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Politique fiction : ceux qui feront marcher le Burkina vers 2015
Publié le vendredi 21 decembre 2012   |  Journal du Jeudi




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C’est une nouvelle carte politique que dessine le verdict des élections législatives et municipales couplées du 2 décembre dernier. En attendant de voir ce que sera «...un Burkina démerdant», on peut au moins dire que de nouveaux acteurs ont émergé et d’anciens barons ont été submergés par les flots. Qui fera quoi avec qui et comment d’ici à la fin constitutionnelle du bail de l’enfant terrible de Ziniaré? La question mérite bien une fiction. Surtout au soir d’un «dernier mandat» de toutes les ambitions.

Même si ce n’est pas la première fois qu’il participe à une élection législative, la candidature de François Compaoré était des moins anodines qui soient. Quand tout le monde sait que le scrutin couplé était le dernier qu’organisait son grand frère de président, on ne peut pas s’empêcher de penser que le frangin veuille enfin jouer son destin. Certains observateurs de la faune politique burkinabè voient déjà au perchoir du Parle-et-ment le tout nouveau député-pas-comme-les-autres, élu en deuxième position sur la liste du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) au Kadiogo. Dans la perspective de cet attelage, on verrait se dessiner le schéma selon lequel le grand frère, voyant venir la fin prochaine de son mandat, fit venir ses courtisans et leur proposa de transférer le pouvoir à son petit frère qui n’est autre que le président du Parlement. Le tour serait ainsi joué le plus légalement possible parce que l’alinéa 2 de l’article 43 de la Constitution dispose qu’«en cas de vacance de la Présidence du Faso pour quelque cause que ce soit, ou d’empêchement absolu ou définitif constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le Gouvernement, les fonctions du Président sont exercées par le Président de l’Assemblée nationale». Le jeu est-il trop beau pour être vrai? Les prochaines semaines nous le diront.

Il faut aussi compter désormais avec l’émergence confirmée de Zèph comme chef de file de l’opposition. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître que vient de réaliser sa formation politique après seulement deux ans et demi d’existence formelle. Avec presque 20 sièges à l’Assemblée nationale, le patron de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) pourra apporter la réplique qu’il faut au giga-parti au pouvoir, mais aussi et surtout porter l’espoir d’une opposition burkinabè qui n’avait jamais réalisé une telle performance en matière de représentation au sein de l’auguste Assemblée.

Comme on l’imagine si clairement maintenant, Zèph doit surtout prouver sa capacité à rallier les opposants derrière lui et convaincre de sa capacité à s’imposer comme le candidat le plus crédible en 2015. Pour ce faire, il ne doit surtout pas ménager la chèvre et le chou de cette opposition où certains sont prêts à retourner leur veste pour quelques feuilles. Le plus dur, ce sera de conserver son image et ses chances intactes pendant les trois prochaines années en posant des actes concrets qui confirment sa présidentiabilité. Il sera incontestablement sous la double pression de ses anciens camarades du CDP pour qui il est l’homme à abattre et aussi pour ses nouveaux camarades chefs de partis d’opposition à qui il faudra prêcher l’évangile de l’union et du rassemblement. Et en tirer le meilleur profit pour sa candidature en 2015.

Mais avec la confirmation de son statut de «troisième force politique» après le CDP et l’UPC, Gilbert-Noël Ouédraogo et son ADF/RDA vont se faire de plus en plus désirer aussi bien au sein de l’opposition que de la majorité présidentielle. N’ayant désormais plus rien à perdre à faire ménage avec le giga-parti au pouvoir, le petit papa Noël peut nourrir des rêves légitimes d’émancipation. Il a un groupe parlementaire confortable à l’Assemblée nationale. Beaucoup de poids à mettre dans la balance pour se vendre un peu plus cher dans la perspective de 2015.
En choisissant de quitter les choses avant que les choses ne le quittent, Simon Compaoré ne reste pas moins dans le jeu de ceux qui feront le Burkina qui marche lentement et sûrement vers l’année fatidique de 2015. Le courtmestre de la capitale n’a pas eu le courage d’un Zèph pour aller créer son parti, mais sa vraie fausse retraite de la vie politique fait de lui l’homme avec qui il faut compter pour conquérir ou gérer Ouagadougou. Même officiellement retraité, il peut devenir gênant. Il n’est pas exclu qu’il soit expédié loin, dans une des ambassades occidentales encore inoccupées jusque-là.

