opposition en violation de l’art.13 de la constitution. Cela s’est répercuté dans le financement des partis politiques et dans le fonctionnement des partis au point qu’un bon lot a été suspendu, à la représentation des partis politiques à la CENI, dans ses démembrements et jusque dans le déroulement des scrutins. Toutes ces atteintes à la constitution ont été traduites dans la loi électorale. C’est pourquoi il faut rechercher toutes les lois, tous les règlements qui ont restreint toutes les libertés individuelles et collectives prescrites par la constitution et en punir les auteurs. Il ne faut pas craindre de remonter à la législature qui a modifié l’art. 37 pour supprimer la limitation des mandats à deux.
Les principaux auteurs de ces atteintes à la constitution sont avant tout Blaise COMPAORE et sa majorité CDP, ses gouvernements successifs qui ont adopté les différents projets de lois comme le dernier qui a provoqué l’insurrection populaire autour de l’art.37. Il n’y a pas que Blaise COMPAORE, son CDP et ses gouvernements. Il y a tous ces partis et associations dites de la société civile, anciens ou nouveaux comme le MPP qui ont inspiré, défendu et soutenu ces atteintes à la constitution.
Il y a le Conseil Constitutionnel dont les juges dans ses différentes compositions de Komi SAMBO Antoine à MILLOGO Dé Albert en passant par Drissa TRAORE, il y a tous ces juges des tribunaux administratifs jusqu’au Conseil d’Etat qui ont validé et jugé en fonction de toutes ces lois. Il y a la CENI et tous ses démembrements, et toutes les organisations de la société civile qui les ont présidés pour organiser des élections frauduleuses pendant 20 ans sans un fichier électoral conforme à la loi.
Par conséquent, doivent être recensés, jugés et punis tous ces auteurs d’atteintes à la constitution en vertu des dispositions de l’art.166 de la constitution. Il le faut jusqu’au niveau communal pour que tous les citoyens connaissent le caractère sacré de la constitution, que tous les citoyens sachent qu’à quelque niveau de responsabilité qu’ils se trouvent, ils sont astreints au respect scrupuleux de la constitution, et ne doivent pas accepter d’appliquer des lois ou des mesures contraires à la constitution.
Depuis le coup d’Etat du 1er novembre 2014, le Lt colonel ZIDA et toute sa clique toute la haute hiérarchie de l’Armée qui a accepté leur coup d’Etat qui a dissout l’Assemblée Nationale et suspendu la constitution ont commis le grave crime d’atteinte à la constitution telle que prévue à l’art.166 et doivent être jugés et punis.
Doivent être jugés et punis également leurs complices civils qui ont concouru à la réalisation du consensus pour accepter le coup d’Etat, ce qu’ils ont traduit dans la charte de la transition. Ce sont : tous les dirigeants des partis politiques affiliés au CFOP, tous les dirigeants des organisations de la société civile, tous les responsables des communautés religieuses et coutumières qui ont accepté que toute la constitution soit suspendue et qui ont formé le consensus sur la base de la charte pour une transition non conforme à la constitution. Ce sont aussi tous les membres des organes de la transition y compris tout le gouvernement, y compris tous ceux qui ont accepté des nominations à de hautes fonctions, et les membres du CNT désignés par leurs structures respectives. Bien entendu, tous les membres du Conseil Constitutionnel conduits par MILLOGO Dé Alberte et le Grand Chancelier qui ont entériné le coup d’Etat et la mascarade d’investiture tombent sous le coup de l’art.166 de la constitution.
Personne ne doit échapper au jugement des crimes politiques commis pour atteinte à la constitution car de celle-ci découle leur droit à exister et à mener librement leurs activités. Ils ne se rendaient même pas compte qu’en acceptant la suspension de la constitution, ils acceptaient de ce fait la suspension de leur droit à exister et à mener librement leurs activités.
La sanction minimum qui puisse leur être infligé à l’issue du jugement de leurs crimes politiques, c’est la suspension de leurs droits civiques et l’interdiction de prendre part aux prochains scrutins (Présidentiel, législatif et municipal) qui ramèneront le Burkina Faso à une vie constitutionnelle normale.
Il en découlera pour notre pays deux avantages importants. Le premier, c’est de faire comprendre à tous les citoyens burkinabè de l’intérieur comme de l’extérieur le caractère sacré de la constitution. C’est aussi sanctuariser dans l’esprit de tous les citoyens, tous les articles de la constitution et non l’article 37 seulement comme le prétend le CNT. Ce serait un grand exercice de pédagogie pour notre peuple, une bonne méthode pour diffuser la culture de la démocratie en faisant l’éducation citoyenne de notre peuple.
