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Assainissement total porté par les communautés : l’approche de Plan Burkina
Publié le samedi 6 decembre 2014  |  L`Observateur Paalga




Le Projet d’amélioration de l’accès aux services d’assainissement durable (PAASAD) porté par Plan est un programme de 4 ans (2010-2014) qui arrive à terme. Il vise à améliorer les pratiques d’hygiène et l’accès durable aux infrastructures d’assainissement autonome de base dans 18 communes et 472 villages des provinces du Bam et du Kourittenga dans les régions du Centre-Nord et du Centre-Est. Nous avons rencontré, le 25 novembre 2014, le coordonnateur national des projets de l’Union européenne exécutés par Plan Burkina, Stanislas Bonkoungou, qui a en charge le PAASAD. Il nous parle, dans cet entretien, de la situation en matière d’assainissement, du projet et de ses acquis ainsi que de l’avenir de la lutte pour un assainissement total porté par les communautés.

Quelle est la situation en matière d’assainissement au Burkina Faso ?

En 2010, une enquête avait été réalisée au niveau national pour faire le point sur l’assainissement. Il en est ressorti qu’à cette époque, le taux d’accès à un assainissement adéquat était de 3,1% au niveau national, soit 9,6% en milieu urbain et 0,8% en zone rurale. Cette situation a un effet négatif sur la santé publique, notamment en milieu rural et plus pour les enfants et les femmes. Ajouté à cela, le Programme eau et assainissement de la Banque mondiale a fait une publication en 2012 dans laquelle il est montré que les problèmes de santé dus au manque d’assainissement, en termes économiques, sont estimés à 86 milliards de FCFA pour le Burkina.

Le bilan est peu reluisant et des initiatives visant à faire changer les choses existent au nombre desquelles le Projet d’amélioration de l’accès aux services d’assainissement durable (PAASAD). Qu’en est-il ?

Face à cet état assez sombre de l’assainissement, les partenaires techniques et financiers, les associations, les ONG se sont levés afin de changer les choses. Des financements ont donc été apportés et c’est dans ce cadre que Plan a bénéficié de la subvention Facilités assainissement de l’Union européenne pour mettre en œuvre le Projet d’amélioration de l’accès aux services d’assainissement durable (PAASAD) qui vise à améliorer les pratiques d’hygiène et l’accès durable aux infrastructures d’assainissement autonome de base dans 18 communes des provinces du Bam et du Kourittenga dans les régions du Centre-Nord et du Centre-Est.

Qu’est-ce qui a déterminé le choix de ces zones ?

Premièrement, il y a le fait que ce sont des zones de concentration de Plan. Nous y sommes déjà et y disposons de données en matière d’assainissement des populations. Deuxièmement, il y a le fait qu’ayant travaillé dans ces zones-là, Plan y dispose de l’adhésion des mairies et des services techniques.

Y a-t-il d’autres acteurs qui accompagnent Plan dans la mise en œuvre du PAASAD ?

Bien sûr ! Nous avons les Directions régionales de l’hydraulique et de l’assainissement qui sont chargées de s’assurer que les normes sont respectées en termes de réalisation des ouvrages, c’est elles également qui comptabilisent les ouvrages que nous réalisons. Elles ont donc un rôle régalien dans la mise en œuvre des projets d’assainissement. Il y a aussi les services techniques tels que les districts sanitaires, les Directions provinciales de l’environnement, les mairies (chargées de la maîtrise d’ouvrage communale en matière d’eau et d’assainissement). Nous avons donc établi des conventions avec les communes qui leur permettent de suivre ce qui se passe sur le terrain. Il ne faut pas oublier nos partenaires associatifs qui sont chargés de la mobilisation sociale des bénéficiaires.

Quels types d’infrastructures d’assainissement le PAASAD a-t-il permis de réaliser ?

