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Non-paiement de la dette intérieure : quand l’état assassine l’économie du pays
Publié le samedi 20 decembre 2014  |  Le Pays




Lors d’une conférence de presse sur la situation financière du Burkina post-Blaise Compaoré, j’ai entendu le nouveau ministre de l’Economie et des finances, le successeur de Lucien Marie Noël Bembamba, dire que l’Etat ferait tout son possible pour payer la dette intérieure. Cette annonce m’a beaucoup plu, mais en même temps, elle m’a fait sourire. Elle m’a plu parce que je me suis dit qu’en acceptant de payer ses dettes, l’Etat permettra à beaucoup d’entrepreneurs de redécoller. Car, l’Etat est un gros créancier pour nombre d’entreprises et de sociétés burkinabè, qui voient ainsi leur avenir menacé du fait justement des lourdeurs qui caractérisent ce « monstre froid ». C’est pourquoi cette nouvelle m’a fait sourire. Elle m’a plutôt fait sursauter, parce que je me suis demandé si l’Etat qui aime s’asseoir sur sa dette intérieure, va s’exécuter convenablement, comme le ministre a voulu le laisser croire.
Bon, je n’en sais rien. Peut-être me reprochera-t-on de préjuger de l’incapacité du gouvernement de transition à payer la dette intérieure de l’Etat. Non, je n’ai pas dit ça. En tout cas, l’Etat doit agir vite, s’il ne veut pas compromettre le développement socioéconomique de notre pays.
Car, on le sait, ils sont nombreux ces entrepreneurs qui ont été obligés de raccrocher parce qu’endettés jusqu’au cou, et cela, pour avoir offert des prestations à un Etat qui aura fini par les décevoir.
De fait, leurs factures se perdent dans les circuits administratifs, si elles ne dorment pas dans les tiroirs des DAAF (Directions des affaires administratives et financières) et autres agents financiers. C’est tout comme s’ils feignaient d’ignorer que les entrepreneurs ont des charges financières, des dépenses incompressibles à honorer, notamment les salaires des employés et des familles à nourrir. Mon Dieu, que c’est triste ! Ce n’est pas bien pour un pays qui cherche à se développer. Moralement, ce n’est pas bien! Comment peut-on se développer d’ailleurs, si l’on ne réunit même pas les conditions minimales du développement ? Comment peut-on se développer, si l’on travaille à tuer le secteur privé ?

Tout en se montrant laxiste vis-à-vis des factures des autres, l’Etat burkinabè est très intransigeant sur ses propres factures

Je note en tout cas qu’avec le régime déchu de Blaise Compaoré – on dira que je vole dans ses plumes parce qu’il n’est plus au pouvoir, mais vous connaissez ma bouche ; je me suis toujours comporté en « fou du roi » – des factures pouvaient attendre des années sans être payées, souvent non pas parce qu’il n’y a pas d’argent, mais parce que des esprits bien malins ont voulu utiliser cet argent à des fins personnelles. Et croyez-moi, beaucoup ont réussi leur coup. Il y a en effet, dans ce pays-là, des agents administratifs véreux et sans scrupules, qui travaillent à bloquer certains décaissements. La chanson est bien connue, quand on se présente à eux pour un recouvrement de créance : » c’est dans le circuit, repassez après ! » Vous allez user vos sandales, jusqu’à ce que l’exercice budgétaire soit clos. Et on vous sortira une autre chanson : « attendez le prochain exercice budgétaire » ! Et le tour est joué ! L’argent ainsi bloqué à dessein, mouillera la barbe de tous les complices impliqués dans le coup. Walaï ! Parole de fou qui n’a pas perdu la raison : ce sont ces gens-là que j’appelle les fossoyeurs de l’économie nationale, eux qui vivent constamment sur le dos des autres et pire, qui les tuent à petit feu. Dans les normes, la durée de règlement d’une facture ne doit pas dépasser trois mois. C’est du moins ce que prévoit la législation en la matière.
Mais sur le terrain, c’est tout autre !
Mais comme au Burkina sous Blaise Compaoré, rien n’était respecté, certains se croyaient tout permis. C’est à croire qu’ils se prenaient pour des intouchables. Et c’est maintenant que je comprends pourquoi certains jeunes entrepreneurs ont décidé de ne pas travailler avec l’Etat. Ils le considèrent comme un mauvais payeur qui, plutôt que de les aider à émerger, les asphyxie financièrement. Et c’est de cette façon que l’Etat assassine l’économie du pays.
Ce qui est d’autant plus navrant et incompréhensible, c’est que tout en se montrant laxiste vis-à-vis des factures des autres, l’Etat burkinabè est très intransigeant sur ses propres factures et face à ses créanciers. Il leur impose des délais de paiement et gare à eux s’ils ne respectent pas ces délais. Mon Dieu, c’est pas juste ! Il leur fera payer de lourdes pénalités s’ils ne sont pas réglo, comme pour dire qu’ils n’ont pas droit à l’erreur. Ça fait pleurer ! Ce que tu n’acceptes pas, tu veux que les autres le supportent. Sacré Burkina! Et avec ça, on rêve d’émergence.
Par ailleurs, je ne comprends pas pourquoi quand l’Etat se décide à payer une dette intérieure, il n’y a parfois aucune traçabilité. On vire l’argent dans votre compte sans vous en indiquer quelle facture est ainsi payée. Ce qui malheureusement ne facilite pas la comptabilité des entreprises. A dessein ?
En tout cas, je demande aux autorités de la transition de corriger toutes ces tares administratives afin qu’au Burkina d’aujourd’hui, plus rien ne soit comme avant.

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