Le deuxième avantage revient aux jeunes de notre pays qui, courageusement, se sont mobilisés pour exiger le respect de la constitution et qui ont fini par donner l’assaut à l’Assemblée nationale au prix de dizaines de morts et de blessés pour empêcher la modification de la constitution. Bien avant l’insurrection populaire, les jeunes se plaignaient de n’avoir pas d’emplois, et surtout, de n’être pas associés aux décisions et à la gestion des affaires publiques ; ils se plaignaient de n’être pas suffisamment et bien représentés sur les listes électorales à l’occasion des différents scrutins. En faisant irruption place du 03 janvier, place de la révolution, ils ont prouvé leur aptitude et leur capacité à participer à la gestion des affaires publiques conformément à l’art.11 de la constitution « Tout burkinabè jouit des droits civiques et politiques dans les conditions prévues par la loi ». Et l’art.12 qui stipule très clairement : « Tous les burkinabè sans distinction aucune ont le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat et de la société.
A ce titre, ils sont électeurs et éligibles dans les conditions prévues par la loi »
Par conséquent, juger et sanctionner tous les auteurs et les organisations coupables des crimes politiques comme il se doit, permettra un renouvellement de la classe politique et des organisations de la société civile. Chaque génération ayant sa poursuivante, c’est permettre à la génération montante d’arriver pacifiquement et démocratiquement à la gestion des affaires de l’Etat et de la société.
Notre pays pourra ainsi faire l’économie d’une rébellion ou d’une révolution violente comme pourrait en accoucher les 27 ans du régime de Blaise COMPAORE et la transition mise en place et non conforme à la constitution. Ça n’arrive pas qu’aux autres. Des jeunes réclamaient des armes aux organisations qui les approchaient parce qu’ils ne croyaient pas au changement par la voie des urnes sous le règne de Blaise COMPAORE.

Le Contentieux économique

Dans l’évolution historique de notre pays, à la chute de chaque régime, il a été fait l’état des lieux avec un jugement des crimes économiques et pour corriger les dysfonctionnements dans la gestion des affaires publiques. Pour ce faire, des commissions d’investigations ont toujours été créées avec des lettres de mission très claires.
Ainsi, à la chute du régime de Maurice YAMEOGO le 03 janvier 1966, une commission d’enquête a été mise en place et un tribunal spécial a jugé les crimes économiques.
A la chute du régime du Gal Lamizana, le CMRPN du Cl Saye ZERBO a créé deux commissions d’enquête mais n’a pas eu le temps d’organiser le jugement des crimes économiques, emporté lui-même par des scandales financiers dont celui du fameux EURO-BUILDING.
Il a fallu donc attendre l’avènement du CNR pour que tous les dossiers constitués après la gestion de Maurice YAMEOGO soient jugés par les fameux Tribunaux populaires de la révolution (TPR).
Comme pour rappeler à tous ceux qui ont eu ou auront à charge la gestion des affaires publiques l’obligation de rendre compte de leur gestion. Les TPR ont démarré leurs travaux le 3 janvier 1984, rappelant que le soulèvement populaire du 03 janvier 1966 était pour dire non à la gabégie et à la mauvaise gestion des affaires.
Blaise COMPAORE a mis fin au régime du CNR le 15 Octobre 1987 pour, disait-il, rectifier la révolution. En fait, il a liquidé l’idée même de révolution en engageant notre pays dans les Programmes d’Ajustements Structurels (PAS).
Avec le discours de la Baule et l’adoption de la Constitution du 2 Juin 1991, Blaise COMPAORE s’est installé au pouvoir et a commencé à construire un système de prédation sur lequel va reposer son régime, un système qui va faire de nouveaux riches.
Ce système de prédation a permis l’éclosion et la prospérité de la nouvelle bourgeoisie sous le fauteuil présidentiel avant de virer à la patrimonialisation avec le clan familial.
Avec l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014 qui a provoqué la chute de Blaise COMPAORE, les investigations pour déterminer les crimes économiques doivent remonter jusqu’en 1987.
