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Etienne Traoré au président Michel Kafando : « Votre décision d’hommage aux martyrs, le 13 décembre va diviser les Burkinabè »
Publié le mardi 9 decembre 2014  |  Le Quotidien
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© aOuaga.com par G.S
Projet de révision de la Constitution : l`opposition à nouveau dans la rue le 28 octobre
Mercredi 22 octobre 2014. Ouagadougou. L`opposition regroupée autour du chef de file a animé une conférence de presse pour annoncer l`organisation d`une journée nationale de protestation, le 28 octobre 2014, contre le projet de loi portant modification de la Constitution introduit à l`Assemblée nationale par le gouvernement. Photo : Etienne Traoré, 1er vice-président du PDS/Metba




Etienne Traoré, professeur de philosophie et cadre du PDS-Metba , est sorti une fois encore de sa réserve pour s’exprimer par rapport à la situation politique nationale. Cette fois-ci, il s’attaque au président du Faso, Michel Kafando après sa décision de rendre hommage aux martyrs de l’insurrection populaire, le 13 décembre 2014, date qui coïncide avec la commémoration de la mort du journaliste Norbert Zongo. « Monsieur le président Kafando : Je pense que vous commettez une erreur en confondant les commémorations ! », a-t-il dit avant de soutenir que la décision va diviser les Burkinabè.

Monsieur le Président, je vous dis d’abord toutes mes félicitations pour votre promotion. De très bonnes annonces ont déjà été faites en matière de lutte contre l’impunité des crimes économiques et de sang. C’est tout à vos honneur et crédit. Je souhaite que ces dossiers décisifs pour la justice et la réconciliation nationales soient effectivement ouverts sous votre présidence désintéressée. C’est pour vous éviter des erreurs qui pourraient ternir votre image de réalisateur commençant des aspirations de l’insurrection populaire que je me permets (croyez-moi, ça sera rare pour ne pas paraître vous déstabiliser) de contester votre décision de commémoration du 13 décembre comme souvenir de nos martyrs de l’insurrection populaire, date qui coïncide avec l’odieux assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons. Le 13 décembre demeure une date historique et symbolique pour notre peuple, plus particulièrement dans la fraction de sa jeunesse. C’est pourquoi, de manifestations citoyennes autonomes ont toujours eu lieu sans discontinuer depuis 1998, pour exiger lumière et justice sur ce dossier, et ce, sur tout le territoire national.
La date du 15 octobre est également une date de telles manifestations citoyennes pour les mêmes exigences à propos de l’assassinat du Président Sankara. Et l’Etat burkinabè n’a jamais tenté de concurrencer ou de récupérer ces manifestations citoyennes et patriotiques pour au moins deux principales raisons : dans ces deux cas, non seulement il s’agit de crimes d’Etat, mais l’Etat n’a rien fait pour faire aboutir ces dossiers. Bien au contraire!!!.
Or, en ce moment, en dehors des annonces, rien de nouveau n’a été fait sur ces 2 points-fautes. Je considère alors que vous n’avez pas plus de légitimité et de crédibilité pour étatiser telles manifestations avant d’avoir rendu justice à nos martyrs, avant d’avoir réhabilité leurs mémoires.
Je propose donc ceci : laisser les manifestations citoyennes se produire de façon autonome quant aux dates historiques du 15 octobre (assassinats du Président Sankara); du 13 décembre (assassinat de Norbert Zongo); des 30 et 31 Octobre (assassinats d’acteurs du soulèvement populaire). Quand tous ces compatriotes-martyrs auront eu justice, seront réhabilités, auront eu réparations, alors l’Etat pourra choisir un jour de commémoration collective qui ne supplée nullement aux manifestations citoyennes autonomes.
Je ne souhaite pas une banalisation, une folklorisation, encore moins une récupération politicienne de la mémoire de nos martyrs comme l’ont fait chez nous Blaise Compaoré, et ailleurs Mobutu : Blaise Compaoré s’est pressé d’inclure Thomas Sankara dans le Panthéon des martyrs pour mieux bloquer la justice et la vérité sur son assassinat; Mobutu avant lui, avait fait de même pour Patrice Eméry Lumumba qu’il avait pourtant contribué à assassiner avant de plonger son corps dans de l’acide pour le faire disparaître définitivement.
A mon sens, nul même ne devrait être déclaré définitivement héros de la Nation sans que le pourquoi ne soit justifié, publié et enseigné. Exemples? Expliquer comment tel compatriote a été un patriote intrépide anti impérialiste au risque de sa vie; tel autre a été un patriote attaché au risque de sa vie à la vérité et à la justice; tels autres ont été des patriotes défendant la démocratie au risque de leurs jeunes vies etc.
Enfin, Monsieur le Président, je ne trahis aucun secret en vous disant que votre décision d’hommage aux martyrs de l’insurrection populaire le 13 décembre (date d’assassinat de Norbert Zongo) est mal comprise et va diviser inutilement les Burkinabé : cette décision est comprise comme une tentative de banalisation de l’assassinat de Norbert Zongo où est bien impliqué le Régiment de sécurité présidentiel (RSP) et garde prétorienne de Blaise Compaoré) auquel appartient votre Premier ministre; de nombreux compatriotes disent que cette décision vise à diviser les Burkinabè quant à leurs visions et pratiques communes autour des dossiers de crimes de sang. Dites vous que bon nombre des soutiens de nos martyrs de l’insurrection populaire sont véritablement gênés car prenant Norbert Zongo pour leur idole irremplaçable, pour ne pas dire plus!
Monsieur le Président, je vous souhaite une mission historique réussie.
En tant que votre petit frère, je puis cependant vous dire ceci : vous réussirez si vous écoutez des esprits libres et critiques; et surtout si vous restez vous même, c’est à dire le premier et seul capitaine du navire BURKINA. Que Dieu vous inspire et vous garde.

Etienne Traoré, Université
Ouagadougou, le 7 Décembre 2014
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