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Premier 11-décembre sans Blaise Compaoré : en finir avec les décorations de complaisance
Publié le mercredi 10 decembre 2014  |  Le pays
Insurrection
© aOuaga.com par A.O
Insurrection de fin octobre : le dernier martyr inhumé
Vendredi 5 décembre 2014. Ouagadougou. Le dernier martyr de l`insurrection populaire de fin octobre, Issaka Derra, a été inhumé au cimetière de Gounghin aux côtés des six autres en présence d`autorités. Photo : Auguste Denise Barry, ministre de l`Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité




Le lundi 8 décembre dernier, le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Auguste Denise Barry, a évoqué entre autres, la question des décorations. A ce propos, il a révélé que des noms de complaisance ont été retirés de la liste par une commission chargée de la toiletter. Le ministre a toutefois reconnu que ce toilettage pourrait avoir omis d’extirper certains noms. Le souci du gouvernement, de mettre fin aux décorations de complaisance, est à saluer. Il doit d’autant plus l’être qu’il intervient à l’occasion de la célébration du premier 11- Décembre sans Blaise Compaoré. En effet, sous le régime défunt, l’on pouvait avoir le sentiment que l’esprit des décorations qui, rappelons-le, est de récompenser toute personne qui s’est distinguée par son dévouement, sa valeur professionnelle et la qualité de ses services, n’a pas toujours été observé. De ce fait, des coquins, des indisciplinés, des fainéants, des absentéistes notoires, des prédateurs connus de la République, des repris de justice et autres personnes indélicates ont eu l’honneur d’être décorés. A contrario, des Burkinabè du secteur public ou privé, qui se sont pourtant investis sans compter dans leurs activités pour le bien du Burkina, n’ont jamais été honorés par la nation. Et les exemples sont légion. Tout Burkinabè épris de justice et d’équité devrait donc s’en offusquer, sans pour autant en être étonné. En effet, les décorations de complaisance et le fait que certains Burkinabè n’ont jamais été décorés, bien qu’ils soient exemplaires dans leurs activités, étaient parfaitement congruents avec le système Compaoré. Celui-ci, on le sait, avait mis un point d’honneur à célébrer le vice et à avoir de l’aversion pour la vertu. De ce point de vue, les Burkinabè qui avaient opté pour le sens du devoir et de la dignité représentaient la mauvaise conscience du régime et le gênaient aux entournures. Récompenser ces gens-là par des décorations était un risque que le système Compaoré ne pouvait pas prendre. Car ils pourraient susciter des émules. C’est pourquoi, l’on peut comprendre qu’un homme comme Laurent Bado n’ait jamais été décoré.

Le ton semble avoir été donné

Les décorations étaient tellement source de polémique, de suspicion et de trafics sous l’ère Compaoré, que certains Burkinabè en étaient arrivés à faire dans la boutade à leur sujet, en disant ceci : « Dis moi si oui ou non, tu as été décoré par le système Compaoré et je te dirai quel est ton profil moral et professionnel ». Certes, cette boutade peut paraître exagérée, parce que tous ceux qui ont été décorés sous l’ère Compaoré ne peuvent pas être logés à la même enseigne. Mais elle n’en traduit pas moins la philosophie qui a sous-tendu les décorations pendant les 27 ans de règne de Blaise Compaoré. Et cette philosophie a fait beaucoup de mal au pays. D’abord, elle a contribué à démonter à juste titre des Burkinabè dont certains ont fini par croire que l’honnêteté et le sens du devoir sont des délits au Burkina.

Ensuite, cette philosophie a permis de faire la promotion d’agents indélicats. Ces derniers, en bons calculateurs, n’ont eu aucun scrupule à négocier les médailles auprès de personnalités extérieures à leurs services. Ils le faisaient d’autant plus sans gène que le fait pour un fonctionnaire d’être décoré lui donne droit à une bonification d’un échelon. Et le tout se faisait naturellement à l’insu du supérieur hiérarchique qui pouvait, s’il n’était pas content, aller se faire cuire un œuf. Le résultat est que la course aux décorations, du fait de leurs enjeux financiers, était devenue un sport national. Tous les moyens étaient devenus bons pour se faire décorer. La dimension symbolique des médailles et « le qu’en dira-t-on » n’étaient pas une préoccupation. L’essentiel était leur dimension vénale.

Pour toutes ces considérations, le Burkina post-Blaise Compaoré doit en finir avec les décorations de complaisance. Le ton semble avoir été donné à l’occasion du premier 11-Décembre sans Blaise Compaoré par le gouvernement, à travers le toilettage de la liste des personnes proposées à la décoration. La mise en place de la culture d’une vraie citoyenneté et la marche vertueuse du Burkina vers le développement passeront passer par là.

Pousdem PICKOU
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