D’abord, de 1987 à 1989, Blaise COMPAORE a transformé l’Armée Nationale en une armée de mercenaires pour intervenir dans différents pays pour semer la mort et piller les ressources de ces pays. Du reste, cela va se poursuivre jusqu’à la chute de Blaise COMPAORE avant qu’il ne camoufle cet interventionnisme sous les accords d’assistance au maintien de la paix. C’est ainsi que l’Armée a été complètement désorganisée et a été rendue inapte à ses missions républicaines. C’est ainsi que cette armée est devenue une armée contre le peuple, une armée prête à mener une guerre farouche contre son propre peuple, une armée prête à piller et à tuer le peuple comme l’a prouvé la mutinerie de 2011. Avec l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014, de l’aveu même des chefs militaires, c’est l’ampleur même des massacres qu’ils devaient commettre pour maintenir Blaise au pouvoir qui les ont poussé à lui demander de démissionner en lui jurant cependant qu’ils sont avec lui.

Quel rapport avec les crimes économiques?

Des investigations à l’intendance militaire prouveront à quel point des officiers de la couche supérieure de l’Armée se sont crapuleusement enrichis par milliards et comment toute l’Armée a été pourrie et corrompue. Blaise COMPAORE lui-même s’est énormément enrichi au point que notre pays était devenu exportateur d’or, de diamant, de café, de cacao, d’armes etc…
C’est ce début de constitution de leur fortune qui leur a permis de poser leur base économique dans le pays et à travers le monde. A partir de 1989, il faut faire remonter les investigations à la mise en place des PAS et des privatisations. Ces privatisations ont été un moyen scandaleux de démanteler méthodiquement le patrimoine national pour se l’approprier. Une commission de privatisation avait été mise en place. Les travaux seront fort utiles pour comprendre la naissance des nouveaux riches et la constitution de la nouvelle bourgeoisie qui, pendant tout le règne de Blaise COMPAORE, a prospéré par sa rapacité et la prédation de la république.
A partir des années 2000, les investigations doivent s’intéresser aux PPTE, à la gestion des aides budgétaires, des dons, des prêts et à la passation des marchés publics. C’est aussi à partir de cette époque qu’il faut s’intéresser à la gestion du domaine foncier national avec ses scandales de gestion des parcelles jusqu’à l’accaparement des centaines d’hectares de terre dans toutes les localités.
Les nouveaux riches, pour camoufler l’accaparement des terres ont lancé leur mot d’ordre d’agro-business au point de provoquer la résistance de différentes associations de paysans.
C’est à ce point aussi qu’il faut porter les investigations sur la gestion de la SOFITEX et des autres sociétés cotonnières. Il faut regarder de très près aussi la gestion des aides étatiques pour le soutien et la promotion du monde rural.
Le moins qu’on puisse affirmer, c’est que les différents projets et programmes des quatre mandats de Blaise COMPAORE n’ont pas été exécutés conformément aux prescriptions de la constitution du 02 juin 1991. Les députés de notre parti durant la législature 2002 – 2007 l’ont découvert et dénoncé en exigeant les lois de règlement des budgets de 1993 à 2002 et des lois de programmation inexistantes pour tous les ministères et institutions. Pour avoir exigé que la gestion des affaires publiques (même l’envoi de nos troupes à l’extérieur) se fasse dans le respect de la constitution, le régime de Blaise COMPAORE s’est juré de fermer la porte de l’Assemblée Nationale et des communes aux candidats de notre parti par la fraude et les manipulations des résultats. Il finira même par provoquer des démissions en cascades pour détruire notre parti. En fait, le régime de Blaise COMPAORE n’a pas compris quel service il rendait à notre parti en le purgeant des faux militants qu’il a encouragé à démissionner. Le parti lui a survécu et poursuit de plus belle la lutte aux côtés du peuple.
Enfin, avec le boum minier, il faut des investigations très sérieuses sur l’exploitation et la gestion de l’or, sur la construction des infrastructures, sur l’attribution des concessions, particulièrement sur la concession du réseau ferroviaire.
Du coup, il faut faire des investigations les plus poussées sur l’approvisionnement en énergie et sur les investissements tendant à renforcer les capacités dans ce domaine.
Déjà, en 1977, notre parti avait invité le Professeur Abdou Moumouni de l’ONERSOL (Niger) pour une grande conférence-débat à l’ENAM de Ouagadougou pour indiquer que la solution à nos problèmes énergétiques résidait dans l’exploitation de l’énergie solaire.
C’est au cours de la même année que notre parti a organisé avec le concours du Professeur Tchoung Tchang du Cameroun à la maison des jeunes de Ouagadougou et avec la participation de tous les cadres des banques y compris de ceux de la Banque Centrale une conférence-débat pour dénoncer le FCFA et dire la nécessité d’une monnaie nationale pour l’indépendance nationale, d’une monnaie pour l’ indépendance et le développement de l’Afrique.