Quant à Robodépé, la ‘’débâcle’’ du CDP à Ouahigouya vient confirmer la capacité de l’homme à rebondir à tout moment pour faire la différence entre ceux qui se mettent en pôle position pour l’après-2015. Va-t-il pencher pour François Compaoré ou pour Zèph? Les jeux sont ouverts. Le silence assourdissant qu’observe l’homme depuis plus de deux ans maintenant ne permet pas aux pronostiqueurs de savoir quelle direction donner à son action. Mais tout porte à croire qu’il ne restera pas aussi inactif pendant les trois années décisives à venir.

Il en est de même pour Julie-la-bosseuse, revenue de sa mission diplomatique canadienne. On l’attendait pour les élections, mais elle a feinté tout le monde. Certains lui prêtent une certaine sympathie pour l’UPC, mais ça reste encore à voir. Cette battante, qu’on imaginait comme première cheffe de gouvernement de l’ère Compaoré, n’a pas encore dit son dernier mot, même si elle a vécu ses frustrations en silence que de les exprimer publiquement.
Dans le chapitre des «frustrés» de la dernière ligne droite du bail du Blaiso, il ne faut surtout pas oublier Roczilla qui semble avoir tout accepté sans broncher. Du moins, jusqu’ici. Jusqu’à quand va-t-il garder le cadenas sous la langue? Quand on a été Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale puis chef du parti au pouvoir, on en sait tellement qu’on peut rebondir à tout moment lorsque les occasions s’y prêteront. Pour les trois années à venir, il sait que ses lèvres sont surveillées comme du lait sur le feu.

L’Ange Djibrill Bassolé n’a jamais osé franchir le pas pour briguer un quelconque mandat électif. Mais il demeure parmi ceux qui comptent et surtout parmi ceux sur qui le système Compaoré peut compter. Il fait partie de ceux qui ont l’oreille du Blaiso national. Sa parole comme ses actes comptent beaucoup et on ne devrait pas s’étonner de le voir jouer un des premiers rôles d’ici à 2015.

A défaut de faire le pas décisif dans la politique, le Général Gilbert Diendéré fait aussi partie de ceux qui préfèrent laisser jouer sa tendre moitié. A en croire des observateurs avisés, Fatou, son épouse de députée réélue, pourrait jouer un rôle important au cours des trois prochaines années. Au Parlement ou à la tête d’une commune de Ouaga? Les prochaines semaines le diront certainement.

Après son come-back réussi comme sinistre d’Etat chargé des Réformes politiques, le Bobognessan doit également savoir manager le dernier virage de son destin politique. Ses dernières déclarations en Côte d’Ivoire à propos de la modification de l’article 37 sont la preuve qu’il n’a pas complètement renoncé à une volonté de continuer à explorer les voies et moyens pour offrir une prolongation de bail à son patron.

Enfin, pour s’être laissé damer le pion par Zèph, Arba Diallo et Bénéwendé Sankara jouent aussi leur destin politique dans le dernier virage avant 2015. On devrait s’attendre à ce que l’un ou l’autre ou les deux étudient sérieusement la possibilité de devenir la queue du (parti) du lion plutôt que de continuer à jouer les têtes de rat. Un certain réalisme politique commande que les opposants de tout le Faso s’unissent avant 2015. Encore faut-il qu’ils travaillent à s’accorder sur une plate-forme minimale de collaboration.

La marche vers 2015 est résolument ouverte. Chacun ira à son rythme, mais aussi selon ses intérêts, ses forces, ses faiblesses et ses calculs. Si le Blaiso national laisse la Constitution intacte et décide de raccrocher comme Simon l’a fait trois ans avant, on assistera à l’ouverture de toutes sortes de possibilités pour tous. En revanche, si tout se corse et que les acteurs en soient obligés à sortir les longs couteaux, ce serait déplorable, mais on peut déjà savoir qui peut faire quoi, pourquoi avec qui et pour quel intérêt.

F. Quophy

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