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Trait de plume / transition : vite, les actes
Publié le mardi 16 decembre 2014  |  Sidwaya




16 ans après, la mobilisation du peuple burkinabè pour réclamer justice pour Norbert Zongo ne faiblit pas. Le samedi 13 décembre 2014, ils étaient encore des milliers à prendre d’assaut le cimétière de Gounghin, puis la place de la Révolution pour sacrifier à la tradition aux côtés du Collectif des organisations de masses et des partis politiques. Ils sont allés, comme à l’accoutumée, s’incliner sur la tombe et procéder au dépôt de gerbes de fleurs. Ce déferlement de la population lors de ce premier rituel après l’ère Compaoré, témoigne de la soif plus que jamais pressante d’une justice pour « Henri Sebgo », nom de plume de Norbert, et ses trois compagnons d’infortune. Et les récentes tueries intervenues lors des événements des 30 et 31 octobre 2014, ont contribué, sans nul doute, à exacerber la situation. Cette commémoration a d’ailleurs été élargie à l'intention de ces martyrs dont les âmes reposent également au cimetière de Gounghin, sous la terre libre et libérée du Burkina Faso. Il faut, cependant, relever que si les «13-Décembre» se suivaient et se ressemblaient, la célébration du 13 décembre 2014 a été exceptionnelle.

En effet, elle s’est tenue sans le régime mis en cause dans cet assassinat. Elle a aussi et surtout connu la participation d'un Premier ministre (PM), en l'occurrence Yacouba Isaac Zida, accompagné de quelques membres du gouvernement. Loin de faire de la figuration, le PM s’est invité à la tribune, non sans bousculer le protocole et le format de la cérémonie. « Je suis venu ce matin pour entendre ce que le peuple veut. Le message est très clair, le peuple veut la justice. Je puis vous rassurer que la justice sera rendue au camarade Norbert Zongo. Justice sera rendue à tous ceux qui sont tombés sous les balles assassines de Blaise Compaoré. Nous allons y travailler ! », a déclaré Isaac Zida, devant la foule amassée à la place de la Révolution. Sous des applaudissements nourris, et avec le ton d’un chef militaire face aux troupes dans une garnison, le PM n’a laissé personne indifférent. Le ministre de l’Habitat a reçu sur-le-champ, des instructions de nommer un Directeur général de la SOCOGIB. «La SOCOGIB a été vendue à 1 franc symbolique. C’est le patrimoine du peuple. Nous allons le retirer pour le peuple», a promis le chef du gouvernement, qui a ajouté que le «camp fonctionnaire» sera également retiré pour en faire un parking municipal.
Cette batterie de déclarations vise à traduire la volonté des nouvelles autorités d’imprimer une nouvelle dynamique dans la gouvernance. Mais l’échéance qui arrive à grand pas (il reste 10 mois), et les difficultés pour constituer les maillons d’une chaîne pour la transition sont des indicateurs rouges pour son succès. En effet, après Adama Sagnon, Moumouni Djuiguemdé, les contestations gagnent du terrain. Actuellement, c’est la nomination de Mahamadou Compaoré au poste de directeur général de la Central d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG) qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Selon des bruits de couloirs, l’homme serait traqué par un réseau de «citoyens-journalistes » qui font circuler des informations faisant état de son incapacité à manager, donc à gérer une structure de la taille de la CAMEG. Et cela, dans le seul but de ternir l’image de M. Compaoré. En attendant de confirmer l’information, il faut l’avouer, cette stratégie de mauvaise publicité, est un germe à étouffer dans l’œuf, car très compromettante pour notre fragile transition. Surtout si elle est menée dans le sens inverse, et au profit d’un imposteur. Il y a comme une crise de confiance entre gouvernants et gouvernés, qui visiblement s’est enlisée sous le long règne de Blaise Compaoré et qui se traduit aujourd’hui par une méfiance vis-à-vis des nouvelles autorités. C’est en réalité, ce qui semble ouvrir la voie aux polémiques et autres contestations tous azimuts. Mais comme l’a dit un confrère de la place, depuis les candidatures à la présidence de la Transition, le mouton à cinq pattes n’existe pas. Il appartient donc désormais aux autorités de la transition d’assumer leurs choix, car elles seules, seront «appelées à la barre » devant le peuple dans dix mois pour le bilan de leur gestion. Après les discours, le temps doit être venu pour l’exécutif de passer aux actes, tant les aspirations sont légitimes, les attentes pressantes et les délais courts. Norbert Zongo lui-même, n’avait-il pas dit d’ailleurs que « le changement ne se décrète pas, il s’impose » ?


Beyon Romain NEBIE
nbeyonromain@yahoo.fr
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