Combien de dizaines de milliards des deniers publics ont été dissipés à l’occasion de la dévaluation ? Combien de dizaines de milliards des deniers publics ont été dissipés pour prétendument renforcer nos capacités énergétiques? Malgré tout, avec la SONABHY, c’est l’eau dans le gaz. Avec la SONABEL, ce n’est pas le courant continu, mais le courant par intermittence. Le Lt Colonel ZIDA a bouclé les directeurs de ces deux sociétés. Mais où est le changement?
La dernière trouvaille des prédateurs du régime de Blaise COMPAORE, c’est le pillage des différents fonds destinés aux activités rémunératrices des femmes et pour le renforcement des capacités et l’emploi des jeunes.
Les investigations pour déceler et punir les crimes économiques doivent remonter à Faso baara depuis cette théorie des travaux à Haute Intensité de Main-d’œuvre (HIMO).
Juger et punir les crimes économiques, ce n’est pas seulement tenter de récupérer les deniers et les biens publics que les dignitaires du régime de Blaise COMPAORE se sont appropriés, mais c’est surtout pour déceler les dysfonctionnements et les mécanismes par lesquels ces crimes économiques ont été commis; c’est faire l’état exact des lieux pour dégager les orientations pour une bonne gouvernance.
Tout le monde se souvient qu’au nom de tous les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) excédés de la mal gouvernance, le représentant de l’Union Européenne avait publiquement déclaré que tous nos chiffres et nos statistiques n’étaient pas sincères. Ce à quoi le 1er Ministre d’alors, Tertius ZONGO, lui a rétorqué avec arrogance qu’il avait le loisir d’aller ailleurs au cas où il ne se sentirait pas bien au Burkina Faso.

Le contentieux des crimes de sang

Dans les tractations pour la rédaction de la Charte de la transition, le Lt Colonel ZIDA et sa clique avaient intimé l’ordre aux civils qui voulaient prendre part à leur coup d’Etat de retirer des organes de la transition la Commission Vérité, Justice et Réconciliation. Depuis lors, le Lt Colonel ZIDA et le Président Michel KAFANDO disent et répètent que juger Blaise n’est pas leur priorité. Ils espèrent distraire le peuple avec l’identification des restes de Thomas SANKARA et le dossier Norbert ZONGO, et pensent qu’en arrêtant quelques criminels à col blanc ils étancheront la soif de la vérité et de justice du peuple. Bref, le genre de discours sibyllins que nous a tenus Blaise COMPAORE avant d’être contraint à la démission lorsqu’il a déclaré qu’il a compris notre soif de changement.
Les attentes du peuple sont plus grandes, plus précises et plus urgentes pour faire la lumière sur les crimes de sang et pour que cesse l’impunité des assassinats de ses fils. Ce d’autant plus qu’à l’occasion de l’insurrection populaire des 30et 31 octobre 2014, l’Armée et les forces de sécurité avec à leur tète le Lt Colonel ZIDA, ont encore assassiné des dizaines et ont fait des blessés par balles par centaines.
Ce sont l’Armée et les forces de sécurité qui ont introduit les assassinats dans nos mœurs politiques, les séquestrations, les tortures et les viols. Comme une armée d’occupation coloniale, par ces pratiques, elles ont mené une vraie guerre interne à notre peuple dans sa lutte pour la démocratie et le progrès.
Du 3 janvier 1966 à nos jours, par la mal gouvernance, l’Armée a imposé à notre peuple des sacrifices et des privations indicibles. C’est à partir du 07 novembre 1981, sous le régime du CSPI de Jean Baptiste OUEDRAOGO que la violence et les assassinats ont été introduits en politique pour s’intensifier sous le régime du Front Populaire de Blaise COMPAORE, pour devenir courante et banals avec le Lt colonel ZIDA et sa clique qui veulent que le peuple acquiesce à l’impunité.
Il faut, par une commission Vérité, Justice, Réconciliation, faire des investigations pour identifier les auteurs de crimes de sang et les punir sévèrement afin que vraiment, « jamais plus ça » et que l’Armée se tienne disciplinée dans la caserne pour accomplir ses missions républicaines.
Il faut éviter de se focaliser sur les dossiers Thomas SANKARA et Norbert ZONGO, mais partir du rapport du Collège des Sages sur la question pour remonter aux derniers crimes de sang de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
5) Relèvement du pouvoir d’achat des travailleurs et amélioration de leurs conditions de vie.
Le régime de Blaise COMPAORE avant sa chute avait pris des engagements vis-à-vis des travailleurs mais louvoyait pour ne pas les tenir. Il s’agit donc de les examiner dans un vrai dialogue pour leur donner une suite.