Il faut d’abord savoir que le projet a trois composantes : la promotion de l’hygiène et de l’assainissement, le renforcement des capacités et la réalisation des infrastructures. La réalisation des ouvrages ne sont pas seulement la finalité du projet. Nous tenons compte de l’implication des bénéficiaires et du renforcement de leurs capacités, sinon à la fin, on aura des ouvrages qui seront soit mal utilisés, soit mal entretenus ou carrément même à l’abandon, parce que les populations à la base qui devraient en bénéficier n’ont pas été associées. En ce qui concerne la promotion de l’hygiène et de l’assainissement, qui vise à sensibiliser les populations, il y a eu des sessions de formation des animateurs sur comment sensibiliser les populations. Il y a eu à ce titre des outils qui ont été mis à leur disposition, ce sont des images qui n’expliquent que les dangers du manque d’assainissement. Des images qui visent à susciter une réaction de la part des populations par rapport à leur pratique d’hygiène de tous les jours. Cette activité vise donc à changer le comportement des populations. Dans les 18 communes des deux provinces, soit dans 472 villages, il y a eu des formations où on a distribué 1589 kits de sensibilisation. Au-delà de cela, il y a eu la sensibilisation de proximité. Deux animateurs endogènes ont donc été identifiés par quartier et ont été chargés de faire du porte-à-porte pour sensibiliser les ménages. Le projet a formé 5117 animateurs endogènes qui ont touché 157 communautés.

En ce qui concerne le renforcement des capacités, nous avons appuyé la réalisation de 9 Plans communaux de développement sectoriel dans le domaine de l’eau potable et de l’assainissement (PCD/AEPA) ; la réalisation de plans d’action dans les villages. Il y a eu aussi la réalisation de deux ateliers provinciaux sur l’assainissement. Au niveau communal, on a aussi organisé ces ateliers-là. Dans les réalisations d’infrastructures, on a appuyé 16 093 ménages dans la réalisation de latrines. Aujourd’hui, nous sommes à 14 337 latrines réalisées, ce qui fait un taux de réalisation de 89,5%. Nous avons en plus formé 209 maçons locaux sur les techniques de construction des latrines. Ainsi, après le projet, ces techniciens pourront être utiles à leurs communautés.

2010-2014, le PAASAD est arrivé à sa fin, quelles sont les mesures prises pour ancrer durablement les changements enregistrés ?

Quand on conçoit un projet, il y a la question de la durabilité qui se pose toujours. Ça ne sert à rien de construire des latrines pour qu’un an après la fin du projet, celles-ci soient abandonnées, mal utilisées et laissées en état de délabrement. Une latrine dégradée met en danger la vie de ses usagers. Donc, nous avons prévu l’après-PAASAD afin que ses activités puissent se poursuivre, notamment l’utilisation et l’entretien des ouvrages et la pérennisation des comportements qui avaient été acquis. On a renforcé, comme je le disais, les capacités des acteurs locaux, un mécanisme a été mis en place pour continuer la sensibilisation. Je vous disais tantôt que nous avons formé des maçons, ce qui fait que si quelqu’un est sensibilisé et décide de construire une latrine, ils sont prêts à intervenir. Il y a le fait qu’on a redynamisé les cadres de concertations dans les communes et les provinces, et il y a deux fois dans le trimestre ce qu’on appelle les rencontres communales. Ce mécanisme permet de garder les populations mobilisées par rapport à ces questions. Enfin, nous faisons la promotion d’ouvrages qui sont simples et peu coûteux, ce sont les latrines VIP. Tous ces éléments mis ensemble, nous pensons, vont contribuer à pérenniser les acquis du projet.

Combien a coûté le Projet d’amélioration de l’accès aux services d’assainissement durable ?

Le budget du projet est estimé à 2 787 475 euros, soit environ un milliard huit cents millions de FCFA supportés à 75% par l’Union européenne et 25% par Plan.

