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Burkina : le président intérimaire annonce des "états généraux de la justice"
Publié le jeudi 11 decembre 2014  |  AFP
Sénégal
© Présidence par DR
Sénégal : le Président du Faso rencontre la communauté burkinabè
Vendredi 28 novembre 2014. Dakar (Sénégal). A peine arrivé pour participer au 15e Sommet de la Francophonie, le Président du Faso, Michel Kafando, a rencontré la communauté burkinabè vivant au « Pays de la Teranga »




Dédougou (Burkina Faso)- Le président intérimaire du Burkina Faso, Michel Kafando, a annoncé la tenue prochaine d'"états généraux de la justice" après avoir déjà promis des sanctions contre le régime du président déchu Blaise Compaoré accusé de corruption.

"Nous organiserons incessamment les états généraux de la justice dans l'optique de concevoir des réformes hardies et appropriées pour régler l'ensemble du contentieux", a déclaré l'ancien diplomate dans un discours prononcé mercredi soir à Dédougou (Nord-Ouest), où se tenaient jeudi les célébrations du 54e anniversaire de l'indépendance burkinabè.

Il s'agit désormais de "bâtir un nouveau Burkina" sur "un socle solide et inébranlable" à partir d'institutions "fortes et viables" avec comme finalité "l'instauration d'une société plus juste et plus démocratique", a lancé M. Kafando.

Les autorités intérimaires, arrivées mi-novembre au pouvoir - qu'elles conserveront jusqu'aux élections organisées en novembre 2015 -, ont fait de la justice leur cheval de bataille.

Après 27 ans aux affaires, Blaise Compaoré a été chassé le 31 octobre parla rue, qui dénonçait notamment le népotisme de son clan, accusé d'avoir fait main basse sur les richesses du Burkina.

"Pour les questions de corruption, laissez-nous le temps ! (...) Nous sommes en train de faire le boulot", a déclaré Michel Kafando lors d'une conférence de presse jeudi soir à Dédougou.

Le président intérimaire et son Premier ministre, le lieutenant-colonel Isaac Zida, ont déjà appelé à de multiples reprises à restaurer la justice burkinabè, annonçant notamment la réouverture des dossiers Sankara et Zongo, les plus symboliques des dérives du précédent régime.

Le président Thomas Sankara, chantre du panafricanisme, a été tué lors du coup d'Etat de 1987 qui a porté Blaise Compaoré au pouvoir.

"La famille Sankara a attaqué l'Etat burkinabè. Nous allons voir maintenant sous quelle forme on peut (lui) donner une réponse", a observé M. Kafando, qui avait annoncé dès son discours d'investiture qu'il autorisait l'exhumation de la dépouille du capitaine Sankara afin de vérifier son identité.

Le journaliste Norbert Zongo a été assassiné en 1998 avec trois de ses camarades alors qu'il enquêtait sur la mort d'un chauffeur de François Compaoré, le frère cadet de l'ex-chef de l'Etat. La justice burkinabè avait prononcé un non lieu en 2006.

"La Cour africaine des droits de l'Homme a dit que ce dossier est imprescriptible. Ca veut dire qu'à tout moment on peut l'ouvrir et nous allons l'ouvrir", a déclaré M. Kafando, qui a qualifié le dossier Zongo d'"injustice notoire" et "flagrante".

"On ne peut pas passer ce forfait en pertes et profits", a-t-il poursuivi, ajoutant que "toutes ces questions" judiciaires seraient "revues" lors des états généraux de la justice.

"Il n'est pas question pour nous de solder ce que nous considérons comme une injustice", a affirmé Michel Kafando.

La Burkina Faso, pays pauvre du Sahel, ex-colonie française qui, depuis l'indépendance de 1960, a connu 48 ans de régime militaire, est dirigé par un binôme militaro-civil formé de MM. Kafando et Zida, en place pour un an avant l'organisation d'élections en novembre 2015.

La communauté internationale craignait lors de la nomination de M. Zida par M. Kafando une mainmise trop forte de l'armée sur les institutions de transition.

"Il n' y a aucun problème entre le Premier ministre Zida et moi-même, jamais. Nous travaillons en symbiose", a déclaré le chef de l'Etat intérimaire.

Si je n'était pas le cas, "j'ai le franc parler, je dirais ce que je pense, a-t-il poursuivi. Mais pour l'instant ça marche parfaitement entre nous."

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