Logiquement, il faut faire l’état des lieux pour voir dans quelle mesure il est possible d’améliorer les conditions de vie et de travail.
Dans l’immédiat, tous les marchés passés pour la construction des infrastructures et l’acquisition du matériel de travail doivent être passés au peigne fin.
La gestion de la CNSS et de la CARFOP doit être auditée minutieusement, et leurs réserves placées de façon sûre et rentable. Il est urgent que des études actuarielles soient faites pour déterminer dans quelle mesure, sans démagogie, les retraites et les autres pensions peuvent être revalorisées sans déséquilibre dans les différentes branches et comptes.
Cela s’impose et est urgent parce que le pays est dans une transition démographique. Reconstitué en 1947, tous ses fils et filles qui sont nés dans les années 40 sont déjà à la retraite et tous ceux qui sont nés dans les années 50 seront tous à la retraite en 2018 au plus tard. Dans ces conditions, même la CNSS et la CARFO fonctionnant selon un système de répartition, c’est maintenant avec la crise qu’il faut prendre des mesures urgentes de gestion pour éviter des ponctions sur les pensions à l’avenir comme on peut l’observer dans certains pays de l’Union Européenne (U.E).

Peuple du Burkina Faso ! Jeunes du Burkina Faso !

La longue lutte pour la liberté, la démocratie, le progrès entamé avec la constitution française de 1946 a été jalonnée de coups d’Etat militaires de 1958 au 1er novembre 2014. C’est regarder avec lucidité cette réalité et reconnaître que notre armée, construite avec les débris de l’armée coloniale française et dont la couche supérieure est essentiellement composée des enfants de troupe coloniale française, mène une guerre interne sans pitié contre notre évolution vers la démocratie véritable.
L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a provoqué uniquement la démission de Blaise COMPAORE au pouvoir depuis 27 ans. Le Lt Colonel ZIDA et sa clique du RSP ont en réalité opéré un coup d’Etat en prenant le pouvoir, en dissolvant l’Assemblée et en suspendant la constitution dans le but de perpétuer le régime de Blaise COMPAORE sans Blaise COMPAORE.
Peut-on admettre que l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ait contraint Blaise COMPAORE à la démission parce qu’il voulait modifier un seul article de la constitution et accepter que la soldatesque de la sécurité de Blaise COMPAORE, après avoir massacré les insurgés, suspende toute la constitution, dissolve l’Assemblée Nationale et s’installe au pouvoir ? Pour faire quoi ? La promesse de rendre le pouvoir aux civils au bout d’un an est éculée. Après le soulèvement populaire du 03 janvier 1966, le Gal Lamizana et Garango avaient fait pareille promesse pour deux ans ; ils ont fait quatorze ans au pouvoir.
Le Cl Saye ZERBO qui les a renversés, promettait vaguement de rendre le pouvoir aux civils après un redressement national. Il fut renversé deux ans à peine par le Cdt Jean Baptiste OUEDRAOGO. Ce dernier, Jean Baptiste OUEDRAOGO, après avoir libéré les dignitaires de la IIIe République des geôles, déclara au cours de sa première conférence de presse qu’il n’était pas mauvais, sous-entendant par là que ceux-ci pourraient revenir au pouvoir. Neuf mois après cette déclaration, le Cne Thomas SANKARA le renversa. Le 15 octobre 1987, Blaise COMPAORE renversa Thomas SANKARA en l’assassinant tout en protestant de son innocence, de sa bonne foi, en déclarant que le pouvoir ne l’intéressait pas. Il se maintint pourtant au pouvoir et s’y accrocha pendant 27 ans, finalement délogé par l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Le 1er novembre 2014, après que la garde rapprochée de Blaise COMPAORE ait proclamé le Lt Colonel ZIDA chef de l’Etat, dissout l’Assemblée nationale et suspendu la constitution, le peuple insurgé a protesté pour marquer son refus catégorique de la confiscation du pouvoir par l’Armée. La CEDEAO, l’U.A et la communauté internationale ont accouru et ont intimé au Lt Colonel ZIDA et à sa clique de remettre le pouvoir aux civils dans un délai de quinze jours. Tout le monde se rappelle bien que 48H à peine après, le Lt Colonel ZIDA a déclaré que le délai de quinze jours n’engageait que la CEDEAO, l’U.A et la communauté internationale. C’est clair et net.