Au moment où ce projet tire à sa fin, un comité de pilotage conjoint et la commémoration en différé de la journée mondiale des toilettes auront lieu respectivement les 28 et 29 novembre. De quoi sera-t-il question lors de ce comité conjoint de pilotage et pourquoi la symbolique de la journée des toilettes ?

Le comité de pilotage qui va se tenir pour les deux provinces au Bam sera l’occasion de faire le bilan global du projet. Il sera donc recensé les difficultés, les acquis, les insuffisances, les leçons à tirer, etc. Il s’agira de réfléchir à comment pérenniser les acquis du projet. Deuxième aspect, c’est la journée des toilettes célébrée tous les 19 novembre. Le manque de toilettes a été reconnu comme un problème crucial. Et il n’est pas évident d’atteindre les OMD du sous-secteur de l’assainissement. Ce sera donc en même temps une journée de plaidoyer en présence des partenaires techniques et financiers, des gouverneurs, des hauts-commissaires, des préfets, maires et des associations et services techniques. Les uns et les autres vont s’engager, chacun selon ses moyens et son niveau de responsabilité, à adhérer pour que la situation soit améliorée.

Les projets existent à foison dans le domaine de l’assainissement, quelle est la particularité du PAASAD ?

Dans certains projets, on donne tout aux ménages : on vient construire la latrine pour elle et à la fin, on se rend compte que c’était une erreur parce que les ménages bénéficiaires ne se sentent pas impliqués dans la gestion des ouvrages. Cela pose problème, car lorsque dans une même localité vous intervenez, et qu’une structure vient donner 100 000 FCFA par exemple à un ménage pour construire sa latrine et que nous, nous arrivons et donnons 20 à 30 000 FCFA en termes de subvention et le ménage doit creuser la fosse, apporter les agrégats et construire, ça pose problème. Nous avons vécu cela au niveau du Kourittenga. On a donc été obligé d’abandonner ces villages parce qu’il y avait un projet qui y intervenait et qui avait une approche différente de la nôtre. Evidemment, les ménages étaient plus intéressés par ce projet-là. Pour dire que c’est au niveau de la forme de subvention que réside la particularité du PAASAD. Mais par rapport à cela, l’ex-ministère de l’Eau a convoqué un atelier pour qu’on puisse harmoniser les approches. Des documents seront donc produits et distribués à tous les intervenants du sous-secteur de l’assainissement.

Quelle est l’approche justement qui a été retenue ?

C’est l’assainissement total porté par la communauté (ATPC). C’est un processus qui part de la sensibilisation à mener et permet aux populations de prendre conscience de leur problème en leur faisant comprendre qu’en déféquant dans la nature, ce sont leurs propres excréments qu’elles boivent, puisque les eaux des pluies les ramènent dans les puits. C’est à ce moment qu’elles prennent conscience et décident de se procurer des latrines et il faut les former. Après, c’est l’étape de la subvention. Qu’est-ce que le ménage doit apporter ? Qu’est-ce que les projets doivent apporter ? Quel type de latrine réaliser en milieu rural ? Et la dernière étape, c’est comment pérenniser les acquis du projet.

Loin d’être le dernier acte de Plan et ses partenaires dans le domaine de l’assainissement, quelle est la prochaine étape de votre croisade contre le faible niveau d’accès des populations à un assainissement équitable et digne au Burkina Faso ?

Nous sommes actuellement en train d’élaborer le plan stratégique pays de Plan Burkina, et par rapport à cela, nous avons prévu de continuer à mettre des projets en place dans le domaine de l’assainissement. Mais le plus important, c’est d’amener les bénéficiaires eux-mêmes à pérenniser les acquis. Ce n’est pas la multiplication des projets qui font avancer les choses, c’est la prise de conscience des bénéficiaires eux-mêmes. Si ça c’est fait, même s’il n’y a plus ce type de projets dans la zone, les populations vont elles-mêmes construire leurs latrines.

Propos recueillis par
Arnaud Ouédraogo
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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