Le Lt Colonel ZIDA et sa clique de la sécurité de Blaise COMPAORE ont consolidé leur coup d’Etat avec la complicité des anciens collaborateurs de Blaise COMPAORE (MPP, UPC) et tous ceux qui ont soutenu le régime de Blaise COMPAORE pendant 27 ans comme les dirigeants des communautés religieuses et coutumières. Il n’y a que ceux qui ont soutenu ouvertement Blaise COMPAORE jusqu’à sa chute qui ont été tenus à l’écart.
Le PITJ a porté des accusations graves et en a apporté la preuve en s’appuyant sur la constitution du 02 juin 1991. Du reste, pour les accusations de trahison contre les dirigeants des partis affiliés au CFOP et des organisations de la société civile, le PITJ demande à tous ceux, cherchant la vérité, de relire le rapport du Collège des Sages. Ils y trouveront une identification, une description précise de ces derniers issus du mouvement étudiant après l’historique lutte de 1975. Ce sont tous des gens issus de la mouvance estudiantine PCRV, ULC, GCB etc… Le rapport du Collège des Sages les dénonce et les accuse d’être des gens sans foi ni loi et pour lesquels c’est le pouvoir coûte que coûte. Il les accuse d’être à la base de toutes les dérives criminelles et sanguinaires de notre évolution politique.
Pour les autorités religieuses et coutumières, par respect pour les croyances des uns et des autres, ou par peur d’être accusées de s’en prendre aux religions de certains, les dénonciations se faisaient mollement. Elles peuvent mesurer actuellement là où leur complicité a conduit le pays. L’on commence à dénoncer le pouvoir des protestants avec Le Lt Colonel ZIDA. Les associations musulmanes se plaignent de leur représentativité. L’on commence à dire qu’au niveau de l’Armée, l’on écarte des postes de responsabilité tous ceux qui ne sont pas mossi et que si l’on a tourné le dos à une transition conforme à la constitution, c’est pour éviter qu’un non mossi ne soit, même transitoirement, à la tête de l’Etat.
Le PITJ rappelle que le territoire reconstitué en 1947 et qui est le Burkina Faso, n’est ni un ancien empire féodal, ni un ancien empire théocratique. Il rappelle que les populations qui sont encore prosternées devant un Naaba, lorgnant les autres avec condescendance sont en fait des attardés de l’évolution de l’Humanité en ce 21e siècle où tous les rois sont contraints à la démocratisation en attendant leur disparition naturelle. C’est pourquoi notre constitution interdit toute forme de modification portant sur la nature et la forme républicaine de l’Etat.
Que Faire Pour Renouer Rapidement Avec Une Vie Constitutionnelle Normale !
Il nous faut dénoncer et rejeter la transition mise en place comme le vulgaire coup d’Etat militaire du 1er novembre 2014. Il faut, pour ce faire, rejeter la charte de la transition contraire à la constitution et dissoudre tous ses organes. Il faut mettre fin à la confiscation du pouvoir par l’Armée avec la complicité des civils, aussi respectables soient-ils. Il faut continuer de s’insurger pour dissiper le sentiment de plus en plus précis que la lutte du peuple a été récupérée et dévoyée. Il faut renvoyer tous ceux qui peuplent les organes de la transition et dont tout le monde est désormais convaincu qu’ils sont en-dessous de leurs charges.
Maintenant que les passions et les haines personnelles se sont estompées, maintenant que la constitution du 02 juin 1991 a été rétablie même avec en appendice la charte de la transition qui n’a aucune valeur légale et légitime,
Le PITJ invite le peuple à rejeter l’Etat d’exception même pour une durée d’un an et à mettre en place une transition conforme à la constitution. Pour ce faire.
1) L’Armée doit rejoindre la caserne
Il faut entendre par là que tous les militaires, à l’exception de ceux du corps médical, doivent quitter les fonctions civiles qu’ils occupent et rejoindre la caserne pour y faire valoir leurs compétences.
L’Armée a étalé toutes ses dissidences à l’occasion de son coup d’Etat du 1er novembre 2014. Le RSP, fort de sa puissance de feu, a publiquement humilié tout le reste de l’Armée en imposant le Lt Colonel ZIDA comme chef d’Etat flanqué de deux Colonels comme porte-paroles alors que les généraux, particulièrement le chef d’Etat Major général étaient à l’arrière, recroquevillés et apeurés. C’est l’image qui a passé en boucle sur toutes les chaînes de télévision lors de la proclamation du coup d’Etat du 1er Novembre 2014, jour du 53 e anniversaire de la création de l’Armée. Le moins que l’on puisse dire, est que la discipline n’est pas sa force première. De surcroît, les chefs d’Etat de la DEDEAO, à l’occasion de la crise malienne, ont établi le constat que toutes nos armées étaient inaptes à leur mission républicaine. D’ailleurs, le contingent du Burkina Faso envoyé au Mali n’a été jugé bon qu’à garder un pont déjà libéré, le pont de Markala. Seul le contingent tchadien a été jugé apte à monter au front aux côtés des militaires français de l’opération SERVAl. Notre armée est de ce fait un danger pour elle-même, un danger pour le peuple contre lequel elle mène une guerre intérieure. L’Armée est une menace pour la paix à l’intérieur et à l’extérieur du Burkina.
L’Armée doit donc rejoindre la caserne pour être reformée et réorganisée en profondeur, sans complaisance. L’Armée doit être soumise au pouvoir politique comme le prescrit la constitution du 02 juin 1991.
2) L’Assemblée Nationale doit être rétablie
Le CNT de 90 membres qui n’est pas le Sénat n’a aucune existence légitime et légale pour légiférer. C’est une assemblée de copains et de coquins inutilement budgétivore dont les travaux et les prétendues lois seront remises en cause inéluctablement.
L’Assemblée Nationale doit être rétablie conformément à la constitution du 02 juin 1991. L’art.59 in fine stipule : « Le parlement se réunit de plein droit et l’Assemblée nationale ne peut être dissoute pendant l’exercice des pouvoirs exceptionnels ». L’on comprend maintenant pourquoi Blaise COMPAORE n’a pas dissout l’Assemblée nationale même quand il a décrété l’Etat de siège, et pourquoi il a visé l’art.43 pour déclarer la vacance du pouvoir en démissionnant. Peut-on être moins respectueux de la constitution que Blaise COMPAORE ?
La deuxième raison pour laquelle l’Assemblée nationale doit être rétablie, est qu’elle n’a pas été dissoute conformément à la procédure prévue à l’art. 50 de la constitution. Au cas même où elle aurait été dissoute conformément à cette procédure, le même art. 50 précises in fines : « Toutefois, le mandat des députés n’expire qu’à la date de validation du mandat des membres de la nouvelle Assemblée nationale ».
C’st donc la constitution (Art.59 art.50), c’est le bon sens pratique, c’est le sens de l’économie dans la gestion des deniers publics qui commandent que le CNT soit dissout et que l’Assemblée nationale soit rétablie conformément à la constitution du 02 juin 1991.
3) De la désignation du Président de la transition
Le Sénat introduit dans la constitution n’ayant pas été installé, la disposition transitoire à l’art.78 in fine précise : « L’Assemblée nationale assume la plénitude des attributions du Parlement jusqu’à la mise en place effective du Sénat ». Cette disposition autorise donc à se rabattre sur l’Assemblée nationale rétablie pour désigner le président de la transition. Il faut donc renvoyer Michel KAFANDO à son poulailler et installer Soungalo OUATTARA ou un de ses vice-présidents dans le fauteuil présidentiel.
La formation du gouvernement sous le contrôle des Sages ne prendra pas plus de 72H.
4) Le rappel du Collège des Sages et du Comité National d’Ethique.
Ils avaient été mis en place par décret par Blaise COMPAORE pour faire des propositions de sortie de crise après le drame de Sapouy et pour envisager des solutions de lutte contre la corruption et pour l’enracinement des bonnes pratiques citoyennes. Ils avaient fait un travail apprécié de tous mais la mise en œuvre effective de leurs résolutions et recommandations n’a pas suivi.
Au lieu de se contenter des effets d’annonce des dirigeants de la transition mise en place par le Lt Colonel ZIDA et sa clique, qui pédalent tous dans le vide, ne sachant que faire, rappelons le Collège des Sages et le Comité National d’Ethique. Ils ont l’expérience et la sagacité pour conseiller sur ce qu’il faut faire et selon quelle procédure conforme à la constitution et au respect des droits des citoyens.

Peuple et jeunes du Burkina Faso

Pour que la lutte pour le respect de la constitution ne soit pas trahie et enterrée avec les martyrs, il va de la dignité et de l’honneur de tous, de mettre fin à l’Etat d’exception établi par le Lt Colonel ZIDA, sa clique et les complices civils.
Pour poser les bases réelles de l’Etat de droit, de la démocratie et de la bonne gouvernance, il faut se départir de tout subjectivisme pour investiguer sereinement et punir effectivement tous les crimes politiques, économiques et de sang conformément au droit.
La mise en place d’une transition conforme à la constitution ne prendra pas plus de deux semaines, soit le délai de quinze jours imparti par la CEDEAO.
Il faut rejeter la politique du fait accompli de la transition du Lt Colonel ZIDA et de tous ses complices qui ne manqueront pas d’arguments fallacieux pour continuer de confisquer le pouvoir. Etablir une transition conforme à la constitution en rétablissant l’Assemblée nationale nous ramène à un ordre constitutionnel normal, nous ramènera aussi le calme et nous fera gagner du temps pour poser et envisager des solutions aux problèmes de la transition. Cela nous donnera jusqu’en 2017, échéance du mandant de l’Assemblée nationale. Nous pourrons ainsi, calmement, organiser des scrutins fiables, transparents et équitables et non contestés avec des fichiers électoraux non contestés.
La communauté internationale nous respectera et nous soutiendra parce que nous aurions fait ce que la CEDEAO a prescrit au Mali. C’est de l’hypocrisie et une pression criminelles que de soutenir que la transition actuelle va aboutir pacifiquement à une élection présidentielle sans heurt en novembre 2015. Rien ni personne n’est prêt pour cette échéance. Et les attentes du peuple sont urgentes pour la période de la transition.
Tout le monde à pu constater, à l’occasion de l’élection couplée de 2012 avec l’introduction de la biométrie que la CENI n’avait pas été à la hauteur et que son président, Me Barthélémy KERE avait abdiqué toute indépendance pour se mêler grossièrement des affaires du CDP à Gourcy au point que le président de la CECI a démissionné. Par ailleurs, au CCRP et aux assises nationales sur les réformes politiques, il a été décidé consensuelle ment d’installer en plus de la CENI un organe administratif permanent, la CENI étant une sorte de conseil d’administration pour organiser les scrutins. Enfin, il y a la question du recensement des Burkinabè vivant hors du territoire national, tout aussi nombreux que ceux à l’intérieur pour leur donner leur citoyenneté et pour établir un fichier sincère qui leur permette de prendre part aux scrutins présidentiels et aux référendums.
Depuis 2010, ces droits des Burkinabè de l’étranger sont inscrits dans la loi électorale mais la jouissance par eux de ces droits est continuellement reportée. C’est pourquoi ils ont élevé une juste et légitime protestation lorsque le Lt Colonel ZIDA et sa clique ont voulu encore les exclure de l’élection présidentielle de 2015.
Rien ni personne n’est prêt pour l’élection présidentielle de 2015. Rien n’est mis en place et rien n’a démarré et le délai de 2015 imparti au Lt Colonel ZIDA, sa clique et ses complices ne peut être tenu. Ce sera alors le début de la transition à l’ivoirienne avec les prolongations chaque année du mandat de la transition par la communauté internationale pour finalement organiser des scrutins dont les résultats seront proclamés sous les coups de canons et des tirs de mitrailleuses.
C’est pourquoi, balayer la transition actuelle du Lt Colonel ZIDA, de sa clique et de ses complices est une œuvre de salubrité publique. Installer à la place une transition conforme à la constitution n’est pas une perte de temps ni d’argent ou introduire le désordre dans le pays. Bien au contraire, c’est se donner le temps jusqu’en 2017 pour pacifiquement et selon les normes et la discipline républicaine, d’opérer une transition qui pose des bases solides pour une démocratie véritable.
Le Lt Colonel ZIDA et sa clique, toute l’Armée et les forces de sécurité sont-ils sincères lorsqu’ils déclarent que le pouvoir ne les intéresse pas et qu’ils ne l’occupent que pour le bien du pays? Alors, que le 03 janvier 2015, ils proclament qu’ils quittent le pouvoir pour rejoindre la caserne afin de permettre la mise en place d’une transition conforme à la constitution. C’est simple, c’est facile et personne ne sera blessé. Autrement,…
Ceux qui ne connaissaient pas bien le PITJ, ceux qui ne comprenaient pas l’attachement du parti à la constitution et ses prises de position de l’ARDC à nos jours doivent enfin être édifiés. L’engagement et l’attachement à la constitution sont sacrés et relèvent de la loyauté envers DIEU et le peuple.
Le PITJ, notre parti, aux moments graves de l’histoire de notre pays a toujours considéré qu’il est de sa responsabilité et de son devoir de réfléchir et de proposer des solutions pacifiques, républicaines et démocratiques pour sortir des situations périlleuses pour notre pays et pour notre peuple. Il l’a toujours fait et pris sa place dans la lutte quels qu’en soient les sacrifices.

Vive le Burkina Faso démocratique et uni
Vive le PITJ
La Lutte Continue

Pour Le BEC

Le Secrétaire Général
Soumane TOURE

N.B : la titraille est du site
Commentaires